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sur 1066 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bret Easton Ellis est devenu grand mais il ne suffit pas de laisser filer le temps ; il faut aussi savoir dresser le bilan d'un certain passé. Ainsi, le récit de Lunar Park commence à la manière d'un mea culpa. Bret Easton Ellis s'est assagi au tournant de la quarantaine et, chargé de cette décennie supplémentaire, il évoque les années d'American Psycho (décennie de la vingtaine) et de Glamorama (décennie de la trentaine) comme de lointaines périodes qui semblent désormais loin de lui. Mais les cris d'orfraie les plus virulents ne sont-ils pas poussés par ceux qui savent être le plus en droit de s'inquiéter ?


Le succès, la gloire, les relations artificielles, la drogue, les filles faciles, les grands lofts et les voitures hors de prix ont fait leur temps. Après s'être laissé charmer par les avantages de la gloire violente, Bret Easton Ellis a connu une période de dépression profonde et d'hallucinations provoquées par le manque de ces drogues dont il a essayé de se passer –pas particulièrement pour se sauver lui-même, mais bien plutôt pour rattraper les lambeaux d'une gloire finalement aussi éphémère qu'elle lui avait d'abord semblé éternelle. Au moment où il écrit Lunar Park, Bret Easton Ellis vit une autre forme de rêve américain : marié, père de deux jeunes enfants de treize et sept ans, propriétaire d'une demeure avec piscine, passant son temps entre cours à l'université, dîners avec les amis de la famille –d'autres couples avec enfants- et activités de développement personnel.


Pour autant, tout ne va pas pour le mieux. Au début, pourtant, Bret Easton Ellis tente de nous en persuader, mais l'aspect idyllique de sa nouvelle existence est bientôt perturbé par deux phénomènes : dans la région où il habite, la disparition d'enfants des beaux quartiers fait régner la psychose tandis que dans sa nouvelle demeure, des manifestations inexplicables transforment son habitation en maison hantée. Peut-on se racheter une bonne conduite avec une épouse, des enfants et une baraque ? Est-il si aisé de se détourner d'un passé marqué par deux décennies d'errance et d'illusions ?


Une fois encore, après American Psycho, Bret Easton Ellis mêle la réalité et la fiction dans des mesures dont il sera difficile d'appréhender la juste valeur. Cette vie de famille classique –bien qu'aisée- semble parfaitement crédible alors qu'en réalité, Bret Easton Ellis n'a jamais été marié. En revanche, plus fictives semblent être ces manifestations de revenants qui se produisent dans sa maison –est-ce Patrick Bateman, le héros sanguinaire d'American Psycho, ou est-ce son père avec qui il a rompu tout contact ? Et le criminel qui rôde autour des gosses de riches pour les capturer ne fait parler de lui que de loin, mystérieuse arlésienne dont les actes entraînent pourtant des conséquences dramatiques. Mais le roman passe, et la tendance s'inverse. La famille modèle montre ses failles et devient aussi volatile qu'un rêve, tandis que les disparitions et les revenants prennent de l'ampleur et finissent par envahir la vie et l'esprit de Bret Easton Ellis.


Celui-ci avait pensé pouvoir faire une croix sur son passé, rapidement et sans séquelles -il remarquera bientôt, avec une culpabilité mégalomaniaque, que l'artificialité et l'individualisme de son mode de vie passé ont atteint toute une génération –celle qui succède à la sienne. Les enfants de Lunar Park sont de petits êtres effrayants qui déambulent, tels des zombies dopés au Ritalin. Ils vagabondent d'une activité à une autre –reiki, yoga, cinéma, centre commercial, pilates, psychologue…- et acceptent de se plier aux exigences les plus loufoques de leurs parents, au prix d'un désenchantement et d'une lucidité qui ressurgissent dans des dialogues surréalistes. Par ailleurs, le spectre de Patrick Bateman se fait de plus en plus oppressant et envahit un Bret Easton Ellis qui semble de nouveau perdre pied dans la réalité –savant fou créateur d'un monstre dont l'horreur et le goût sanguinaire le dépassent désormais. Bret Easton Ellis se sent responsable de l'avidité malsaine qu'il ressent autour de lui, et Lunar Park ressemble à une tentative d'expiation de sa culpabilité.


Bret Easton Ellis aurait-il envie de cesser de rire aux dépens de ses semblables, maintenant qu'il réalise que ses mauvaises blagues ne l'excluent pas non plus de leurs retombées funestes ? Après Lunar Park, on se demande si Bret Easton Ellis va pouvoir continuer à écrire comme avant. Si oui, alors ce roman n'aura été qu'une vaste blague. Reste à savoir si cela nous décevrait…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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C'est après avoir mis un avis sur Babelio du livre American Psycho, qu'on m'a conseillé de lire Lunar Park pour mieux comprendre l'autre.
C'est ce que j'ai fait, parce qu'il est vrai que j'avais des doutes en refermant American Psycho, qui finalement ont été résolu avec Lunar.

Ce livre est un livre euh… déjanté ? Complètement loufoque ? Un peu tordu sur les bords ?
J'avais pensé qu'il s'agissait d'une autobiographie de l'auteur, mais même si il figure parmi le personnage principal, et qu'il y a effectivement des similitudes entre lui et son personnage, on finira, après avoir tourné quelques pages, par comprendre que c'est également beaucoup de fiction. Maintenant quelle est la part de vérité ou non dans le livre … je n'ai même pas envie de comprendre lol juste que l'auteur à un esprit bien tordu, enfin ça je m'en doutais déjà avec American Psycho, mais ici avec Lunar Park je confirme lol !
Mais même tordu et déjanté, j'ai quand-même beaucoup aimé ce livre qui bien écrit, m'a complètement happé et m'a intrigué de tel, que je voulais absolument connaître la fin !

En conclusion, j'ai beaucoup aimé cette lecture, j'ai trouvé que ce livre était un prolongement d'American Psycho et je dois dire que j'admire quand-même l'auteur d'avoir été capable de pondre une histoire ou lui-même est un personnage ! Pour moi c'est du génie Ellis, mais qui ne va peut-être pas plaire à tlm !
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je sais que les avis sur Ellis en général et sur ce roman en particulier sont partagés.
Lunar Park démarre comme un récit autobiographique, Bret le personnage central (Ellis peut-être ?) s'est rangé des voitures (après avoir été dépendant à la drogue, à l'alcool et au sexe), il est devenu quelqu'un de respectable (mariage, enfants, belle situation et belle maison, chien, visite hebdomadaire chez le psy, diner entre amis) et puis après le roman part dans le fantastique et la paranoia. Et ce voyage dans le cerveau de Bret Easton Ellis à de quoi nous foutre les jetons. Et bien sûr c'est-là que ce joue l'adhésion ou non du lecteur. le roman part alors dans un délire hallucinant mais qui vous attrape avec une force extraordinaire, car si Ellis à ces détracteurs on ne peut lui reprocher son imagination débridée et le brio avec lequel il déroule son histoire. Sacrément efficace le bad boy de la littérature américaine.
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L'ouvrage "Lunar Park" de Bret Easton Ellis est sans doute celui que j'ai le plus apprécié de l'auteur.
Sans doute parce que ce dernier se met en scène de manière jubilatoire, à la croisée de l'absurdité anglo -saxonne et le fantastique d'Edgar Allan Poe.
Après avoir fait l'analyse méticuleuse et caricaturale de milieux sociaux fermés, l'auteur se recentre sur l'individu et s'intéresse à la description des états d'âme et d'un schéma de destruction / décadence / rédemption qui laisse admiratif en terme de maîtrise de la narration.
Un livre qui n'est pas parfait mais qui offre une belle expérience de lecture, à manier avec précaution comme toute lecture d'Ellis et révélateur également d'un mal être de l'homme occidental.
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Bret Easton Ellis, qui a connu très jeune la gloire littéraire, se rêve ici en quadragénaire marié à une star hollywoodienne, beau père d'une fillette et père d'un petit garçon. Vivant sur un grand pied, l'auteur se complait à décrire la vie qu'il mène, apparemment mondaine mais assagie. Toutefois, des signes inquiétants de déséquilibre l'assaillent soudain et lui rendent la vie impossible, même s'il essaie de faire de tout ce qu'il lui arrive un matériau littéraire. Des enfants disparaissent, son fils même finit par le faire. Sa fille possède une peluche dans laquelle se dissimule un monstre sanguinaire qui se retourne contre ses hôtes, et le père de l'auteur, pourtant mort, ne cesse de faire des incursions dans sa vie et de l'inquiéter.
Excessif, ce roman l'est, c'est clair mais je l'ai aimé car tout y est poussé à bout. Rien ne tient vraiment, que ce soit les liens amoureux, filiaux ou amicaux..
Portrait d'un auteur qui se présente en homme hanté par les fantômes du passé, travaillé par son amour pour les addictions mais toujours aux commandes en tant qu'écrivain.
Je conçois qu'on n'aime pas mais ai trouvé ce livre surprenant...
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Un genre original pour ce bon roman qui n'abuse pas des effets de style ou de vocabulaire, mais raconte très bien une histoire en mélangeant adroitement réalité et hallucinations : le lecteur peine à distinguer, ce qui est sans doute l'effet recherché, avec de surcroît une petite pointe de mystère et de suspens.
Un roman très bien ficelé donc, et de façon originale, agréable à lire, presque du genre "page turner", qui permet de découvrir cet auteur très connu outre Atlantique.
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Un livre dont on m'avait dit que je l'adorerais ou que je le detesterais et qu'au final j'ai beaucoup aimé. L'histoire est complètement barrée et le protagoniste assez agaçant, c'est vrai. Et en même temps, tellement attachant tant il est paumé dans sa propre existence. L'auteur y mélange tout un tas de faits certains réels et autobiographiques, d'autres totalement fictionnels. Il utilise l'autofiction et énormément d'influences (Stephen King notamment) pour construire son récit. À la fois (fausse) autobiographie, critique sociétale, fiction fantastique, roman d'horreur, Lunar Park est un livre qu'il est très difficile de lâcher une fois commencé.
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Alors alors que penser de ce livre...?
Personnellement, je ne connaissais pas Bret Easton Ellis, même si il me semble avoir déjà vu l'adaptation cinématographique de "American Psycho", enfin bref, c'était la découverte pour moi.
Quand au livre, j'ai bien aimé le style d'écriture de cet écrivain, je m'y retrouve un peu (dans ses enchainements, son rythme). J'ai donc trouvé cela fluide.
J'ai appris ce qu'en a bien voulu m'en laisser apprendre, Bret Easton Ellis, sur sa vie, ses démons, ses expériences de popularité immense du jour au lendemain suite à sa première parution. J'ai aimé cette fiction ancrée dans une certaine réalité, celle qui nous confit.
Et puis, j'ai trouvé que le rythme de ce livre était assez haletant.
En résumé j'ai aimé cette histoire mais surtout je vais essayer de lire ses autres oeuvres!
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Ça débute comme une autobiographie. Jeune talentueux qui narre ses débuts d'écrivain.
Dès le premier roman, « moins que zéro », le succès est au rendez-vous avec une oeuvre déjà déjantée.
Impossible de ne pas faire de rapprochement entre sa vie et celle de ses personnages plus ou moins sulfureux (et drogués ... un savant mélange de coke et autres petites pilules💊).
Quand on commence à se lasser de cette vie de débauche, le roman prend une tournure à la fois dramatique et fantastique qui devient addictive.
Description d'une jeunesse américaine dorée et dépravée qui n'est pas sans rappeler l'oeuvre de Salinger L'attrape-coeur.
C'est brut, sans filtre et sans concession mais quelle puissance !
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J'ai acheté ce livre car je me souvenais avoir lu une bonne critique lors de sa sortie. Et je pensais, d'après le résumé de la quatrième de couverture, que j'allais me plonger dans un thriller, une histoire terrible de disparition d'enfants. Or j'étais bien loin de la vérité !

A la lecture du premier chapitre, j'ai cru m'être complètement trompée. L'auteur y parle en effet de lui-même, de son histoire, de ses succès d'écrivain, de sa vie dissolue… bref rien à voir avec ce que j'attendais. C'est au second chapitre que l'intrigue débute réellement, mais Bret Easton Ellis en est toujours le héros. Et c'est ce qui constitue toute l'originalité et la force de ce roman, que l'on ne sait dans quelle catégorie classer finalement. Autobiographie, thriller, fantastique… il est tout cela à la fois !

Mêlant habilement des éléments personnels à cette histoire de disparitions mystérieuses, de meurtres commis selon le scénario de son plus célèbre roman, et de maison hantée, l'auteur embrouille le lecteur… pour son plus grand plaisir. Impossible en effet de démêler le vrai du faux dans tout cela, tant Bret Easton Ellis est constamment sous l'emprise de l'alcool et de la drogue. Ne s'agit-il pas tout simplement d'un délire paranoïaque ?

Mais au fond quelle importance ?

Sans doute faut-il avoir un ego surdimensionné pour concevoir une telle intrigue, mais en tout cas c'est du grand art ! Si comme moi vous êtes souvent déçu par les thrillers et les polars qui obéissent à beaucoup de codes et finalement réservent peu de surprises, empressez-vous de lire Lunar Park.

Lien : http://tassedethe.unblog.fr
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