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Critique de StCyr


L'homme invisible, anonyme, le héros de ce roman, est l'homme afro-américain en quête d'une identité propre, dont l'homme blanc l'a spolié, le rabaissant à un rôle périphérique, à la marge de la société américaine. Roman initiatique, picaresque, Homme invisible, pour qui chantes-tu? Illustre les relations, sur un pied d'inégalité, qui mettent aux prises la population dominante des Wasps avec les minorités “visibles”. le héros, narrateur, à travers une suite d'épreuves, endossera des rôles successifs qui l'élèveront à un rang plus élevé de conscience. Étudiant idéaliste, chauffeur maladroit, ouvrier dans une usine de peinture, tribun manipulé par une confrérie socialisante bo-bo et finalement fugitif traqué par un nationaliste noir halluciné; toutes ces péripéties participeront à sa transformation complète. Il y verra des noirs humbles dans leur soumission, ou hypocrite dans celle-ci, obséquieux, faussement débonnaires, traîtres à leur nature profonde et à leur congénères, poussant le mimétisme jusqu'à “singer” les blancs, leur costumes et leur allure, pour ainsi dire complètement “chosifiés”. Il sera l'observateur critique et finalement désabusé de l'attitude des blancs à leur égard; ceux-ci étant farcis de préjugés même dans leur élan généreux, souvent portés à un réalisme cynique menant à une instrumentalisation de cette population qui n'a pas voix au chapitre. Les vieux réflexes racistes ont la vie dure dans cette Amérique de l”après guerre. Plus généralement Ralph Ellison se fait le contempteur des vieilles lunes du rêve américain, du “travailler dur et suivre les instructions” d'une discipline synonyme de sacrifice et de cécité, d'un jeu où les gagnants sont connus d'avance et où seuls perdent ceux qui y croient naïvement.

Baignant dans une atmosphère violente de cauchemar, cette oeuvre, assez nébuleuse, souffre d'une irréalité aggravée par le manque d'unité du roman; on a parfois l'impression de lire une succession de scènes édifiantes scandées par des chapitres.
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