Seul le silence (BD)

Une très chouette bande dessinée mais à ne pas lire quand on a le moral dans les chaussettes. C'est ce que l'on appelle un roman noir.
Au coeur de la campagne géorgienne, Joseph, 12 ans, découvre le corps d'une petite fille, c'est le début d'une longue série.
Les années passent, Joseph devient écrivain et va s'installer à New York mais il est obsédé par ces meurtres qui ont peut-être un lien avec tous les malheurs personnels qu'il accumule.
C'est une histoire sordide mais en même temps il s'agit d'une adaptatïon du roman de R.J. Ellory et cet auteur ne fait pas dans le roman sentimental !
Le dessin est sobre et la couleur sépia donne l'impression de feuilleter un vieil album photo, ce qui pose une atmosphère particulière.

J'ai tellement aimé Seul le silence de RJ Ellory que je me suis jetée sur son adaptation en bande dessinée. Si je ne me souvenais plus précisément de l'histoire, enfin si, mais pas dans ses multiples rebondissements, j'avais adoré la mise en place de l'intrigue. La patience de paysan de l'auteur pour installer l'ambiance si propice à l'intrigue, un peu à la manière des très grands comme Steinbeck, ou le très bon Un tueur sur la route d'Ellroy. Je me souviens de la complexité de quelques personnages, de ce savoir-faire dans l'écriture, solide, mélancolique, bouleversante.
J'ai été déçue par la bande dessinée.
Tout d'abord, les dessins des personnages dès le début du récit : les fillettes assassinées dans le roman n'avaient que 6-7 au maximum 12 ans me semble-t-il. Ici, elles semblent avoir 25 ans, ce sont des jeunes femmes dans leurs traits. le narrateur lui-même, Joseph n'a que 13 ans au début du roman, il semble en avoir 30. du coup, cela m'a un peu perturbée. le narrateur précise néanmoins qu'elles sont des enfants, j'ai donc fait fi du graphisme. Dommage pour une bande dessinée.
Lorsque la mère de Joseph décède, elle n'en a que 46, elle en paraît 85. Décidément, le dessinateur a un peu de mal avec les apparences, c'est volontaire, je n'ai pas saisi l'intention va-t-on me rétorquer.
Ensuite, il y a de nombreuses narrations dans cette BD. C'était à prévoir. Comment retranscrire toutes ces émotions à travers des bulles et des graphismes ? Complexe. Malheureusement, certaines introspections narratives souffrent de faiblesses grammaticales. Il m'est arrivé de lire 2 fois le cadre pour remettre les idées dans le bon ordre. C'est un peu dommage. Dans le roman original, tout m'avait tellement semblé si proche de la perfection. Qu'il est bon ce roman !
Arf.