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Relaxe à côté de sa Chevy, Ellroy sirote une bignouse. Brave, grâce à la douce assurance de mes lectures ellroyennes, je lui dis qu'il a écrit des horreurs dans “White jazz”.
Il sourit, par pitié.
Que son récit porté par Dave Klein, avocat avant d'être policier au LAPD, est un agglomérat de dégueulasseries.
Un sourcil dressé, puis une gorgée , indifférent.
Que je n'ai pas aimé la narration, des morceaux de phrases balancés parfois sans verbes. Tout cela écrit à la mitraillette. Des tirs sans précision. Ce qui fait que j'ai moins aimé que d'habitude avec une fin qui tient plus du dérapage foireux que de la précision habituelle.
Là, il jette sa bière vide et me fixe.
Bon, mais en même temps, le pari était risqué, et que finalement même si elle m'a semblé un peu en-dessous des autres, son histoire demeure ce que l'on peut faire de mieux en matière de polar...

- Mon gars, tu ME fais confiance, la prochaine fois ce sera encore plus CIN-IN-GLE!
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Ici ce qui surprend c'est le style d'écriture . Ellroy prend un risque énorme avec ce style qui décontenance totalement le lecteur , et démontre de la maniére la plus éclatante le talent incroyable de cet auteur "fou" et génial . La prise de risque est telle que nombre ne suivront pas , la radicalité de l'oeuvre étant bien trop difficile à surmonter . A coté on peut trouver sans intéret l'enquéte en elle méme , comparativement au trés haut niveau des trois premiers opus de ce quatuor . Une oeuvre expérimentale , hélas sans lendemain , mais au moins Ellroy aura osé .
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Avec ce dernier opus, James Ellroy clôt son premier Quatuor de Los Angeles. Il revient à un récit à la première personne, comme dans le Dahlia Noir qui entame cette tétralogie et nous présente le point de vue du lieutenant des Moeurs, David Klein sur plusieurs enquêtes et la rivalité entre membres influents du LAPD.

Pour cette introspection dans les pensées du narrateur, l'auteur adopte ici un style dépouillé à l'extrême, haché, abrupt, lapidaire qui cadre parfaitement avec le rythme et l'ambiance de violence profonde du roman mais qui n'est pas toujours agréable ni facile à lire même si cette forme narrative est capable de provoquer une compréhension immédiate des choses en dehors de la logique d'une syntaxe plus classique.

Fidèle à lui-même, "le Dog" imbrique plusieurs intrigues qui se coupent et se recoupent, cambriolage chez un trafiquant de drogues arménien propriétaire de laveries, vol de fourrure dans un entrepôt, assassinat d'une famille apparemment sans histoire. Toutes ces affaires criminelles servent de toile de fond aux rivalités mortelles entre les Fédéraux et le LAPD et au sein même des différents services de police de la ville. A moins que cela soit l'inverse... car avec Ellroy, point n'est besoin de gangsters, les flics se suffisent à eux-mêmes pour mettre en place corruption, extorsions, chantages, trafics en tout genre, passages à tabac, meurtres et assassinats. Toutes ces exactions, doux euphémisme, sont le fond de commerce des forces de l'ordre de la Cité des Anges à la fin de ces années 50 où flotte un fort relent de racisme et de corruption généralisée.

Parmi les personnages de White Jazz, il n'y en a pas un pour apparaitre comme un héros positif aux valeurs morales établies et la rédemption finale de Klein parait bien entachée. Tout au long du roman, le lieutenant Klein, policier et avocat intelligent est montré comme un flic pourri et brutal qui n'hésite pas à faire supprimer son coéquipier et qui vend depuis longtemps ses talents de tueur à la pègre, ce qui lui a valu le surnom de "redresseur". le capitaine Dudley Smith reste le salopard intégral et raciste tel qu'on l'a connu dans le Grand Nulle Part et L.A. Confidential, avide de violence et de fric et Ed Huxley, le chef des Inspecteurs, qui poursuit son ascension, n'est plus l'homme probe et intègre apparu dans L.A. Confidential, dévoré par des ambitions politiques qui le poussent aux pires manigances. le reste des personnages est à l'avenant : politicards, flics ou truands, hommes ou femmes, ce sont tous des pervers sexuels, des drogués et des meurtriers. Tous sont capables des pires bassesses et compromissions pour quelques billets verts ou pour se faire élire conseiller municipal ou procureur général.

Nous sommes là au coeur d'un pessimisme foncièrement ancré chez Ellroy et cette plongée au plus profond des ténèbres humaines fait bien de James Ellroy un très grand maître du roman noir et de White Jazz une partition aux accents de bebop parfaitement maîtrisés.
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Il fallait que je sache la fin du Quatuor... Et que je lise ce roman si controversé pour son style et en tant que clôture moins grandiloquente de la tétralogie. Passé la deuxième page, je me suis fait au style, et s'en est suivi une plongée fascinante dans le courant de conscience fou de Dave Klein, flic archi-pourri qui ravit les fans d'Ellroy, avec toutes les composantes que ça implique : homme de main d'Hughes, de Cohen, vivant une attraction incestueuse... Dave Klein est au plus profond des abysses, et j'ai trouvé que pour un retour à la première personne, tellement perçu par certains comme une régression tant on a adopté la tripartition depuis le Grand Nulle Part, la conception du seul et unique personnage principal du roman était sacrément réussie. On prend plaisir à le voir exécuter ses basses besognes accompagnées des répliques les plus percutantes, on souffre avec lui, on planifie tout avec lui, on se fait piéger avec lui, on drague avec lui... Vraiment, on est engoncé dans sa tête, ça fonctionne super bien. Et on est impressionné par sa maîtrise des évènements, tant on en a vu d'autres tomber face à Los Angeles. Certes, il se fait plusieurs fois piéger (vers la page 320 de l'édition de poche, lorsque Dave est sous l'emprise de la drogue, c'est particulièrement génial sur le plan stylistique) mais il finit toujours par avoir le dessus! Et Dudley Smith, the ultimate motherfucker, le vilain que nous haïssons tous, qui nous terrifie dès qu'un "Mon gars." surgit de la prose, a enfin ce qu'il mérite!!! Vivement Perfidia (prochain roman d'Ellroy)!!

Le seul point négatif de White Jazz pour ma part, est dans l'intrigue principale, l'enquête sur le cambriolage des Kafesjian. C'est bien connu, les amateurs de roman policier/polar veulent du MEURTRE. le vol, le cambriolage... C'est moins grave, sur le plan moral, moins spectaculaire, on s'y intéresse moins, on se sent moins concerné. Et jusqu'à ce que la solution commence à germer, que la tempête d'incestes ne pleuve sur le roman, nous entraînant dans une guerre de familles digne de Roméo et Juliette (avec ses deux amants maudits, oui) et que des meurtres de boucher comme on les aime avec Ellroy n'aient lieu, et bien, on prend un immense pied à suivre les péripéties de Dave Klein, mais l'enquête ne nous intéresse pas.
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S'il n'est pas à proprement parler un livre SUR le jazz, « White Jazz » en est plus que fortement imprégné. Conclusion du célèbre « Quatuor de Los Angeles » faisant suite à «L.A.Confidential » qui parlait souvent de Chet Baker & Gerry Mulligan. le livre nous présente un nouveau personnage , le lieutenant Dave Klein, sorte de » Bad Lieutenant » avant l'heure, flic véreux , qui aime le jazz , en particulier ce jazz « West Coast » illustré par des musiciens blancs , (Stan Getz, Art Pepper,Bud Shank, etc.) d'où le titre , ce « petit bleu de la Côte Ouest » comme disait Jean-Patrick Manchette , autre grand auteur de polar et amateur de jazz lui aussi.

Le lieutenant Dave Klein aime aussi les femmes… ce qui va lui causer du tort. Il a également une relation plus que trouble, quasi incestueuse avec sa soeur, et au cours de son enquête va devoir affronter ses problèmes personnels ainsi que de se faufiler entre un vol de fourrures, un trafic de drogues dans une société de laveries, un tueur de clochards, et le racisme ambiant de l'époque, tout cela sur une ambiance mélodique donnée par ce cool jazz qui était très en vogue en Californie à la fin des années cinquante, époque où se déroule l'action de ce « Quatuor de Los Angeles », dont chaque livre peut d'ailleurs se lire indépendamment des autres.

Écrit dans une prose brève et saccadée, sans doute pour retranscrire à la fois les rebondissements de l'action et le rythme du jazz, ce style très particulier, qu'un critique américain a décrit comme du « beat noir » , faisant référence ainsi à la Beat Génération, en plein essor à la même époque, fait la grande originalité d' Ellroy , en sus de la psychologie pour le moins tordue de ses personnages. La conclusion est d'ailleurs un aveu d'impuissance lorsque Klein se rend compte qu'il n'est qu'un pion sur l'échiquier politique local : « Je suis vieux, j'ai peur d'oublier, j'ai tué, j'ai trahi, j'ai moissonné l'horreur, je veux sombrer avec la musique. »

White jazz mais noir c'est noir…
Lien : https://www.lejazzophone.com..
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White Jazz

1958. Dave Klein est avocat et policier au sein du L.A.P.D. Des meurtres perpétrés sur des clochards par un certain Feu Follet Fou, un cambriolage dans un magasin de fourrure et dans la propriété de J.C. Kafesjian, connu pour ses activités criminelles tolérées par les Stups, jettent Dave Klein dans une bataille qui le dépasse. Par devers lui, Ed Exley et Dudley Smith tentent de solder une inimitié qui dure depuis plusieurs années. Dans la famille Kafesjian, le père est trafiquant, le fils est un fou furieux, la fille et la mère ont la cuisse légère. En pleine course aux élections municipales, on reparle de Mickey Cohen qui est plus fauché que jamais, d'Howard Hugues qui est toujours plus obsédé des femmes et on retrouve L'Indiscret qui étale ses révélations fracassantes sur cinq colonnes. La population de Chavez Ravine est menacée d'expulsion afin de faire place au nouveau stade d'entraînement des Dodgers. Une enquête sur le milieu de la boxe et une autre sur le jeu tournent court. Dave Klein va franchir la limite qui le sépare du crime et de l'illégalité une fois de trop. Devenue proie du système qu'il servait, sa fuite est incertaine.

« J'ai moissonné l'horreur pour en tirer profit. Fièvre – brûlante maintenant. Je veux m'en aller, suivre la musique – me laisser prendre à son tourbillon, sombrer avec elle. » (p. 11) C'est sur cet aveu de lassitude et cette amorce de confession que s'ouvre le dernier volet de la quadrilogie. Si c'est la voix de Dave Klein qui porte le message, c'est l'auteur qu'il faut entendre : il est temps de refermer la porte du Quatuor de Los Angeles, au son d'un dernier disque de jazz. Ce quatrième volet – comme le premier – est raconté par un personnage. On ne suit que lui, son enquête et ses crimes. Particulièrement malsaine, la narration place le lecteur au coeur de l'esprit de Dave Klein, aux prises avec une pensée rapide et hallucinée. Si on assiste aux mécanismes de raisonnement, on découvre également un passé sordide et violent. Dave est en dette avec Mickey Cohen. Au sein de la pègre, on le connaît sous le nom du Redresseur. Ses méthodes sont ultra violentes et douteuses, tout comme le sont ses sentiments pour sa soeur Meg. Ce volet est le plus complexe : les phrases sont courtes, très souvent nominales. Les engrenages mentaux du personnage fonctionnent très rapidement et ne s'embarrassent pas d'information superflue. La phrase se fait télégraphique : au lecteur de ne pas perdre le fil du message.

Dave Klein m'a été immédiatement antipathique. Ce ressenti a influencé toute la lecture de White Jazz : ce tome est celui qui m'a le moins plu, même s'il conclut avec brio avec la quadrilogie.


Lien : http://lililectrice.canalblo..
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En toute humilité, il faut reconnaitre que si l'on considère "L.A Confidential" comme étant le point d'orgue du Quatuor de Los Angeles, on s'attend à être déçu par "White Jazz"...

Un peu ; du moins....

Mais c'est là que notre humilité entre en jeu,.

Car si "White Jazz" est en dessous de "L.A.." c'est de peu..

Car tout y est pour être aussi bon..
Mais notre orgueil, notre vanité de lecteur, ne veut pas l'admettre si facilement.
Et pourtant, Ellroy y déploie un talent fou...

Le quatrième Opus, qui vient clore, en beauté, le Quatuor est d'une grande maîtrise.

Je fus surpris, en fermant ce livre, que cet Ellroy ait pu réussir, là où, franchement beaucoup se cassent la gueule : finir en beauté...

Comme ces bâtisseurs des temps anciens, ces créateurs de monuments, un peu fous ; mais comme le faisait remarquer Anatole France : "Les grandes oeuvres de ce monde ont toujours été accomplies par des fous".
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Difficile de trouver plus violent, plus noir, plus sanglant. le livre à nous dissuader d'aller à Los Angeles. C'est toujours avec plaisir malsain ou masochiste que j'entame un livre d'Ellroy, mais je trouve cet opus au sommet de la noirceur.
je n'ai pas lu toute la série, du coup j'ai eu du mal à suivre, aussi parce que l'écriture d'Ellroy est très enchevêtrée et hachée. C'est puissant, mais costaud à lire.
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Ecriture chaotique, nerveuse, délirante. Ellroy s'est dopé à un mélange trop brutal pour le lecteur moyen dont je fais partie. Lu comme un exercice de style, par respect pour le Maître. A éviter autrement.
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Dernier roman de ce que l'on appelle communément le quatuor de Los Angeles, après le Dahlia Noir, le grand nulle part et L.A. Confidential, White Jazz met en scène le Lieutenant Dave Klein du LAPD qui, à l'automne 1958, passe d'une affaire sordide à l'autre, depuis un vol de fourrures jusqu'à un tueur en série de clochards, en passant par un cambriolage chez un trafiquant drogue, par ailleurs indicateur privilégié de la brigade des stupéfiants. N'oublions pas non plus les petits coups de main qu'il peut donner ici et là, notamment à Howard Hughes et Mickey Cohen.

Le Lieutenant Dave Klein est donc très occupé et n'a pas de temps à perdre dans la rédaction de rapports soignés. C'est pourquoi, quand il nous raconte son histoire, il le fait comme s'il le faisait de vive voix, entre deux portes, et deux missions dans les bas-fonds de Los Angeles. C'est pour rendre cet état d'esprit que James ELLROY donne à sa prose un style peu commun en littérature : le style télégraphique. Ce choix peut en effet surprendre, d'autant qu'il est bel et bien appliqué à l'intégralité du roman, à l'exception des coupures de journaux reprises ici et là, et qui viennent combler le déficit d'informations données par le narrateur. Force est pourtant de reconnaître que cela fonctionne, que cela convient parfaitement, tant au personnage qu'à l'ambiance générale du roman, et que cela ne nuit en rien à la fluidité de la narration. Bien au contraire, White Jazz est un récit incroyablement rythmé, comme sur un tempo soutenu d'un titre de bebop.

Pour le reste on retrouve les mêmes ingrédients que dans les précédents romans du quatuor. C'est une intrigue dans laquelle plusieurs affaires apparemment indépendantes sont finalement intimement liées. Ce sont les flics véreux, les truands, les prostitué(e)s, les politiciens corrompus et toute la lie de la société du Los Angeles de la fin des années cinquante, quand racisme, homophobie et anticommunisme primaire étaient la norme. le résultat est un roman noir à l'atmosphère particulièrement glauque dans lequel il serait vain de rechercher un quelconque optimisme.

Pour apprécier White Jazz, il faudra donc avant tout adhérer au style très particulier de la narration, celui-ci ne simplifiant pas la compréhension d'une intrigue complexe à la base. Mais en l'occurrence l'effort d'attention ne peut être que payant et permet de conclure le quatuor de Los Angeles de la meilleure des manières qui soit.
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