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Critique de cyan


Los Angeles, juin 1958. le cadavre de Jean Ellroy est retrouvé dans une allée. 40 ans plus tard, son fils éprouve le besoin de revenir sur l'affaire, qui n'a jamais été résolue.

Il s'agit d'un fait divers réel: la mère de l'auteur a été assassinée lorsqu'il était enfant et on n'a jamais retrouvé le coupable. C'est aussi un autoportrait sans concessions et particulièrement sombre que James Ellroy dresse, dévoilant les détails de ce qu'on appellerait sa « descente aux Enfers » après ce drame.

Le livre est divisé en 4 parties. La première est l'exposé, froid et clinique, sans émotions, des faits relatifs à la découverte du corps et à l'enquête de 1958. Sachant qu'il s'agit d'un fils exposant les détails qui concernent le meurtre de sa propre mère, ça peut être assez choquant et vraiment plombant.

La seconde partie est purement autobiographique. L'auteur raconte l'histoire de ses parents, de son enfance, puis de la façon dont son existence a déraillé après la mort de sa mère. Rien ne nous est épargné des délits qu'il a commis, de sa consommation de drogues ou de ses obsessions, comme celles qu'il éprouve envers les femmes victimes de meurtres (notamment le Dahlia Noir, autre fait divers qui avait fait sensation).

La troisième partie propose une biographie professionnelle et plus ou moins psychologique de Bill Stoner, le policier spécialiste des affaires non classées que l'auteur a contacté pour reprendre l'enquête depuis le début. La dernière partie est consacrée à la collaboration entre ce policier et James Ellroy pour tenter de découvrir ce qui est réellement arrivé à sa mère.

De cet auteur, j'avais lu American Tabloïd, que j'avais abandonné en cours de route par manque d'intérêt pour une intrigue dont je ne comprenais pas où elle menait, et le Dahlia Noir, un roman tiré d'un fait divers réel que j'avais dévoré et trouvé passionnant. Avec Ma Part d'Ombre, je ne savais pas réellement à quoi m'attendre, mais je ne m'imaginais pas à quel point je serais remuée par cette lecture.

Quand on lit un roman policier, les victimes restent abstraites, finalement, même quand l'auteur réussit à nous toucher. Mais ici, Jean Ellroy est d'autant plus concrète que la description de son corps est méticuleuse, froide et qu'on assiste aux premières loges aux conséquences de son meurtre sur la vie de son fils. Ce qui manque en émotion dans la première partie est ce qui fait sa force et son opposition avec l'excès et le débordement des émotions dans la seconde est bouleversant de vérité. J'avais l'impression d'entendre le jeune James hurler sa souffrance et sa culpabilité.

Ce témoignage est également le récit des violences faites aux femmes dans l'Amérique du 20e siècle, que ce soit à travers le poids que la société fait peser sur elles ou dans les crimes commis à leur encontre par des hommes qui ne voient pas où est le problème.

A noter certains propos racistes, sexistes et/ou homophobes. Difficile de déterminer s'ils reflètent les idées de l'auteur ou sont simplement un reflet de l'époque décrite. Ce n'est pas agréable à lire quand ils interviennent, mais j'ai considéré cet aspect comme faisant partie d'un tout déjà malsain à la base.

Un livre difficile à lâcher, glaçant et perturbant. Attention, ce n'est pas pour les âmes sensibles.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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