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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Yoel Blum est un célèbre écrivain israélien. Plusieurs fois par an, il se rend dans les pays dans lesquels ses livres sont traduits, mais il refuse d'aller aux Pays-Bas. Quand son troisième roman est publié, son agent décrète qu'il ne peut plus éviter ce voyage. A Amsterdam, il est « tourmenté par le remords d'avoir cédé » (p. 15), il trahit la promesse faite à sa mère : ne jamais retourner dans sa ville natale. le lendemain de la rencontre avec ses lecteurs, il visite le Musée historique Juif, accompagné de son épouse. Sur un mur, des extraits de vieux films en noir et blanc sont projetés. Ces images bouleversent son existence : sa mère apparaît, au côté de son père, décédé quand Yoel était petit. L'homme tient une petite fille en laquelle il reconnaît sa soeur Néti. La femme a un bébé dans les bras : ce n'est pas l'écrivain. Qui est cet enfant inconnu ?


A son retour en Israël, Yoel interroge sa soeur, qui lui fait quelques révélations. Une semaine après, il s'envole à nouveau pour la Hollande. « Grandit en lui l'assurance de trouver ici, à Amsterdam, les lettres de son histoire dont la combinaison donnera naissance aux mots. Néti ne peut que lui raconter le peu qu'elle sait et dont elle se souvient ; il tissera une nouvelle trame à partir de ces fils épars et irréguliers. » (p. 75). Il a emporté une pile de cahiers lignés vierges, ceux qu'il utilise pour écrire. Il ne partira pas tant qu'il n'aura pas bâti son nouveau roman. Tant qu'il n'aura pas écrit son histoire : la sienne, celle qu'il a vécue sans se souvenir.


Yoel marche dans les pas de sa mère qui n'est plus là pour lui raconter. Il rassemble des documents, déambule dans les rues, observe les lieux tels qu'ils sont aujourd'hui et il imagine ce qu'ils étaient pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il tente de reconstituer le passé, il apprivoise sa peur de mourir et il écrit. Il raconte la vie de Sonia, d'Eddy et de leurs deux enfants, ainsi que celle d'Anouk, de Martin et de leur fils. le présent et le passé s'enroulent pour ne faire plus qu'un. D'un paragraphe à l'autre, la temporalité change. Comme un effet miroir, l'époque de l'Occupation transmet sa mémoire à celle actuelle : les deux se répondent.


« Sur cent quarante mille Juifs des Pays-Bas, seuls trente huit mille survivront à la guerre. Enfants compris » (p. 262). L'obligation de se signaler, le « J » tamponné sur les papiers d'identité, l'obligation du port de l'étoile jaune, les lieux interdits aux Juifs, les lois antijuives, les convois vers les camps, les dénonciations, le rôle du judenrat dans les rafles : Yoel se confronte à ces années d'horreur. Il les livre telles qu'elles envahissent son esprit. Il ressent de quelle manière sa mère les a vécues et il comprend qui elle était. Il rencontre des personnes qui ont passé leur vie à chercher leur place : confiées à des familles qui les ont cachées, alors qu'elles étaient des enfants et qui n'ont jamais retrouvé leurs parents. Par sécurité, ces derniers ne devaient pas connaître le lieu où leurs petits étaient.


Yoel ne veut pas juger ceux qui ont trahi leurs proches[…]


La suite sur mon blog...



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Juste au moment où tu penses avoir lu toutes les histoires possibles sur le traitement des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, un auteur talentueux écrit un livre qui aborde une expérience nouvelle et différente.
Ensuite, tu réalises que les variations sont infinies, innombrables, tout comme toutes ces âmes prises dans les horreurs de l'Holocauste, car lorsque 11 millions de personnes meurent, il y a 11 millions d'histoires qui peuvent être racontées.

Dans le roman d'Emuna Elon, Yoel Blum est un écrivain israélien dont l'éditeur l'envoie aux Pays-Bas pour promouvoir sa dernière parution. Bien que sa mère soit néerlandaise, elle lui a toujours fait promettre de ne jamais y aller.
Il se sent un peu coupable en descendant de l'avion, c'est pourtant son pays natal, sa ville natale, mais qui lui a toujours été interdite. Il n'a jamais posé de question.
L'eau a coulé sous les ponts.
Ce qu'il découvre à Amsterdam, c'est que sa mère a eu une autre vie avant la guerre que celle qu'il connaît, et qu'une grande partie de ce qu'il a cru toute sa vie n'est pas entièrement vraie.

D'où lui vient cette peur qui remonte à sa tendre enfance de mourir ?
Déjà petit, il avait peur de s'endormir et de mourir dans son sommeil.
Pourquoi sa mère a-t-elle demandé que jamais ; ni lui, si sa soeur aînée Neti, ne mettent un pied à Amsterdam ?

Comme s'il s'interdisait de montrer trop ses sentiments, autant à sa femme Bat ami, qu'à ses 3 filles et leurs enfants.
Il se tient en dehors du cercle familial.
Il observe comme en dehors des lieux.
Pourquoi cette peur de perdre les gens qu'il aime ? Pourquoi s'interdire de leur dire, de leur montrer ?

Pins et Cyprès laissent la place à l'eau et les canaux.
C'est à Amsterdam que Yoel trouvera toutes les réponses.
Celles de son passé intrinsèquement liées à celles de son présent.

Angoisses, névroses et peurs se disputent la place dans la tête de Yoel, un homme si attachant.
Cet être de papier en quête de ses origines m'a ému à un point rare.
Quelque chose d'impossible à expliquer m'a lié à ce roman.

À environ un quart du roman, quand Yoel continue ses pérégrinations dans Amsterdam le passé et le présent se mélangent sans que l'on change de chapitre.
Les délais sont presque parallèles les uns aux autres, de sorte que tu pourrais être dans le passé avec Sonia et dans le présent avec Yoel dans le même paragraphe.
Cela semble déroutant, pas pour moi.
En fait, cela a rendu les deux personnages plus étroitement liés et a donné au livre un flux qui manque souvent dans une histoire à double chronologie qui rebondit entre les deux histoires d'un chapitre à l'autre.
On passe d'un paragraphe à un autre en alternant les personnages et le temps.
C'est un peu déstabilisant au départ, cela demande de la concentration, mais on s'y fait très vite, de plus cette construction prend tout son sens au fil de lecture.
Une lecture qui demande à être savourée pour être comprise pleinement.
Pour lire ce qui se dérobe au regard.
Ce que l'on ne lit pas, mais qui se glisse entre les lignes.

La mère de Yoel et Yoel marchent dans les mêmes rues, traversent les mêmes places, mais à 70 années d'intervalle.

Le roman est divisé en plusieurs parties appelées cahier.
Yoel ne se fait pas à la technologie et écrit toujours sur les anciens cahiers d'écolier lignés.
C'est pour écrire son nouveau roman qu'il se rend à nouveau à Amsterdam même si ce n'est pas le seul but.

Quête de vérité et quête identitaire, ce roman est beau par sa nostalgie et son héros si attendrissant.
Un héros dont l'existence se résume à l'attente du moment où il se sentira vivant.
Amsterdam va lui donner ce souffle attendu.

L'Amsterdam d'aujourd'hui, et l'Amsterdam durant l'occupation.
Les souffrances d'hier qui ressurgissent aujourd'hui

Tu as l'impression d'être une péniche, une maison sur l'eau, te laissant naviguer en suivant les mots de l'auteure, il y a vraiment cette sensation de balancier avec le mélange des personnages qui s'alternent au cours des chapitres.

La plume d'Emuna Elon est poétique et visuelle. Tu marches dans les pas de Yoel qui découvre Amsterdam.
Tu vois à travers ses yeux ruelles et venelles, musées et peintures, statues et lieux célèbres, les touristes et les passants.
Vraiment en totale immersion dans cette ville que j'aime tant et qui est admirablement décrite.
L'auteure m'a donné très envie d'y retourner, marcher à mon tour dans les pas de Yoel comme lui l'a fait dans les pas de sa mère.

Le pouls de la ville raisonnera dans ta tête, les cloches qui sonnent tous les quarts d'heure te rappelleront un battement de coeur.
Le battement de coeur de ta mère que tu entendais alors que tu n'étais que foetus dans son ventre.

L'écriture est incroyable ; elle est impossible à décrire.
Somptueuse, rythmée, elle suit les saisons et les pérégrinations. Emuna Elon écrit la symphonie de la vie de Yoel et de tous ces apatrides arrachés du jour au lendemain de ce qu'ils connaissaient. de ceux qu'ils aimaient.
Les métaphores et allégories sont très présentes, un roman qui est empli de lyrisme.
Ce livre est vibrant de vie et de mort.
En lui, on entend poindre l'écho de tous ceux qui ont un jour vécu à Amsterdam. Comment Amsterdam peut-elle être si belle après toutes ces horreurs ?

Emuna Elon soulève des questions philosophiques. Comme le sens de la vie ; les raisons qui poussent telle ou telle personne à agir de telle manière ; nous ne sommes personne pour juger de la pertinence ou non.

Certaines de ces questions ont déjà été posées à maintes reprises, sans se rapprocher d'une réponse. Pourquoi personne n'a vu où cela allait mener ? Pourquoi les dirigeants juifs se sont-ils si facilement conformés à chaque étape du processus, jusqu'au bout ? Que feriez-vous si vous vous trouviez dans cette situation ? Jusqu'où iriez-vous pour sauver votre enfant ? Qui sacrifieriez-vous pour vous protéger et protéger les vôtres ? Et après ?

Comme Yoel se tient au milieu de l'eau, de l'infini, efforce-toi de regarder ce qui est caché, ce qui se dérobe, ce qui n'est plus
Ce livre demande à certains passages une double lecture. Triple même vers la fin.

C'est vraiment un très beau roman, il est complexe, il demande à être lu, vraiment lu. Il demande à être digéré, il est aussi descriptif qu'introspectif.

L'auteure saisit chaque mouvement de ses protagonistes, ceux passés et ceux à venir.
Pour traduire le coeur des choses, le coeur intrinsèque des choses

Emuna Elon est une magicienne qui, d'un coup de baguette, transforme chaque anecdote humaine, la transfigure, faisant s'y refléter l'histoire intime de chaque lecteur
C'est un splendide roman sur la reconstruction d'un personnage, sur des liens perdus ou retrouvés entre une ou plusieurs générations.

Un roman empreint de poésie et de nostalgie qui pose cette question : comment se construire quand on a tout refoulé de son passé ? Les séquelles qui restent souvent invisibles, mais ressurgissent un jour.
Le poids du passé et de ses secrets.
La force des liens, biologiques ou non.
La paix retrouvée.
Une histoire d'amour, de perte et de désir. Ce conte passionné et passionnant est une réflexion sur la survie.

Splendide !

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Yoël Blum est un auteur Israélien à succès. Marié et père de famille, il est né à Amsterdam durant la seconde guerre mondiale et il a fui le pays avec Sonia, sa mère et Neti, sa grande soeur, alors qu'il n'était encore qu'un tout petit enfant. Il ne se souvient pas de son père qui était médecin à l'hôpital d'Amsterdam et qui est décédé dans un camp, en Allemagne, d'ailleurs il ne se souvient de rien, juste de ce qu'on lui a raconté, autant dire peu, sa mère n'a jamais voulu lui parler de cette époque, c'était un sujet interdit à la maison, elle se contentait d'affirmer que l'eau avait coulé sous les ponts, que c'était le passé. La seule chose sur laquelle Sonia a insisté c'est de faire promettre à Yoel de ne jamais retourner à Amsterdam.

C'est par obligation professionnelle que Yoël rompt cette promesse, il n'a pas le choix, il doit se rendre à Amsterdam pour la promotion de son dernier roman. Sa mère est décédée, elle ne saura pas qu'il a enfreint l'interdit qu'elle lui imposait et c'est accompagné de Bat Ami, son épouse, qu'il part au pays des tulipes.


Il tombe tout de suite sous le charme de la ville, de ses bâtisses, de ses canaux, de sa population, de son ambiance particulière, de ses musées, le lieu est pittoresque, bruyant, animé, peut-être que cette première visite ranime en lui des bribes de passé trop longtemps enfouies. Yoël profite de ce court séjour pour visiter la ville. Alors qu'il se trouve au musée historique Juif, il découvre un film d'archives sur la seconde guerre mondiale et y reconnaît sa mère, certainement Eddy, son père , sa soeur Neti et un jeune enfant que sa mère tient dans ses bras. Ce n'est pas lui, ill ne se reconnaît pas, mais qui est cet enfant que Sonia enserre précieusement ? Pourquoi personne ne lui en a jamais parlé ?

De retour en Israël, Yoël est bien décidé à faire parler sa soeur qui a certainement des souvenirs puisqu'elle était plus âgée à l'époque, mais Neti a aussi promis à sa mère de ne jamais rien raconter, pourtant l'heure n'est plus aux secrets, il est peut-être temps de tout révéler à Yoël alors elle se livre et se délivre, parle de ce qu'elle a vu et vécu, doucement, douloureusement.

C'est une bombe qui s'abat sur Yoël une terrible déflagration qui vient de bouleverser son fragile équilibre et sa vision de la vie, il décide de retourner à Amsterdam pour marcher dans les traces de ses parents et aussi d'écrire un roman sur sa famille, peut-être pour exorciser les démons qui le hantent désormais. Il a besoin de retrouver ses racines, de savoir comment tout à commencé, de se rattacher à une identité. Il loue une petite chambre d'hôtel sans prétention, elle a le mérite de se trouver juste en face de l'immeuble où ses parents habitaient, ce sera désormais son univers et fort des révélations de sa soeur il retrace le parcours de Sonia et Eddy, un parcours qu'il couche sur du papier et qu'il revit en même temps.

Yoël nous guide à travers les canaux et les venelles de la ville, on marche à côté des bâtisses qui se mirent dans l'eau, une eau omniprésente, parce que l'eau a coulé sous les ponts comme disait sa mère, mais elle coule encore et toujours. Maintenant. Yoël connaît le secret mais le lecteur ne le connaît pas, il le découvre au fur et à mesure que Yoël veut bien le révéler, c'est assez inédit de dévoiler les choses de cette façon et c'est ce qui fait tout le charme de ce roman.

Les descriptions d'Amsterdam sont magnifiques, on ressent l'atmosphère particulière qui s'en dégage dans les deux périodes et particulièrement durant la guerre. On ressent la peur des rafles et de la déportation, la tristesse qui enveloppe les familles dont certains sont déjà partis, l'impuissance face au monstre nazi, la colère à l'encontre de certains Hollandais qui sont prêts à dénoncer. Toute cette narration est très visuelle, presque vivante, on voit les ruelles, les ponts sur l'eau, on sent le vent dans les arbres, on entend les vélos rouler, on perçoit le bruit des bottes des soldats qui martèlent le sol au petit matin c'est incroyablement bien fait. L'Amsterdam d'aujourd'hui est tentaculaire, on se fond dans l'ambiance particulière, l'eau est toujours là, elle coule inexorablement, sous les ponts, le long des ruelles…..

De sa chambre d'hôtel Yoël se transpose, il est à nouveau ce petit garçon dont il ne se souvient pas. L'autrice alterne entre passé et présent et parfois les deux périodes semblent ne faire plus qu'une, c'est assez déroutant. Toute la vie des parents de Yoël défile devant lui, celle des proches aussi dans cette bâtisse où vivent deux familles, les amis de ses parents, de riches notables à qui appartient le bâtiment et ses parents qui louent le petit logement de l'entresol. Yoël les entend, même quand ils chuchotent. C'est une lecture très douce, presque poétique. La famille de Yoël est attachante, sa mère est courageuse, elle tente tout pour protéger ses petits. J'ai un peu plus de mal avec leurs amis, je ne les sens pas sincères, ils pensent être sauvés, mais dans ces temps de guerre et avec les nazis même l'argent ne peut rien pour eux.

Beauté et horreur se côtoient, les bribes de secrets se dévoilent, j'ai peur de comprendre, j'espère me tromper. Yoël se transforme au fil de son séjour, il ne s'habille plus comme avant, il ne veut pas être reconnu, il veut vivre ses souvenirs tranquillement et ne pas être inquiété pour l'écriture du roman qui est désormais sont but ultime.

Yoël se remet en question sur ce douloureux secret qu'il vient de découvrir mais aussi sur sa vie, ses relations avec son épouse, avec ses enfants. Il se rend compte qu'il n'est pas à la hauteur, peut-être à cause de ce passé qui était en lui et dont il ignorait tout. Depuis combien de temps n'a-t-il pas dit « je t'aime » à son épouse, d'ailleurs lui a-t-il déjà dit ? et ses enfants, il n'est pas proche d'eux, pourquoi ? il est soudain triste et las de ce passé enfoui qui ressurgit, mais peut-être que cette révélation le libère d'un poids et qu'il pourra désormais aller de l'avant.

Quel magnifique roman qui prouve à quel point le passé peut parfois être lourd à porter et décisif sur l'avenir, ne dit-on pas qu'il faut savoir d'où l'on vient pour savoir où on va ? Yoël est relié à Amsterdam par des racines invisibles qui sont ancrées en lui, même s'il ne le veut pas. le dénouement me prouve que j'avais vu juste, je suis bouleversée, je ne ressens pas de colère parce que je crois que chacun fait comme il peut avec les moyens du bord, et durant cette guerre, quand on est embarqué dans un train de marchandises en direction de l'Allemagne où l'on sait qu'on a rendez-vous avec la mort, il n'y a pas d'alternative. Sonia a vécu avec le poids d'un secret, elle a fait ce qu'il fallait faire dans le moment précis où l'actionE se déroulait, elle avait les enfants à protéger, elle devait se sauver elle aussi, c'était la condition sine qua non pour sauver les enfants, il y avait juste quelques minutes pour réfléchir, qu'aurions nous fait à sa place ?

Un énorme coup de coeur pour ce roman, il y a parfois eu des petits problèmes de traduction mais ça ne change rien à la qualité de l'écriture et au thème abordé.
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Que d'émotion à la lecture de ce roman !
Yoel Blum, célèbre auteur israélien, retourne pour la première fois à Amsterdam, sa ville natale, à l'occasion de la parution de son nouveau roman. Il se rend avec sa femme au Musée historique Juif ; tous deux reconnaissent avec stupeur sur un film d'époque Sonia, la mère de Yoel, accompagnée de son mari (le père mort en déportation que Yoel n'a jamais connu), de sa petite fille Neti et d'un bébé, qui ne peut être que Yoel lui-même, bien qu'il ne se reconnaisse pas dans cet enfant blond aux yeux bleus... de retour à Jérusalem, Yoel interroge Neti, qui dévoile une partie du mystère.
Sa mère ayant toujours refusé de regarder vers le passé, Yoel éprouve le besoin d'approfondir les révélations de sa soeur et retourne seul à Amsterdam : l'histoire familiale sera le sujet de son prochain roman. Il s'installe dans un hôtel situé face à la maison dont ses parents ont occupé l'entresol pendant la guerre ; il explore Amsterdam qui d'un point de vue architectural et culturel n'a pas tant changé. Il déambule dans les quartiers chargés d'histoire, se plonge dans la contemplation des tableaux du Rijkmuseum qui résonnent en lui comme des échos et symboles du passé.
La narration alterne habilement le présent de Yoel et le passé de sa mère qu'il reconstitue. Cette double narration est remarquablement réussie ; les deux points de vue s'alternent dans un rythme qui s'accélère au fil du roman, Yoel étant de plus en plus habité par l'histoire familiale. On ne sait parfois plus quel point de vue est adopté, Yoel se fondant totalement dans les pensées de ses personnages/parents. Nombreuses sont les correspondances entre les deux époques : les douches brûlantes ou glaciales de Westerbok et celles de l'hôtel de Yoel ; les tempêtes…
Hanté par l'histoire des siens, Yoel prend toutefois un recul sur lui-même qui lui montre ses propres défaillances en tant que mari ou père et va l'aider à s'impliquer davantage auprès de ses vivants.
Enquête personnelle et document sur l'histoire des Juifs d'Amsterdam, ce très beau roman est hanté par Anne Frank ou Hetty Hillesum, mais il rend également hommage à tous les Juifs exterminés par les Nazis.
L'autrice ne cache pas la passivité ou la collaboration des néerlandais dans les arrestations des Juifs et les spoliations dont ils ont été victimes, mais met également en lumière la résistance Hollandaise et rend hommage aussi à ceux qui ont aidé et caché les enfants Juifs pour les soustraire à la déportation.
Sa construction parfaite, ses personnages forts, sa valeur historique font de ce roman bouleversant un excellent témoignage sur ces heures sombres et tragiques.
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Yoel Blum est un écrivain israelien reconnu dans le monde entier, grand père, heureux avec sa femme, Bat Ami. Sans trop se poser de questions, plutôt rigoriste, installé dans sa vie, il écrit et souscrit sans trop de déplaisir aux conférences post écriture. Sauf pour Amsterdam, le grand interdit décrété par sa mère. Né dans cette ville, sa mère, sa soeur et lui même ont fui en Palestine pour échapper aux camps nazis. Son père y est mort ainsi que toute sa famille. POur sa mère, il n'y avait qu'elle, sa soeur et lui pour toute famille. Sauf qu'elle vient de mourir et que son éditrice le convint de rompre ce vieil interdit.
Lors de la visite de la ville avec son épouse, il découvre le musée juif et une vidéo de mariage qui passe en boucle : il y reconnait sa mère et sa soeur accompagné d'un homme et d'un bébé qui n'est pas lui. L'homme doit être son père, il ne le connait pas car sa mère n'a pas pu conserver de photo de lui. Mais qui est l'enfant blotti dans les bras de sa mère?
A son retour, sa soeur Nety, va lui expliquer qui est ce bébé et la raison de sa présence dans les bras de sa mère. Et plus encore...Mais nous ne découvrirons le fin de mot de l'histoire qu'à la fin de cette histoire.
Bouleversé, Yoel revient à Amsterdam quelques jours après et décide de s'installer dans un vieil hôtel situé prés de sa maison natale. Les habitants ne savent rien de lui ni de sa famille. Son but est d'écrire un nouveau livre sur sa mère pendant les années sombres de la présence allemande.
Il va alterner les écrits sur Sonia, sa mère, infirmière et sa vie auprès d'Eddy, son mari, médecin à l'hôpital juif. Ils vivent au sous sol de la grande maison de leurs amis, Martin et Anouk, héritière de la riche famille de Lange. Yoseph, le père d'Anouk, fait partie du conseil juif qui gère les relations avec l'occupant, il est persuadé que l'obéissance stricte leur permettra de vivre sans souci cette période particulière. Ce que Sonia a de plus en plus mal à croire, la déclaration en tant que juif, puis l'étoile jaune, sera pour elle difficile à supporter, elle aurait préferer passer outre.
Après des chapitres alternants la vie de Sonia et de ses enfants et les pérégrinations actuelles de Yoel, on passe plus rapidement et sans transition d'un paragraphe à l'autre à Sonia puis Yoel. Une tempête est vécue par l'écrivain et recrée immédiatement pour Sonia.
C'est déroutant mais démontre bien qu'il s'agit d'une réécriture de son histoire familiale et non de l'histoire réelle de sa mère. Nety lui a raconté la vérité (sa vérité) et lui enquête dans la ville où tout est arrivé, il y découvre quelques survivants, des enfants juifs cachés. Car très vite Sonia va devoir choisir pour préserver ses enfants des les cacher. Beaucoup de familles juives ont choisi d'envoyer les enfants dans des familles chrétiennes des environs. Sans savoir parfois où ils se trouvaient.
Il réinvente sa mère au travers de ce qu'il a vécu avec elle, de sa personnalité si forte et des cas de conscience qu'elle a du vivre;
Roman lent, sensible, jamais ennuyeux, qui prend le temps de comprendre, de brosser les caractères de chacun par petites touches au travers des yeux de Yoel, qui s'ouvre petit à petit aux autres, ceux qu'il rencontre dans sa ville natale, mais aussi sa propre famille (superbe portrait de sa femme qui garde son sens de l'humour alors que son mari s'exile pour de longs mois et ne souhaite pas vraiment qu'elle reste avec lui et de son petit fils, Tal, qui l'amène au "lacher prise").
Beau portrait d'un homme qui découvre que sa vie qu'il pensait simple a été bati sur des non dits (au minimum) et la colère d'une femme qui s'est replié sur elle même et sur les deux seuls personnes lui restant.
L'écriture est limpide et aisée à lire.
A lire!
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Je m'appelle Léo. Je suis un nourrisson et je vis à Amsterdam entre 1939-1945. Moi, je m'appelle Yoel, je suis un homme et je vis en Israël. Moi, je suis un bébé. Et moi, je suis un grand-père. L'un et l'autre, pourtant, nous avons la même mère. Or, nous ne sommes pas frères. Nous ignorons jusqu'à notre existence. Moi, Yoel, je suis écrivain, et ma mère m'avait formellement interdit de venir, un jour, à Amsterdam. Mais elle vient de mourir. Et, je transgresse cet interdit. Dans cette ville, de nombreux lieux rendent hommage aux juifs. A ceux qui ont connu la Shoah. Moi, Yoel, je ne connais pas mon histoire. Je crois toujours que ma mère est bien ma mère. Mais je me trompe. Elle ne l'est pas. Dans un musée, je me fige devant un tableau. Je connais ses vagues, le mouvement furtif de cette mer. Je retrouve des images lointaines d'une maison que je ne connais pas non plus. Au musée historique juif, passe un vieux film d'avant la guerre. Dans les dernières secondes, je distingue parfaitement le visage de maman, extraordinairement jeune, qui tient dans ces bras un nourrisson. Or, cet enfant, ce n'est pas moi. Et si ce n'est pas moi, qui est ce petit garçon ?
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Yoel Blum est cet un écrivain renommé israélien qui se rend aux Pays-Bas pour la promotion de son roman qui vient d'être traduit. Sa défunte mère lui avait fait promettre de ne jamais s'y rendre, elle même ayant quitté Amsterdam dans des conditions dramatiques pendant la seconde guerre mondiale. Lorsqu'il visite le musée juif, il voit une vidéo qui le pousse à revenir sur place quelques jours à peine après son retour en Israël. Désormais, il n'aura de cesse d'éclaircir autant que possible le secret que sa mère n'a jamais voulu lui révéler. Au fur et à mesure que la vérité lui apparaît il écrit son futur roman à partir de ce qu'il découvre. La ville d'Amsterdam, presque immuable,se prête à son histoire, comme elle accueille ses errances inquiètes. C'est avec lui-même qu'à rendez-vous Yoel Blum.
Musées d'art, maison d'Anne Frank, bicyclettes, Coffee shop, dames en vitrine, fenêtres sans rideau, tout ce qui fait les particularités d'Amsterdam est au rendez-vous.
Mais aussi son côté sombre : la façon dont le pays a participé au génocide en livrant 75% de sa population juive aux camps nazis.
Un texte prenant, qui ouvre sur quelques questionnements sur la seconde guerre et l'occupation nazie aux Pays-Bas
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