AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de garp


garp
09 septembre 2011
Ceux qui pensent trouver, dans le Homo Sampler de Eloy Fernández Porta, un énième essai aussi interchangeable que tous ceux publiés jusqu'ici sur les thèmes de la culture populaire et de ses métamorphoses technologiques dans notre civilisation occidentale, vont au devant de grandes, très grandes surprises. Car si notre compadre François Monti a décidé de le traduire, c'est-à-dire de littéralement le transporter sur la scène intellectuelle française, c'est bien parce que celle-ci risque de s'en retrouver ébouriffée, si ce n'est même contestée dans ce qui doit bien être appelé ses vieilles certitudes.
Quand on la chance de pouvoir lire l'espagnol, donc de parcourir les blogs et les revues online qui déploient leurs étranges tentacules de l'autre côté des Pyrénées, on ne peut en effet qu'être frappé par la manière dont l'Espagne intellectuelle, aujourd'hui, est plus que jamais « en travail » et « en dialogue » avec toutes les pensées et toutes les disciplines, sans préjugés de nationalité ou de culture, et en tous cas bien plus fertile et agitée que chez nous. Alors qu'en France, la dite French Theory offre le spectacle un peu déprimant d'un monument sur lequel on ne tente même plus d'enlever la poussière tandis que l'université achève de la digérer lentement, en Espagne les écrivains comme les essayistes surprennent par la manière dont ils se placent en diagonale constructive entre, par exemple, cet héritage français qu'ils ne cessent de relire à la lumière des propres problèmes qu'ils se posent, et toute une tradition anglo-saxonne, partant dans plusieurs embranchements distincts, mais dans lesquels ces mêmes espagnols prennent apparemment grand plaisir à prélever ce qui les intéresse pour faire ensuite jouer les contradictions dans de nouveaux textes (c'est, en quelque sorte, le grand sampling intellectuel dont Eloy Fernández Porta donne ici sa propre version). Il est très symptômatique, à cet égard, que les lecteurs espagnols aient à leur disposition d'excellentes traductions ou éditions du Infinite Jest de David Foster Wallace, ou de l'Atlas Mnemosyne d'Aby Warburg, tandis que le lecteur français, un peu plus déprimé, se dit qu'il va pouvoir se brosser encore longtemps avant d'en voir la première page dans sa langue.
(...)
Lien : http://www.fricfracclub.com/..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}