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Critique de Emnia


« il est quelque chose de plus mystérieusement attirant que la beauté : la divine pourriture. » (Octave Mirbeau, le jardin des supplices)

Encore une perle fin-de-siècle découverte grâce à l'excellente (et à mon grand regret défunte) collection La décadente des éditions Séguier. La quatrième de couverture et la préface révélant l'intégralité de l'histoire, je me permets de mentionner dans les lignes qui suivent les moments clefs de l'intrigue.

Rage charnelle est le récit d'un désir, celui du Marou pour Madeleine, la fille de sa défunte maîtresse, avec laquelle il vit seul en forêt dans une vieille tour. Dès les premières pages, sa raison s'efface derrière cet impératif de la chair. L'histoire commence avec le viol par le Marou d'une aubergiste à quelques pas de son mari endormi puis finalement sous les yeux de ce dernier, réveillé par les hurlements de son épouse. Ce désir, dont on pourrait croire qu'il a atteint dès ce premier chapitre son paroxysme, l'auteur va le faire enfler encore et encore jusqu'à l'irréparable (un viol dont la violence entraîne la mort Madeleine) puis jusqu'à l'innommable, le personnage souillant pendant des jours, peut-être des semaines, le Cadavre de la jeune fille.

La plongée dans l'horreur est interminable. On la sent sans cesse proche, on l'attend à chaque tournant, aux aguets. Les deux chapitres adoptant le point de vue de la victime et la montrant tremblante à l'affut de son prédateur viennent renforcer ce sentiment d'inéluctabilité. Les actions sont rares et le récit s'étire à l'excès ponctué par les moindres fluctuations de ce « ciel bas et lourd » qui pèse sur le personnage. le style, excessif, redondant parfois, oscille à l'extrême limite du superbe et risque à tout instant de basculer dans le grotesque. le Belge se voudrait naturaliste, il est, à n'en pas douter, décadent.

La thématique oblige un parallèle avec La Tour d'amour de Rachilde, roman publié neuf ans plus tard, en 1899, évoquant un vieux gardien de phare et son amour des belles noyées. Pourtant, alors que Rachilde se contente de suggérer, Elslander se complaît dans des descriptions minutieuses. L'ouvrage atteint un niveau d'abjection rare et pourtant ne peut être réduit à cela. C'est une étude psychologique aussi étonnante qu'effrayante, le récit d'une rage qui monte du corps, dévorante, dévastatrice, le récit d'une passion humaine poussée jusqu'à sa toute dernière extrémité.



Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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