L'auteur avoue une sympathie pour les anciens dissidents de l'ex bloc communiste et l'incipit de son Ch. I – «
Lénine, rechute » – en est ainsi révélateur, tout en donnant le ton de l'ensemble : « Lorsque l'on demandait au dissident polonais
Adam Michnik ce qu'il y avait de pire que le communisme, il répondait : "Ce qui arrive après." ». Ce livre se compose de sept voyages dans des pays comportant (des zones de)s tensions, à la rencontre de néo-dissidents des années 2010 (un ou quelques uns par pays) : l'Ukraine-Russie (Crimée), la Biélorussie, Macao et Hong Kong, le Tibet (exilé en Inde), l'Iran, la Palestine (territoires occupés par Israël), le Mexique (régions séquestrées par le narco-trafic). le choix de ces destinations – dont brille l'absence des pays arabes – est évidemment surprenant, mais j'émets l'hypothèse qu'il ait été suggéré justement par la recherche d'une certaine descendance des anciens dissidents, pour des raisons comparatives. Les enquêtes sont bien menées, laissant à peine apercevoir les difficultés et éventuels aléas du repérage et rencontres de personnalités qui ne sont pour certaines forcément pas connues, surtout par un étranger. le contexte local, tel qu'il peut être saisi par un visiteur de passage – c-à-d. par les paysages et l'atmosphère humée... – est également tracé finement, mais à mon sens insuffisamment approfondi pour les besoin d'un ouvrage (à distinguer d'un reportage ou même d'un dossier de presse). Me rendant compte qu'à la fin de la lecture je parviens à me remémorer à peine les noms de tous les dissidents rencontrés, il me reste certes une vision d'ensemble de leurs points communs, mais une irrépressible frustration quant à leurs personnalités individuelles et surtout aux spécificités des situations locales de répressions et de dissidence qui de plus, il faut bien l'avouer, sont très mal couvertes par les médias, qui se focalisent toujours uniquement sur les événements politiques violents – voire guerriers – de ces contrées. La frustration est aggravée par l'impossibilité objective d'approfondir, à cause de l'absence de bio-bibliographies relatives à ces personnalités qui, si elles ont besoin de la plus grande notoriété, doivent tout de même vivre sous protection contre leur gouvernement. J'aurais donc vraiment apprécié un travail de plus grande envergure, qui aurait sans doute demandé un temps de préparation plus long et quelques centaines de pages de plus. Mais ce livre contribue à apporter une prise de conscience sur un aspect méconnu de notre contemporanéité.