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EAN : 9782908487992
109 pages
Verdier (01/06/1997)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Des mots qui posent les êtres, les choses, les mouvements du monde, confrontent le dedans (corps, langage) au dehors (évènements du quotidien qui se donnent à voir et à déchiffrer). Brève et elliptique, à la fois intensément physique et comme tendue, violentée par une réalité invisible, la poésie d'Antoine Emaz, s'il faut la situer, serait entre celle de J. Dupin et d'André du Bouchet. « Copyright Electre »
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Boue confirme, s'il en était encore besoin, la singularité et la force de la voix d'Antoine Émaz. Un écorché vif parle.
Boue s'oppose à une poésie contemporaine parfois trop expérimentale et difficile à déchiffrer. Car ce qui séduit d'abord, dans la voix d'Émaz, c'est sa lisibilité, sa transparence. La voix d'Antoine Émaz répond à la même définition. Elle transporte beaucoup de douleur. Son authenticité touche profondément. Émaz est un visionnaire. Il fait partie de ceux qui captent la sensation à la source. Sa voix vient du ventre. Boue est un texte sans lyrisme, exact, percutant. Il ne se fige jamais. le livre, refermé, continue de s'écrire.

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
I.


Boue. À chaque pas, on s'extrait. On marche un temps
jusqu'à tomber là, dans ce qui épouse et moule juste le
corps. Entre terre et tête la limite s'efface, on dort. Et
de nouveau, le lendemain, on part.

On va, tente d'aller. Difficile de trancher : on se dé-
place dans le même. On a bougé, c'est sûr, dans le
même. Après des jours, on se dit : autant rester là.

Pays sans traces. La boue prend l'empreinte mais assez
vite l'efface : tout redevient égal. Une terre sans relief,
avec parfois des changements de couleurs, lents, si peu
sensibles qu'ils ne permettent pas de repères. Les tran-
sitions sont longues : parvenu à une zone de couleur
franche, on ne voit plus qu'elle. L'œil a viré, pris cette
couleur, ne se souvient plus.

p.7
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VII.

boue
ou un corps seul
laissé là
battant lent
remuant sa terre respirant

verte et jaune autour la lumière
dans les arbres
et le soir
avec la mer plus loin le vent
dans les arbres plus loin le ciel
selon les branches mouvantes

autour
on pourrait vivre
un bon moment

sauf le bruit des cris

puis tout s'éteint s'efface
brusque

au cœur
la boue

banlieue du corps cette zone
où tout peu arriver
jusqu'à la peau

au-delà
si personne ne bouge
c'est calme ou pas
on n'en sait rien
c'est
hors

p.43-44-45
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X



On pourrait croire arriver quelque part, à distance des bavardages comme des mensonges, assez loin après avoir laissé le paquet de paroles, et ne plus voir devant sauf cette espèce d’espace qui bouge dans un reste de mots.

C’est seulement un terrain qui monte, une couche de terre entre la page et les lignes, une épaisseur de sable, assez pour se nicher, s’abriter là.

On entrevoit cela au bord : et tout autour de l’œil, une zone floue trouble, une nuit de pluie.

Plus au centre, le vent va ouvrant des paysages, d’autres ou les mêmes de mémoire, ils s’enchevêtrent, on ne suit plus, le vent continue, on presque dort.
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IV



Du brouillard tombe, un coton sale bourre les mots.

Peur de ne plus se retrouver. Ne plus pouvoir sortir,
     rester englué.

Avant la peur, l’épais. On tente de respirer, manier.
     Ensuite seulement, de l’étouffement, monte la peur
     ou un passage d’oiseaux sales, ou des chiens.

Sans prise, on dit terre pour ce qui commence au bout
     de la langue, quand les mots manquent.

On va contre une sorte de falaise molle : en passant,
     pour finir, on laisse derrière une terre en désordre,
     ouverte, retournée, sans y croire.
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Des feuilles presque jaunes dans la lumière : le vert rend
du jaune. Un soir tout à fait calme, semble-t-il.
Des paroles d'autres bouches coupent dans la lumière,
passent par son silence, s'appuient sur lui.

le calme à nouveau
dans les feuilles sans vent presque

du soir tombe
en désordre

au bout
la lumière finit par égaliser
tasser assez pour serrer d'un bloc
la vie les feuilles

On en profite, on glisse, on file autant que faire se peut ;
quelques mots suffisent, en pente, jusqu'à la mer.
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