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Antoine Emaz (Autre)Ludovic Degroote (Autre)
EAN : 9782877042147
64 pages
Editions Unes (05/06/2020)
4.28/5   9 notes
Résumé :
Personne réunit une série de textes publiés par Antoine Emaz en éditions limitées, la plupart dans les deux dernières années de sa vie. Au travers de vers brefs, émaciés, tenus par un fil fragile et esseulé, Antoine Emaz touche à la porosité, le calme effritement de l’existence. A marée basse il observe le repli des silhouettes sur la plage, regarde sans la retenir une forme du monde disparaître. Ces êtres lentement dévitalisés dans le ressassement lancinant du pays... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Avec Personne, recueil publié en 2020 aux Éditions Unes, je poursuis ma découverte de la poésie d'Antoine Emaz. Dans ce livre qui regroupe plusieurs de ses ouvrages imprimés en tirage limité, je retrouve son écriture si caractéristique, faite d'épure et de retenue.

Même si sa poésie est composée d'éléments autobiographiques, ceux-ci sont toujours mêlés au commun. Chez Emaz, l'utilisation du On indéfini est récurrente. Elle marque chez lui le refus du Je différencié, qui cherche à imposer le Moi de l'écriture. Ainsi dans ses poèmes, le regard que le Je porte sur un paysage n'est ni tout à fait celui du poète, ni tout à fait celui d'un autre. Il est indéfini.

« Vent de peine perdue de vie
Une détresse sans visage vibre
Efface et tourne ramène et tord
Dans le même temps
Une longue traîne de passé vide »

Dans Personne, un lieu est omniprésent, celui d'un bord de mer. La plage de sable, le mouvement des vagues, le ciel, l'air et le vent servent à dépeindre l'étendue côtière, sans trop en dire cependant. Comme souvent chez Emaz, les éléments ne sont jamais prétexte à créer une vision réaliste du paysage, à susciter des sentiments concordants. Tout dans son écriture reste comme au bord des choses :

« passent la vie courte et le sable des gens
le peu de poids des jours
s'en va
au fond du vent jusqu'à
plus rien que du son sans oreilles »

Chez Emaz, les images nées de choix descriptifs, peuvent s'entendre ensemble ou séparément. Elles se rattachent les unes aux autres et se séparent dans le même mouvement. Ainsi, les éléments stables du paysage que sont le sable et le ciel se confondent-ils avec ceux instables que sont le vent et les vagues. Ils sont ce ressassement ininterrompu de la nature, fait de mouvement et d'inertie.

« revenir seulement aux vagues
leur calme lancinant fatigué
à marée basse
leur énergie qui se replie

tirer dedans comme un drap
lourd d'écume et de sel
du ciel un peu aussi
et dans les plis
les êtres
passés
pas plus
des ombres
des bouts »

Passer, passant, passé sont quelques-uns des mots qui reviennent souvent dans le recueil, ils expriment à eux-seuls tout ce qui glisse au travers d'un paysage et à travers soi, un échange entre un dehors et une intériorité qui se nourrissent l'un l'autre.

Ce qui me plaît dans l'écriture d'Antoine Emaz, Ce sont ces juxtapositions, ce jeu des implicites et l'utilisation des blancs, de la place laissée vacante sur la page. Il y a toujours en elle ce sentiment d'inquiétude, d'incertitude qui domine, une appréhension tout en réserve, comme atténuée de l'intérieur. Sa poésie n'en paraît ainsi que plus précieuse.


.
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J'ai choisi ce recueil dans le cadre du CHALLENGE POÉSIE : LA POÉSIE C'EST LA VIE (2020/2021).
Un véritable challenge pour moi puisque je n'ai jamais apprécié la poésie.
J'avais lu "un lieu, loin, ici" dans un magazine et ce poème avait trouvé une résonance en moi. J'ai donc acheté le livre pour en découvrir plus. Hélas , ce style est trop hermétique pour moi... A réserver aux férus de poésie je pense ... Je vais poursuivre avec les Fleurs du mal de Baudelaire. Peut être plus à ma portée ...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
UN LIEU, LOIN, ICI


il y a les vagues
et ce qui reste là
le ciel le sable

ce qui bouge n’avance pas
plutôt tremble ou tourne
vibre vaste remue
pour au bout rester là
aussi

on est seul à passer
vraiment
seul à traverser
couper dans l’espace

sauf peut-être le vent

p.33
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un sol
laissé par l’eau basse
mouillé tassé serré
sous le pas

jusqu’au fond de l’air
un long chemin de sable plat

on ne peut pas se perdre
seulement aller
ou revenir
mais loin
longtemps

avec le vent les vagues
les traces s’effacent
vite

désunis ou pas
les pas
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PASSANTS


revenir seulement aux vagues
leur calme lancinant fatigué
à marée basse
leur énergie qui se replie

tirer dedans comme un drap
lourd d'écume et de sel
du ciel un peu aussi
et dans les plis
les êtres
passés
pas plus
des ombres
des bouts

p.23
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pas de photos
des présences
mais tassées
empilées préservées

la tête comme une armoire
un bahut de figures
et les lieux comme des linges
de paysages serrés enserrant
dans leurs plis
ce qui n’est pas passé du passé

momies

pour qui
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PASSANTS


des brins gris parfois
lavande livide
rien qu'un vieux parfum sans force

comme la grosse bouteille
presque vide
mont saint michel
qui restait là sur l'étagère de verre
attendant quoi

paysage d'eau de cologne
éventée si on veut
avec des vagues
les mêmes
pas les mêmes

on ne s'y retrouve pas

p.25
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