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Critique de paulmaugendre


Sur cette route du blues qui se parcourt comme un chemin de croix, se dressent quelques interprètes emblématiques de blues brandissant fièrement des ex-voto sur lesquels sont gravés un des titres majeurs de leurs compositions.

Un pèlerinage que désire effectuer un homme, ancien responsable du service presse des Renseignements généraux à Paris mais néanmoins féru de blues, en compagnie de sa fille avec laquelle il ne communique que parcimonieusement et qu'il ne voit que trop rarement.

A la suite de son divorce, sa fille avait été élevée par sa mère, était devenue professeur de lettres puis s'est exilée au Canada, à Montréal, comme naturopathe. Aujourd'hui elle est âgée de quarante ans, ou presque, et les retrouvailles à Memphis sont prétextes à se remémorer quelques pans de vie passée.

Toutefois, avant de partir à l'aventure, le père récupère à l'aéroport un étui de violon que lui tendent deux hommes. A la question que lui pose sa fille, il répond par une pirouette.

Et les voilà parcourant cette route 61, The Blues Higway, à bord d'un véhicule de location. Papa narre quelques anecdotes musicales, entre deux crises de migraine qui se déclenchent à répétition. Et lors d'une étape dans un des nombreux débits de boisson dans lesquels les bluesmen d'antan, sans oublier des chanteuses comme Betty Smith, se produisaient, buvaient, posaient leurs empreintes indélébiles.

C'est ainsi que l'un des cuistots, d'origine française, de ces baraques leur raconte que si la légende concernant la rencontre de Robert Johnson avec le Diable n'est pas forcément une fiction destinée à embellir cette fable musicale, sa mort ne serait pas forcément due à un empoisonnement. L'utilisation du poison est une arme féminine, paraît-il, et donc un cocu l'aurait expédié dans les limbes ou en Enfer d'une autre façon. Et ils visitent avec un guide du cru les trois endroits où Robert Johnson serait enseveli.

Tandis que Fifille se remémore des épisodes de sa vie, principalement cet événement subi dans un parc alors qu'elle courrait et pas forcément derrière des garçons, elle aurait eu un contact, un corps à corps non programmé. Une victime prise en charge par un policier très aimable. Trop aimable ?

Papa lui ressent ses crises de migraines antérieures et comment une Russe, Svetlana le soignait par l'imposition des mains sur la nuque. Ce qui ne l'empêchait pas non plus de les poser ailleurs. Un souvenir marquant dans sa vie de policier qui n'en faisait qu'à sa tête. Quand celle-ci le laissait tranquille.

Fifille, naturopathe, s'emporte quand elle découvre avec quel genre de cachet se soigne son père :

Là, tu es en train de t'empoisonner à petit feu. Je ne te demande pas pourquoi tu les prends, pourquoi tu ne vas pas bien, je ne suis pas de la police, moi. Promets-moi seulement d'essayer un traitement homéopathique.

Petit aparté :

D'ici je vois les toubibs qui déclarent la guerre à l'homéopathie se lever, se regimber devant une telle déclaration, eux qui sans barguigner prescrivent des produits chimiques produits chez Bayer (ceci n'est pas de la pub !) et dont l'efficacité médicale n'est pas prouvée mais qui empoisonnent plus sûrement que quelques plantes. Les pots de vin distribués eux non plus ne sont pas prouvés.

Fin de l'aparté.

Mais elle aimerait savoir également pourquoi son père s'obstine à transporter cet étui de violon, quelle est la mission dont il est chargé. Ferait-il du trafic, transporterait-il des armes, à quoi peuvent bien correspondre ces réticences, son silence.



Une flèche dans la tête est un conte musical et philosophique, et le lecteur retrouvera avec plaisir les noms de Charlie Patton, Howlin' Wolf, John Lee Hooker, Dinah Washington, Billie Holiday, Big Bill Broonzy, Robert Johnson évidemment et de combien d'autres qui devraient figurer dans toute discothèque (Je parle du meuble) digne de ce nom. Et Papa ressemble furieusement à l'auteur, mais chut, je ne vous ai rien dit. Mais l'auteur revient également sur la signification des certaines chansons blues, des textes grivois, coquins, évocateurs, loin de l'incantation des esclaves décrivant leur sort.

Autrefois la parole était nettement plus libre, on pouvait rire de tout ou presque comme une soupape aux pouilleries de l'existence puisque la criminalité était bien pire, la misère, comment dire, plus prégnante.


Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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