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EAN : 9782910030452
244 pages
Gaïa (05/05/1998)
4/5   13 notes
Résumé :
Dans la ville de Lagos, Aku-nna fait figure d'exception. Fillette aussi vive qu'extravertie, elle s'occupe de son frère, tient la case familiale et fait ses humanités à l'école chrétienne. Mais sa vie est soudain bouleversée par la mort de son père. Recueillie par un oncle aux coutumes traditionnelles, Aku-nna doit abandonner l'école pour apprendre son rôle de future épouse et constituer une dot fructueuse. C'est alors qu'elle rencontre Chike. Descendant d'une ligné... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Buchi Emecheta est une Nigériane, née en 1944 à Lagos, décédée en 2017 à Londres. Elle a écrit LA DOT en 1976.

A toi Aku-nna, te souviens-tu quand Tatie Uzo nous racontait ses histoires pétries de leçons philosophiques à propos de ceci ou de cela près du poteau électrique, le soir venu? 

Ce récit se passe dans les années 1960, après la période coloniale Britannique. C'est un témoignage venu de Lagos. Dans une chaleur suffocante, Aku-nna est une jeune fille de 13 ans, studieuse, gentille, qui vit  son petit frère de 11 ans et leurs parents. 
Leur père fait de son mieux pour les protéger, notamment en ayant installé derrière sa porte d'entrée une gourde contenant de la potion magique, car un homme ne doit pas laisser sa famille sans protection. Son père met un point d'honneur à ce que ses enfants soient instruits, en les envoyant à l'école. 
Leur vie bascule quand ce dernier meurt. 

Aku-Nna et son frère partent avec leur mère. Ils doivent alors se rendre à Ibuza, un petit village reculé. Pour les enfants c'est une première déchirure, quitter Lagos, où ils ont passé leur enfance, où vivent tous leurs amis, où le corps de leur père repose dans une tombe sans nom. Ils sont submergés par l'émotion, mais ils n'ont pas le choix, c'est l'une des lois non écrites des enfants du Niger. 
Aku-nna est alors recueillie par son oncle polygame et aveuglé par son amour pour l'argent. Elle doit alors s'adapter pour vivre sous le joug des coutumes traditionnelles innombrables et immuables. Sa mère Ma blackie va devenir la 4ème épouse de son oncle, celle-ci est ravie de son sort.
Aku-nna va se rendre-compte assez vite que sa destinée va dépendre de son oncle et de ses traditions et non de ses propres choix.
Elle va devoir se battre pour sa liberté quand à 15 ans, elle a ses règles pour la première fois.
Aku-nna est réduite à constituer pour son oncle une dot juteuse, elle va être mariée de force par une nuit sans lune et étouffante… car les traditions en Afrique font que la femme n'est qu'une simple valeur pecunière.
Pour Aku-nna, c'est le temps de l'horreur.
Pour gagner sa liberté, elle va s'exiler avec celui avec qui elle jetait des bananes dans le Niger, c'est un esclave, qui est aussi son professeur avec qui elle vivra une grande passion amoureuse et de grands renoncements. 

L'autrice Buchi Emecheta décrit la dualité forte entre les moeurs traditionnelles Africaines vues comme démodées et les moeurs Européennes,vues comme modernes par les habitants du Nigeria. Les croyances païennes ou chretiennes. Ce peuple se trouve alors à bricoler un assemblage malheureux des deux et se retrouvent entre ces deux croyances.
C'est une Afrique en pleine mouvance dans laquelle évolue Aku-nna, notre héroïne et d'une ville et d'un village à l'autre, les traditions et les mentalités diffèrent.

L'autrice à la plume franche, intègre et sans lyrisme dénonce en 10 chapitres bien rythmés, la dignité des femmes qui est réduite à néant, leur place dans la société.
Ce livre m'a fait bondir, frémir et des passages m'ont fait hurler.
Buchi Emecheta je veux vous rendre hommage, je vais lire tous vos livres dans lesquels j'ai hâte de retrouver votre révolte, et votre combat pour les femmes africaines, et les opprimés.
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Un livre qui me revient en mémoire bien des années après l'avoir lu.
Si j'ai envie d'en parler, c'est parce qu'il m'a marquée, et même émue.
Le sujet : le sort des femmes en Afrique ( là, c'est au Niger). le livre est présenté sous forme de roman, une sorte de saga même, avec des rebondissements.
Il est bien écrit, avec sensibilité ,sans pour autant tomber dans le pathos.
Il évoque le sort des femmes mais aussi des peuples écartelés entre modernisme et tradition, souvent fragilisés, perdus parfois.Surtout la jeune génération.
A relire peut-être actuellement pour mieux comprendre comment dans certaines contrées isolées existent encore des populations prisonnières de lourdes traditions, maintenues dans l'obscurantisme.
Pour mieux comprendre aussi l'ampleur des difficultés que rencontrent ceux qui veulent s'en extirper.
Pour les femmes, c'est encore plus difficile, bien sûr, insurmontable pour certaines...
C'est une lecture facile et rendue intéressante par la forme. L'intérêt principal est le témoignage de cette auteure, la réflexion qui en découle et l'envie de poursuivre l'investigation, juste pour mesurer ( si besoin était ) les effets pervers des endoctrinements divers et variés.
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Il y a quelques années j'ai découvert « La Dot » de l'auteure nigériane Buchi Emecheta et je ne me rendais pas compte à quel point ce livre serait une illumination pour le lecteur que je suis, mais de façon totalement personnel. La force du roman.

Commençons pas le commencement. « La Dot ». Retour ligne automatique
De ce roman, dont on peut tirer d'innombrables leçons, toutes aussi intéressantes les unes que les autres, soulignons juste le fait qu'il mette en scène l'imposante et forte « Ma Blackie », femme qui devra faire tous les sacrifices, notamment celui de céder au du Levirat, afin d'élever, en veuve, ses deux enfants Nna-Ndo et Aku-Nna. Je mets de côté toutes les péripéties que devra affronter cette famille ; les humiliations, les renoncements, les concessions de Ma Blackie, pour me focaliser sur le destin de Aku-Nna. Retour ligne automatique
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Cette famille de Lagos, grande ville plongée dans la modernité, va devoir déménager pour Ibuza, village reculé du Nigéria et va devoir vivre, subir, une belle-famille engoncée dans ses traditions, machiste et superstitueuse. La jeune fille, Aku-Nna, brillante et jolie, va tomber des les nasses amoureuses de Chiké, ‘instituteur du village. Là, on se dit que l'on tombe sur une amourette banale d'une fille issue d'une famille noble que la famille refuse catégoriquement à un homme, bien qu'intellectuel, bien que fils de commerçant riche, descendant d'une lignée d'anciens esclaves.Retour ligne automatique
Ce qui m'avait frappé, à l'époque de ma lecture, c'était la manière dont le clan de Ezechiel Odia, le défunt mari, c'était retrouvé déclassé par rapport à la société nigériane. le clan, issu de l'ethnie Ibo, n'est plus fait que d'analphabètes, de poivrots conservateurs et totalement rétrogrades. Et Chiké, fils d'ancien esclave, représente ceux qui dans la société nigériane sont les nouveaux tenant du pouvoir. C'est cette dichotomie qui m'avait marqué. L'irruption des blancs dans les sociétés nigérianes a provoqué le changement de paradigme car les père-blancs catholiques, en obligeant à la conversion au christianisme, ont également poussé les parents à envoyer leurs enfants à l'école missionnaire. Mais contrairement à La Grande Royale, tante de Samba Diallo personnage principale de l'immense « Aventure Ambigüe » de Cheikh Amidou Kané, les nobles Ibos refusèrent d'envoyer leurs fils à l'école de blancs. Là où le chef des Diallobés écoute sa soeur et envoi son fils, futur chef de clan, en Europe afin « d'apprendre cet art de vaincre sans avoir raison », les parents et grand-parents de Okonkwo et Ezechiel Odia ont choisi d'envoyer les fils d'esclave à l'école, ceux qui, selon eux, ne servent à rien et ont le sang assez impure pour perdre le temps à apprendre des choses qui ne servent à rien. Retour ligne automatique
Deux générations plus tard, les Ibos se retrouvent dans une société sans dessus dessous où ceux qui détiennent le pouvoir ancestral, l'autorité culturelle, ne sont plus aux manettes du pouvoir administratif, politique et économique. Et l'on a la situation, que l'on retrouve aujourd'hui encore, au Mali par exemple, où une famille de cul-terreux interdit formellement une union avec un prétendant fortuné car « issu d'une caste basse ».

(Suite sur http://loumeto.com/mon-cote-fun/narcisse/article/la-dot-de-buchi-emecheta-ibos-et)
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poignant et triste mais l'espoir est présent pour l'avenir.
effacer les idées de mésalliance et le funeste sort fait aux Femmes d'Afrique et d'ailleurs.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Pleure ! Criait Uzo. Pleure, car ton père qui est parti pour l’hôpital il y a quelques semaines est maintenant de retour. Il est de retour ! Il est revenu ! Notre père est de retour ! Ma Blakie, viens accueillir ton mari qui est parti pour l’hôpital il y a quelques semaines, car il est de retour pour t’adresser son dernier adieu.
Alors, les enfants comprirent. On avait ramené le corps de leur père."
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Votre mère n’est qu’une femme et les femmes ne sont censées n’avoir pas de caractère. Une famille sans père est une famille sans tête, une famille sans abri, une famille sans parent en fait, une famille qui n’existe pas.
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