Buchi Emecheta est une Nigériane, née en 1944 à Lagos, décédée en 2017 à Londres. Elle a écrit
LA DOT en 1976.
A toi Aku-nna, te souviens-tu quand Tatie Uzo nous racontait ses histoires pétries de leçons philosophiques à propos de ceci ou de cela près du poteau électrique, le soir venu?
Ce récit se passe dans les années 1960, après la période coloniale Britannique. C'est un témoignage venu de Lagos. Dans une chaleur suffocante, Aku-nna est une jeune fille de 13 ans, studieuse, gentille, qui vit son petit frère de 11 ans et leurs parents.
Leur père fait de son mieux pour les protéger, notamment en ayant installé derrière sa porte d'entrée une gourde contenant de la potion magique, car un homme ne doit pas laisser sa famille sans protection. Son père met un point d'honneur à ce que ses enfants soient instruits, en les envoyant à l'école.
Leur vie bascule quand ce dernier meurt.
Aku-Nna et son frère partent avec leur mère. Ils doivent alors se rendre à Ibuza, un petit village reculé. Pour les enfants c'est une première déchirure, quitter Lagos, où ils ont passé leur enfance, où vivent tous leurs amis, où le corps de leur père repose dans une tombe sans nom. Ils sont submergés par l'émotion, mais ils n'ont pas le choix, c'est l'une des lois non écrites des enfants du Niger.
Aku-nna est alors recueillie par son oncle polygame et aveuglé par son amour pour l'argent. Elle doit alors s'adapter pour vivre sous le joug des coutumes traditionnelles innombrables et immuables. Sa mère Ma blackie va devenir la 4ème épouse de son oncle, celle-ci est ravie de son sort.
Aku-nna va se rendre-compte assez vite que sa destinée va dépendre de son oncle et de ses traditions et non de ses propres choix.
Elle va devoir se battre pour sa liberté quand à 15 ans, elle a ses règles pour la première fois.
Aku-nna est réduite à constituer pour son oncle une dot juteuse, elle va être mariée de force par une nuit sans lune et étouffante… car les traditions en Afrique font que la femme n'est qu'une simple valeur pecunière.
Pour Aku-nna, c'est le temps de l'horreur.
Pour gagner sa liberté, elle va s'exiler avec celui avec qui elle jetait des bananes dans le Niger, c'est un esclave, qui est aussi son professeur avec qui elle vivra une grande passion amoureuse et de grands renoncements.
L'autrice
Buchi Emecheta décrit la dualité forte entre les moeurs traditionnelles Africaines vues comme démodées et les moeurs Européennes,vues comme modernes par les habitants du Nigeria. Les croyances païennes ou chretiennes. Ce peuple se trouve alors à bricoler un assemblage malheureux des deux et se retrouvent entre ces deux croyances.
C'est une Afrique en pleine mouvance dans laquelle évolue Aku-nna, notre héroïne et d'une ville et d'un village à l'autre, les traditions et les mentalités diffèrent.
L'autrice à la plume franche, intègre et sans lyrisme dénonce en 10 chapitres bien rythmés, la dignité des femmes qui est réduite à néant, leur place dans la société.
Ce livre m'a fait bondir, frémir et des passages m'ont fait hurler.
Buchi Emecheta je veux vous rendre hommage, je vais lire tous vos livres dans lesquels j'ai hâte de retrouver votre révolte, et votre combat pour les femmes africaines, et les opprimés.