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Il est des livres qui vous transforment, qui vous divulgue leur énergie débordante, leur foi, leur enthousiasme. Un souffle puissant et bénéfique émane de ces pages. La pensée et les mots semblent jaillir spontanément, entraînant parfois le lecteur dans une sorte de labyrinthe quelque peu déroutant, aux profondeurs insondables. D'emblée, avec ce premier essai, Emerson s'était imposé comme le chef de file du Transcendantalisme américain, loin des dogmes et des institutions. Il avait renoncé à sa charge de pasteur de l'église unitarienne et était devenu un conférencier itinérant, s'adressant à un public varié. Il mêle la poésie et la philosophie, héritier du Romantisme, qu'il prolongea outre atlantique, de l'Idéalisme, des Grecs, de Platon et de Plotin, mais aussi des philosophies et religions de l'orient. Dans cet essai il prône un retour à la nature, et à travers elle un retour vers l'un, à une régénération de l'esprit. Dans la nature tout coïncide, le soleil et la lune, le jour et la nuit, la matière et l'esprit, dans une sorte de flot transparent, de fluide cosmique. Il est aussi question de rachat. Emerson ne conçoit pas de vérité sans vertu ni beauté. L'intellect humain a réduit le monde, l'a laissé en morceaux, a transformé l'homme en « égoïste sauvage ». Emerson, pourtant si confiant, pressent une menace, la nécessité d'un changement dans les fibres les plus profondes de l'homme.
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J'ai une très régulière envie de me plonger dans un récit ou dans un roman qui m'emmène au coeur de la terre et de la nature, loin de toute Société organisée. Si je peux sentir les affres d'un climat, des vents redoutables, des pluies incessantes ou un sécheresse notoire, je jubile (tout çà bien confortablement installé dans mon canapé).
Aujourd'hui, j'attaque un livre différent de mon habitude, un livre qui transcende mon ordinaire. Avec Ralph Waldo Emerson, et son essai sur « la nature » écrit au XIXème siècle, je pars vers le transcendantalisme*. Un petit peu compliqué pour ma petite tête, mais pas inintéressant.
« Qui peut regarder une rivière pendant une heure de méditation et ne pas se rappeler l'écoulement de toutes choses ? ». C'est de la philo pure et dure, autour de la nature, bien sûr, qui met en évidence la relation de l'homme avec l'univers.
Bon, certes, çà ne se boit pas comme du p'tit lait, on ne l'engloutit pas d'un seul coup d'un seul. Il faut prendre le temps pour en sortir toute sa substance.

*Ecole philosophique américaine qui se caractérise par un certain mysticisme moral et par la tendance à unir l'individuel et l'universel.
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Un livre colossal , qu'il faut prendre le temps de lire , pour comprendre au mieux les propos de cet auteur inclassable et brillant qui ne pouvait qu'étre un proche de Thoreau . L'on peut presque dire que l'on a là les fondements de la vision écologiste , qui s'est helas bien trop dispersée avec le temps . Une telle maestria est bien trop rare pour étre délaissée . Il faut impérativement découvrir cet auteur immense ne serait ce que pour avoir une idée de ce que l'homme peut faire quandil est motivé a faire avancer la cause humaniste .
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Le mysticisme totalisant de ce livre m'a presque terrassé. J'ai terminé l'empilement suivant de citations, qui montent crescendo dans l'angoisse, en me disant que ça servira au moins de cairn pour signaler le chemin scabreux. Il y pousse en effet une espèce de surhomme d'inspiration divine ou naturelle, doté d'une justesse intrinsèque qui confère aux impulsions le droit de se traduire dans des actions directes, et qui suggère aux autres l'obéissance.

« Les instincts de la fourmi sont sans intérêt en tant que tels, mais dès qu'une certaine relation peut être établie entre celle-ci et l'homme, l'humble tâcheronne se révèle un guide, un petit être au coeur puissant, dont toutes les habitudes, même cette découverte faite récemment qu'elle ne dort jamais, deviennent d'un coup sublimes »
« Qui saura deviner ce que le courage du pêcheur doit au rocher battu par la mer, combien la paix intérieure de l'homme s'inspire du ciel azuré ? »
« La science empirique est de nature à obscurcir la vue et, par la connaissance même des fonctions et des processus, capable de priver l'élève de la virile contemplation du tout. »
« Un quelconque doute concernant la permanence de ses lois (la nature) paralyserait les facultés de l'homme ».
« En un lieu privé, parmi des objets sordides, une action vraie ou héroïque semble immédiatement faire descendre le ciel sur elle pour en faire son temple et paraît transformer le soleil en flambeau. »

Bon, je ne pouvais pas terminer cette critique sans signaler la partie la plus gratinée. Ce livre manifeste un retour du sentiment religieux au plan mystique accompagné d'une déclaration d'amour à Dieu ou à la nature. Mais ici toute expérience est précédée d'une réalité absolue ou transcendante qui demeure dans la mystique chrétienne, comme dans la forme dogmatique de la religion qui est critiquée dans ce livre.
L'espèce d'homme décrite au-dessus est parfaitement adaptée à cette réalité transcendante. Ce surhomme surmoral continue à m'angoisser, et je n'ai pas été étonné d'apprendre au passage que les essais de Emerson faisaient partie des lectures préférées de Nietzsche. Mais contrairement au pêcheur qui fonde la réalité sur son expérience, le surhomme emporté par la fougue, les deux pieds dans le même sabot, risque fort de terminer dans les rochers. du moins s'il en réchappe, il remerciera humblement ses sauveteurs et il aura appris à ne pas écouter les voix venues de nulle part.
Quant au sens de l'engagement de l'auteur en faveur de l'environnement, j'ai trouvé intéressant de le rapprocher du sens de son engagement pour l'abolition de l'esclavage. La citation suivante dans son Journal en 1851 confirme l'ambivalence : « The absence of moral feeling in the white-man is the very calamity I deplore. […] The captivity of a thousand negroes is nothing to me. »
Alors imaginez maintenant ce que Emerson pense de la nature : « La nature n'est rien d'autre qu'un intermédiaire. Elle est faite pour servir. Elle accepte la domination de l'homme aussi humblement que l'âne sur lequel était juché le sauveur. »
La similitude avec les tweets de Donald Trump est frappante, comme si on assistait à une sorte de refoulement de l'enseignement chrétien de l'amour de son prochain.
Heureusement une autre conception de la nature émergeait à la même époque, lorsque Darwin exposait une théorie de l'évolution immanente au vivant plutôt que transcendante. Mais on peut se demander, depuis tout ce temps, ce qui a réellement changé dans le rapport de l'homme avec la nature.
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J'ai découvert cet ouvrage grâce à François Busnel dans la pastille télé La petite librairie. La présentation qu'il en avait faite m'avait beaucoup plu alors je me suis lancée.
Il faut dire que ça été une découverte totale puisque je ne connaissais ni l'auteur ni son oeuvre et encore moins le mouvement dont il fut le chef de fil. Car j'ai appris que Ralph Waldo Emerson était un philosophe américain de la première moitié du XIXe siècle, et un des fondateurs de la doctrine du Transcendantalisme. Mouvement à la fois littéraire, philosophique et spirituel dans lequel est prôné un retour à la nature, une croyance en la bonté originelle de l'homme qui serait altérée par l'industrialisation et le matérialisme, et qui croit en une reconnexion de l'homme avec la nature qui l'entoure. Une idéologie, qui expliquée comme cela, parait plutôt facile à comprendre et intéressante, mais dans l'essai d'Emerson — qui en est donc le texte fondateur —, malheureusement je n'ai pu que saisir très peu de cette pensée.
Emerson nous parle de la nature au travers de différents prismes (chapitres) tels que ; la beauté, le langage, la discipline ou l'idéalisme entre autres. Et je dois dire que bien que l'ouvrage soit une belle ode à la nature en plus d'être très court, j'ai eu du mal à le saisir. Emerson nous enjoint à redécouvrir la nature, à s'en émerveiller, notamment dans le premier chapitre qui lui fut très compréhensible, mais ensuite dans les chapitre suivant il fait des liens entre nature et les thèmes cités plus haut et j'ai souvent eu du mal à comprendre, soit que ce fut trop complexe dans le raisonnement ou trop obscure, et cela m'a empêché d'en dégager la pensée générale. Tout ce que j'ai réussit à appréhender ce sont quelques fulgurances ici et là — très belles par ailleurs — mais trop éparses pour que je puisse profiter de l'ouvrage dans son unité.
J'ai été un peu déçue et je ne m'y attendais pas car j'étais presque sûre qu'aborder de la philosophie du XIXe siècle devait être encore plus accessible que la philosophie antique par exemple, mais je constate que ce fut plus aisé pour moi de lire Cicéron ou Sénèque qu'Emerson, comme quoi ce n'est pas une question d'époque. Je m'y réessaierai peut-être plus tard, morceaux par morceaux, car c'est peut-être le type d'ouvrage qui nécessite du temps pour être entièrement assimilé.
Intéressante découverte quoi qu'il en soit.
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Oui, hein. Pourquoi pas? Une petite soixantaine de pages de philosophie sur la Nature.
Je dois m'avouer vaincue. Okay, je ne sais rien du mouvement transcendantaliste. Ça n'aide pas. Et le texte est dans un anglais parfois très simple (ce qui n'empêche pas la relecture multiple avant compréhension) et la plupart du temps étrangement agencé et ponctué (mais occasionnellement clair). Vous me direz, je n'avais qu'à lire en français.
Mais en fait, je crois que la langue n'a rien à voir avec la difficulté de ce court essai.
Si le premier quart est presque poétique et livre clairement l'amour d'Emerson pour la Nature (imaginez un peu la nature américaine au XIXème!), tout devient très rapidement obscur et en référence à la religion. Je suis passé d'une compréhension approximative des notions évoquées concernant la relation de l'Homme à la Nature, à de sacrés noeuds au cerveau...
Je note tout de même un passage très intéressant sur le langage. Et digeste!
Je pense néanmoins reprendre le bouquin un jour où l'autre après éclairé ma lanterne sur le transcendantalisme. Je ne peux pas rester sur une fin de lecture aussi frustrante.
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Voilà bien longtemps que j'avais envie de découvrir ce livre, cité dans bien d'autres, postérieurs, par des penseurs dont les idées m'avaient séduite.
Pour être absolument honnête et ne pas sacrifier aux sirènes du « c'est un livre d'exception qu'il faut avoir lu », je dirais que je n'ai pas accroché. Les premières pages m'ont semblé fantastiques puis mon esprit a beaucoup vagabondé et les longs discours sur Dieu, la morale et les prémices de l'American Dream m'ont assommée.
Soit j'étais trop fatiguée pour lire ça, soit je n'ai pas saisi la grandeur de l'oeuvre mais je m'attendais à une ode à la nature (le premier chapitre en fait) et pas à une démonstration sur la façon de vivre sa vie en étant satisfait de sa condition (était ce valable pour les esclaves des plantations du Sud?).
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Emerson étant un grand ami de Thoreau, j'ai voulu découvrir la pensée de ce philosophe américain du XIXème siècle considéré comme un des pères de l'écologie. Théoricien de ce qu'on appelle le transcendantalisme, j'espérais y voir un peu plus clair. Thoreau bien que partisan de ce mouvement, était plus orienté sur un certain rejet de la société de son temps et d'une mise en application personnelle de contemplation de la nature.
Il faut remettre Emerson dans son époque qui n'était pas encore envahie par l'industrialisation galopante, la domination du pétrole et toute la pollution moderne découlant de ces "progrès". On a du mal à s'imaginer dans un monde encore relativement épargné par les ravages avides de l'humain.
Sa prose est pleine d'envolées poétiques et il a su découper son récit de courts concepts qui après le premier chapitré s'éloignent de plus en plus de ce qu'on imagine de la "Nature". C'est plus un réflexion profonde sur la nature humaine.
L'homme fait partie de la même matière que les autres éléments de la nature qui l'entoure et serait donc à même de déchiffrer la grande compréhension des choses. D'après lui, l'homme a été créé pour l'appréhender et serait un peu au dessus de tout puisque seul son esprit éclairé peut lire le grand projet divin de la mécanique du monde.
Les convenances de la nature seraient précisément faites pour servir l'homme dans un dessein commun d'élévation de celui ci.
La beauté serait d'essence présente dans la nature pour satisfaire son admiration par l'homme.
Là ou je suis d'accord c'est que la plupart des gens ont perdu la notion de contemplation des beautés de la nature car il ne savent tout simplement (ou ne prennent pas le temps) de regarder. Mais pour moi l'esthétique est une notion toute subjective, certains y étant plus sensibles que d'autres mais ce n'est certainement pas une fin en soi.
"Ainsi l'art est la nature passée à l'alambic de l'homme". Cette citation m'a quand même fait sourire.
Je ne suis pas linguiste mais ne suis pas certain que l'arbitraire du langage humain soit directement inspiré de la nature. C'est pourtant l'idée qu'Emerson développe: le langage nous serait directement dicté par le déterminisme divin pour interpréter et échanger sur cette extraordinaire machinerie.
"La laine (est bonne) à être convertie en vêtement". Là encore personnellement je ne suis pas du tout d'accord que la laine des moutons ait été créée pour satisfaire le besoin en habits de l'homme. L'homme a simplement tiré parti de sa domination sur le mouton pour exploiter sa laine à son profit.
" La nature est médiate. Elle est faite pour servir. Elle se plie à la domination de l'homme, aussi bénévolement que l'âne qui portait notre Sauveur. Elle offre tous les royaumes à l'homme, aussi bien que toutes les matières qu'il peut convertir en choses utiles."
Je perçois dans toutes ces idées un anthropocentrisme nauséabond.
Heureusement que ce premier essai de ce penseur américain était si court sinon je l'aurais sans doute refermé avant la fin qui en conclusion justifie toutes ces pensées panthéistes auxquelles je n'adhère pas. N'est-ce pas quand même intéressant de se confronter à des visions divergentes?
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J'attendais tant de cette lecture. Je croyais y trouver une véritable affinité, une complicité d'âme. le début m'a séduit, quand Emerson parle de notre époque qui regarde vers le passé, de notre regard sur la nature hérité des générations antérieures. Lorsqu'il propose d'inventer une poésie et une philosophie puisées en nous même...
Et à mesure que lisais, je mesurais le temps qui nous séparait et réalisais que la fameuse affinité d'âme que je recherchais chez un tel auteur n'était que l'expression d'un besoin d'allégeance à une pensée d'une autre époque.
Le poids du mysticisme, l'anthropocentrisme et l'idéalisme transcendantal d'Emerson m'ont fait refermer ce livre avec une pointe de regret.
ça m'aurait certainement plu si j'étais né en Amérique du nord il y a 150 ans
Aujourd'hui, je n'arrive plus à croire à cet "esprit universel", cette prétendue connivence entre nous, la nature et le divin. Les sciences du monde vivant ont trop progressé, Darwin et son évolutionnisme ont en partie achevé le romantisme des amoureux transis de la "Nature"...Peut-être le regrettais-je un peu au fond.
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Ce petit manifeste est un livre qu'il faut vraiment prendre le temps de lire et ne pas l'ingurgiter d'un seul trait. Il est en effet fort intéressant mais d'une certaine complexité. Tout d'abord, c'est un écrit de 1836, avec un regard bien différend sur la nature qu'aujourd'hui, vous vous en doutez. le côté philosophique est présent tout le long du texte d'Emerson. C'est deux paramètres font qu'il faut une petite gymnastique de l'esprit pour bien comprendre les paroles de ce grand auteur.
Il est clair que je lirai à nouveau ce livre car je ne pense pas avoir réussi à saisir l'entièreté des propos de l'auteur. Je ne peux donc pas faire une critique très poussée de ce petit ouvrage. Mais j'en retiens du positif et des réflexions à creuser pour ce que j'en ai saisi pour le moment.
Quoi qu'il en soit, je vous pousse à être curieuses et curieux et découvrir ce manifeste sur La Nature.
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