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EAN : 9791037109934
128 pages
La Table ronde (18/08/2022)
4.05/5   29 notes
Résumé :
En juin 1940, comme des milliers de Français, une famille fuit son village d'Argonne. Quatre-vingts ans plus tard, tandis que l'auteur refait ce voyage jusqu'à un village de l'Aube où sa grand-mère fut tuée par le mitraillage d'un avion allemand, les souvenirs affluent. Son père, paysan et menuisier comme ses ancêtres enracinés au seuil de la grande forêt, sa mère qui divague, les voisins, les maisons, la guerre qui plusieurs fois en un siècle fit passer le fer et l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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En juin 1940, près des Ardennes et ailleurs ,de nombreuses familles fuiront leur village , lors de «  l'exode » ,en charrette , le plus souvent , c'est le cas de la famille de l'auteur, Stéphane Émond , libraire de son état .

Quatre- vingt ans après il refait le chemin, lui , qui vit désormais très loin de sa terre natale : le berceau familial.

Il remonte le temps , aux côtés de ceux qui sont morts depuis longtemps, à l'aide de ces clichés «  noir et blanc » , aux bords dentelés , souvent jaunis oû sa grand - mère : Marie - Thérèse fut tuée par le mitraillage d'un avion allemand .

Ses souvenirs affluent,.
Il explore avec tendresse les souvenirs familiaux , les transforme en mots , lors de son enquête de terrain ,.

Il les confie au papier pour ne pas les vider de leur substance , mettre ses pas enfin, dans ceux des siens disparus , sachant que son père , taiseux , n'a jamais rien révélé .

Il tente de ressusciter certains fantômes afin de s'approprier leur passé , leurs douleurs ,leurs expériences, leur vécu.

Ce récit délicat , doux , pudique , pétri d'émotions contenues , l'attachement à un père peu disert , montre aussi quelque peu , la gêne , que devenant libraire , le fils n'a pas perpétué le savoir - faire ancestral de son père et de son grand - Père : les outils , les machines «  ramasser les outils de menuisier , cette scie à ruban qui avait ponctué les journées de son père, taiseux , amoureux de son métier et des traditions durant plus de cinquante ans, «  paysan et menuisier » enraciné dans son -Argonne , au service des gens , même pour la confection des cercueils .
L'auteur nous invite dans ce récit poignant , sincère ãrefaire avec lui le chemin d'une histoire, celle de sa famille et celui d'une géographie , celle de l'Argonne, «  profonde , silencieuse , mystérieuse, s'élevant comme une verdoyante forteresse , terre profondément et à jamais marquée par les guerres .
Il a recueilli l'histoire universelle des siens , tantôt riante les soirs d'été , tantôt sévère, toujours laborieuse, au sein des champs , rivières , arbres , dédiée à la terre où ils reposent.
Merci à Reine pour le prêt .
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Quatre vingt ans après, Stéphane Émond refait le chemin qu'avait fait sa famille pour fuir la guerre. Alors qu'il vit désormais très loin du berceau familial, il a ressenti le besoin de refaire le parcours sur ces pauvres routes de France depuis l'Argonne vers le département de l'Aube pour y trouver un peu des siens, de leurs angoisses, de leurs espoirs, de la mort et de la vie.
Armé de deux très vieilles photographies et de l'alliance si fine et fragile héritée du grand-père, l'auteur part sur les routes retrouver les siens, pour comprendre la peur, pour vivre les terreurs des femmes et des enfants, pour entendre les bombardements et la mort de la grand-mère. Refaire le chemin à l'envers pour se rapprocher du passé, imaginer les préparatifs, que garder, que laisser, reviendra-t-on un jour dans cette maison que l'on quitte. Partir sans s'arrêter, passer des villes en flammes, faire partie de cette cohorte de réfugiés qui fuient la guerre sous le fracas de la mitraille. Tant de questions, tant d'incertitudes, tant de craintes sans doute.
Ce pèlerinage au sources est ici raconté à la première personne par un auteur sans fard et d'une grande sincérité quant à ses propres interrogations, lui qui a quitté depuis si longtemps la terre des ancêtres. Alternant entre présent et passé, il fait le récit d'une introspection, mais également celui d'une fresque familiale avant l'oubli, pour que ceux qui viendront après sachent et connaissent. Stéphane Émond se fait passeur d'histoire avec un petit mais aussi avec un grand H, de l'histoire familiale à celle de cette région de France creuset de tant de combats, envahie par les conquérants et meurtrie par les guerres à travers les âges.
On retrouve ici le besoin de transmettre de cette seconde génération qui n'a pas connu directement les événements dont elle parle, et dont les parents, qui eux ont vécu l'exode et la guerre, n'ont jamais évoqué leur expérience.

chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/10/11/argonne-stephane-emond/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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N°1672– Septembre 2022

ArgonneStéphane Emond – La table ronde.

Les photographies sont souvent, pour ceux qui les regardent, l'occasion de remonter le temps. Ceux qui y figurent sont souvent morts depuis longtemps et offrent au papier glacé l'image d'un enfant alors que dans les mémoires c'est plutôt celle d'un vieillard qui s'y est incrustée. C'est à l'aune de ces clichés en « noir et blanc », aux bords dentelés, parfois même couleur sépia, qu'on mesure la fuite et la patine du temps. Les rides s'incrustent sur les visages, les années taraudent le cerveau. Elles sont parfois prémonitoires pour qui sait lire en elles. Elles ont, dans les sourires ou les traits figés de ceux qu'elles représentent, leur pesant d'avenir et de destiné. Les souvenirs s'accrochent parfois à un objet fragile dont on prend le plus grand soin et qui ressemble à une relique pleine d'émotion parce qu'il a appartenu à un proche disparu et qu'on se transmet comme un témoin qui traversera les générations. Dans cette région de France, l'Argonne, dont l'auteur est originaire, on connaît la guerre depuis des siècles parce que c'est par là que sont passés tous les envahisseurs conquérants, obligeant les populations à un exil, parfois sans retour, là que se sont toujours déroulés les combats. Valmy et surtout Verdun suffisent à résumer le destin de cette terre et du tribut qu'elle a payé à la camarde. Ce terroir de légendes et d'histoire qui a bu tant de sang ne se conçoit pas sans cérémonies du souvenir ne serait-ce que pour honorer la mémoire des héros.
Ce récit délicat écrit à la première personne évoque, longtemps après l'exode de juin 1940, dans la touffeur de l'été et sous le mitraillage des avions allemands ou italiens, des bribes de ces moments tragiques et personnels qui se mêlent à l'Histoire de la défaite et du malheur. Cela ressemble à un pèlerinage pour l'auteur parti depuis longtemps et qui retrouve des lieux qui ont changés, des souvenirs qui donnent le vertige parce que le temps efface les traits des visages, érode la mémoire. Je retiens ce besoin d'explorer le souvenir familial, de le transformer en mots et de les confier au papier pour ne pas les vider de leur trace, de mettre ses pas dans ceux des siens disparus, comme pour communier avec eux, de ressusciter des fantômes parfois inconnus, pour mieux s'approprier leur passé.
Je note une certaine gêne de l'auteur qui, devenant libraire, n'a pas perpétré le métier d'artisan de son père qui lui-même le tenait du sien, brisant ainsi une sorte de transmission d'un savoir-faire ancestral, mais aussi une réelle fierté mêlée d'humilité d'avoir donné une vie de papier à une parentèle inconnue et oubliée, d'avoir nommé chacun de ses membres, d'avoir épousseté leur silhouette avant qu'elle ne disparaisse complètement, pour que ses propres enfants s'en souviennent comme ils se souviendront de lui.
Un livre bienvenu en cette rentrée littéraire et qui tranche sur les 490 volumes publiés dont beaucoup sans doute sont promis à l'oubli.


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Pas d'auteur ni d'autrice dans Argonne. C'est un homme, Stéphane Emond, qui parle et sa voix qui nous parvient sans masque littéraire.
Ce n'est pas pour nous qu'il parle, à vrai dire. Il raconte, il rend compte, de la quête qu'il a entreprise, après plusieurs décennies d'hésitation, pour reconstituer un moment particulier, celui où l'histoire de sa famille paternelle emprunte les chemins de la grande Histoire : celui de l'exode. le périple est limité dans le temps -entre le 12 et le 19 juin 1940-, et dans l'espace -un aller-retour de 167 kilomètres-, même si s'éloigner de 80 kilomètres est une expédition à l'époque. Dans cet exode, la famille perdra la grand-mère de Stéphane Emond, tuée dans un bombardement mais aura la chance de retrouver intacte la ferme et une partie des animaux, quand elle a traversé tant de villages en feu…
Cette quête, il va la mener comme un généalogiste, s'attachant aux documents écrits, officiels ou privés, plus qu'aux témoignages des vivants (qui se révèlent d'ailleurs inexacts quand il s'agit de celui de son père, petit garçon à l'époque, pourtant acteur et spectateur de cet exode), et aux lieux, en se fondant sur des photos. Les dates surtout sont méticuleusement restituées avec le jour de la semaine. Comme un généalogiste, il connaît l'émotion d'avoir identifié avec certitude une maison, l'emplacement d'une tombe… mais cette précision dans la généalogie ne s'étend pas à sa famille, qui apparaît « de profil » : c'est au lecteur de retrouver les liens et les générations. Stéphane Emond ne nous dit que le minimum et des siens, rien de leurs motifs ni de leurs sentiments, et de lui, dont il ne nous livre que ce qui nous permet de comprendre comment il s'inscrit dans ce récit.
C'est que l'objet de cette quête s'élargit peu à peu, sans pour autant lui échapper. Au-delà de sa famille, c'est tout un monde qu'il ressuscite, celui des paysans qui ont fait la France et qui l'ont reconstruite, qui sont allés chercher leurs morts parce qu'on doit dormir chez soi, qui sont restés à leur poste, qui ont duré, sans se plaindre, sans se vanter, qui ont fait leur devoir sans se poser de questions, sans regarder en arrière, dans un monde qui change, où on rebâtit mais où des villages sont noyés par des barrages, où on réindustrialise mais où les écoles ferment, où on replante de la vigne mais où l'artisanat de l'horlogerie française est morte… Et à ce monde enraciné, où les trains marchent même en pleine débâcle, grâce aux cheminots anonymes, on trouve les hommes politiques, dont le temps est l'éphémère et qui se débandent au premier choc. Au bout de la route, c'est le paysan qui l'emporte et l'homme politique devient un simple casse-noix posé sur une étagère, ou une photo jaunie sur un mur…
Et peu à peu la quête généalogique devient une somme de mémoires, mémoire d'un massacre en 1870, mémoire d'un aïeule et de son sac à main, mémoire d'un geste d'artisan, et Stéphane Emond devient celui qui obéit à la « pietas » antique, celle qui impose de rendre exactement aux ancêtres et aux aînés les devoirs que prescrit la loi la plus sacrée, ce qu'il fait en reprenant d'instinct les rituels dont il est pétri : rituels de deuil pour sonner le glas pour son père, voix pour célébrer l'Argonne, si humble qu'elle n'a même pas eu d'historien à la mesure de l'Histoire qui l'a pourtant labourée. C'est cette même « pietas » qui permet aux objets fragiles qu'on transmet (alliance usée, panier en osier, petite couverture de bébé) de traverser le temps, portées par des mains « pieuses ».
Si cet épisode, qui pourrait être relativement mince devient un « tombeau » en l'honneur d'une France terrienne, c'est parce que Stéphane Emond, sans renier sa décision de ne pas suivre les pas de son père en devenant un homme aux mains blanches, a eu l'impression d'avoir rompu l'alliance testamentaire qui l'unissait à son peuple et ce d'autant plus que, délibérément, il a refusé de « faire son devoir » en se faisant réformer. Il a déserté et il n'en est pas fier. C'est en reprenant le chemin de l'exode qu'il retrouve ses racines, en travaillant rudement sur un chantier avec son père qu'il s'en rapproche, en rendant hommage aux soldats de 1870 qu'il efface sa dérobade militaire. Il peut alors, il peut enfin, sonnant rituellement le glas de son père avec ses trois fils, recréer l'alliance et s'inscrire dans la chaîne de transmission ancestrale.
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En 1940, près des Ardennes, de nombreuses familles ont dû fuir leur domicile lorsque les allemands bombardaient la région. Lors de cette exode, certains n'ont pas échappé aux tirs, beaucoup sont revenus endeuillés. Cette douleur, c'est celle que raconte l'auteur de ce récit. C'est celle qu'a connu sa famille, et qui a été tue pendant de nombreuses années. L'auteur a retracé, grâce aux archives et à quelques témoignages difficilement livrés, à retracer les quelques jours sur les routes de sa famille, durant lesquels sa grand-mère paternelle perdit la vie.
Le père de l'auteur, qui a vu sa mère puis sa soeur mourir sous ses yeux, n'a jamais voulu se confier au sujet de cet épisode sombre de sa vie. le fils, éloigné à la fois géographiquement, et par son métier de libraire, des racines familiales, a pourtant voulu rouvrir cette page de son histoire. Au gré de ses recherches, il tente de refaire la route parcouru par ses aïeux, retraçant tout à la fois cet épisode historique, sa vie de fils d'un père taiseux, et son propre parcours en Argonne.
Ce récit est touchant par sa simplicité. Porté par une économie de mots et des phrases finement ciselées, nous pénétrons au coeur des émotions d'une famille, d'un fils. L'auteur fait preuve d'une grande pudeur, qui ajoute à la délicatesse de ce livre. Sur la pointe des pieds, nous lecteurs poussons d'abord la porte d'une ferme pour ensuite se retrouver touchés en plein coeur par cet homme, qui se réapproprie un passé douloureux, et qui retrouve sa terre natale, aussi, à travers les mots de ses intellectuels. Tel un texte d'Annie Ernaux, ce livre fait entrer en résonnance deux classes sociales qui ne se comprennent plus vraiment, mais qui veulent avant tout pouvoir s'aimer, vraiment
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critiques presse (4)
LeFigaro
03 janvier 2023
La mort de son père ramène l'auteur aux confins de la Champagne et de la Lorraine, là où il a grandi, faisant remonter souvenirs et images.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
21 novembre 2022
L'écrivain Stéphane Emond revient dans l'Aube, sur la terre qui l'a vu grandir, et trace une émouvante géographie des siens.
Lire la critique sur le site : LeMonde
RevueTransfuge
23 août 2022
Stéphane Emond signe avec Argonne un récit poignant sur sa grand-mère, tuée sur les routes de l’exode, en 1940.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Bibliobs
17 août 2022
Dans ce récit délicat, l’auteur refait la route, à l’envers, de ses aïeux durant l’Exode. Un singulier périple vers son Argonne natale et vers le passé.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En juin 1940, comme des milliers de Français, une famille fuit son village d’Argonne. Quatre-vingts ans plus tard, tandis que l’auteur refait ce voyage jusqu’à un village de l’Aube où sa grand-mère fut tuée par le mitraillage d’un avion allemand, les souvenirs affluent. Son père, paysan et menuisier comme ses ancêtres enracinés au seuil de la grande forêt, sa mère qui divague, les voisins, les maisons, la guerre qui plusieurs fois en un siècle fit passer le fer et les flammes sur cette terre des confins de Champagne et de Lorraine… Stéphane Émond, qui a quitté son pays et fait sa vie ailleurs, loin des outils du père, au milieu des livres, recueille l’histoire universelle des siens, tantôt sévère, tantôt riante, toujours laborieuse, et l’unit dans ce récit aux champs, aux arbres, aux rivières, à la terre où ils reposent.
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«  L’expérience dans laquelle continuent de s’alimenter nos dispositions les plus déterminantes et qui ne cesse de fournir ses motifs à la conversation qui fait le bruit de l’âme de la nation , c’est la défaite de juin 40.

Nous ne nous en sommes jamais remis » .

PIERRE MANENT , Situation de la France .
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«  Le ciel est d’un bleu intrépide , bravache, il tend son orgueil , drapé dans ses plus beaux atours.
La rosée fait scintiller une myriade de perles d’eau dans les hautes herbes . En y glissant la main on pourrait laver le visage des enfants » .
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Le ciel est d'un bleu intrépide, bravache, il tend son orgueil, drapé dans ses plus beaux atours. La rosée fait scintiller une myriade de perles d'eau dans Les hautes herbes. En y glissant la main on pourrait laver le visage des enfants.
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Mais il fallait être jeune et innocent pour s'imaginer qu'en gagnant la grande ville et en rompant la lignée des artisans-éleveurs, l'histoire, la toute petite comme la grande, ne me reviendrait pas en plein visage.
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Stéphane Emond .Portrait de Stéphane Emond, Prix du livre en Poitou-Charentes, réalisé par les Yeux d'IZO.© Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes - 2011
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