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Critique de traversay


Déboussolé ou désorienté ? C'est presque le même sens, non ? Boussole, c'est justement le titre du dernier Goncourt qui nous transporte sur un tapis volant vers l'Orient. Pourquoi dit-on désorienté d'ailleurs puisque c'est le nord et non l'est que l'on perd habituellement, n'est-ce pas ? Sauf chez Mathias Enard dont la boussole indique systématiquement l'est. Mon Dieu, que ceci est troublant. le roman du natif de Niort (une ville qui n'incite guère à la méditation orientaliste, pourtant) a été disséqué, loué et (parfois) critiqué. Qu'il mérite ou non le Goncourt n'a franchement pas d'importance, qu'il soit lisible ou non en a bien davantage. Il s'agirait d'un roman, donc. Oui, si l'on veut, l'acception du terme est devenue tellement large. Rêverie aurait été plus conforme à ce qu'est le livre. Mais attention, au sens songe éveillé, au coeur d'une nuit insomniaque quand les souvenirs se bousculent et se chevauchent, dans un savant désordre. Ainsi est Boussole, un voyage dans le passé du narrateur, musicologue orientaliste, en petite forme il faut le dire, miné par un diagnostic médical pessimiste, et qui remonte la piste de sa mémoire au gré d'un temps élastique qui brouille les repères. Et le lecteur est déboussolé, désorienté par le caractère hétéroclite de ses confidences où la figure de la belle Sarah s'impose comme un fil d'Ariane. Devant cette somme érudite, le lecteur est déboussolé, désorienté. Non que l'on s'attendait à un roman linéaire mais tout de même. L'esprit d'Enard navigue entre Istanbul, Damas et Téhéran, revient à Vienne, s'emballe pour Beethoven ou Mahler, s'arrête sur des anecdotes glanées en terre inconnue, évoque des conversations et des aventures où Sarah, toujours Sarah, joue un rôle majeur (ou pas). Maelström inarrêtable ! Boussole enchaîne les scènes dans une cavale effrénée, disserte à l'envi sur l'influence de l'Orient dans les écrits, la peinture ou la musique de l'Occident. Attendez, c'est un roman ou un essai ? Les deux, mon jeune Enard. Les deux. Il y a franchement de quoi finir assommé par cette accumulation savante et historique. Trop d'érudition tue la concentration ? Il est monstrueux, ce livre, et demande des efforts quasi surhumains pour le terminer. C'est de la littérature, là n'est pas la question. Est-elle lisible ? Dans l'ensemble, oui, mais à doses homéopathiques. Touffu, Boussole est comme un repas trop riche en calories. Ce n'est pas qu'on le trouve mauvais, loin de là, il est même très souvent goûteux. Mais l'indigestion guette le convive avec ce repas tellement riche de mots et de références. Désorienté, vraiment ? Rassasié dès les hors d'oeuvre, plutôt, et l'estomac bien lourd au bout du bout du livre, s'il a la patience et l'appétit pour y parvenir.
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