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3,3

sur 859 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Bigre, bigre, aurais-je autant de difficultés à écrire un très modeste commentaire sur ce "roman" foisonnant que j'en ai éprouvé à sa lecture? .....
Franz Ritter , Sarah .., éminents chercheurs l'un en littérature l'autre en musicologie font connaissance lors d'un colloque à Hainfeld en Styrie, dès lors leurs chemins ne vont cesser de se croiser ..Franz vit maintenant à Vienne, les années ont passé, la maladie l'a rattrapé et les nuits sont longues, très longues quand l'insomnie est là! Et les souvenirs défilent ,les villes ,les pays, les hommes et femmes du XIXème à nos jours, même des temps plus anciens, La Turquie, la Syrie, l'Iran , la Chrétienté, l'Islam, la Judaïcité, le Bouddhisme, l'Europe tout s'emmêle tout s'imbrique depuis des siècles.
Un propos magnifique, un regard différent et combien enrichissant sur des cultures qui nous semblent si lointaines mais dont nous sommes si imprégnés , un discours de tolérance et d'amour, voilà qui avait tout pour me plaire, mais un texte beaucoup trop encyclopédique pour que la lectrice lambda que je suis puisse s'y complaire sans avoir besoin de plonger dans le Larousse voir sur la toile tellement le vocabulaire utilisé est riche et précis; une avalanche d'informations plus érudites les unes que les autres qui m'ont souvent laisser "en bouche" comme un arrière-goût de trop plein! Quel dommage vraiment si la plume de Mathias Enard s'était faite plus légère ce pensum se serait transformé en bijou et le lecteur s'y serait promené avec délices .
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De Mathias Enard
Boussole ou l'Orientalisme as t il influencé profondément l'occident ?
Telle est la belle ambition de ce livre , mais ,
Page 107 , c'est là que j'ai coincé comme un marathonien au 36ème km, il faut de l'adhésion et surtout de la compréhension pour franchir ces quelques lignes :

"Kafka apparaît dans sa thèse pour deux de ses nouvelles, Dans la Colonie Pénitentiaire et Chacals et Arabes; pour Sarah, le déplacement kafkaïen est intimement lié à son identité-frontière à la critique de l'Empire autrichien finissant et, au-delà, à la nécessité de l'acceptation de l'altérité comme partie intégrante du soi, comme contradiction féconde, d'autre part."  P 107

Est ce du Grec , et que dirait Descartes ?
Quand je perd le nord , je décroche !

La colonie pénitentiaire avec sa machine de torture diabolique , est ce pour nous dire sans le dire que l'occident n'a rien à envier à Daech ? et pourquoi kafka est il cité  ?


Tous mes indicateurs étaient pourtant au vert , passionné de peintures orientalistes , j'en possède plusieurs , dont un diptyque d'une casbah d'Orient , j'ai travaillé au Liban et au sultanat d'Oman , j'ai foulé les grès Jordaniens , mon beau père qui parle arabe m'avait donné un pensum pour me faire accepter dans les souks …
L'entraînement , l'avoir sans doute , du moins je le pensais la condition physique aussi pour parcourir allègrement les 378 pages du Mathias Enard sur l'Orientalisme .

De plus les critiques étaient enthousiastes , les milles et une nuits , s'offraient à moi ( je lis la nuit !) .
Stupeur ,je tombe sur une soutenance de thèse passionnante mais ingrate, indigeste pour mon niveau d'allemand , mais surtout , les nuits de Palmyre sont frustrantes , le pauvre Franz n'ira pas au septième ciel , il est amoureux mais n'osera pas  !

Et pourtant le passage sur l'opium m'avait laissé des espoirs , beaucoup d'espoirs à imaginer tous ces grands noms du répertoire Litz ,Berlioz ad-dicts aux fumées d'opium , et puis , Franz est trop sérieux 4 ou 5 pipes pas plus et son ami Faugier devra se droguer seul, seul aussi sera Franz face aux médecins qui lui refuseront cette drogue dont il aurait eu tant besoin .

Franz est à Vienne toujours amoureux toujours à revivre les événements récents ,la destruction d'Alep , à s'interroger sur sa maladie , la pire peut être la maladie de Charcot , mon ami en est mort voilà 3 ans , à réinventer une autre relation d'amour avec Sarah mais il est seul , malade , frustré , aigri ...

Comment partager L'Orientalisme de Mathias Enard avec Franz Ritter ,son érudition oui ,mais pourquoi alors survoler l'Orientalisme de Proust en une demi page et les folies de Bilger en plus de 20 pages et y revenant sans cesse ,cet inventaire n' est plus qu' une accumulation sans vie d'artistes façon ARMAN ,avec la peur de ne rien oublier , alors qu'une réflexion patiente à travers 5 ou 6 personnages marquants hauts en couleurs , pouvait nous faire vibrer peut être à la beauté de l'écriture ?

La page 107 me revient alors en mémoire comme un boomerang :
« je n'ai donc pas insisté, même si, pour lui faire plaisir,
j'aurais été prêt à me geler les choses dans le vent de cette noble
banlieue, que je soupçonnais tout à fait glacial. 
Ce n 'est pas du sang, il n'y a pas de sang, c'est de la sueur. »P107

Vienne où le 15 avril 1996 je me suis avec quelques milliers de marathoniens «  gelé les choses dans un vent glacé  » il faisait entre -1 et 2 degrés ; pas de refuge dans cette noble banlieue , pas d'abris pour ces invités mains et pieds gelés par la sueur , nos amis(es) nous changeaient dans la rue incapables nous étions , de nous déshabiller seuls .
Vienne , où dans l'après midi un Gruber anonyme «  se gelant les choses » nous insultait car les enfants étaient bruyants .
Ces images se brouillent avec celles de mes 16 ans où à Salzbourg j' ai chanté du Mozart .

Dans les livres comme dans la vie il faut rencontrer l'âme de l'auteur sinon on ne peut trouver le repos .Où se cache l'âme de Mathias Enard ?
Une assemblée d'artistes ne construit pas une âme ,Marga d'Andurain avec sa folie aurait-elle pu irradier ce livre ?

Mais trop de fous hantent ce livre Bilger , Frangier , Marga et puis Kafka , n'est ce pas l'Occident malade le coeur du livre !!!

N'est ce pas Franz Ritter qui symbolise lui même cet Occident:un Occident qui à peur d'affronter la vérité ,la nature de la maladie qui le ronge , un Occident prêt à se shooter à l'opium pour oublier , fuir devant ses responsabilités ou celles qu'on lui colle sur le dos (Palmyre et même le djihad ...)  ?

Vienne n'est plus la flamboyante cité décrite au début du livre , mais celle d'un pauvre Herr Gruber avec son Cabot ( un revenant Gruber est un commandant SS chez Romain Gary, tout un symbole ) , une cité incapable d'accueillir dignement des sportifs , une cité où l'on refuse des soins à Franz Ritter …

La boussole avec le personnage de Sarah prend avec sa part biblique une signification plus prophétique et plus universelle , elle n'est plus seulement la femme orientaliste mais la messagère , C'est Franz le scribe et entre eux l'amour est impossible car lui représente l' Occident elle est l'Orient , la femme d'Abraham , la mère d'Isaac ; on relira le très beau livre de Marek Halter à ce sujet.le nom de Sarah n'est pas fortuit , elle qui a vaincu la stérilité .
La fable est belle
C'est elle qui dévoile des livres oubliés , explore des textes , enquête sur le terrain, inspire et illumine Franz -l'Occident- elle est l'étoile …

Et là , est le livre que pose Mathis Enard sur l'altérité Orient Occident .
Livre sans aucun doute fondateur de toute la pensée de Enard , du traducteur il veut devenir le passeur d'un occident qui regarde vers l'est là où le soleil se lève .

J'ai besoin de recul pour comprendre les intentions vrais de Mathias Enard dans le tumulte de l'histoire actuelle , Arabisant fou comme Sarah de cette culture orientale ,et puis ces mots d'un poème persan de Roumi (1207-1273) , « moi qui n'est pas de coeur qu'est ce que je peux faire ? »

J'attendrai les beaux jours pour me réchauffer le coeur et les choses et reprendre à la page 108 cette saga de milliers d'artistes orientalistes qui ornent les frontons du dictionnaire des orientalistes Français .
Je veux croire p378 à ses derniers mot « au tiède soleil de l'espérance »


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Hé bé, pauvre sot, quelle lecture t'es-tu infligée là… Que ce fut éprouvant ! Une sorte de « L'Orient pour les nuls »… pour leur faire bien comprendre qu'ils resteront profanes à jamais. Que j'ai pourtant aimé les volutes d'opium des premières lignes ! - pensant qu'elles me feraient franchir les portes d'un pays de merveilles. Ah envoûtant Orient, extase magnifique, les plus grands t'ont raconté, chanté, loué ! Ils m'attendent ! J'ai donc tenu à aller au bout des rêveries d'insomniaque de ce Franz Ritter, en m'auto-suggérant à chaque page, même la plus pédante et indigeste parmi des dizaines d'autres, également indigestes et pédantes, que ce voyage oriental et savant pouvait apporter une belle surprise, à n'importe quel moment, y compris celui où l'on désespère vraiment de pouvoir rêver ne serait-ce qu'un chouïa. de fait, la patience a parfois payé : il y eut de belles découvertes, un peu magiques même, dans cet immense fatras des mille et une cuistreries.
Page 27, la lassitude est déjà bien installée, et on sent que la traversée du désert va être longue-longue-longuette, qu'il soit saharien, arabique ou gobique. Franz, plongé dans ses souvenirs, énumère encore et toujours des connaissances – qui sont les siennes autant que celles de l'auteur -, précises, cliniques. le ton docte est celui d'un professeur d'université, pas d'un paumé amoureux d'art à la lisière de la mort. Lui nous aurait intéressé. On décroche souvent. On suit des yeux des noms de livres, de thèses, d'oeuvres d'art, d'artistes… dispersion… Où est le nord ? Heureux les érudits qui peuvent pisser de la ligne rien qu'avec leurs références culturelles. L'inventaire « costaud » et foutraque concerne la musique, l'histoire, l'architecture, la peinture, et Dieu sait que tout ça pourrait [devrait] captiver, mais l'auteur se regarde écrire des choses intelligentes vite inintelligibles. Un amas confus, abscons. Cher monsieur, autant ne rien nous dire si vous ne voulez pas partager…
Certes, on trouve çà et là des réflexions pertinentes, mais le fil hésite entre romance avec la sublime intellectuelle Sarah et des extraits de revues spécialisées dans la musicologie ou l'art baroque. L'étalage en devient puéril. On se dit alors que cette bête de Goncourt est à l'opposé des romans du génial Umberto Eco chez qui l'érudition est gourmande et généreuse.
Cette « Boussole » m'est apparue comme une entreprise littéraire 'totalisante', dont l'objectif serait d'englober tout le savoir et tout l'imaginaire sur l'Orient, sa magie, son essence. Lawrence d'Arabie, Liszt, les combattants marocains en 14-18, les poètes persans, les maîtresses de Flaubert... rien ne doit échapper à l'auteur ! Celui-ci a choisi, dans une obsession peut-être très occidentale, de chosifier ainsi, d'opter pour la complétude. le bouquin pourrait dès lors au moins présenter une commodité encyclopédique et offrir, comme certains ouvrages d'Alberto Manguel, une ouverture vers d'autres lectures. Mais ce pavé bourratif ressemble à une gigantesque bibliothèque pas ou mal rangée dont on souhaiterait lire chaque ouvrage, et on maudit le bibliothécaire qui semble avoir pris plaisir à ne pas classer et ne transmet rien. Ceux qui comprennent en savent autant que lui et le félicite de refléter leur égo magnifique. Les autres sont laissés à leur insuffisance. Voilà tout ce que vous ne saurez jamais. Merci. de toute façon, « il n'y a que des insomniaques pour écouter Die Ö 1 Klassikracht dans leur cuisine. Schumann ». Et bing.
Bref, ce livre-contenant contient bien tout le contenu. L'Orient est saisi, empaqueté. Mais le nigaud pauvre mortel que je suis se dit in petto que pour humer de son mystère - car nom d'un djinn et bon sang de bois il y a forcément un mystère de l'Orient ! -, l'évocation d'un poème De Nerval ou quelques phrases de Loti picorées dans Aziyadé auraient peut-être suffi.

Bon, soyons honnête : l'auteur montre un peu d'humilité lorsqu'il concède qu' « il y aurait une apostille à rajouter à mon ouvrage, une coda, voire un codicille ». Faites donc, monsieur.
Il faut d'autant moins accabler ce livre-fleuve qu'il laisse des traces (une traversée de désert, ça laisse forcément des traces). L'écriture se fait parfois belle, agrémentée de vraies idées d'auteur, telle la lumière bleutée de l'ordinateur dans la nuit, comparée à une oeuvre de Paul Klee ; ce sont ces petits miracles qu'on aimerait savourer, ces idées simples, assez magiques et pas moins profondes que le savoir universitaire étalé de page en page. Des passages captent l'attention, des récits dans le récit qui se seraient suffi tant ils peuvent être lus comme des ouvrages quasi-indépendants. J'ai ainsi apprécié la confession avinée – enfin, pas vraiment avinée puisque arrosée précisément de vodka arménienne – de l'orientaliste Gilbert de Morgan, éconduit spirituellement par la superbe Azra, dans l'Iran révolutionnaire. Une mise en abîme du narrateur qui relit de vieux écrits ; une nouvelle à part entière ; une oasis salvatrice dans l'étendue du roman . La justesse du propos sur l'Iran s'y révèle digne d'intérêt, avant de s'éparpiller de nouveau et de se noyer dans des considérations savantes.
Voilà, c'était l'aveu d'un ignare déboussolé... mais pas découragé devant ses rêves d'Orient.
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Un livre vraiment impressionnant. Cependant, la lecture ne m'a pas donné beaucoup de plaisir. le livre constitue une immersion dans un monde de la musique et de l'histoire. Il y a une abondance de petites histoires intéressantes, de récits captivants et d'anecdotes amusantes. Ce nombre de faits, présenté l'un après l'autre, sans pause, sans cesse, devient rapidement fatigant. L'auteur saute de sujet à sujet. C'est un livre qui présente surtout un train de pensées et une collection de souvenirs et de réflexions. Ces souvenirs, ces pensées et ces récits sont souvent intéressants, mais, bref, l'ensemble, cette pile d'histoires, c'est trop.

Je trouve le livre bien écrit mais le texte est de temps en temps difficile à lire. Les phrases sont très, très longues et elles forment souvent seulement un entassement de propositions subordonnées. Pour moi, c'est un livre fatigant. Il contient trop d'informations et peu de structures. Peut-être c'est une chose personnelle, mais j'aime les livres qui contiennent des alinéas reconnaissables et des chapitres clairs.

Je crois que l'auteur est un écrivain érudit qui étale sa connaissance d'une façon impressionnante. Malheureusement, seul le savoir ne suffit pas pour rendre un livre captivant.

Le livre a gagné le Prix Goncourt en 2015.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Pour tout vous avouer, mon impression sur le Goncourt 2015 est plutôt mitigée. Je découvre dans la foulée l'écriture de Mathias Enard et si j'ai apprécié ma lecture, je ne me sens pas pour autant portée par l'envie de lire les autres romans de l'auteur.

Boussole est un livre érudit, je ne vous apprends rien. Les références sur l'orient et l'orientalisme foisonnent. Dans un premier temps, j'ai voulu les noter pour y revenir plus tard mais j'ai vite compris que l'entreprise était totalement vaine. Elles sont beaucoup trop nombreuses, avec une moyenne de cinq références par page… j'ai cru que j'allais m'arrêter de lire pour recopier le livre !

Une bibliographie en fin d'ouvrage n'aurait pas été du luxe : elle aurait sans doute libéré ma lecture de nombreuses prises de notes et m'aurait permis d'approfondir plus aisément les thématiques qui m'intéressent le plus. Par necessité d'avancer dans le roman, j'ai finalemment lâché prise et accepté l'étourdissante érudition de l'auteur pour m'attacher à la narration… Ainsi vint la chute. L'histoire d'amour entre les deux protagonistes m'a totalement laissée de marbre. le personnage du narrateur m'est apparu fade et sans profondeur ; son grand amour déçu, Sarah, lointaine et idéalisée, m'est restée totalement étrangère.

Si j'ai eu le sentiment d'apprendre avec plaisir des milliers de choses sur l'Orient, quelques mois plus tard pourtant il ne me reste quasiment rien de ma lecture tant chaque accroche historique ou artistique est survolée, à peine amorcée, allusive… Je reste finalement sur ma faim. J'ai presque envie de comparer de manière peut-être un peu douteuse ce roman à une énorme barbe à papa tentante, prometteuse, délicieuse par bouchée… et finalement étouffante de trop de sucre sans pour autant remplir l'estomac.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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On rentre dans "Boussole" comme on entame un long voyage, dont on ne sait où il va nous conduire. Par une nuit d'insomnie, un musicologue viennois atteint d'une grave maladie se remémore l'inaccessible liaison avec une orientaliste française. On perd la boussole quand on est malade, on la retrouve en pensant à l'Orient, à sa culture, à ses explorateurs, et surtout à ses apports. du balcon viennois, promontoire idéal pour observer l'Orient, le narrateur cherche toute la nuit des explications sur la culture, les conflits, les raisons d'avoir peur en ce début de XXIème siècle. Istanbul, Damas, Téhéran, l'opium...Un livre-repère évidemment. On déplorera le trop grand étalage de l'érudition de l'auteur. Il est heureusement contrebalancé par un style doux, langoureux, mélodieux et châtié qui donne la puissance à cet étonnant roman. Sacré par le Goncourt, c'est le roman culturel par excellence. Avec ses longueurs par moments qui risquent de placer la chose culturelle à un niveau inaccessible pour beaucoup.
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Pourquoi Mathias Énard, si érudit et ayant une réelle puissance d'écriture, s'enlise-t-il dans des situations narratives si conventionnelles et complètement désuètes ? L'histoire passionnante de l'orientalisme se suffisait presque à elle-même. On ressent trop l'artifice du récit. Toutes les considérations sur le désir érotique du narrateur pour la belle Sarah ou le pitoyable passage de Gilbert de Morgan sont bons pour les auteurs de bas étages (Bruno Lemaire?). Il y a trop de clichés qui décrédibilisent l'ensemble. J'ai beaucoup plus apprécié son recueil de poésie (Dernière communication à la communauté proustienne de Barcelone) qui ne nous dictait rien et nous poussait à penser notre lecture, ce que devrait être toute bonne littérature.
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Une nuit qui s'étire, des souvenirs qui se bouscule, une plongée dans les vapeurs d'opium et les rêveries d'Orient. Franz se laisse emmener au fil des heures creuses, dans ses pensées érudites, à l'évocation des auteurs et nombreux artistes qui, par le passé, ont célébré, rêvé, goûté l'Orient, cet Orient qui débute aux portes de l'Europe. Et encore et toujours, ses divagations le ramènent à Sarah, Sarah, cette thésarde spécialiste du proche orient, avec qui il a voyagé, discuté, rêvé. Cette femme qui lui manque, soulignant sa solitude.


La boussole de Mathias Enard indique l'Orient, est ancrée à l'est. Mais son récit peut nous laisser à l'ouest, tellement il est fourni, documenté, référencé, torturé. Mozart, Beethoven, Schubert, Liszt, Berlioz, Bizet, Rimski-­Korsakov, Debussy, Bartók, Schönberg, Hugo, Kafka, Flaubert, Chateaubriand, on peut atteindre l'overdose. Ces 375 pages sont tellement denses qu'elles donnent à lire l'effet de 500. Alors que son précédent roman Rue des voleurs était d'une fluidité dont je me suis délectée sans réserve.

(................)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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"Boussole", Prix Goncourt 2015 a été édité par Actes Sud. Selon moi, ce label est souvent synonyme de 'livre à lire'! J'ai cependant été très déconcerté. Je me suis tout d'abord interrogé. Ce roman de Mathias ENARD est-il autre chose qu'un condensé de pédantisme culturel? Pourquoi le construire avec une telle diarrhée de références musicologiques, littéraires, artistiques? Pourquoi, par ailleurs, l'auteur revendique-t-il une bibliographie pour son opus de quelques 400 références? Par vanité? Amusant à noter, M. ENARD, lui-même, attribue ce reproche à un de ses personnages plus que secondaire lorsque ce dernier truffe et allonge un récit de références aussi lourdes qu'inutiles à sa compréhension. Autodérision d'auteur? Pas sûr!

Comment, dès lors, aborder ce roman? Pour le lecteur qui ne peut revendiquer un sérieux bagage d'orientaliste (c'est mon cas!), toutes ces lourdeurs compliquent l'accrochage à un fil conducteur permettant de suivre l'histoire.

En fait, l'histoire semble se résumer à un soliloque éveillé d'un musicologue orientaliste et insomniaque qui sait sa fin prochaine. Au fil d'une nuit, il se repasse le film de sa vie, de ses voyages, de son amour pour Sarah, universitaire orientaliste comme lui. C'est assommant!

Alors, quelles étaient les intentions de l'auteur? J'imagine qu'une des volontés était de présenter l'Orient comme ne pouvant se résumer aux conflits meurtriers qui s'y déroulent de nos jours. de montrer un Orient qui s'est révélé, à lui-même et aux occidentaux, à travers les transferts de l'Occident vers l'Orient et, plus souvent peut-être, de l'Orient vers l'Occident.

J'imagine qu'il y a aussi la volonté de montrer la richesse des courants religieux, philosophiques, ethniques qui fondent, dans la diversité, ce monde oriental irréductible à quelques puissances fanatiques. Plus certainement, il y a, dans ce roman, une recherche de cette altérité qui rend possible le besoin, l'envie de rencontrer cet Orient qui redéfinit notre Occident, et vice versa.

Le titre prend son sens lorsqu'on apprend que le héros possède une boussole qui indique toujours l'Est plutôt que le Nord. Ne jamais perdre l'Est, perdre l'Orient! L'appréhender dans sa complexité, son histoire; réaliser que ce qui nous paraît 'tout autre, incompréhensible et typiquement musulman' comme le dijhad ou les décapitations d'otages par les fanatiques de l'Etat islamique est tout aussi 'autre, incompréhensible et atypique du monde musulman' pour bien des orientaux qui ne peuvent se reconnaître dans ces pratiques.

Un livre utile? Peut-être, mais très difficile à lire, compliqué à partager. Chacun se fera donc son idée et appréciera à la mesure de ses moyens, ses connaissances et sa sensibilité à l'altérité, richesse de nos mondes.
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Le motif du roman est celui d'un amour empêché. Franz est musicologue et professeur, il vit à Vienne. Un matin il reçoit une missive du Sarawak. C'est Sarah une orientaliste dont il est amoureux depuis ses années d'études qui la lui envoie, réveillant ainsi l'énorme dragon de ses souvenirs avec elle et son inextinguible amour. Cet amour fou de Franz pour Sarah fait écho à celui de la légende orientale de Majnoun et Layla (une sorte de Roméo et Juliette des années 750 en Asie mineure) mais aussi de l'amour de l'écrivain pour la Perse et tout le moyen orient devenu aujourd'hui quasi inaccessible. Franz crie son amour pour Sarah pendant 400 pages toutes fourmillantes d'anecdotes historiques sur la musique, la littérature, les mythes, l'histoire. Chaque ligne de ces souvenirs sont d'une érudition confondante et c 'est difficile à suivre. C'est une encyclopédie sur l'Orient que nous livre Matthias Enard. Faut dire qu'il a ses lettres de noblesse en la matière. Traducteur et enseignant le Perse, il connaît cette région comme sa poche et nous emmène sur les traces de ses passions et de ces fous d'Orient qui on façonné la vision occidentale du Moyen-Orient. S'emmêle à la fiction la longue histoire de l'orientalisme, celle de la colonisation et de l'expansion du rigorisme puis du fanatisme religieux dans le monde arabe. Cela débute par une longue réflexion autour de la possibilité que Vienne soit la porte de l'Orient. Ce qui nous vaut dès le début le très pointu ""Vienne porte de l'Orient me paraît très idéologique, liée au désir d'Hofmannsthal quant à la place de l'Empire en Europe. La phrase est de 1917...".
Franz est malade, gravement on ne sait pas ce qu'il a mais l'ambiance n'est vraiment pas à la fête. Il regarde derrière ses vitres pluvieuses le tramway et il pense. Il pense à Charles Valentin Alkan maître oublié du piano, ami de Chopin, de Heinrich. Il pense à ces moments où amoureux de Sarah, il vivait des extases d'érudits : lui lire des poèmes d'un traducteur persan du XIX°, Friedrich Rückert, dans un livre dédicacé par l'orientaliste Hammer-Purgstall daté de 1836 ; cependant qu'au dehors le bruit des roseaux rappelle un lieder de Schubert et Schuman. Les plus grands y passent aux travers d'anecdotes peu connues, Talleyrand, Hugo, Balzac ou Beethoven,Malher, Schubert, Schonberg, mais aussi Balzac, Flaubert, Khayyam ou Hafez, une aventurière qui désirait être la première femme à entrer à la Mecque et bien sûr Goethe. On y lit des réflexions sur les qualités de traduction du Masnavi de Roumi. Par moment on se passionne pour ces savoirs mais très vite on perd la boussole car Boussole est un livre pour savant comme disent les non-érudits dont je fais partie mais qui ne l'est pas devant ce recueil de science, cet état des lieux de l'orientalisme au XIX° ? En remuant ses souvenirs avec Sarah, Franz ressuscite les hommes et femmes qui les ont précédés en Orient, cette foule venue des 4 coins de l'Occident pour explorer le fantasme oriental au 19° siècle. C'est à Téhéran et à Palmyre que se nouera cet amour inaccompli. le dernier tiers du roman est moins pointu et on se laisse emporter par la fiction.
La boussole c'est ce qui permet de retrouver la bonne direction, celle vers laquelle on veut se diriger. Il parait qu'on la trouve partout dans les hôtels musulmans, elle est même parfois tissée sur les tapis de prière. Si Matthias Enard tient le cap de son récit le lecteur peut parfois perdre le nord devant ce récit truffé de références.
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