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Critique de Roggy


L'identité d'un écrivain se trouve dans ses allées et venues, sa pensée est une pensée de la traversée.
Mathias Enard aime les traversées !
Celle de l'est et de l'ouest.
Celle de l'islam et de la chrétienté.
Celle de l'artiste et de l'homme.

Il part de la découverte d'un fait méconnu dans la vie de Michelangelo pour construire un récit délicieusement épique où il emmène le sculpteur florentin en Turquie au sein de l'Empire ottoman où de vrais personnages vont se côtoyer.
Dans ce court roman choral a trois voix, ce sont trois parties d'un triangle qui donneront le rythme et les couleurs à la narration : la Turquie, l'Andalousie et l'Italie.

On découvre la personnalité complexe de Michelangelo, dont l'orgueil et la vanité n'avaient d'égal que son talent : démesuré.
A cette période le sculpteur florentin souffre profondément de ne pas être reconnu à sa juste valeur.
Des années de peine, de travail acharné ne lui ont toujours pas apporté la reconnaissance qu'il désire. Humiliations, manigances et intrigues de cour sont monnaie courante dans la vie d'un artiste.

Immensément talentueux, mais obscur à lui-même, son physique ingrat le poussait à chercher dans la beauté la manière d'exprimer ce qui lui faisait péniblement défaut.
La beauté des lignes d'un paysage, les traits d'une femme ou d'un homme, il les reproduisait dans ses dessins et sculptures cet idéal tant recherché.

Son séjour/aventure dans l'Empire ottoman allait marquer et influencer durablement sa peinture.
Les couleurs des étoffes, la moiteur des saisons, l'odeur des épices, l'ivresse de la danse et de la musique, seraient des constantes dans certains détails de ses oeuvres.

On ne quitte qu'à regret ce récit presque trop court, au rythme languide.

Michelangelo est-il vraiment allé en Turquie ?
On n'en saura jamais !
L'important que ce Mathias Enard l'y a amené !


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