L'oeuvre de
Shûsaku Endô, écrivain japonais de confession catholique, est empreinte de mysticisme. Son roman “
Le fleuve sacré” paru en 1993 se déroule en partie en Inde, le titre faisant bien sûr référence au Gange qui arrose le nord du pays.
Les quatre personnages principaux, en quête de spiritualité, font partie d'un groupe de touristes nippons atterrissant à Dehli en cet automne 1984.
Assez curieusement, peu de temps avant d'entreprendre ce voyage dont chacun espère tirer quelques bienfaits, ces trois hommes d'un certain âge et cette jolie trentenaire sont passés tour à tour par “la case hôpital” :
Le premier de ces messieurs vient de perdre sa femme emportée par un cancer foudroyant.
Le deuxième a vu s'éteindre à petit feu l'ami qui lui a sauvé la vie quatre décennies auparavant pendant la campagne de Birmanie.
Quant au troisième, remis d'une opération chirurgicale de la dernière chance, il pense souvent à son compagnon le mainate mort dans sa cage sur le toit de l'hôpital.
Mitsuko est à ses heures perdues accompagnatrice bénévole en milieu hospitalier et son dévouement est inversement proportionnel au peu d'estime qu'elle a de soi.
La personnalité et le cheminement de ces quatre protagonistes sont longuement évoqués à seule fin de montrer combien les aléas de la vie peuvent brusquement chambouler les certitudes, les croyances, les orientations de chacun.
La première moitié du roman permet de voyager sous maintes latitudes et notamment en France dans les Landes ainsi qu'à Lyon. le lecteur appréciera ce petit tour du monde offert par un
Shûsaku Endô particulièrement inspiré.
“
Le fleuve sacré” dans sa seconde partie s'essouffle un peu, à l'image du débit du Gange dont les méandres invitent à la purification ou à la mélancolie.
Varanasi, haut lieu de l'hindouisme où la pureté et la saleté, le sacré et le profane, la charité et la cruauté se combinent et se côtoient en même temps, est l'ultime destination de ce voyage perturbé au final par une actualité tragique : l'assassinat de la Première ministre Indira Gandhi.
Ce premier contact avec
Shûsaku Endô est plus que satisfaisant dans la mesure où le message véhiculé, loin de tout arbitraire, transpire de tolérance. Par les temps qui courent, dieu que c'est appréciable !