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Le silence règne sur les montagnes. Sur la mer. Sur un pays. Aux cieux. Ce silence oppressant, aussi lourd à porter qu'une croix sur son épaule. le Japon s'est ouvert aux portugais, pour le commerce. Les portugais y apportèrent la paix du Christ ou du moins leur religion. Des prêtres convertirent les paysans au christianisme. La foi devant le Seigneur fut grande et pleine d'espoir. Mais le Japon est-elle une terre d'asile pour cette religion ? Des bruits venus de cette île font état de persécutions sur ces néo-chrétiens. Bravant le danger, l'incertain, le voyage, les années, la mer, la maladie, la piraterie, la mort - quelle expédition ! – deux envoyés de Dieu débarquent sous une lune éclairée - et sa bienveillance clarté ? - sur cette terre si hostile aux ouailles du même Dieu.

Une plage déserte, une croix au sommet de la montagne, une pluie déchirante, mauvaise augure...

Je chemine donc en silence (le silence étant ce qui me caractérise le mieux) cet extraordinaire voyage (autant que celui d'un samouraï du même auteur) avec tous les questionnements qui s'imposent. Sur la foi. Sur Dieu. Sur la barbarie humaine. Sur l'âme. Entre chaque question intérieure, tu me réponds par un silence. Un silence que j'accepte au début comme une mise à l'épreuve de ma foi. Mais le silence devient torture, la torture s'en prend à des paysans, les paysans sont crucifiés, noyés, saignés. le silence demeure. L'homme meurt. le silence oppresse, divise même mon esprit. J'attends que tu me répondes, Dieu, sur ce que tu attends de moi, de nous, simples missionnaires venus répandre ta foi et ta compassion sur la terre, une terre boueuse et devenue bien silencieuse.

La nuit, tandis que la lune monte, je regarde le ciel et ses étoiles qui clignotent comme autant d'âmes venues s'évaporer dans les volutes de la Voie Lactée. La mer se démonte contre les falaises de cette île silencieuse. La pluie se fracasse dans un bruissement continu et hurlant. Ai-je envie de hurler mon cri de douleur et de désespoir à la face de ce monde ? Pourtant je n'entends que le bruit des vagues et le croassement des corbeaux répondants au coassement des grenouilles. Lugubre. Funeste. Les missionnaires espèrent, attendent, prient. Pour leur salut. Pour celui des chrétiens. Pour celui des âmes perdues. Croyant ou pas, j'assiste impuissant à ces séances de torture organisées par le chef suprême. La torture physique devient psychologique. Ne pas les tuer. Ne pas en faire des martyrs. Un missionnaire soumis qui renonce à sa religion aura toujours plus de poids et de force qu'un missionnaire mort. Là est la vraie torture, le faire douter de sa foi, de son Dieu, jusqu'à l'apostasie. Un Dieu qui a choisi de garder le silence, un silence si oppressant qu'il en est devenu incompréhensible pour qui veut garder la foi devant tant de cruauté humaine. Comme un signe d'abandon.

[...]
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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Le sujet est vieux comme le monde et ça continue d'ailleurs ! D'un côté : évangélisation, persécutions, guerres de croyances, exactions, tortures et atrocités… et de l'autre la Foi, sa force et le don de soi pour sauver ses prochains et …se sauver.
Ce livre nous révèle un pan de l'histoire du Japon du XVII siècle, nous sommes en 1638 les chrétiens sont chassés et persécutés, une rumeur arrive à Rome, le père Ferreira grand missionnaire estimé aurait apostasié sous la torture. Deux Jésuites Portugais, Sébastien Rodrigues et François Garpe ayant eu Ferreira pour chef spirituel, décident de partir et d ‘enquêter sur ces rumeurs d'apostasie…
Le livre nous est conté sous forme de journal nous vivons les doutes, les souffrances et la révolte de Sébastien Rodrigues. le silence, c'est le silence de Dieu devant la souffrance, l'indifférence de tous et de tout devant la mort.
Shusâku Endô écrit merveilleusement, j'ai été touchée par la force et la beauté du récit. Son écriture est poétique, malgré la dureté du sujet. La nature tient sa place, le clair de lune et son éclairage énigmatique, la nuit noire et l'angoisse qu'elle engendre. Enfin comme en opposition au Silence de Dieu, son récit est aussi très sonore, par exemple, les cris de la cigale qui reviennent incessamment dans les moments tragiques, la pluie qui tambourine souvent, les enfants qui chantent …
J'ai aimé la chute qui donne toute sa dimension au récit, mais je reste toutefois mitigée, trop de parallèles « simplistes » entre certains évènements et la vie du Christ (enfin c'est mon opinion)
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Japon, début de la période Tokugawa, le pays se referme comme une huitre, expulse les Espagnols et les Portugais, chasse et persécute les chrétiens. Trois jeunes prêtres partent au Japon pour enquêter sur la rumeur prétendant que leur mentor a renié sa foi et poursuivre son oeuvre évangélisatrice.

En me procurant ce livre je m'attendais à apprécier une oeuvre d'aventures me permettant de découvrir de l'intérieur (j'entends de la part d'un japonais) les coutumes, les codes, les décors du Japon du XVIIème siècle. Il s'est révélé beaucoup plus âpre, dur, difficile à soutenir, non pas parce qu'il est mauvais, mais au contraire parce qu'il est cruellement efficace dans les images qu'il veut nous faire partager.

Car le livre est surtout consacré à la résistance du prêtre catholique Sébastien Rodrigues face aux autorités japonaises qui veulent le pousser à apostasier. Rien n'est épargné à Sébastien, ni au lecteur. On voit se mettre en marche une machine bien huilée de déstructuration de la personnalité, enchainant interrogatoires contradictoires, supplices surtout subis par ses brebis chrétiennes et que seul sa renonciation pourra stopper, mépris affichés par ses geôliers suivis de démonstrations d'amitié (pour provoquer une empathie envers ses bourreaux). C'est peu de dire que Sébastien est déstabilisé. Ce n'est pas un martyr des premiers temps, fier, droit et inflexible. Il doute et nous le fait partager, longuement, par vagues de dépressions et de résolutions. Et le plus dur pour lui, c'est ce silence que Dieu maintient devant les cris de ses croyants suppliciés, devant le calvaire de son ministre, devant la perte pour la foi de tout un pays.

Le style d'écriture est changeant. Il commence de manière épistolaire à travers les lettres de Sébastien et se poursuit par un texte écrit à la troisième personne mais maintenant le point de vue du prêtre. C'est donc par les yeux d'un catholique que le Japon et les japonais nous sont présentés, un catholique en proie à des attaques violentes, intérieures et extérieures, sur sa foi et sa raison. Il a autre chose à faire que de nous faire partager le point de vue japonais. Ses interlocuteurs sont vus de manière superficielle. C'est ce que j'ai trouvé de plus frustrant, comme visiter ce pays exotique et rester à l'hôtel 4 étoiles sans possibilité de véritable immersion.

Mais à travers les interrogatoires contradictoires l'auteur, japonais et catholique, nous fait saisir les points de vue théologiques dissonants : Sébastien croit à l'universalité de sa foi, les japonais croient qu'une religion est transformée lorsqu'elle est implantée dans un nouveau sol, jusqu'à devenir méconnaissable. C'est la lutte de l'Un contre le Multiple, l'unité contre la diversité, une forme particulière de dualité Yin-Yang.

Un livre exigeant, mais superbe. Ne l'emportez pas à la plage pour vous détendre. Prenez le temps ; supportez les longueurs, vous serez récompensés.
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Avec « Silence », prime mon questionnement religieux. A une époque où les Tokugawa ferment l'archipel aux étrangers, hormis un minuscule comptoir néerlandais près de Nagasaki, une mission jésuite parvient jusqu'au Japon pour évangéliser, avec tous les risques que cette présence chrétienne comporte sur ce territoire. Avec ce livre, puis après avec le film de Scorsese, je me questionne toujours sur la pertinence de cet acharnement à imposer la vision chrétienne dans un pays qui possède déjà ses propres codes religieux avec le shinto et le bouddhisme. La Foi, me dira-t-on permet toutes les audaces. Jusqu'à la souffrance et la mort. Je comprends ce qui meut nos pères jésuites. Mais je m'étonne toujours du peu de cas que l'on fait de la pensée d'autrui. Obligés d'apostasier, du moins en apparence, nos héros vont peu à peu prendre conscience que leur acharnement est voué à l'échec. Entraînant leurs convertis dans leur chute.
Shusaku Endo était chrétien. Ce dilemme le touchait donc personnellement. A travers cette fiction, il cherchait certainement à clarifier sa pensée, à réfléchir sur sa foi.
Dans ce livre, deux visions du monde s'affrontent ! Qui a dit que toutes les religions recherchent la même réponse ? Ce livre pose les bonnes questions et aide à la réflexion religieuse.
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Ce n'est rien dévoiler de l'intrigue que de dire que le silence dont il est question dans cet ouvrage, et lui donne son titre, est le silence de Dieu. Un silence si impénétrable, même dans les épreuves les plus douloureuses qu'endure Sa créature, que le doute aura pu germer dans l'esprit du père Rodriguez, missionnaire de la foi catholique parmi les plus fervents. Il était convaincu du bien-fondé de sa mission au point de quitter son Portugal natal et partir pour le Japon prolonger l'oeuvre d'évangélisation engagée par François-Xavier au 16ème siècle.

Après une période prospère pour la propagation de la foi catholique en cette terre lointaine, les autorités locales, en la personne des shoguns successifs, ont décidé de mettre un terme à la contagion. Ils se livrent alors à une répression féroce des tenants du dogme. Ils font oeuvre d'un machiavélisme tout asiatique pour obtenir des prédicateurs investis de leur mission, non pas qu'ils quittent la pays ou meurent courageusement, mais qu'ils abjurent leur foi.

Sans connaître encore l'auteur, cet ouvrage a retenu mon intérêt à la seule lecture de la quatrième de couverture. Un ouvrage contre le prosélytisme de toute nature, en particulier en matière de religion. Cette propension délétère à vouloir convaincre l'autre d'adopter ses croyances, et imposer l'hégémonie sur les consciences d'une doctrine instituée en vérité absolue. L'histoire est pleine de ces entreprises qui de la séduction évoluent, au fur et à mesure que la notoriété leur donne du pouvoir, vers l'incitation puis la contrainte.

"Nous ne débattrons pas du juste où du faux de votre doctrine" fait dire Shûsaku Endô à son contradicteur. Les japonais ont la leur. Elle honorera tout aussi bien Celui qui règne sur tout ce qui naît, croît sur terre et la quitte un jour.

Silence, un ouvrage pour dire aux prédicateurs de tout poil de rester chez eux, dans le même mutisme que celui du grand ordonnateur des choses de ce monde vis-à-vis de Sa créature. J'adhère.
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Plongée dense et noire dans les affres de la foi, la chrétienne, qui s'enlise dans les marécages d'un Japon insaisissable et hostile…
L'histoire qui nous est racontée là est hypnotisante, pas étonnant que Scorcese ait porté en lui pendant des années l'envie de la mettre en images : un contexte méconnu, de l'action, et surtout une belle profondeur entraînent le lecteur presque malgré lui dans les méandres de ce riche roman.

Parti, malgré les persécutions dont sont victimes les chrétiens, à la recherche de Ferreira, un missionnaire qui aurait abjuré sa foi, le jeune prêtre Rodrigues se retrouve à son tour confronté dans la douleur aux limites de sa croyance ; face à l'insondable silence de Dieu devant la souffrance des chrétiens japonais torturés, il est contraint de remettre en question sa vision de la « vérité », jusqu'au sens de la charité chrétienne qu'il place au-dessus de tout.

Outre l'intérêt historique et la qualité du message universel que porte ce texte, c'est en forte empathie, fervente ou athée peu importe, que l'on suit à ses côtés le chemin de croix éprouvant de cet homme habité de grandeur mais en proie au doute, jusqu'à la révélation finale d'une terrifiante beauté.
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Le film de Martin Scorcese inspiré par ce livre sort le 8 février prochain et la lecture de ce roman est donc d'une grande actualité. Un sujet rarement évoqué, celui de la persécution des Chrétiens dans le Japon féodal du début du 17ème siècle, un sujet qui résonne douloureusement avec notre actualité, où la situation des Chrétiens au Moyen-Orient est souvent très difficile.
Le livre de Shûsaku Endô est sorti en 1966 et a été traduit en français en 1992 seulement.
"Silence" (en japonais 沈黙 ou Chinmoku) est un roman historique, on y voit plusieurs prêtres portugais, dont Sébastien Rodrigues qui va avoir un rôle important, partir au Japon à la recherche de Christophe Ferreira, un prêtre missionnaire au Japon qui aurait apostasié quelque temps plus tôt.
La découverte d'un pays aux moeurs rudes et d'une société particulièrement répressive et féodale va être un moyen d'éprouver leur foi.
Sébastien Rodrigues et son compagnon, le père François Garpe arrivent au Japon en 1638. La population chrétienne y vit dans la clandestinité. Pour dénicher les chrétiens cachés, les policiers forcent ceux qu'ils soupçonnent de l'être à piétiner une image du Christ (l'épreuve du fumi-e). Ceux qui refusent sont emprisonnés et torturés à mort.
La question de garder la foi ou d'y renoncer va se poser pour le prêtre Rodrigues, en des termes particulièrement cruels dès lors qu'il sera question aussi de la vie de paysans chrétiens.
Ce livre est considéré comme le chef d'oeuvre de Shûsaku Endô.
L'auteur a reçu le prix littéraire japonais Tanizaki pour cet ouvrage. Une adaptation cinématographique (avant celle de Scorcese qui sort bientôt) a déjà été réalisée en 1971. le compositeur Matsumara en a fait un opéra en 2000 et le musicien écossais James McMillan une symphonie en 2002.
Un livre à découvrir et à méditer.. le silence, ce serait aussi celui de Dieu? ou de ce que ressentent ces croyants dans ces douloureux moments de crise de conscience..
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Le court roman historique de Shûsaku Endô, "Silence", est paru en 1966, et son adaptation au cinéma par Martin Scorsese a ravivé l'intérêt pour ce livre, qui nous est donné ici en traduction française de la traduction anglaise faite sur le japonais. Plusieurs formes narratives sont mises à contribution : la lettre, le journal, puis le récit à la troisième personne, mais la touche personnelle de l'auteur, c'est la sobriété, l'absence de pathos et l'attention au réel dans ses moindres détails. Cette sobriété fait paraître d'autant plus cruelle la vie de ce Japon paysan et opprimé du XVII°s, sous la botte des samouraïs et des seigneurs. Par les yeux des deux missionnaires catholiques envoyés en secret dans le pays, où le christianisme est interdit, le lecteur voit la totale misère des paysans et la dureté impitoyable d'une société où ils entrent par la petite porte. On est très loin des "Nouvelles d'un monde flottant" des maisons de plaisir de Kyoto, ou des valeurs nobles du Bushido.

La persécution anti-chrétienne est décrite avec la même sobriété : les paysans meurent en martyrs, et les missionnaires sont rendus responsables des atrocités que les autorités leur montrent. Ne vaudrait-il pas mieux, par compassion pour ces pauvres gens, leur conseiller de renier la foi et de marcher sur le visage du Christ ? C'est de cette manière, en retournant les valeurs chrétiennes de compassion contre elles-mêmes, que le pouvoir parvient à briser les missionnaires.

Cette façon de briser et les corps et les âmes, m'a paru un sujet romanesque plus intéressant que le thème du silence de Dieu, qui a attiré l'attention des Américains et des cinéastes. Ce thème, dans la culture, est rabâché par les grandes productions culturelles du moment, des grands films aux romans populaires ou aux séries policières. "Comment Dieu, qui est toute bonté, peut-il se taire devant la souffrance injuste des Justes ?" Les Anglo-Saxons y reviennent souvent, car ils connaissent la Bible mieux que nous, "laïcs", et en particulier le livre de Job. On dirait même qu'ils ont assez de foi en Dieu pour être angoissés par Son silence et en souffrir, ce qui implique un grand désir de communiquer avec Lui. Ce sentiment est moins partagé en Europe.

Shûsaku Endô, en 1966, publia "Silence" avant ce vacarme médiatique sur le silence injuste de Dieu. Il est lui-même tombé dans le piège, ou du moins il donne à son personnage des pensées de révolte contre la Providence. Mais son roman est un très beau portrait de prêtre (on signale qu'Endô, en France, a beaucoup lu Bernanos) qui rapporte tous les épisodes de sa passion à celle du Christ. Son héros sait bien, et il le dit, que le Christ en croix a subi lui-même ce terrible silence, ce terrible abandon de Dieu. La passion du héros n'aurait pas été complète sans cette torture-là.

L'auteur ajoute une dimension nouvelle, en la personne du traître, de Judas, incarné par un personnage récurrent du récit. Le Judas des Evangiles disparaît en se suicidant, alors que le traître de "Silence" accompagne sa victime jusqu'à la fin. Du reste, le prêtre lui-même, devenu un Judas, va plus loin que la Passion du Christ, pour ainsi dire. Le christianisme enseigne que le Christ a partagé toute la condition humaine, sauf le péché. Le héros de "Silence" va jusqu'au fond du péché, de la honte, de la trahison et embrasse toute la condition humaine jusqu'à la totale annulation de soi. On trouve ici un écho de la Seconde Lettre aux Corinthiens (V-21) : "Celui qui n'a point connu le péché, Dieu l'a fait péché pour nous". C'est une des grandes originalités du livre.

Mais ce long chemin de croix n'aboutit à aucune résurrection. Le roman est-il véritablement, essentiellement, chrétien ?

Un livre entièrement douloureux, jamais doloriste, dont la lecture n'a rien d'un divertissement.
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Très beau roman de Sushaku Endô qui évoque une période historique peu connue, alors que les Chrétiens se voient interdire leur culte au Japon à partir de 1614.
S'ensuivent des persécutions contre les chrétiens et contre les missionnaires étrangers.
Tout part d'un missionnaire, Ferreira, dont on dit qu'il a apostasié. Deux missionnaires se rendent ainsi sur l'archipel pour tenter de découvrir la vérité.
Un parcours incroyable qui décrit sans concession les conditions de vie et la répression qu'ils rencontrent.
Des passages particulièrement tristes et durs, mais au fond, un très beau roman.
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Silence, le film de Martin Scorsese, est un film sombre et oppressant. Pour beaucoup de spectateurs, sans nul doute un chemin de Croix. Pour d'autres, une profonde interrogation sur le martyre, la souffrance et la rédemption. Pour approfondir ma compréhension du film, j'ai lu le roman sur lequel Scorsese a travaillé de longues années avant de se lancer dans la réalisation. Il faut d'abord souligner que l'écrivain Shûsaku Endô est catholique. Dans son livre, il raconte l'itinéraire spirituel d'un jésuite portugais débarquant au Japon en 1638 au moment des persécutions contre les chrétiens pour poursuivre l'évangélisation et enquêter sur la disparition de Christophe Ferreira, missionnaire soupçonné d'avoir renié sa foi. Il ne s'agit pas dans ce livre de débattre des mérites du christianisme face au bouddhisme. D'ailleurs, peu de choses sont dites sur ces deux religions. le roman nous fait partager les pensées, les doutes et les angoisses d'un missionnaire impatient d'annoncer l'évangile à un peuple étranger et de vivre sa foi, jusqu'au martyre s'il le faut, comme son maître Jésus-Christ. Mais rien ne se passe comme prévu. Placé face au choix douloureux de laisser souffrir sous la torture des chrétiens ou d'apostasier, il prend la décision de renier le Christ publiquement pour sauver ses frères. « le prêtre place son pied sur l'efumi. L'aube éclate. Au loin, le coq chante. » L'efumi est la tablette de bronze sur laquelle est gravée l'image de Christ et que les chrétiens devaient piétiner en signe d'apostasie. le prêtre jésuite finit sa vie dans la solitude, méprisé par les japonais, sans les consolations de la religion. le film se termine sur le gros plan d'une petite croix que quelqu'un a placée en secret dans son cercueil. Apostasie ou don de soi ?
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