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Citations sur Une enquête d'Henning Juul, tome 2 : Douleur fantôme (11)

— J’ai l’impression d’avoir perdu un grand morceau de moi-même, dit-elle en parlant lentement sans le regarder. Une part de moi-même s’en est allée et pourtant, d’une certaine façon, cette part continue à faire mal. Vous voyez ce que je veux dire ? […]
— Ce sont des douleurs fantômes, dit il.

(Bragelonne, p.437)
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Il n'a pas de signe distinctif hormis sa haute taille et son catogan.
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Le vieil expert a raison, bien sûr. Affirmer que l’incendie a été provoqué en se fondant uniquement sur son intime conviction n’est qu’un symptôme de son désespoir. Il doit forcément y avoir un élément qui lui permettrait d’enquêter. Mais quoi ?
Et s’il persistait à rechercher une explication juste pour éviter d’affronter une amère vérité ? Que le feu soit ou non volontaire, rien ne viendrait changer le fait qu’il aurait pu sauver
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Putain, t'as l'air d'un Suédois, dit il en souriant.
Pourquoi ?
T'as la tronche jaune et bleu.
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Vingt-deux mois plus tard

C’est toujours le même cri.

Henning Juul cille et tâtonne à la recherche de l’interrupteur. Sous lui, le drap est humide, l’air vibre de chaleur. Il passe ses doigts moites sur son visage et son cou, suit le tracé des cicatrices. Sous son crâne, les pulsations de la migraine sont calées sur un rythme de basse qui lui arrive par une fenêtre ouverte sur Steenstrupsgata. Dans le lointain, une moto démarre en faisant rugir son moteur, puis le silence retombe. Comme le roulement de tambour qui précède une exécution.

Henning prend une profonde inspiration et essaie d’éradiquer le rêve qui paraît encore trop réel. Mais le cauchemar s’accroche.



Ça a commencé comme un bon rêve. Jonas et lui étaient sortis jouer. Pendant la nuit, une épaisse couche de neige avait recouvert le sol. Au carrefour du parc Birkelunden, les rails du tramway, réduits à de minces traits d’argent tracés au cordeau, étaient à peine visibles. Les lourds flocons continuaient à danser dans les airs, mais fondaient aussitôt qu’ils touchaient les joues de Henning.

Il a parcouru Toftest Gate en tirant Jonas sur sa luge, puis il est entré dans le parc de Sofienberg, où les enfants s’agitaient comme des fourmis sur la petite colline qui descendait de l’église. Jonas se balançait énergiquement de droite à gauche. En arrivant au sommet de la butte, Henning était épuisé. Il s’apprêtait à s’asseoir à l’arrière de la luge, quand Jonas l’en a empêché.

— Pas toi, papa ! Moi, tout seul !

— D’accord. Mais tu sais que ça veut dire que tu devras remonter la luge tout seul. Jusqu’en haut.

— Ouais, ouais.

— C’est promis ?

— Ouiiii !

Henning savait que la durée de vie des flocons de neige humide surpassait largement celle des promesses de Jonas, mais ça n’avait aucune importance.

— Pousse-moi, je veux aller suuuuper vite !

— D’accord. Tiens bon. On compte jusqu’à trois.

Ils ont compté à l’unisson :

— UN ! DEUX ! Eeeet TROIS !
Henning a propulsé Jonas avec énergie. Il l’a entendu pousser un cri aigu de plaisir en s’élançant. Les autres enfants observaient aussi son fils, souriant au spectacle du petit garçon au bonnet pâle qui fonçait vers un tremplin que quelqu’un avait aménagé à mi-pente. Jonas l’a atteint, il a décollé brièvement, atterri rapidement et hurlé de joie en tournant le guidon pour éviter la collision avec une petite fille qui arrivait sur le côté. Elle s’est retournée pour le suivre des yeux, alors qu’il virait de plus en plus vers la gauche.

Vers les arbres.

Henning aussi l’avait remarqué, il a vu quelle direction prenait Jonas, avec ses petits poings crispés sur le guidon. Il a commencé à dévaler la pente, mais il a trébuché, il est tombé et a roulé plusieurs fois sur lui-même, avant de parvenir à se remettre debout.

Les flocons de neige, les voix et le brouhaha se sont estompés alors que Henning ouvrait la bouche pour crier, mais aucun son n’en sortait. Il regardait avec désespoir les autres parents qui observaient Jonas, cloués sur place sans rien faire pour l’aider. À la fin, il a fermé les yeux. Il ne voulait pas voir ce qui allait se passer. Il ne voulait pas voir mourir son fils. Pas encore une fois.

Puis Jonas a disparu. Tout comme la colline, les flocons de neige, les arbres et les gens. Tout est devenu noir autour de lui. L’odeur caractéristique de la fumée a envahi ses narines. Et, même s’il ne pouvait pas voir Jonas, il pouvait entendre ses cris. Henning a agité frénétiquement les bras devant lui pour creuser un trou dans l’obscurité qui s’épaississait, mais ça n’a rien changé. La chaleur intense lui grillait la peau. Respirer était devenu pénible et il s’est mis à tousser.

Une faible lueur est apparue au cœur de la fumée. Henning a cligné des yeux et s’est concentré sur la trouée qui s’élargissait : il distinguait une porte dévorée par les flammes. Il a été pris d’une nouvelle quinte de toux. Puis l’ouverture a commencé à se refermer et, bientôt, elle a été entièrement masquée par la fumée. Tout son environnement était brûlant, étouffant et noir comme la nuit. Et Jonas s’est mis à hurler. Encore.



Henning soupire de soulagement en voyant clignoter la lumière rouge. Son regard cherche l’autre alarme incendie fixée au plafond. Il attend qu’elle émette son indicateur cyclique de bonne santé. Mais les secondes défilent. Encore. Et encore. Une contraction progresse dans sa poitrine, puis s’étend à ses épaules, à sa nuque. Enfin, la deuxième alarme clignote. Une brève lueur rouge.

Il se laisse retomber sur son oreiller et expire en attendant que le monstre se calme dans sa poitrine. La bête finit par reprendre sa cadence normale. Henning effleure les cicatrices de son visage. Elles le font souffrir. Pas seulement à l’extérieur. Il sait que la douleur ne s’apaisera pas avant qu’il ne trouve la personne qui a incendié son appartement. Qui a soufflé la vie du meilleur petit garçon du monde entier.

Henning consulte le réveil posé sur la table de chevet. Il n’est même pas 22 h 30. La migraine qui l’a envoyé au lit, il y a une heure et demie, bat toujours sous son crâne. Il se traîne dans la cuisine en se massant les tempes et prend la dernière canette de Coca dans le frigo. Puis, il passe dans le salon, débarrasse le divan encombré de vêtements et de journaux, s’assied et ouvre son soda. Le pétillement des bulles qui grimpent à la surface lui donne envie de dormir. Il ferme les yeux en souhaitant de toutes ses forces qu’il n’y ait pas de flocons de neige dans son prochain rêve.
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Prologue

La Harley-Davidson de Jocke est déjà là.

Tore Pulli gare sa moto et enlève son casque. Il met pied à terre, le gravier craque sous ses semelles. Les fenêtres de la vieille usine fixent l’obscurité d’un regard aveugle. Le silence est dense, oppressant.

Pulli suspend le casque au guidon et marche vers la porte. Les gonds grognent lorsqu’il pousse le battant. Il avance d’un pas prudent.

— Jocke ?

L’écho de sa voix se répercute dans l’espace vide. Ses bottes claquent sur le revêtement en béton. Peu à peu, ses yeux s’acclimatent à la pénombre, mais il ne voit que les murs et le sol nus, des poutres et des piliers festonnés de toiles d’araignée. Le vent d’octobre hurle à travers les vitres brisées. De petits nuages blancs de condensation glacée s’échappent de sa bouche.

C’est presque comme dans le temps, se dit Pulli en avançant. On monte en puissance avant la confrontation. Il goûte la sensation familière de l’adrénaline qui se rue dans ses veines.

Plus loin dans l’ombre, il discerne une forme allongée sur le ciment. Comme il s’en approche avec précaution, il distingue une odeur âcre d’urine et de métal. Il dérape dans une substance visqueuse, manque de tomber et se rattrape de justesse. Il sort son portable et éclaire le sol.

C’est alors qu’il voit dans quoi il vient de marcher.

Un cadavre gît devant lui. Le dos d’un blouson de cuir imprégné de sang a été lacéré à plusieurs reprises. Au-dessus du col, la boîte crânienne dénudée brille à travers une large entaille dans le cuir chevelu rasé et tatoué.

Il reconnaît immédiatement le motif. Il n’y a que Jocke Brolenius pour avoir « Go To Hell » tatoué sur la nuque.

Son mobile s’éteint.

Il tend l’oreille tout en examinant les alentours d’un regard nerveux, mais il ne perçoit qu’un profond silence. La grande salle semble vide – hormis Jocke. Cet homme qu’il haïssait avec passion, mais dont il ne voulait la mort pour rien au monde.

Ou, du moins, pas tout de suite.

Il se penche, saisit le blouson et retourne le corps pesant. Le visage couvert de sang est crispé, la bouche ouverte. Pulli pose deux doigts sur le cou de Jocke, près de l’artère, mais enlève aussitôt sa main. Bien que la gorge soit chaude, elle est aussi molle et lâche, Pulli a la sensation de toucher une éponge humide déchiquetée.

C’est alors qu’il le voit par terre. Le coup-de-poing américain.

Son coup-de-poing américain.

Putain, comment a-t-il atterri ici ?

Une horrible pensée le submerge. Un tas de gens étaient au courant de cette rencontre, sans compter tous ceux qui l’ont vu partir pour le rendez-vous. Et ils étaient beaucoup trop nombreux à savoir que le coup-de-poing américain était suspendu au mur dans son bureau. Et maintenant, le sang de Jocke est sur ses mains, ses vêtements et ses bottes.

Un coup monté ! Un enfoiré lui a tendu un piège.

Pulli envisage de ramasser le coup-de-poing américain et de filer, mais il se ravise. Tu as touché le corps, se dit-il. Tes empreintes sont sur le blouson de Jocke. N’aggrave pas ta situation ; c’est déjà assez moche comme ça.

Il sort de nouveau son portable. Avec ses doigts tachés de sang, il compose le numéro d’urgence pour appeler la police. Tu sais ce qui s’est vraiment passé, se dit-il. Dis-leur la vérité et tout ira bien.

Tu n’as rien à craindre.
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Il avait œuvré comme collecteur de dettes pendant six ans. Les usuriers et les entrepreneurs louches savaient qu’ils pouvaient lui faire confiance. Très vite, sa réputation commençant à le précéder, il n’avait plus eu besoin de recourir à la violence pour récupérer l’argent de ses clients. Dès que les gens entendaient dire qu’il avait été engagé sur leur affaire, ils s’empressaient de payer. Même si Pulli considérait maintenant son corps comme un temple et ne touchait plus une goutte d’alcool, il avait conscience que la force seule ne suffisait pas. Il avait saisi très rapidement l’importance du charisme. À ses yeux, combiner puissance physique et connaissance était imbattable. Il s’était donc mis à lire non seulement tous les livres sur les armes et les techniques de combat qui croisaient son chemin, mais aussi les biographies de chefs militaires et de personnalités.
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Les meurtres et les règlements de comptes entre gangs sont pratiquement impénétrables, surtout pour un journaliste. Mais si Pulli est innocent, alors quelqu’un s’est arrangé pour tuer Jocke Brolenius d’une manière qui l’incriminait directement. Mettre ce plan en application n’avait rien d’aisé. Cela exigeait de l’assassin un esprit particulièrement retors et une absence totale de scrupules. Et ce tueur n’appréciera certainement pas que j’essaie de remuer les cendres du passé.
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À peu près un feu sur quatre est déclenché par des flammes nues, des cigarettes et des bougies. Les gens se montrent aussi trop peu prudents avec les cendres. Il ne leur vient pas à l’esprit que quelque chose puisse encore brûler ou se consumer longtemps après l’extinction des flammes. Et puis, vous avez ceux qui jouent avec des briquets, sans compter les feux d’artifice, évidemment.
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La peau de son visage est fraîche, rasée de près, et son teint coloré a l’éclat chaud de l’été. Des rides profondes ondulent sur son front. Impossible de ne pas remarquer le grain de beauté qui orne sa joue gauche, sans lequel, cependant, sa physionomie perdrait du caractère.
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