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Les chenilles bleues (01/01/1900)
5/5   1 notes
Résumé :
Au travers de textes extraits de leurs ouvrages respectifs, deux femmes parlent des saisons des femmes. en sept tableaux, de la femme des origines à la femme Femme, en passant par la femme enfant, amoureuse, blessée, révoltée, érotique, elles éclairent un parcours à prendre tel quel ou dans le désordre. A partir d'un miroir, avec sobriété et parfois humour, elles libèrent, sur une complicité musicale et des dessins du peintre Bellet, un voyage d'âmes et de mots, où ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A nouveau, il m'est donné de vérifier que le continent Poésie n'est pas la terre d'un exil froid et solitaire. Si ses autochtones y sont rares, c'est qu'ils ont beaucoup marché, gardant, précieuse, une chaleur tout au fond d'eux-mêmes. Ainsi, la vibration ténue de la toile de Moovanse m'a-t-elle retenue dans ses fils, juste le temps de lire quelques vers, de partager quelques noms; et me voici chargée de nouvelles sensations, d'une chaleur un peu plus profonde, de paysages plus aquatiques nommés Ile. Ile Eniger.
J'en cherche les recueils. Introuvables. Epuisés, disent-ils! Mon esprit, bien que vagabond, s'imagine difficilement l'épuisement d'une île. Qu'elle soit submergée, passe encore! Il faut chercher, sonder, jusqu'à trouver le filon, la pépite.
Elle a pour nom "Elles sont là, et vous?", petite anthologie de deux voix croisées, amies, celles de Brigitte Broc et Ile Eniger. Deux voix pour un spectacle, sans doute donné jadis quelque part dans les terres rouges du sud dont elles partagent le sel.
Sur le livret, pas de date, pas de code ISBN. Un carnet à spirales où les mots côtoient les lithographies-peintures de Bellet (compagnon d'Eniger) sur papier blanc épais. Une édition : "Les chenilles bleues" dont nul ne connaît plus l'existence. Etonnante trouvaille, qui me permet de déguster quelques fruits savoureux de celle dont je cherchais les recueils, et me permet de découvrir une autre voix, celle de Brigitte Broc, dans une belle harmonie de tonalités femmes.
Le recueil se divise en sept tableaux, comme autant de déclinaisons du mot "femme". Femme-enfant, amoureuse, blessée, érotique, révoltée. Un voyage au pays des émotions partagées, de saisons où la terre se fait corps et le corps limon, où les deux voix sirènes se font écho, se répondent, se complètent :

L'une (BB):

"Et si nous dormions
L'un dans l'autre
Unis dans le ventre du Temps
Sans passé, sans présent,
Ballots d'écume
Mais toujours transparents."

L'autre (IE):

"Ne pas entendre
Ne pas voir
Se taire
Oublier le large qui arrache les ailes.
Mais,
Son odeur de savon poivré…

L'héritage d'une envie défait mes sandales."

Je ressens beaucoup de complicité dans ces deux regards, le plaisir commun de faire vibrer les mots, de dire le féminin dans son attente, dans la fragilité de la préhension du monde, mais aussi dans la violence de son désir et parfois de son désarroi.

J'aime beaucoup cette façon dont les deux poètes trouvent à concilier la douceur et la passion, comme s'il était inutile d'essayer de les séparer, comme si là, justement, résidait une forme de force, de beauté.

Est-ce parce qu'elles sont femmes, j'ai le sentiment que ces mots sont faits pour moi, qu'ils me parlent. Mieux encore, ils parlent de moi, de mes émotions intimes et contradictoires, de mes peurs, de mes désirs.

Merci Moovanse…
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les heures courtes capturent le jour.
Quelquefois, longeant la ronce ou le buisson, il m'arrive de délivrer un ange ou une étoile.

J'écris dans le silence. Grésillement d'abeille ivre. J'écris ces mots de clairière étonnée, marées frôlées d'oiseaux, hiver sans hiver, vertige de bal. Aussi la peur d'être blessée par l'étrange appel. J'écris de mes feux d'herbes, mes argiles de collines, mes papyrus à dérouler. Dans l'élan, la confidence, la pierre traversée, l'outrage du lilas au parfum d'encre mauve. J'écris l'orage sous mes mains quand l'immobile pureté du soir défait sa robe pour un autre velours. Quand derrière le mur la haute mer voltige d'écume et de ravissements. J'écris ce visage grappillé d'eau et de lumière. Je t'écris.

I. Eniger
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Tes paupières
Sont frange de silence
Au milieu du tumulte.
Espace de pure connivence
Entre ce que je sais de toi
Et ce que tu vois de moi.
J'aime leur profondeur
Où j'engloutis mes questions,
Mes bonheurs.
Quand ton regard irrévérencieux
Ignore mon temps,
J'enveloppe tes yeux
De lumineuses senteurs.
Dans mes mains nues
Eclôt la transparence
Propice à l'envolée
De nos rêves mêlés.

B. Broc
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Redresse la tête,
Ebouriffe au passage
Tes cheveux de liane
Au vent qui s'invite.
Dégage tes seins de leur gangue,
Dessous, tu sais bien,
Repose leur nacre de brume.
Tes hanches sont pures
Et rêvent de goûter
L'Homme qui comprend.

As-tu oublié que tu es brasier,
Fusion première
Qui dilate nos vies ?

(Brigitte Broc)
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Tes bras me manquent
Et je ne sais l'écrire
Qu'en ces phrases de bure
Ces mots de pauvreté
Je suis arbre blessé
Le fer sous la brasure
Oiseau de froid
Le rire abandonné.

Tes bras me manquent
Que je ne connais point.

I. Eniger
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Redresse la tête,
Ebouriffe au passage
Tes cheveux de liane
Au vent qui s'invite.
Dégage tes seins de leur gangue,
Dessous, tu sais bien,
Repose leur nacre de brume.
Tes hanches sont pures
Et rêvent de goûter
L'Homme qui comprend.

As-tu oublié que tu es brasier,
Fusion première
Qui dilate nos vies ?

B. Broc
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Videos de Ile Eniger (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ile Eniger
Le texte "Je veux toi pour tisane. Le sucre de ta peau, ton goût de tabac d'arbre, le chat de ta gorge enroulé sur mon cœur, le chant de ton cœur déployé sur ma gorge, tes bras ouverts comme une table, tes pas de loup de nuit, ton sol précis sur mes graines de rêves, tes doigts sourciers sur mes glaises de soif, tes mers sur mes escales, tes bois à découvrir, mes rives à t'accueillir. Je veux tes mots revisités de fraises, tes mots rougis incendiés de neige. Je les veux qui enflamment qui touchent et qui m'existent. La sève de tes mains pour redevenir liane, l'arbre le fruit et la racine, le paysage en route, l'aimer à double tour d'où l'on ne sort jamais. Je veux le seringa troublé d'eau et de blanc, l'affolée de parfums de pollens et de miel, cette abeille innocente qui pille les corolles. Et plus que le désir, plus que le ciel à dire, plus que le tout à vivre, encore plus que le trop, je veux l'hiver épris des puissances d'été. Tes mains ouvertes, offertes pour les remplir de moi. Mes mains ouvertes, offertes pour les remplir de toi. Pour me réinventer, je veux toi pour m'écrire et m'aimer sans boussole. Tes instances de vivre renversées sur mon souffle. Tes mots de pain nouveau accordé à ma faim. Tes yeux pour vêtement. Je veux toi pour tisane. Je veux toi au présent." Extrait - Ile Eniger - Le bleu des ronces Éditions Chemins de Plume
yrendunn
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