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EAN : 9782849541517
Chemins Plume (05/10/2015)
5/5   2 notes
Résumé :
4è de couverture :
Pose ton regard où il convient. Cesse de craindre, d’espérer, d’attendre. Ne pointe rien de l’âme ou du doigt. De ce que tu ne peux, ne fais pas une émeute. Que veux-tu entendre, comprendre, faire, qui ne soit déjà là ? Ne force pas l’écho, monte, descends la montagne. Et recommence. La terre suit son cours. Toi avec. Ta maison veille. Chaque craquement répond avant même ta question. Dans l’orage électrique, garde la flamme pauvre, sa prése... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Encore et encore et encore, s'il te plait, dessine-moi le chemin encore.
Quel bonheur encore et encore que de se plonger dans un recueil d'Ile Eniger. Quel bonheur que de se laisser envelopper par l'atmosphère qui y règne, de se laisser bercer par les mots de cette femme rebelle dont le cri de révolte est empreint de tant de douceur. Quel bonheur de suivre « le chemin encore ». Attention, pas l'autoroute du quotidien, pas le parcours fléché ni les voies rapides où le gps de la civilisation nous mène, pas même la petite départementale qui rêve d'être intronisée nationale au nom de la croissance ou de je ne sais quelle autre absurdité, non non non. Quel bonheur de suivre le chemin, le tout petit que seul un oeil attentif sait trouver, celui où les ronces semblent défendre l'accès à l'orgueil et à la suffisance de l'Homme comme pour protéger les derniers espaces où la vie prend toute sa signification. le petit sentier côtier non balisé qui longe les côtes de l'humilité, entre bruyères et océan, quelque part où l'Homme s'il en a la volonté, s'aperçoit qu'il n'est qu'une infime partie de la nature. Cette nature qu'on froisse comme une feuille de papier et qu'on croit pouvoir dominer alors que c'est elle qui nous tolère.
C'est dans les plis du papier qu'Ile Eniger livre les mots de sa conscience. Entre mélancolie et tristesse de voir l'Homme s'égarer sur des itinéraires bis, elle fige l'instant authentique. Ses textes sont comme des photographies sépia, un brin jaunies, de celles qui ne passent pas par la case retouche mais qui touchent. Une peine lourde emplie les pages sur lesquelles semblent pourtant planer des mots en lévitation.
Comment mieux définir Ile Eniger qu'en citant un passage d'un de ses textes, neuf mots tout simples qui disent tant :
« Elle est une pluie qui laverait les terres encombrées ».

Je vais garder quelques compliments des fois qu'il me prendrai l'envie de faire un billet sur un autre des recueil que j'ai en réserve et que je garde précieusement comme pour me rassurer, comme pour savoir que j'ai du beau à lire si l'envie se fait nécessaire, un peu comme pour le dernier Bernard Giraudeau qui me reste à lire et qui me brûle les doigts mais auquel je résiste encore… un peu.
Si vous trouvez le moindre écho dans les quelques citations mises, alors n'hésitez pas, plongez dans la poésie de cette femme.
Le chemin encore, aux éditions… Chemins de Plume, quand l'évidence est là…
J'ai adoré cheminer sur ces pistes et, si j'ai encore un sacré bout de chemin à faire pour voir son pays des merveilles, putain quel pied !!!

« le neurone fixé sur la part de gâteau, le petit d'homme compte, s'agite, s'enfle. Et moi ? Depuis son nombril, il monte des murs, les détruit, mord la pomme, la crache, invente des mirages, admire ses reflets, bâfre la vie, pisse partout, oublie la poussière sous le tapis, court dans tous les sens. le plus souvent le petit d'homme empierre, flagelle, noue, détruit, exige. Je veux ! de l'univers gratuit qui existe sans lui, il vend la peau, les os et les entrailles. Il vend tout ce qu'il peut et achète encore plus. le petit d'homme consomme, entasse, jouit, jette, lave ses mains et recommence. Il traverse la vie comme un dû puis meurt seul. Si seul dans le néant de ses miroirs brisés ».
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Questionner la lumière pour apprivoiser l'ombre.
Ouvrir la fenêtre pour faire entrer le monde.
Dire l'inquiétude sans perdre l'espoir.
Vivre la solitude pour mieux la peupler.

Retrouver les gestes, les pas, les voix pour déchiffrer les signes, les mots, les traces.

Le chemin encore, encore la vie, encore aller.

La chaleur est trop forte et l'énergie fond. Ou bien c'est le froid de l'hiver à l'approche qui paralyse.

Où sont les feux et les couleurs? Où les amis? On leur a dit de ne pas venir.

La terre est abîmée, la ville fétide, la chambre vide, l'atelier hanté : la maison est pleine de fantômes. Ceux qu'on a aimés veillent encore, tout autour : il faut jeter les passerelles des mots pour les atteindre là où ils sont.

Le chemin encore, l'amour encore, encore aimer.

L'alphabet des oiseaux parle une autre langue, les chants se sont éloignés, les ombres sur le sol sont une déclaration d'amour qui arrive tard.

Le chemin encore, les mots encore, encore écrire.

Une couleur de soleil couchant, une odeur d'humus pourrissant, un chant entêtant : un hymne ou un thrène?

Le chemin encore, le souffle encore, encore chanter...

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je pense aux anciens platanes, aux écoliers tranquilles, aux vélos dévalant les jeudis, aux fruits au goût de fruits, aux terres sans blessures. ils ont bitumé jusqu'aux tomates de Grand-Père, enfoui la faim dans l'acier de containers, rangé l'antenne humaine pour celle des portables.Derrière leurs écrans, parqués, enterrés sous la monnaie, ils dévorent sans partage ni gratitude ce qui est offert. Le séisme des graines n'a plus lieu, ni la danse des herbes aux talus des ruisseaux. Les chemins cantonniers, le suc des mûres noires, les grincements de cabane, s'amenuisent. Plus d'enfants aux jardins, de merles aux cerisiers, de promeneurs sur les chemins. Des camions délestent les frigos de leurs aliments morts. La campagne est vaincue, allégresse défunte. Je ne connais pas ceux qui ont tué l'oratoire où dormaient les moineaux. Ils sont légion. Mais la brindille entre les ruines, je la connais, elle est ma soeur.
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Elle écrit dans les creux de vent, contre les canisses d'enfance. Elle cherche le lieu, l'état, ce qui ne trahit pas. Ses phrases maigres, mal attifées, ont un crédit de cahier d'écolière. Les ratures font le texte en chantier. La pensée conduit, gratte. Le noir résiste par endroits. Jusque dans le doute, elle s'obstine. C'est une fille de rigueur, absolue renégate aux choses du facile, elle évite les rails, l'agitation. Son échelle est haute, bancale. Sur les pages et les pas, elle plante un regard perçant, le chemin à prendre. Les doigts sur l'échine du vivre, elle touche l'exact du mot le temps d'une étincelle puis aiguise, chauffe le texte au brasier de l'exigence. Elle va sur le papier comme dans la vie, sur le chemin encore.
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Ne viens pas. Tu toucherais le coté des choses qui doute, la cicatrice, la morsure, la parole rongée, la maison froide. Tant de jours ont filé des heures incertaines. Tant de pierres ont tracé un semblant de chemin emporté par les eaux. Plus rien ne réunit. Les pivoines s’éteignent. L’odeur des lilas est ailleurs. Les arbres sont vides. C’est triste. Ne viens pas. Tu ne verrais que les reliefs, barreaux, verbiages. Tu ne trouverais plus la fontaine et la source. Ne viens pas. Il ne pleut plus, ne vente plus, ne neige plus. Un soleil famélique dessèche la récolte. Ne viens pas. Le cri de la chouette n’éclaire plus la nuit.
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Le mica marine du ciel copie l'eau, ou le contraire. La Provence instruit ses orgies d'été. Les terres fissurent leur soif. Des vignes nouées travaillent sous midi vertical. Un plomb incendiaire étouffe les respirations. Je vous écris quand les cigales aiguisent leurs voix, les crapauds buffles imitent les canards et qu'un tilleul veille sur moi, serein et répandu. Ici, tout est juste. Une profusion de lauriers roses a le poison tranquille. Des fraîcheurs de rus abritent des guêpes ivres. Je vois un fil tendu, blanc au dessus des prés barbouillés de jaune. Des géraniums allument leurs vitraux. Dans un coin d'ombre, une mante religieuse, mains jointes, attend. Le clocher dit ses heures. Un vent maigre agite les oliviers. Pardonnez mon bavardage, je vous écris comme on vit ici, dans l'estime du jour.
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Il pleut sur la grande baignoire, la mer remue des ailes. Le jet du ciel nettoie les traces d'hommes, désinvoltures, corruptions, peurs collées, choses vendues, jetées, oubliées. Tout passe à la lessiveuse. L'eau défait les emplâtres, dissout les croûtes, désinfecte les plaies. Ciel et mer décrassent, lavent, rincent. Pas de bateaux pas de mouettes. De grandes vagues chassent les voisinages. Une limaille grise sans haut ni bas, martèle, décape. Ici, on brosse les entrailles. Fenêtre ouverte sur la laverie, l'orage est un café noir. Sans sucre.
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Videos de Ile Eniger (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ile Eniger
Le texte "Je veux toi pour tisane. Le sucre de ta peau, ton goût de tabac d'arbre, le chat de ta gorge enroulé sur mon cœur, le chant de ton cœur déployé sur ma gorge, tes bras ouverts comme une table, tes pas de loup de nuit, ton sol précis sur mes graines de rêves, tes doigts sourciers sur mes glaises de soif, tes mers sur mes escales, tes bois à découvrir, mes rives à t'accueillir. Je veux tes mots revisités de fraises, tes mots rougis incendiés de neige. Je les veux qui enflamment qui touchent et qui m'existent. La sève de tes mains pour redevenir liane, l'arbre le fruit et la racine, le paysage en route, l'aimer à double tour d'où l'on ne sort jamais. Je veux le seringa troublé d'eau et de blanc, l'affolée de parfums de pollens et de miel, cette abeille innocente qui pille les corolles. Et plus que le désir, plus que le ciel à dire, plus que le tout à vivre, encore plus que le trop, je veux l'hiver épris des puissances d'été. Tes mains ouvertes, offertes pour les remplir de moi. Mes mains ouvertes, offertes pour les remplir de toi. Pour me réinventer, je veux toi pour m'écrire et m'aimer sans boussole. Tes instances de vivre renversées sur mon souffle. Tes mots de pain nouveau accordé à ma faim. Tes yeux pour vêtement. Je veux toi pour tisane. Je veux toi au présent." Extrait - Ile Eniger - Le bleu des ronces Éditions Chemins de Plume
yrendunn
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