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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
[ dans le cadre de Masse Critique]

Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour ce roman reçu dans le cadre de masse Critique… et la découverte de cet écrivain, avec ce premier texte dont je prends connaissance.

j'avais choisi au sein de la liste Masse Critique des ouvrages dont celui de Jean-Pierre Enjalbert, qui m'intéressait de par le sujet : la mort, le ton atypique, farfelu et humoristique…autour de ce sujet tabou…

« Si on nous écoutait nous les gisants, si on tenait compte de nos protestations, il n'y aurait plus que des vivants sur cette terre. Mais non, chacun détourne la tête, fait semblant de ne pas être au courant. Cause toujours, tu m'intéresses » (p.90)

Ce roman , je l'ai lu en deux temps…Le sujet était attractif, mais le côté décousu, la surabondance langagière, les pirouettes, jeux de mots, autodérision, c'était trop… le sourire m'est venu de nombreuses fois, et en même temps… je ne parvenais pas à entrer vraiment dans le texte…

Je laissé ma lecture en chemin… … et l'ai reprise plus tard… : en faisant quelque chose que j'évite de faire avant de rédiger une critique : regarder celles des autres lecteurs…pour ne pas être influencée…ne parvenant pas vraiment à saisir pourquoi… je n' "accrochais pas »… j'ai été soulagée de constater que la structure et le style si foisonnant , de par leur singularité… avaient attiré des lectures les plus enthousiastes aux plus réticentes… je me situe entre ces deux extrêmes.

Je me suis rendue compte que mes réticences allaient à cette surabondance joyeuse et caustique. Un trop plein… comme les mets trop copieux… où on n'apprécie plus à leur juste valeur…car on est très vite « rassasié»…En réalité, de façon très contradictoire, ce sont les qualités et la singularité de ce roman qui m'ont freinée dans mon appréciation. Je n'étais pas le bon lecteur à ce moment-là, trop rationnel, pas assez disponible… et l'humeur sans doute trop grave…par rapport à la fantaisie absolue de cette « fiction »…

Ma première tentative a été frustrante… et puis j'ai repris la lecture de ce roman, en tentant juste de me laisser porter par ces digressions multiples qui fusent en tous sens….
Je ne peux empêcher des redites…les couleurs de l'auteur sont des plus contrastées, de Desproges à Raymond Devos…sans omettre le peintre complètement déjanté, « anar »… et obsédé par le Mystère féminin auquel Jean-Pierre Enjalbert fait très rapidement allusion : « Clovis Trouille ».

Ce roman est un véritable feu d'artifice, un hommage joyeux et boulimique envers la Vie, un pied de nez à la mort, à la finitude de chacun de nous. Quel pari insensé et tenu, de faire rire avec un texte exclusivement consacré à la mort de son « protagoniste unique »…

Ce roman regorge de références littéraires et autres, sans omettre les arts…Mes réticences initiales se sont envolées… pour juste lire en profitant des rires fréquents, provoqués par un humour noir, dévastateur… En plus de la parenté de ton avec Raymond Devos, Pierre Desproges… Il me vient un autre nom… désobéissant à souhait, jonglant avec l'humour noir et l'auto-dérision : Jacques Sternberg

« Alors quoi ? Instaurer le temps partiel ? Moisir dans ma boîte et y faire de vieux os, prendre mon mal en patience en espérant me faire virer avec des indemnités ? Ne rêvons pas. Sculpter et décorer mon chez-moi, le mobilier d'après ce qu'on en raconte y étant assez succinct et montrer ainsi de quel bois je me gèle ? Boucher les infiltrations du caveau ? Ca ne prendra pas plus de cinq minutes avec un bon double-face. Ecrire les fondements d'une civilisation du temps libre éternel ? Après tout l'Histoire se jouera au-dessus de ma tête. Combler le vide en attendant une meilleure idée ? Cultiver la terre qui me recouvrira de ses moisissures ? Me spécialiser dans le sous-sol ? Faire des fouilles ? Devenir archéologue ? » (p.147)

[….]Je voudrais recevoir une lettre Nous-sommes-désolés-mais-vous-ne-correspondez-pas-au-profil-que-nous-recherchons, prétexter une urgence, boucler mes valises, me fondre dans la foule. Ensuite, scier la planche sur laquelle est assis celui qui l'utilisera pour fabriquer mon cercueil.
Je me doutais bien que j'étais mortel mais pas à point-là. Ma défaite est totale : j'ai attrapé la mort. Choper la mort, quel manque de pot. (p.148)

Ce livre permet une multitude de lectures….Au vu de la richesse du langage, des provocations verbales…de l'esprit résolument indocile, et « anar »….je verrai très bien ce texte mis en spectacle, et exprimé à haute voix…pour en apprécier toutes les jongleries…et subtilités
L'autodérision est constante… comme cet amour des femmes… ce qui m'a plu fortement ce sont les pieds-de-nez…aux conventions et à cette saleté qui ressemble à la passivité, à la non-Vie : L'Obéissance !!!

J'achève cette note de lecture sur la thématique centrale…Cette fichue « Mort » qui frappe à la porte :

« Vivant, je fus discret ; mourant, je ne me sens plus. Ce qu'il y a d'intéressant avec la mort, c'est que toutes les associations sont possibles, les sujets de conversation, infinis. La mort –fédère- les gens bien plus que toute activité humaine-la connerie aussi d'ailleurs. Vous n'avez rien à dire ? Parlez mort. Vous avez la peur de la mort, l'absurdité de la mort, les morts de l'année, la diaspora des morts, les chers disparus. Et puis vous avez la mort en littérature, la mort dans les musées, la mort à Venise, la mort en ce jardin. Avec la mort vous avez tout de suite plein de choses à raconter. (p.132)

« Relis-toi. Il en va de ma vie. Et n'oublie pas que rien n'est irrémédiable tant que tu ne l'as pas écrit » (p.203)





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