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EAN : 9782752905413
122 pages
Phébus (03/03/2011)
3.62/5   13 notes
Résumé :

Nabisouberne ; Un drôle de nom, pour une drôle de vie. Page à page, celle qui se surnomme " Bisou " nous mène sur la piste de son indicible. D'une enfance sous silence. Depuis la disparition de son père, elle s'est enferrée dans un silence de mort. La peur de la séparation et de la Ddass mine la famille. " On va nous dénoncer ". Autour d'elle, ça chahute, ça crie, ça hurle à la Cour des Miracles, au coeur du Paris populaire, où elle vit avec ses frères e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est l'histoire de Nabisouberne surnommée Bisou, une enfant fébrile, maigre, pâle qui s'est réfugiée dans un silence mortuaire depuis le décès de son père.
Évoluant dans un milieu défavorisé, sans affection, au coeur d'un Paris populaire, dans un logement avec une cour appelée "Les Miracles" où s'échappe des cris, des bruits, Bisou vit chez sa grand-mère aigrie et très pauvre, avec sa mère, une femme fantaisiste, frivole et déprimée, ses deux frères et son beau-père homme cynique et abusif.
En marge de la société, la famille vit quotidiennement dans la misère et dans la menace d'une séparation par la Ddass.
Nabisouberne se réfugie dans un enchanteresse imaginaire, elle refuse cette marginalité et cet isolement, enfermée dans son mutisme, elle sème des mots sur son passage comme une bouteille à la mer, un appel au secours sur le fil d'une écriture de souffrances et d'aveux afin de se faire entendre des autres, ceux qui ne voient pas...

« Il faut des mots pour dire aux autres ce qu'on ne peut pas se dire à soi-même. »

Le récit d'une enfance sous silence qui par le biais de petits billets cherche à échapper à cette fatalité et à faire parler le silence...
Un roman autobiographique émouvant doté une écriture fine, poétique, émotionnelle mais également incisive et ponctuée, le lecteur porte un doux regard sur cette enfant isolée et en pleine souffrance.
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Nabisouberne ne parle pas. Aucun son ne sort de sa bouche. Les mots sont emprisonnés à l'intérieur. C' est le silence ; un silence étouffé.
Pourtant, c'est si bruyant en dedans... elle en a tellement à dire, des mots ; des mots durs, des mots crus. Tout le jour, elle ne pense qu'à ça : cet homme qui s'avance dans la nuit, son odeur de tabac froid, son haleine, son souffle...
Il y a bien des gens qui gravitent autour d'elle mais ils ne font que tourner, aucun ne s'arrête. Ils ne prennent pas le temps ou ne veulent pas voir, ne cherchent pas à comprendre...l'indicible. Présents et pourtant pas là, ces gens. Ils ont tant à faire chez eux, d'abord. Sa mère, Nénette pour les intimes, moitié danseuse moitié serveuse, tente de donner des couleurs à sa propre vie, de lui accorder de la fantaisie, sourit, virevolte...mais s'effondre le soir venu. Sa grand-mère, vit dans le passé, plus glorieux à son goût, ressasse inlassablement ses souvenirs, s'y accroche tant bien que mal afin de mieux occulter le présent, sûrement. Et puis il y a La-Prof-de-comptoir qui philosophe sur la misère, Annie la copine de classe qui a des rêves plein la tête, Lili la rebelle, les nombreux voisins ; Dédé-le-taulard, Fred-la-tapette, Doudou-Sainte, qui crient dans la cage d'escalier, qui se débattent comme les autres pour sortir la tête de l'eau...et les silences qui en disent long.
Alors Nabisouberne écrit, elle aligne les mots sur des petits papiers pour exorciser ses maux, chasser ses démons momentanément, histoire de respirer un peu. Elle les envoie à son père, là-haut, s'allonge sur le toit, regarde les nuages, trace les lettres une à une dans le ciel...Elle va à Notre-Dame, aussi. Ecoute les cloches tintinnabuler, s'émerveille devant la grandeur de l'édifice et esquisse un sourire en observant la béatitude sur le visage des touristes. Puis, elle pose son regard sur les reflets argentés du fleuve tout proche, entend les voix fortes et joyeuses des enfants qui jouent non loin, dans le square...
le style de l'auteure est à l'image du ressenti de Nabisouberne ; des phrases courtes, saccadées, rythmées, exclamatives, interrogatives, percutantes, cyniques. Une atmosphère pesante d'un réalisme frappant règne dans ce roman et pourtant une poésie émerge malgré tout de cette lourdeur...le silence de la jeune fille, imposé par un monde trop dur pour elle, lui permet parfois de brèves évasions par des pensées plus douces qu'elle s'écrit.
Merci à Babelio et aux éditions Phébus pour l'envoi.

Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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(critiqué dans le cadre de Masse Critique)

Nabisouberne -petite fille dont on ignore l'âge exact- n'a pas vraiment été gâtée par la nature, vivant entre une grand-mère ruinée, une mère danseuse-serveuse jamais présente, un père décédé trop tôt, une Ddass qui pointe le bout de son nez, et un beau-père aux mains balladeuses... Avouez qu'il y a mieux comme entrée dans la vie...
Comme cadre de vie, une cour (dite des Miracles) où vivent des personnages hauts en couleurs, où le silence est rarement à l'honneur, tant ça crie pour et oui et pour un non à travers des murs que l'on devine peu épais.
Avec des nuits que l'on comprend fort sombres peuplées de cercueils, de noir , et de mort, , on comprend que la petite se réfugie dans un imaginaire peuplé de princesses russes, d'étoiles au-dessus du Panthéon, de Seine et de Notre-Dame. Mais à quoi sert de rêver si l'on ne peut communiquer ses fantaisies avec quelq'un ? Nabisouberne se sert pour cela de petits papiers qu'elle plie soigneusement et qui lui servent à exprimer ses maux-mots, tels des cailloux thérapeutiques qui l'aideront à garder la tête hors de l'eau.

Si le style littéraire -un long monologue sortant des papiers d'un enfant qui a grandi trop vite, haché menu à force de phrases courtes- pourrait rebuter certains lecteurs, il se dégage néammoins de ce court roman une belle poésie, dans les tons gris certes !, mais d'où éclosent par-ci par -là quelques phrases à méditer sur l'enfance gâchée et sur un futur qui n'est jamais à coup sûr tracé à travers un champs de roses...




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Il s'agit là d'un petit roman car il ne comporte qu'une centaine de pages. Mais ce petit roman vous met un claque monumentale. Il est grand, majestueux, en un mot magnifique !

Catherine Enjolet donne ici la plume à Nabisouberne. Qui est cette enfant qui ne sait pas elle-même quel est son âge ? A travers ces quelques pages, l'auteur nous emmène à sa suite, nous invite à découvrir par touches adroites et touchantes le quotidien de cette enfant. Nabisouberne surnommée Bisou par certains, son beau-père entre autres, vit aux côtés de sa mère et sa grand-mère, s'occupant également de sa fratrie puisque sa mère st une personne constamment angoissée, vivant dans la crainte du regard d'autrui, la peur de la Ddass. Nous sentons dès le début de ce roman la puissance dévastatrice de cette peur :

- On va nous dénoncer !

Ma mère répète.À voix basse. Elle accélère le pas. Faut se méfier…Chut ! Je me tais. Je baisse la tête. C'est automatique. Je baisse les yeux dans la rue. Je fixe le caniveau, les gargouillis de l'eau. Je ne regarde pas pour ne pas qu'on me voie. Ma mère me tire par la main par petits coups secs comme si je ne disparaissais pas assez vite du paysage.

- On va encore nous dénoncer !

Sans le père, une mère aux abois qui crie « au secours » et une porte qui se referme sur ses enfants, les séparant. Désemparés, l'affront gravé cette douleur laisse une empreinte indélébile. La famille vit chichement, tandis que la grand-mère continue de rêver au ancêtres. Et la petite Bisou fait ce qu'elle peut pour vivre dans tout cela, vivre est étant mutique au grand dam de l'école qui sait pertinemment qu'elle est intelligente. Seulement, qui pourra comprendre ce qui crie au fond d'elle ? Qui peut écarter de son chemin cette ombre menaçante qui la traque et l'accule au vide ?

Nabisouberne écrit sur des petits papiers, autant de papiers jetés au vent, autant de mots qu'elle extirpe naturellement de son petit être à l'étroit, et malmené.Et quand elle n'est pas mutique les prises de paroles semblent des affronts.

Bisou perdue sans identité, Bisou dans son quartier qu'elle aime aussi,la boulangerie et la petite trisomique, le café, les toits, la voisine qui chante ensoleillant l'immeuble.

Il est difficile de comprendre un enfant qui n'en est pas vraiment un, rude le chemin qui permettrait derrière cette soi-disant folie affichée de tendre une main. Pourtant, une personne va le faire, ce sera la Prof -de-comptoir.

Elle veille sur mes pages. Sur les Bisou comme moi. Les Fanny, les Lili, les Poussin et les autres.Ceux et celles qu'on ne sait pas entendre.

Ce n'est pas un livre qui se résume, c'est pour cela que j'ai choisi de ne pas copier la quatrième de couverture. C'est un roman qui se vit du fond du coeur et des tripes. Combien de ces enfants côtoyons-nous sans les entendre ? La note positive de ce livre c'est peut-être aussi nous dire « prenez le temps de les écouter, tous ».

L'auteur tout en narrant cette histoire d'une enfant dans un milieu qu'on qualifierait de bancal dépeint la vie d'un quartier au delà de celle difficile de cette famille. Je ne connaissais pas Catherine Enjolet et je suis vraiment ravie d'avoir pu la découvrir ici grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et à la générosité des Editions Libretto. C'est quasiment une certitude, je lirai à nouveau Catherine Enjolet.

À noter la très belle préface de Boris Cyrulnik.
Lien : http://dzahell.fr/sous-silen..
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Jeune fille à laquelle la vie n'a fait aucun présent, Nabisouberne ne parle pas, elle écrit. Elle observe tout ce qui se dit, se passe, se raconte autour d'elle. Enregistre tout, gardant tout en mémoire, encore et encore. Elle est intelligente, mature, forte. Nabisouberne, un nom à faire sourire pour une enfant qui se pose des questions, pour qui le souvenir d'un père disparu hante ses nuits.

J'ai eu du mal à m'ancrer dans l'histoire. Un style d'écriture assez saccadé, phrases courtes, beaucoup de ponctuation, mais dans un sens, cela témoigne bien du rythme éreinté de la vie de Nabisouberne.
On découvre au fil des chapitres de nombreux personnages, on en apprend davantage sur la vie de la jeune femme par le biais des aventures qu'elle nous raconte, du quotidien qu'elle conte page à page.
Pareil au Petit Poucet, elle égreine des mots, des bouts de papier, c'est sa vie, ce pour quoi elle vit, à défaut de parler.

Sous silence est donc un livre agréable à lire, rapide. le titre prend tout son sens lorsque l'on réalise que la vie de la jeune fille n'est qu'un long silence que seul le bruit du papier froissé vient troubler...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
 À moi ! À l'aide ! Dire non. Juste, j'veux pas. J'peux plus. C'est l'odeur du tabac d'abord qui annonce la menace. Ça sent l'haleine et la sueur. L'odeur d'homme qui écoeure. Le souffle court approche. Sans bouger, sans crier, je sens déjà la barbe repoussante qui pique, qui frotte, brûle à feu et à sang. Les mains glissent, se baladent. Lèvres molles et mots baveux dégoûtent. J'étouffe. Les doigts partout mettent la tête, le ciel et la terre à l'envers. Je ne vois plus clair. Personne pour entendre. Rien. Personne pour comprendre.
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 Demain ? Un pied devant l'autre, c'est le grand défi de la famille. L'avenir ? Juste tenir sur le fil de la vie. Ma grand-mère soupire ; si elle n'avait pas connu de revers de fortune ! Si seulement son viveur de mari n'avait pas fait faillite ! L'horizon, ce n'est pas pour tout le monde. Le futur ? Une arnaque. Mieux vaut le conditionnel. Moins arrogant. (...) Ce que je voudrais faire plus tard ? Je n'ose pas le dire. Ma mère affirme qu'il suffit de vouloir quelque chose pour que le contraire arrive. Demain ? Faut pas y croire...Moi, je ne veux rien...Promis ! Pas vivre. Pas mourir. Rien. Merci.
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Ma mère et moi. Ensemble. On joue. On vit. On shoote dans les feuilles mortes. Ma mère et moi, on traverse le square face au bar où je l'ai attendue après son travail. Parfum d'automne et merle chanteur du soir. Je retiens mon souffle. Fragile, ce moment-là. Toutes les deux, seules, elle dit « c'est rare ». Peut-être même alors qu'on rit. Ça et là, dans le silence du square vide, j'entends nos voix. Elle marche à côté de moi et je me tiens droite. Ma main frôle la sienne, j'ai des impressions de bonheur plein la tête. On dirait...Une maman, presque.
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 La prof peut se lamenter. Tempêter. J'ai pris le large. J'ai lâché le livre. J'écris dans ma tête. J'attrape les mots. Je m'en gave. Le « poison » ne m'aura pas. J'ai des réserves de mots à moi. J'écris, vite. Pour tenir. Sur mes papiers. Sur ma table. Sur l'ardoise du ciel comme sur les trottoirs. Sur la buée des vitres. Je grave sur le bois des arbres. Je trace les mots sur le sable du square (…) Toi, là-haut, je sais que tu peux lire. Je lâche les mots comme des ballons jusqu'à toi. Attrape ! C'est pour toi. Mots à la clé. C'est parti. J'avance sur les lignes comme sur un fil. Je plane. Haut, toujours plus haut. Vers toi, Papa.
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Je voudrais Annie près de moi pour qu'elle bavarde. Vite. J'ai besoin de sa voix. À côté d'elle, je reprends souffle quand elle raconte, je respire, tout à coup. Je m'étourdis de ses parfums de muguet. Elle a des rêves plein les yeux, ma copine. Des demains. Elle crayonne des projets. Dessine l'avenir. Elle gomme, décide. Je voudrais être belle comme elle se voit, et me regarder comme elle dans une glace.
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Video de Catherine Enjolet (1) Voir plusAjouter une vidéo

[Catherine Enjolet]
Dialogue entre trois voix (la fille, la mère et la grand-mère) dans le livre "Rousse comme personne" (aux éditions Stock) de Catherine ENJOLET.Cette dernière explique l'histoire de son livre, ce qu'elle pense de la ville et la vie qu'on peut y vivre,
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