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EAN : 9782330057961
300 pages
Actes Sud (03/02/2016)
3.42/5   189 notes
Résumé :
Anna Enquist nous entraîne dans un avenir proche et dans une ville qui, jamais nommée, ressemble étrangement à Amsterdam. Un quatuor amateur réunit des amis à qui la pratique musicale offre un dérivatif bienvenu à une vie professionnelle ou personnelle difficile. Caroline (violoncelle) est médecin généraliste ; Jochem (alto) est luthier ; Heleen (deuxième violon) est infirmière ; Hugo (premier violon) dirige un centre culturel qui n’en a plus que le nom…
Et p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
3,42

sur 189 notes
« La musique adoucit les moeurs », et les quatre personnages principaux de ce « Quatuor » en ont bien besoin. Musiciens amateurs de bon niveau, les quatre amis se réunissent régulièrement pour noyer dans la musique classique leurs difficultés personnelles et professionnelles. Il y a Hugo, directeur d'un centre culturel sur le point de sombrer corps et âme faute de subsides. Heleen, sa cousine, est une infirmière dévouée qui ne pense qu'à aider les autres au risque de s'oublier elle-même. Quant à Caroline, médecin généraliste, et son époux Jochem, luthier, ils partagent un deuil immense qui menace de fissurer leur couple. A la périphérie de ce quatuor, gravite un cinquième personnage, Reinier, ancien violoncelliste virtuose et ancien professeur de Caroline et Hugo, désormais cloîtré chez lui par un genou arthritique et surtout par une paranoïa tragi-comique à l'égard du monde extérieur.

Il ne se passe pas grand-chose de joyeux dans ce roman légèrement dystopique, situé dans une ville qui semble le sosie d'Amsterdam. L'avenir qui s'y dessine est peu réjouissant : la culture, ce luxe inutile et élitiste, n'est plus subventionnée par les pouvoirs publics, et les personnes âgées, lorsqu'elles ne sont plus autonomes, sont parquées, parce que c'est budgétairement plus rentable, dans des mouroirs qui ne disent pas leur nom. Même l'altruisme et le bénévolat semblent ici tourner en bourrique, lorsqu'on comprend qu'ils sont à l'origine de l'épisode final, aussi explosif qu'absurde, causant de violents « dommages collatéraux » aux personnages, dont on ne saura pas comment ils s'en relèveront.

Déshumanisation, course au profit et à l'efficacité, corruption, incurie, égoïsme, Anna Enquist annonce et dénonce les maux d'une société moins futuriste qu'il n'y paraît. Inquiétant et pessimiste, Quatuor brasse les thèmes du deuil, de la vieillesse et du règne de l'argent, et leur oppose l'amitié, la compassion et la douceur de la musique, mais celles-ci ne font guère le poids. Ce roman est intelligemment construit, écrit avec sobriété et élégance, à la fois psychologique et poétique. Touchant et désespérant, quelques grammes de finesse dans un monde cruel.
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Par curiosité, je suis revenue en arrière dans une progression de lecture, et j'ai emprunté à la médiathèque la première partie de "Quand la nuit s'approche" (qui m'a dernièrement captivée), avant que nos quatre amis ne soient frappés par l'attentat terroriste et la prise d'otages...

la musique est le fil omniprésent de la vie de quatre amis, qui se débattent comme tout un chacun, avec les difficultés de la vie...Ils se retrouvent

pour jouer ensemble... Cette complicité musicale est le ciment de leur amitié...

"Comment a-t-on fait pour se désintéresser autant de la musique ? Elle-même ne peut se passer de musique "classique". Si elle ne pouvait pas pratiquer, elle serait perdue, c'est sûr. Dans sa tête, il y a toujours un thème ou une ligne d'accords, même quand elle est au travail. Les mots la fatiguent, la musique lui apporte le repos." (p. 19)

Nous faisons connaissance , en premier, avec le vieux professeur de musique de Caroline, vivant dans une grande solitude, depuis l'arrêt de ses leçons de musique et le décès de sa femme. Caroline, son élève préférée, devenue médecin généraliste, continue à lui
rendre visite, à s'exercer
avec lui. La musique est devenue doublement un refuge... depuis qu'elle a perdu ses deux fils dans un accident de car scolaire...Musique qu'elle exerce avec deux amis ainsi que son mari,Jochem, luthier
de profession...

Hugo qui se débat avec un bâtiment de la ville où il était responsable des concerts et des festivals musicaux...se retrouve licencié, les subventions
devenant "peau de chagrin"...la culture, et la musique devenant "fantomatiques", secondaires, car non rentables !!!

Heleen, infirmière, qui travaille au même centre médical que Caroline, altruiste jusqu'au-boutiste, en plus de son métier, de sa famille, des répétitions musicales, correspond avec des prisonniers ! [ ce qui
provoquera un événement ultérieur bouleversant... je n'en dirai pas plus ! ]

"On se comprenait tous les quatre sans avoir besoin de parler. C'est bête, mais je me suis sentie entourée, intégrée, soutenue. Et je n'avais pas honte. Peut-être parce qu'on était nous aussi en train de jouer, d'apporter quelque chose à l'ensemble ? Dans ce cas, on a moins de raisons de se sentir nuls. "
(...) Ce n'est jamais bien , pense-t-il. Ni quand on parle, ni quand on se tait. Mais après tout, c'est comme ça dans la vie, on ne fait vraiment jamais bien. "(p. 157)

Dans cet opus, hormis le cordon directeur de la musique...deux autres grands thèmes sont abondamment traités: le grand âge et l'épreuve du deuil, vécue et supportée de façon unique, pour chaque individu... Ce qui sous-entend parallèlement, le regard et le déni fréquemment de la société face à la vieillesse comme face à la mort, et aux personnes endeuillées qui dérangent !!


"Les autres font de leur mieux pour nous aider. ça ne sert à rien de se fâcher. C'est juste que j'ai du mal à supporter toutes ces conneries sur le deuil, ça me donne l'impression qu'il faut se dépêcher, comme si c'était juste un boulot qu'il fallait avoir terminé au bout d'un certain temps. Mais ça ne marche pas comme ça." (p. 191)

Un jeune garçon, Djamil, va aider le vieux professeur de musique, lui faire ses courses, l'aider dans son quotidien; en échange il lui donnera des leçons de musique... et malgré son refus de se faire payer, le professeur lui fera une "cagnotte" ... Cette affection grandissante entre le vieux musicien célèbre et l' adolescent est l'une des très belles lumières d'espérance de ce roman...

Cette auteure semble très concernée par les deuils violents qui tombent sur les personnes; Comment survivre, surmonter le chagrin, la culpabilité ? La solitude extrême de chacun [mais en étant en couple ] face au deuil, l'épreuve du temps et du vieillissement !

De bien nombreuses thématiques jalonnent le roman d'Anna Enquist, englobant l'individu et son degré variable d'adaptation à la société dans laquelle il évolue, et le monde alentour ! Les agressions, la violence, l'insécurité grandissante, généralisée, la corruption des gouvernants, le mépris pour la Culture, la musique, les Arts, le Mal, le délaissement de nos "anciens "!...

En quelques mots... Comment faire face au dur métier de vivre ?

Excellent moment de lecture... je m'immerge avec enthousiasme dans le monde d'Anna Enquist... Il faut juste choisir la bonne période pour la lire, c'est--à-dire, une période où se sent "vaillant"... Car les sujets traités, analysés en profondeur restent des sujets graves , perturbants, nous interpellant de plein fouet...!!!
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Pianiste et psychothérapeute, la romancière néerlandaise Anna Enquist a connu une vie marquée par une tragédie : la perte d'un enfant. Ses livres tournent souvent autour de ce dernier thème, comme Quatuor, avec l'importance de la musique, susceptible de guérir ou au moins d'atténuer le chagrin. Chacun des membres de ce groupe de musiciens souffre d'un manque et surtout d'une perte, notamment un couple (elle est médecin, il est luthier) dont les deux garçons sont morts dans un accident de car scolaire. L'ambiance n'est donc franchement pas à la gaieté dans Quatuor hormis quand les musiciens répètent des pièces de Schubert ou de Bach. A ces quatre-là, s'ajoute un autre personnage, sorte de mentor, que l'âge avancé empêche de sortir et qui a développé une paranoïa du monde extérieur. Anna Enquist a situé son roman dans un futur très proche, à Amsterdam, dans une société qui ne se soucie plus guère de culture et qui se "débarrasse" de ses vieux dans des mouroirs. le tableau est sombre et si la romancière est incomparable dans la description des maux intimes de ses "patients", son ouvrage est aussi résolument politique appuyant sur l'incurie et la corruption ambiantes. Si les 2/3 du livre adoptent le registre de la musique de chambre, sa dernière partie surprend, devenant une espèce de thriller quasi absurde à l'image d'un champ social dévasté acculturé. Très fin du point de vue psychologique et remarquablement écrit, Quatuor peut paraître exigeant et désespéré. Il l'est mais jusqu'à un certain point. Si l'on se laisse prendre par sa petite musique et sa construction brillante, il prend une résonance toute particulière et se révèle extrêmement sensible et émouvant.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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« Soignez vos entrées et vos sorties », c'est ce que je dis toujours à mes élèves quand ils doivent présenter un travail, que ce soit oral ou écrit (Aznavour l'a conseillé aussi à Johnny Halliday, mais ça, c'est une autre histoire)…
Eh bien, Anna Enquist, à la toute fin de ce roman, n'en a fait qu'à sa tête, et je l'ai refermé avec un sentiment de frustration, et même de colère. Elle aurait été mon élève, je lui aurais dit qu'elle ne devait pas écrire N'IMPORTE QUOI !!

Après une lecture somme toute très agréable, où j'ai côtoyé, dans une ville des Pays-Bas avec canal obligatoire, des musiciens, je l'ai terminée dans les explosions et les inventions abracadabrantes sans aucun intérêt ni lien solide avec l'histoire.
Quel dommage !

Quel dommage, oui, car vivre ces séances du quatuor en compagnie de Mozart, Schubert, Dvorak, c'était très relaxant, même si la personnalité de chacun des musiciens était assez compliquée selon les cas : une femme trop gentille qui correspond avec un prisonnier, un couple (la doctoresse et le luthier) déchiré par le décès de leurs enfants, un responsable de centre culturel en pleine débandade, nanti d'une petite fille. N'oublions pas le vieux professeur/musicien célèbre qui, dans la même ville, vire à la paranoïa et a très peur d'être remisé au placard, càd envoyé dans une maison de retraite de force (nous sommes dans un « futur » trèèèèèès proche).

Un autre bémol, mais moins grave que celui dont je viens de parler : c'est un roman choral, mais les pensées de chacun m'ont semblé quelque peu artificielles, et jamais je ne me suis attendrie sur leurs heurs et malheurs, même si, et je vais être franche, le thème du deuil après la mort d'enfants est désespérant. Peut-être est-ce dû au style ? Je ne sais trop que dire, mais je n'ai pas trop envie de m'appesantir sur cette question.

Bref, si le roman ne m'a pas trop convaincue, aller écouter un concert de musique de chambre, par contre, me trotte dans la tête depuis quelques jours.
Alors, Mozart et son quatuor en ré majeur ? Schubert et la « Jeune fille et la mort » ? J'ai l'embarras du choix, car il y en a tellement !


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J'apprécie beaucoup l'univers de cet auteur et son écriture à la fois simple et élégante. Son amour de la musique classique et sa sensibilité transparaissent une nouvelle fois dans son dernier roman qui aborde par le biais de ses divers personnages de vrais faits de société : la difficulté de surmonter la mort d'un enfant, la fraternité partagée, la solitude de la vieillesse...sans toutefois nous toucher vraiment profondément. Autant j'ai pris plaisir dans la lecture des 3/4 du livre autant la fin du roman trop invraisemblable m'a totalement fait sortir de l'histoire...dommage. Mais le fait que cette lecture nous donne irrésistiblement l'envie de réécouter les oeuvres de Mozart, Bach et Schubert est une belle réussite qu'il convient de souligner.
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critiques presse (3)
LaPresse
08 juin 2016
Un de ces petits bijoux de romans qui vous restent à l'esprit longtemps après en avoir tourné la dernière page.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Telerama
09 mars 2016
La grande romancière néerlandaise se fait l'écho des murmures de l'âme d'amis musiciens blessés par notre société superficielle et cruelle.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
22 février 2016
Quatuor n’est pas un livre totalement joyeux. La bonne surprise, c’est que, avant qu’il ne s’achève, le roman psychologique se sera transformé en thriller et que le lecteur y aura trouvé de la lumière.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
"Une autre ! " réclame Djamil.
il finit par jouer la suite jusqu'au bout. Tous les mouvements. Puis il couche le violoncelle par terre, à côté de sa chaise. Bach l'a rendu à sa vie active, à sa vie productive. Il estime avoir bien joué, avec de la retenue, mais aussi de l'expressivité. Et tout le temps juste. Finalement, ça ne va pas trop mal. Les choses ne sont pas aussi graves qu'il le pensait. Et tant qu'il y aura des gamins comme celui-ci, capables d'écouter toute une suite en retenant leur souffle, la culture n'est pas encore définitivement perdue; En allant s'asseoir dans le fauteuil, il a l'impression de se tenir plus droit qu'avant. (p. 78-79)
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Sortir le violoncelle. Il sent la douleur lui transper- cer le genou à la seule idée de détacher les fermoirs, surtout celui du bas, qui l’oblige à s’agenouiller ; sou- lever l’instrument, manœuvrer le précieux objet en bois de façon que le chevalet ne heurte pas le cou- vercle de l’étui – et il faut encore attraper l’archet, le tendre et tâcher de se loger dans le fauteuil, avec le violoncelle. En n, au cas où il voudrait aller plus loin que les exercices de technique et les gammes : prendre une partition, rapprocher le pupitre, cher- cher ses lunettes. Il ferme les yeux et passe mentale- ment l’archet sur chacune des quatre cordes, l’une après l’autre, sans s’agiter.
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Elle détaille les faits comme ils se sont déroulés, mentionnant sa véritable profession, le type d'instrument qu'elle pratique, le nom de ses amis. Elle pense brièvement à toutes ces règles qu'elle enfreint, mais ne se laisse pas effleurer par le doute. J'en ai ma claque de toujours faire ce qu'on attend de moi, ça suffit ! Maintenant, c'est moi qu'on va écouter. (...)
Si ces paresseux de fonctionnaires ouvrent mon courrier et le rejettent, grand bien leur fasse, se dit-elle. La communication entre les humains, c'est ça l'important. Qui pourrait être contre ? (p. 125)
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Maintenant, se dit Heleen, il faut garder cette concentration. Continuer à surveiller le doigté des autres pour rester en phase, même si ce n'est pas la peine car à présent, ils sentent le rythme, ils vibrent tous les quatre aux mêmes pulsations. Comment ça se fait, quelqu'un a imaginé cette musique il y a combien de temps, au XVIIIe, et plus de deux cents ans après, ces mêmes notes déclenchent en nous quelque chose qu'on ne peut pas expliquer ? (p. 186)
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Un fourgon blindé passe le portail en vombrissant, quelqu'un crie, la barrière s'abaisse pour aussitôt remonter.
(...)L'univers de crime et des châtiments, refoulé par la musique le temps d'une soirée, la prend au dépourvu. Elle se détourne de la fenêtre comme pour revenir à l'endroit où, juste auparavant, elle était entourée de sons et emplie d'une quiétude à présent évanouie. (p. 188)
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Videos de Anna Enquist (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anna Enquist
Depuis longtemps déjà, les romans d?Anna Enquist, publiés chez Actes Sud, ont conquis de très nombreux lecteurs français. Cette oeuvre, d?une profonde cohérence, excelle dans la peinture des mille et une nuances de l?âme humaine, de ses contradictions, grandeurs et faiblesses. Ses livres célèbrent la musique, disent le deuil irréparable, reflètent l?évolution de nos sociétés vers toujours plus d?individualisme? Et sa prose, d?une élégance toute classique, révèle la grande poétesse et pianiste qu?est également l?auteure de Contrepoint et Quatuor. Animé par Florence Noiville, le Monde des Livres.
Samedi 26 mai, Salle Molière - 33e Comédie du Livre
+ Lire la suite
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