Ce qu'on ne dit pas devient un secret, et les secrets engendrent souvent la honte, la peur et les mythes.
« J’en ai marre de m’entendre dire que je n’ai pas le sens de l’humour et que les femmes n’ont pas le sens de l’humour quand la plupart des femmes que je connais sont en fait foutrement drôles. Simplement, nous ne pensons pas que des pénis pénétrant notre anus ou notre vagin sans y être invités soient une idée à mourir de rire. » (p. 90)
« J’étais bouleversée de constater qu’une fois le tabou brisé, un torrent de souvenirs, de colère et de chagrin se déversait. » (p. 6)
« Aujourd’hui, vingt ans après, je ne souhaiterais rien d’autre que de pouvoir dire que les féministes antiracistes radicales ont gagné. Mais le patriarcat, tout comme le suprémacisme blanc, est un virus récurrent. Il est en sommeil dans le corps politique et est réactivé par des comportements toxiques de prédation. » (p. 8)
Parce que j'avais un sac à main au jardin d'enfants
Ils m'ont cassé la gueule tous les jours
sur le chemin de l'école.
Au parc
ils ont écrasé
mes ongles peints au Magic Marker
Ils ont cogné mes lèvres colorées de rouge
Ils ont cogné le garçon
Pour en faire sortir la fille
ou du moins ils ont essayé
Sous la burqa
imaginez une immense pièce de tissu sombre
qui enveloppe votre corps tout entier
comme si vous étiez une statue honteuse
imaginez qu'il y a juste un rai de jour
assez pour voir que la lumière existe encore pour les autres
imaginez que c'est chaud, très chaud
imaginez que vous êtes enfermée dans du tissu,
noyée dans l'étoffe, dans l'obscurité
imaginez que vous suppliez dans ce couvre-lit
que vous tendez sous le tissu la main
qui doit rester couverte, sans ornement, invisible
de peur qu'ils l'écrasent ou la coupent