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EAN : 9791032907054
528 pages
Éditions de l'Observatoire (19/08/2020)
2.7/5   96 notes
Résumé :
« Gagne du temps. Au risque d'être péremptoire, snob ou dogmatique... Gagne du temps. Trompe-toi tant qu'il faut. L'instinct est à ce prix. Tu trouveras la faille et planteras l'étendard au coeur battant de la vie. Sois con souvent, génial parfois. C'est la rançon de l'emporte-pièce, le salaire du mépris. Cent sottises pour un aphorisme, comme un diamant scintille au milieu du charbon. Gagne du temps, disait mon père, laisse-moi te faire gagner du temps... »
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Après de multiples ouvrages philosophiques, le "philosophe médiatique et cathodique" livre un premier roman . Diantre!
Enfant du petit monde germanopratin, à priori riche de parents , beaux parents , amis célèbres, de cette gauche caviar qui en fait porte bien son nom, le narrateur qui ne sera nommé qu'en dernière page se laisse aller, ouvre les vannes dirais-je prosaïquement.
Un peu comme Y.Moix ou H.Bazin il y a 70ans(Vipère au poingt) il se dépouille de son enfance, une enfance de parents divorcés . Un enfant qui navigue d'un appartement à l'autre, de l'enfer que lui fait subir un beau-père brillant lui aussi mais le battant et l'humiliant sous le rire " de canard" de sa propre mère. Puis l'autre appartement , celui de son père , le paradis. Un père qui lui enseigne que la vie étant trop courte il faut toujours gagner du temps sur celle ci, quitte à faire des erreurs, mais qui a la main leste également.
Ce père , proustien en diable, centré sur lui même et qui pleure sur l'épaule de son fils quand celui ci est reçu à Normale Sup, non pas de joie, mais de regrets de pas avoir pu ou su y accéder lui même. Pour Raphael c'est la rencontre d'un professeur de philo merveilleux, de profs que l'on oublie pas.,
Dans le même temps, Raphael aperçoit un jour son reflet dans la vitre d'un train et constate qu'il est beau.Et il va en profiter, beaucoup d'amourettes pour ce manipulateur sans vergogne qui ne s'épargne pas lui-même.
Mais également très jeune il se retrouve marié sans en avoir apparemment été l'acteur n°1 : ses père et beau père (Jean Paul, et BHL) étant les meilleurs amis du monde.
A partir de là, il laisse voir un autre aspect de lui-même, et c'est on le suppose avec sincérité, certes sa méchanceté et son cynisme sont éblouissants, mais maintenant ce n'est plus un enfant qui s'exprime , et les moqueries sarcasmes déversés sur tous ses proches deviennent vulgaires.
Son ex beau père et son épouse, leurs amis, voire son père sont ridiculisés à outrance (quoique). Il ne lui était même pas indispensable de travestir les prénoms, chaque personnage se reconnaît à grands traits. Mais là où peut-être la bascule se fait , c'est quand il parle de son ex-épouse, Justine L. Il me semble qu'un "honnête homme" au sens propre du terme, fusse-t-il sorti du marigot germanopratin ne devrait pas être obscène à ce point. Autre facette non exploitée: aigri peut-être?
Puis apparaît la Lumière, amie de son père, sous les traits d'une merveilleuse italienne , avec qui il connaîtra vraiment l'amour... Pour un temps, mais si je comprends bien la dernière page, bien plus tard il pourrait y avoir un autre ouvrage.
C'est un ouvrage étrange que j'ai apprécié, une auto-fiction certes, drôlement bien écrit( 77 petits chapitres mâtinés de réflexions philosophiques)des références aux lectures d'enfance, comtesse de Ségur par exemple., une mise à nu courageuse , mais attention aux éclaboussures!
Mais j'y pense, ce quadragénaire a lui-même si je ne me trompe 4 garçons issus de 4 lits différents, donc susceptibles de subir des beaux-pères, voire plusieurs capables du pire également , cela effleure t-il la psyché de ce bel homme au sourire carnassier?
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Le temps perdu à lire ce monument de narcissisme ! Mais qu'est-ce qu'il s ‘aime, qu'est-ce qu'il vénère tous les états de son précieux moi (auprès duquel le reste n'est qu'un pâle faire-valoir sur lequel on peut s'essuyer les pieds, voire se torcher avec ravissement). Cet infatigable, irrépressible bavard décortique les moindres parcelles de sa géniale existence pour en extraire son précieux et substantifique moi, moi, MÔA . du haut d'un Olympe auquel nul autre ne pourrait prétendre, il trahit et méprise allègrement, voire traîne dans la boue tout ce qui n'est pas lui, Certes, c'est bien écrit (mais tellement long et bavard,) l'animal est doué, lucide et méchant, mais ça ne suffit pas pour faire un écrivain. (Quelle outrecuidante référence à Proust !)
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Certains enfants subissent la malédiction de naître dans une famille déjantée et portent ce stigmate toute leur vie. Et ce n'est pas une question d'époque, de milieu ou de niveau social.

Cet ado-là, le narrateur, j'aurais pu le croiser rue Delambre ou boulevard Montparnasse et mieux, une de mes filles née la même année et fréquentant comme lui le lycée Henri IV, a dû le rencontrer …

Comme jadis sous la plume d'Hervé Bazin (Folcoche), plus récemment Yann Moix, Vanessa Springora (Le consentement) ou Edouard Louis (En finir avec Eddy Bellegueule) né dans une famille de prolos mais qui a intégré lui aussi l'Ecole Nationale Supérieure, voici l'autobiographie cruelle et sans complaisance de Raphaël Enthoven, né dans une « tribu » d'intellectuels hautement diplômés, d'écrivains reconnus et d'éditeurs courtisés. Il nous raconte en une sorte de catharsis (libération, purgation, défoulement) sa triste enfance de gosse de divorcé nanti d'une mère dominée ou indifférente et d'un beau-père franchement hostile.

Seulement voilà : « quand on néglige un petit, ou quand abusant d'une légitime autorité, on en fait un souffre-douleur, il faut aussi l'empêcher de lire si on souhaite qu'il pense que tout est de sa faute.

C'est sans doute difficile aussi d'élever un enfant surdoué qui n'est pas de son sang … Il n'empêche. Raphaël se lâche, débride la plaie, laisse s'écouler le pus : chacun en prend pour son grade, même son père adoré mais qui à la fin sera – c'est inévitable – « tué ». Un jeu de massacre auquel échappent sa grand-mère « Poupette » et surtout la première femme dont il soit tombé éperdument amoureux, et quelques uns de ses professeurs.

Bien des enfants de familles recomposées oscillant d'un foyer à un autre se retrouveront dans ce récit : l'auteur constate que « la plupart des parents qui s'entre-tuent le font par-dessus la tête des enfants, lesquels par cette précaution n'en reçoivent que des coups sous la ceinture et des balles perdues. »

Au-delà des révélations croustillantes sur le verso de l'image lisse d'intellectuels de notoriété publique – les prénoms, même changés, restent transparents – c'est la souffrance d'un jeune puis moins jeune homme hyper doué et hypersensible qui touche le lecteur, une incursion au coeur d'un bel enfant non dénué de malice, un peu remuant mais pas méchant pour deux sous … qui va devenir à son tour un cruel personnage.

Comment Raphaël vit-il aujourd'hui le fait d'être à son tour père de quatre fils nés de quatre femmes différentes ? Ou bien n'est-ce pas justement en pensant à eux qu'il a écrit ce témoignage ?

Autre question de l'auteur : « Que faire de ceux qui ne veulent rien voir ? Pourquoi sont-ils les premiers à nous bander les yeux ? »


Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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D'Enthoven, j'ai lu « Morales provisoires » qui m'avait moyennement convaincue.
« Le temps gagné » est présenté comme un roman mais est une autobiographie dont il a changé les noms des personnages.
Enfance pas facile entre les deux foyers de son père et de sa mère.
Adolescence plutôt insolente.
Âge adulte conquérant et arrogant
Avec un à priori basé sur rien de précis, je n'aime pas vraiment le personnage Raphaël Enthoven.
Je le trouve séduisant mais très sûr de lui, très parisien, prétentieux, donneur de leçons.
Raconter son enfance, je peux le comprendre, d'autant que la sienne n'a pas eu l'air très facile.
Quel que soit le milieu social et intellectuel, l'enfance n'est pas toujours un temps d'innocence heureuse.
Puis vient l'adolescence, plutôt libre, et enfin l'âge adulte.
Cela tient souvent du règlement de compte, quelle que soit l'époque racontée.
Si l'écriture est le plus souvent agréable, elle est parfois pompeuse, truffée de références philosophiques ou littéraires.
La lecture de ce pavé de plus de 500 pages me conforte dans mon idée première sur la personne.
Bobo, gauche-caviar, milieu parisien intellectuel de l'entre-soi........
Peu de modestie, peu d'humilité, peu de compassion.
Un monde que je n'aime pas, qui manque d'humanité et dégouline de supériorité.
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« Je n'étais pas, je crois, ce qu'on appelle un « enfant battu ». Que resterait-il aux vraies victimes ? » écrit Raphaël Enthoven, minimisant la violence qui marqua les premières années de son existence. Pourtant, des gifles et des insultes, il en prend quasi quotidiennement de la part d'Isidore alias le Gros, son beau-père, le mari de sa mère qui ne prend jamais sa défense préférant exorciser cette brutalité en faisant résonner un rire de canard tonitruant. Accessoirement, elle a aussi « la main leste » et l'injure facile. Un jour, ne supportant plus les brimades et les coups, vainquant sa peur, il se révolte contre les injustices. le résultat est immédiat : il va vivre chez son père. « C'est tout ce que j'espérais » confie-t-il. Il déchantera vite. L'accueil de la belle-mère, pourtant si gentille lorsqu'il n'était que de passage le week-end, est plus que mitigé. Quant au père, snob (la scène où il tente de transformer son employée de maison, l'impayable Mafalda, en butler portugais est drôlissime), narcissique, pleurnichant toujours sur son sort et que le narrateur compare à Gustave Courbet (peut-être à cause de son autoportrait « Le désespéré »), il dévoile les détails de sa vie privée à son rejeton et ne se prive pas, de temps à autre, de le talocher.
En réaction, il devient insolent, un brin con et se promet de « ne jamais souffrir d'amour. Quitte à ne pas aimer », atterré par le vaudeville qui se déroule sous ses yeux. Il découvre aussi, en observant son reflet dans la vitre d'un train, qu'il est beau. C'est ce constat, et avec lui une collection de conquêtes féminines, qui lui donnera l'assurance qui lui faisait défaut.
Contrairement à beaucoup d'avis qui ont stigmatisé le nombrilisme de l'auteur, j'ai plutôt bien aimé ce « roman », sorte de confession d'un enfant issu d'une famille d'intellos parisiens de gauche qui est, comme toutes les autres familles, habitée par les mêmes passions tristes. J'en ai apprécié l'écriture, souvent éructante, l'humour vache, l'autodérision (il se compare à un « Don Juan kantien »), les digressions sur ses lectures (entre autres, le magnifique « Mon bel oranger » qui a ému des milliers d'enfants et leur a donné le goût des livres), les philosophes mais aussi les « films de merde » (« Rocky me donnait du courage » confesse-t-il) qui l'ont construit ainsi que les professeurs (« Monsieur Castaing (…) que j'aimais comme un père choisi ») qui ont fait de lui le passeur d'idées et l'observateur de notre société qu'il est. On sent que « Le temps gagné » l'a libéré, apaisé et permis, une fois adulte, une forme de réconciliation avec les siens
En revanche, j'ai trouvé ignobles les pages qu'il a écrites sur une certaine Faustine qui n'est autre que Justine Lévy, la fille de BHL, qu'il a épousée « à contrecoeur » sous prétexte que leurs pères étaient les meilleurs amis du monde. Même s'il s'agit d'une réponse à « Rien de grave », ce règlement de compte ne l'honore pas.

EXTRAITS
- Changer de vie ou changer d'avis, c'est changer de déception.
- le réel est d'une étoffe que les mots n'arrivent pas à saisir.
- le temps retrouvé n'est pas un retour en arrière mais l'immuable émotion d'un souvenir du présent.
- Se marier, c'est s'offrir une déception pour le prix d'une fête.
- Nous étions socialistes. On produisait de la synthèse comme la peau fabrique de l'eczéma.
- Ma connerie à moi, c'était la chasse aux cons. J'étais l'esclave de ma liberté.
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critiques presse (2)
LaPresse
05 octobre 2020
Si les dessous de la vie privée des intellectuels du 6e arrondissement vous fascinent, ce roman est pour vous. Mais si vous êtes allergique à la méchanceté gratuite, peut-être que vous n'apprécierez pas cette (trop) longue lecture.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
12 août 2020
Dans "Le temps gagné", étonnant roman autobiographique entre Proust et Rocky, le philosophe raconte sa jeunesse houleuse et règle des comptes. Bonnes feuilles.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
[...] je persiste à regarder d'un drôle d’œil les gens dont le cœur, rétroactivement, s'interdit d'avoir aimé l'être dont ils s'aperçoivent , après des années d'amour, qu'il était cavaleur. Je veux bien qu'on cesse d'aimer. Mais comment peut-on cesser d'avoir aimé ? Comment nos sentiments peuvent-ils remonter le temps et s'annuler eux-mêmes ? Aimer n'appartient qu'à soi. Être aimé suspend le bonheur au caprice d'une autre.
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[...] C'est une illusion que j'aime combattre au quotidien, en rappelant aux tenants du "mieux avant" qu'il y a toujours eu, à toute époque, des gens pour penser que c'était mieux avant, et qu'un tel diagnostic renseigne davantage sur la psychologie de celui qui le porte que sur la réalité du monde où il joue à se sentir perdu. Reste qu'il n'ont pas tort. C'était peut-être mieux avant, après tout.
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De là à croire que le passé se corrige autant que l'avenir, il n'y a qu'un pas, que mon père accomplissait sans peine, sous l'élan d'un lyrisme désinvolte qui ne l'engageait pas : "Nul ne sait, aimait-il dire en allumant sa cigarette, ce que le passé nous réserve."
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Non.
On ne peut pas dire ça.
Je n'étais pas, je crois, ce qu'on appelle un "enfant battu",
Que resterait-il aux vraies victimes ?
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J'ai hérité d'une insatisfaction dont le porteur à guéri au moment même où son caractère n'avait plus d'incidence sur le mien.
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Vidéo de Raphaël Enthoven
Cette semaine, Augustin Trapenard reçoit Jean-Christophe Rufin pour "D'or et de jungle", un roman dystopique édité chez Calmann-Lévy, Raphaël Enthoven pour "L'Esprit artificiel", un essai philosophique sur les limites éthiques de l'intelligence artificielle paru aux éditions de l'Observatoire, Nathalie Azoulai pour "Python", une autofiction décrivant une plongée dans le monde des codeurs publiée chez POL, et Raphaël Gaillard pour "L'homme augmenté", un essai sur les interfaces cerveau-machine édité chez Grasset.
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