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Critique de Belem


Belem
25 février 2013
Les livres en français sur Buenaventura Durruti, militant anarchiste espagnol, sont rares. Celui-ci n'est pas vraiment une biographie, car Enzensberger n'a rédigé que des « gloses », de courtes introductions en début de chapitre, afin de présenter la période considérée et le contexte politique. L'essentiel du bouquin est constitué d'une avalanche de témoignages recueillis auprès de sa famille et de sa compagne, d'autres militants de la CNT-FAI, des combattants de la fameuse « colonne Durruti », des avocats qui l'assistèrent lors de ses différents procès, de coupures de presse, d'extraits de mémoires, de souvenirs et d'articles de journaux.
Une avalanche, vraiment, car on a du mal à s'y retrouver. Parfois, on ne sait plus qui parle de qui, car certains textes ou témoignages disent « il », mais en parlant de quelqu'un d'autre, Durruti n'étant évoquer qu'à la marge. Cependant, on peut se faire une idée très vivante de la période, notamment en ce qui concerne la révolution de 1936, dont Durruti fut une figure marquante.
Les témoignages de ceux qui ont combattu avec lui sont les plus nombreux et les plus intéressants, comme ceux de ses camarades CNT Juan Oliver ou Ricardo Sanz. Certains évoquent la situation à Barcelone, d'autres les combats à Madrid ou dans L Aragon. Il y a cependant un défaut majeur à cette présentation. Dans la mesure où Enzensberger se refuse à commenter les témoignages qu'il cite, le lecteur n'a aucun moyen de vérifier la véracité des propos tenus. La plupart des témoignages sont sincères et honnêtes, sauf... lorsqu'ils émanent de staliniens patentés, spécialistes de la falsification historique, soit soviétiques, comme l'écrivain Ilya Ehrenbourg ou le journaliste Mikhaïl Kolcov, un temps rédacteur en chef de la « Pravda », soit espagnols comme Enrique Lister ou Dolores Ibarruri (La Pasionaria).
De son vivant, Durruti fut en effet considéré comme un adversaire par le Parti Communiste espagnol, devenu stalinien. Il fut tué à Madrid en novembre 1936, au cours de combats contre les troupes franquistes. Il y eut 200 000 personnes à son enterrement. Sa popularité au sein du mouvement ouvrier était telle qu'après sa mort, les staliniens essayèrent de récupérer sa mémoire, notamment en inventant de toutes pièces une prétendue sympathie qu'il aurait éprouvée sur le tard à l'égard de Staline, voire en créant même un fantomatique conseiller militaire soviétique qui l'aurait secondé. Certains témoins reprennent ces mensonges, qui sont d'une malhonnêteté sans nom.
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