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Critique de Patmarob




« le bref été de l'anarchie , la vie et la mort de Buenaventura Durruti » de Hans Magnus Enzensberger a été publié en 1972, traduit en langue français en 1975 et réédité en 2010. L'auteur, poète, essayiste…, le qualifie de « roman » . L'originalité du livre réside dans la succession de témoignages, articles de journaux, récits…qui tentent une biographie de l'anarchiste espagnol Buenaventura Durruti. Huit gloses, courts commentaires historiques qui éclairent le sens des textes, ponctuent les huit chapitres du livre. Dans la première glose, H. M. Enzensberger explique sa démarche et le sens qu'il donne au mot « roman » attribué à cette biographie. « L'Histoire (est) considérée comme une fiction collective », les témoignages, articles…illustrent une étape de la vie de Durruti ; leur juxtaposition, confrontation..doivent permettre de recréer l'ambiance de l'époque ( du début du XXème siècle à 1936). La méthode historique est donc posée et la fiction collective , notamment de la guerre civile espagnole par les acteurs du conflit ( ici du côté républicain, et surtout anarchiste) est réinterprétée par l'écrivain ( ici dans les années 1970), puis par le lecteur ( ici en 2010-2014). L'auteur ne veut pas se préoccuper de l'appareil critique qui accompagne les sources documentaires et qui doit cerner la part de vérité, de mensonge… de chaque document. H.M. Enzensberger veut brosser une « image » de l'époque, interroge le mythe du héros… d'autant que B.Durruti a laissé peu de traces personnelles. Ecrire la biographie de B. Durruti est donc un travail de « reconstitution », l'écrivain doit accepter d'être contredit par d'autres ouvrages..car « il n'a pas le dernier mot ».
La période est cependant bien saisie dans son atmosphère politique, la vie « marginale » des anarchistes , les difficultés de la II ème République espagnole. le livre dresse le contexte de la guerre dans ses terribles difficultés politiques, économiques…il développe les rivalités entre les hommes ( anarchistes, communistes…), les débats sur le sens de la guerre : révolution et combat, ou guerre d'abord..Les différentes hypothèses qui tentent une explication de la mort de Durruti illustrent bien la reconstruction d'un puzzle, d'une image qui se forme petit à petit à la lecture.
Seuls les auteurs des documents sont nommés, les extraits ne sont pas datés, leur origine n'est pas précisée…Ce qui gêne le lecteur historien.. mais l'auteur le précise dès la page de garde, il a écrit un roman. La lecture de ce livre est intéressante, et son développement suit le fil d'un….roman.

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