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Critique de Sharon


Bienvenue ! Bienvenue dans l'Amérique de la côte Est, où les gentils habitants n'ont pas de problèmes particuliers mais sont tout à fait capables de s'en créer. En effet, ils n'ont pas de problèmes financiers, pas de problèmes de santé, ils ne risquent pas vraiment d'être au chômage ou de ne pouvoir payer leurs frais médicaux. Non, tout va à peu près bien, que ce soit à New York ou dans le Maine. Prenez par exemple Lizzie et Michaël. Ils ont tous les deux dépassé la quarantaine, n'ont pas d'enfants, et ne semblent pas s'être posé la question d'en avoir ou pas. Lui est un ex-écrivain prodige qui affirme travailler sur son nouveau roman, elle est journaliste, et peine à trouver des piges – ce qui ne les empêche pas de vivre assez bien. Ils forment un couple uni, à la sexualité active, plus comme des adolescents en goguette que comme un couple marié depuis près de dix ans. Cela n'empêche pas Michaël d'avoir une maîtresse – histoire classique – une jeune réceptionniste à qui il a promis la lune – c'est à dire quitter sa femme et se mettre en couple avec elle. Aujourd'hui comme hier, tout lecteur normalement constitué sait que cela n'arrive jamais.
De l'autre côté, nous avons Finn et Taylor. Finn est restaurateur, il travaille beaucoup, est attiré par une jeune femme pêcheur, qui est tout le contraire de sa femme. Attiré, mais il n'est pas allé plus loin – pas encore. Taylor est le personnage qui m'a le plus intéressée, sans doute parce qu'elle représente vraiment la mère de famille WASP par excellence : toujours parfaite, elle a beau travaillé à l'office de tourisme de Portland, elle a une relation fusionnelle avec sa fille unique Snow, qu'elle ne quitte quasiment jamais.
Snow. La seule personne dont on n'entend pas la voix dans ce roman, ou si peu. Deuxième personnage le plus intéressant parce que nous n'aurons jamais son point de vue – les quatre autres personnages sont tour à tour les narrateurs du récit de cet été à Syracuse. Elle est encore une enfant, elle ne montre pas une personnalité très définie. Chacun de ses gestes, de ses actes, de ses paroles semblent scrutés, interprétés, surinterprétés par trois des adultes qui l'entourent. Snow est une page blanche qui reflète la personnalité des autres, par la manière dont ils la voient. le seul a avoir une interprétation presque « simple » de ses actes est son père, puisqu'il cherche, comme presque tous les parents, la preuve que cette enfant si semblable à sa mère est une Dolan, malgré tout.

Snow qui est au coeur de tout, avec ce prénom à double sens. D'abord parce que sa mère fait tout pour la protéger, que ce soit des microbes (abondance du gel désinfectant, soin apporté aux chambres d'hôtel successives) que de tout ce qui pourrait entacher sa « pureté » – il est des mots qu'on ne prononce pas devant elle, des oeuvres que l'on ne saurait montrer. Snow qui découvre un pays, une culture. Snow qui suscite l'intérêt de Mickaël, comme une jeune fille qu'il faudrait initier. A quoi ? Là est la question. La culture ? Pas si sure. Peut-être ai-je l'esprit un peu mal tourné mais Mickael et ses mensonges à répétition n'est pas la personne à qui je confierai l'éducation artistique de ma fille unique.
Il faut dire aussi que le récit nous est raconté après coup, ce qui fait que les personnages peuvent mettre l'accent sur ce qui, à leurs yeux, a entraîné le drame. Reste à définir ce qu'il est, pour chacun d'eux, et les conséquences pour chacun.
L'été dernier à Syracuse est une histoire de couples, mais pas que. Il met à jour les petites et grandes lâchetés de chacun. Certains s'en accommodent très bien, d'autres moins, mais au final ils ne changent pas leur conduite. Leur confort avant tout. Vive l'American way of life.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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