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Citations sur Éloge de la folie (97)

« Le singe est toujours singe, dit l’adage grec, même sous un habit de pourpre. » Pareillement, la femme a beau mettre un masque, elle reste toujours femme, c’est-à-dire folle. Les femmes pourraient-elles m’en vouloir de leur attribuer la folie, à moi qui suis femme et la Folie elle-même ? Assurément non. A y regarder de près, c’est ce don de folie qui leur permet d’être à beaucoup d’égards plus heureuses que les hommes. Elles ont sur eux, d’abord l’avantage de la beauté, qu’elles mettent très justement au-dessus de tout et qui leur sert à tyranniser les tyrans eux-mêmes. L’homme a les traits rudes, la peau rugueuse, une barbe touffue qui le vieillit, et tout cela signifie la sagesse ; les femmes, avec leurs joues toujours lisses, leur voix toujours douce, leur tendre peau, ont pour elles les attributs de l’éternelle jeunesse. D’ailleurs, que cherchent-elles en cette vie, sinon plaire aux hommes le plus possible ? N’est-ce pas la raison de tant de toilettes, de fards, de bains, de coiffures, d’onguents et de parfums, de tout cet art de s’arranger, de se peindre, de se faire le visage, les yeux et le teint ? Et n’est-ce pas la Folie qui leur amène le mieux les hommes ? Ils leur promettent tout, et en échange de quoi ? Du plaisir. Mais elles ne le donnent que par la Folie. C’est de toute évidence, si vous songez aux niaiseries que l’homme conte à la femme, aux sottises qu’il fait pour elle, chaque fois qu’il s’est mis en tête de prendre son plaisir. Vous savez maintenant quel est le premier, le plus grand agrément de la vie, et d’où il découle.
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Donc, parmi les mortels, les plus éloignés du bonheur sont les adeptes de la sagesse.
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La dette des poètes envers moi (la Folie) est moins importante, même si, de leur propre aveu, ils font partie de mon obédience : ne sont-ils pas, comme dit le proverbe, une race d'hommes libres, dont l'unique ambition est de charmer l'oreille des fous, et cela avec de pures bagatelles et des fables qui prêtent à rire. Et dire que, pourtant - la chose est admirable !-, ils se fondent là-dessus pour se promettre l'immortalité, une vie pareille à celle des dieux, et qui plus est la garantir à d'autres.
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Dites-moi, je vous prie, peut-on aimer quelqu'un, quand on se hait soi-même ? Peut-on vivre en bonne intelligence avec les autres, quand on n'est pas d'accord avec son propre coeur ? Peut-on apporter quelque agrément dans la société, quand on est ennuyé et fatigué de sa propre existence? (p.43-44)
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Mais nos docteurs n'en jubilent pas moins d'être tels qu'ils sont, et même ils s' applaudissent si fort d'être occupés nuit et jour à leurs aimables sornettes qu'il ne leur reste pas un seul instant pour lire ne serait-ce qu'une fois les Evangiles et les épitres de Paul.
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L'homme ne naît pas homme, il le devient.
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D'abord, qui ne sait que la première enfance est pour tout homme, et de loin, le plus joyeux, le plus agréable des âges ? Que possèdent-ils donc, les petits enfants, qui nous incite à les couvrir de bisous, à les dorloter, à les caresser, même un ennemi porte secours à un bébé? Que possèdent-ils, sinon la séduction de la folie? La nature, dans sa prudence, en a gratifié tout exprès les nouveau-nés, moyennant quoi ils apportent, sous forme de plaisir, une sorte de contrepartie aux tracas de ceux qui les élèvent : ainsi gagnent-ils les faveurs des personnes qui veillent sur eux.
XIII
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Mais peu importe la date où meurt quelqu'un qui n'a jamais vécu.
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Mais personne, me dit-on, n'offre de sacrifices à la Folie, personne ne lui élève de temple. Très juste !Et je m'étonne assez - je l'ai dit - d'une pareille ingratitude. Mais, facile à vivre comme je suis, je prends la chose du bon côté : ces honneurs-là, d'ailleurs, je serais incapable de seulement les désirer. En effet, que me chaut d'exiger un peu d'encens ou de farine, un bouc ou une truie, quand les mortels, partout dans le monde, me rendent un culte que les théologiens eux-mêmes approuvent sans réserve ? Faudrait-il que je sois jalouse de Diane, sous prétexte qu'à elle on offre du sang humain ? J'estime, pour ma part, que partout les hommes, tous autant qu'ils sont, me rendent un culte éminemment religieux, quand ils m'accueillent dans cœur, me reflètent dans leur conduite, ont une vie à mon image. En vérité, cette façon de rendre un culte aux saints n'est pas monnaie courante chez les chrétiens.
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Quant à se poser des questions sur ce qu'il peut y avoir au-delà même du réel, c'était une extravagance qui ne venait même pas à l'esprit. Mais, I'âge d'or perdant peu à peu de sa pureté, les méchants génies (je l'ai déjà dit) inventèrent les arts, en petit nombre toutefois et sans faire quantité d'adeptes. Plus tard, on vit les arts proliférer, avec la superstition des Chaldéens et l'oisive inconséquence des Grecs: ce sont autant de tortures pour l'intelligence, et cela est si vrai que la grammaire, à elle seule, comporte largement de quoi faire le supplice de toute une vie.
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