AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Krout


Krout
07 février 2017
"Tu décideras de ce qui peut et ne peut pas être passé sous silence, ou liquideras les comptes qui peuvent l'être. Au fond de ton corps se lève un autre corps qui est tout tremblant, les murs de pierre tremblent avec lui, le monde tout entier est secoué de tremblements, les étoiles tremblent dans le ciel." p.26

Parce que tu es indéniablement poète. Toi, Asli Erdogan, tu as perçu cette vibration. Tes yeux sont des étoiles et se sont portés sur l'opprimé. Ton regard perçant a pu y déceler toute l'humanité.
A. comme Adam, le premier homme, l'Alpha. Pour t'être arrêtée à ses pieds, tu l'as été, toi aussi. Tu as été à ses côtés : c'est ainsi que tu l'as remplacé.

Pour ceux qui n'entendent pas, tu as écrit. Pour ceux qui ne voient pas, tu as chanté.
Et moi, tu m'as touché. Tu m'as jeté ce mot pour que je puisse m'accrocher
V I E

"A cet instant-là je tombai au milieu du V, du I et du E qui séparément , ne signifient rien." p.36
" A cet instant-là une étoile est ressuscitée. Et tu m'as laissé tes yeux pour que je puisse regarder la vie comme un miracle" p.42

J'ai entendu la trille stridente de ton chant, haut dans le ciel, elle a traversé les pierres, fissuré la chape en béton, armé forcément, de l'enceinte de confinement dans laquelle, ils t'ont déjà jetée. L'alarme a sonné, elle me tire du cocon douillet dans lequel je m'étais profondément endormi. Je me berçais d'illusions sur un monde en paix qui n'existe pas...

J'ai reconnu A., ici dans ma ville, assis à la porte de ma banque. "Le destin joue à un jeu sinistre en nous assignant une place à table, un status social, en nous plaçant d'un coté ou de l'autre des portes verrouillées, à l'ombre ou en pleine lumière. Car nous sommes tous semblables et nous sommes tous des victimes." P.31
C'est la première fois que je vois A. véritablement, d'habitude je me détourne et je m'enferme. Voilà l'homme qui vous exhorte à lire Asli Erdogan.

Parce que le temps nous est compté. Parce que j'ai entendu ton appel : "Si je pouvais, avec deux yeux, regarder le plafond bas du ciel qui protège le monde, si je pouvais entendre un battement d'ailes, si le vent pouvait souffler dans les coins sombres..." p.60
Oui, il est là l'effet papillon dont j'ai déjà parlé * : lire Asli Erdogan avant son procès ! Ah qui peut dire l'espérance si tout Babelio s'y met ? Si chacun ouvre ses ailes, si chacun siffle d'un petit souffle : alors un air frais, un vent nouveau ? Il faut si peu de chose...

"Un pipeau joue en vain les motifs entremêlés de tout ce qui existe, la mélodie de ce qui est et de ce qui n'est plus, de ce qui vit et de ce qui vivra un jour... Je l'ai entendue une fois, oui, c'est LA que je l'ai entendue pour la première fois, tout au long de la nuit elle s'adressait aux étoiles et à des mondes nouveaux, elle se parlait à elle-même. p.93"

Alors, parce que je la plains un peu et je l'envie beaucoup
Parce qu'elle m'envie peut-être un peu et qu'elle me plaint beaucoup
Alors, au moins la lire
Oui avant la mort, je la lirai encore

A la vie,
Avec tendresse

* cf. le silence même n'est plus à toi : Asli Erdogan
Commenter  J’apprécie          5218



Ont apprécié cette critique (43)voir plus




{* *}