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Faut-il comprendre pour aimer ? Car encore j'ai aimé, j'ai souri, j'ai frémi, et..., sur tout : j'ai pleuré ! Je lève mon verre à la folie pour taire la terrible lucidité, terre d' Asil E. Peut-on comprendre ce qui est et qui n'est pas ?
Le temps qui a été et déjà n'est plus et qui naît ne sera jamais ce que l'on aurait voulu. Pour cause l'avenir vient du passé comme dans LE CAPTIF. Et les souvenirs de manger le présent dans chacune de ces cinq nouvelles. Aux heures sonnantes, sortent chanter LES OISEAUX DE BOIS comme des vierges folles s'effeuillant dans la forêt pour narguer la mort toute proche...
Promenons nous dans le bois
Tant que le loup n'y est pas
Loulou ... Es-tu là ?

Les pesants souvenirs de l'amour dans UNE VISITE SORTIE DU PASSE, et de Genève (ou de n'importe où) être ramené sans cesse à cet Istanbul intérieur, pour le meilleur et pour le pire : "Dans l'Istanbul que je porte en moi Ümraniye est aussi présent que Péra, la corne d'or et Sainte-Sophie [...] mon premier baiser dans le parc de Yildiz, thé infusé que je buvais en fumant le narguilé dans une courette fraîche de Beyazit par un étouffant après-midi d'été..." p.75

Ce qui est clair dans ce petit recueil au fil des nouvelles, c'est l'amour inconditionnel que porte Asli Erdogan à sa ville et aux plus angoissés d'entre ses habitants. Amour déchirant. Bons et mauvais souvenirs à l'insomnie. Amour que le temps ne peut détourner. La vie ne fait pas de cadeaux, voilà les mots qui ont pris leur envol dans ce recueil. Hélas, moins encore pour qui est doté à la fois d'une sensibilité hors du commun, d'une grande compassion et dont la clairvoyance due à une intelligence largement au-dessus de la norme ne peut occulter ni cette lente marche vers la mort bien établie, ni la peine qui accompagne les vivants, ni cette peine inhumaine en voie d'être prochainement rétablie, cruelle infamie, dans ce pays qu'elle aime tant ; ni l'abîme toujours proche de la folie.

Aussi JOURNAL D'UNE FOLLE est ma préférée, celle où se déploie pleinement l'intelligente ironie d'Asli Erdogan, et mon esprit alerte me souffle "la plus auto-biographique en un sens caché". Oui l'humour fait du bien. Etrange : écrire pour ne pas verser dans la folie. Je me sens complice au-delà des mots alors qu'à contrario, je n'ai pas écrit pour ne pas basculer.

Moins de 150 pages, le temps d'un ou l'autre coucou, pour nous rappeler notre "humanité", pour rendre au temps sa densité, à la vie son intensité. Dérangeant mais nécessaire et fatalement là-bas, si proche :
Le grand méchant loup ...
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Deuxième livre que je lis de cette auteure. J'avais été véritablement envoûté par la force politique et poétique de "Le silence même n'est plus à toi".
Pour ce recueil de nouvelles, je serai un peu moins enthousiaste. On retrouve les thèmes de l'emprisonnement, de la folie, et l'ensemble dégage un sentiment d'oppression telle qu'on doit le ressentir en vivant en Turquie. Pour autant, je n'ai pas complètement adhéré aux intrigues. A part "une visite surgie du passé" : Un homme qui s'est exilé à Genève se souvient de la femme qu'il aimait. On assiste alors à ses remords, ses regrets, ce qu'il aurait pu faire pour garder cette femme.
Les thèmes des autres nouvelles ne me semblent pas aussi forts, aussi prégnants.
Il en reste cependant un très bon recueil de nouvelles qui se lit agréablement, et ayant souvent pour cadre la Turquie actuelle, où la liberté ne tient souvent qu'à un fil.

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Ils sont beaux, ils ressemblent traits pour traits aux oiseaux de nos forêts ou de nos jardins, ils en ont les couleurs, mais ils ne chanteront jamais...."Un oiseau sans âme, impuissant et ridicule, dont les ailes, inaptes au vol, ne produisent qu'un bruit mécanique"...Belle image pleine de sous-entendus.
Asli Erdoğan, auteure turque, plusieurs fois emprisonnée par le régime turque nous livre un recueil de 5 petites nouvelles de longueur, d'intensité et de charge émotionnelle très inégales..
Des femmes tuberculeuses usent leurs dernières forces dans une ultime ou première ballade en forêt, pour une seconde d'humour, de vie, d'amour..un homme se souvient d'une femme qu'il a beaucoup aimé et qui a disparu, une folle...
Bref des personnages tourmentés, mal dans leur peau, malades...Le détresse de chacun servant de fil conducteur afin de décrire à mots couverts tour à tour, la détresse des malades, l'enfermement des âmes et des corps, la violence policière, la beauté et la laideur aussi d'Istambul...
On perçoit dans ces textes sans sourire l'auteure tourmentée, qui a connu la répression, la violence du régime turc...le désir ardent de liberté
Deuxième livre lu d'Aslı Erdoğan, à ne pas lire les jours ou le bourdon vous trotte dans la cervelle...Je l'ai sans doute lu un mauvais jour
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Recueil de nouvelles - Beaucoup de femmes y sont impliquées .

Un point commun entre toutes : une immense solitude et souffrance. Il faut dire que l'inspiration est puisée dans l'histoire de la Turquie , avec ses atrocités cachées.

D'une écriture très belle, douce et poétique qui permet d'aborder de graves sujets avec finesse.
J'avoue tout de même qu'il m'a parfois été utile de relire certains passages pour les comprendre pleinement. Une lecture à faire au calme et l'esprit vide. Mais qui vaut le peine de s'y pencher.

Je précise que cette lecture est dans le cadre d'une future rencontre avec l'auteure.

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Apre... est l'écriture de Asli Erdogan et les thèmes qu'elles abordent dans ces nouvelles ne sont guère joyeux...
Autant dire que cette lecture se mérite, qu'il faut y rester attentif et ouvert, pour y déceler la souffrance des êtres sous le carcan autoritaire et confronté à cette affreuse maladie qu'est la vie. Les mots d'Asli Erdogan ne sont pas dépourvus de dérision, celle que nous impose la cruauté de la vie lorsqu'on doit à tout prix y faire face...
J'ai cependant hâte de découvrir ces autres écrits...
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Je suis un peu familière de la littérature turque mais n’avais encore jamais rien lu d’Asli Erdogan. C’est l’annonce de son emprisonnement qui me l’a faite découvrir et donner envie de la lire.

La médiathèque que je fréquente ne possède qu’un seul de ses livres « Les oiseaux de bois ». Il s’agit d’un recueil de 5 nouvelles toutes aussi puissantes les unes que les autres.

Dans la première, qui donne son titre au recueil, 6 femmes pensionnaires d’un sanatorium, se pressent par un samedi après-midi sur des chemins tortueux de forêt et de montagne afin d’ être à l’heure pour ne pas rater « L’Amazon Express ». Ces femmes, malades et n’ayant que très peu de perspective d’avenir, n’ont que cette échappée pour se sentir pleinement vivantes pendant quelques minutes.

Dans « Une visite surgie du passé », un homme se souvient, un an après, de la mort de sa compagne. On y découvre au fil des pages la lâcheté dont il a fait preuve mais également de très belles descriptions de la ville d’Istanbul :

« Istanbul est une femme fatiguée, mais attirante me disais-je, elle a beau avoir été malmenée, elle a réussi à rester belle, c’est une femme légère au coeur blessé. Elle a couché avec des hommes qui ne connaissaient pas son prix. Chaque fois elle s’est indignée mais elle a toujours pardonné. Elle est facile à aborder, mais c’est une femme incomparable, orgueilleuse et inaccessible. »

Les autres nouvelles nous feront croiser la route d’une jeune schizophrène, celle d’une femme de prisonnier qui garde précieusement les lettres censurées de son mari, et qui, enceinte, va se poster tôt un matin devant la porte de la prison afin de l’apercevoir :

» Sous bonne garde, le détenu sortit du bâtiment de pierre et elle resta là jusqu’à ce qu’on l’ eût mené à la voiture du pénitencier. Bien droite, inaccessible, silencieuse…Secouée par le vent… Offerte à tous les coups. Elle vit l’éclair qui brilla dans ses yeux – était-ce de la stupeur, de la joie, de la gratitude ou de l’amour, ou rien de tout cela, elle vit le frémissement au coin de ses lèvres, le vague salut de ses mains hissant les chaînes jusqu’à sa poitrine, le pouce tourné vers le sol pour dire ça va mal – à ce moment précis, un policier le poussa avant en lançant un juron- sa tête qui se cogna lorsqu’il monta précipitamment avec les autres dans la voiture…rien ne lui échappa. »

Le style puissant d’Asli Erdogan m’a happée tout de suite. J’ai lu les 150 pages du recueil quasiment d’une seule traite. Je suis heureuse d’avoir découvert cette auteure.

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Très beau roman écrit par une plume magique, elle nous emporte très loin dans son imagination où elle étale sur les feuilles de papiers des moments douloureux et des personnages abimés.
Elle raconte des histoires touchantes de personnes qui face à la mort où face à leur folie vont devoir affronter un monde difficile, sans liberté.
La différence y est mal vue, c'est le chemin de ces personnes qui restent elle-même dans ce monde très pénible où la différence n'est pas tolérée et inspire à un grand bol de liberté.

Après l'homme coquillage que j'ai adoré ce roman est mon deuxième de l'auteur et j'admire sa façon d'écrire et de penser. Elle reste naturelle est surtout elle-même.
Sa façon d'écrire décharge toute ses pensées et ses maux qu'elle a le courage d'affronter.
C'est une femme forte avec une âme merveilleuse que je prends plaisir à découvrir et à lire à chaque fois.
Je suis heureuse d'avoir pu l'écouter à sa conférence à Metz et pour moi c'est une grosse décharge d'émotion qui m'a touchée en plein coeur.
Son oeuvre est à l'image de la femme qui se bat contre l'injustice et la liberté d'écrire et de penser, elle travaille pour la paix et aide dès qu'elle le peut les sans-abris.
Dangereuse sont les femmes qui écrivent l'injustice et se battent pour un monde meilleur et tolérant.
Pour les dictateurs qui règnent et privent de pouvoir leurs peuples muets, c'est une claque et aussi un réveil pour que la littérature fasse passer des messages, si seulement ça pouvaient aider à changer les choses. Il faudrait que les gens se mettent à lire et à s'éveiller.
Heureusement il y a des héros qui ont la force de dire la vérité et de contrer cette dictature qui hélas pourrit de trop nombreux pays.

Un grand bravo à cette grande dame que j'admire énormément.

Lien : https://sabineremy.blogspot...
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La nouvelle titre donne le ton du recueil, elle en assemble aussi plusieurs thèmes. Elle se lit au moins à trois niveaux, littéralement, au niveau symbolique, politique et philosophique, telle un apologue.

Au départ l'excursion en forêt de plusieurs femmes, pensionnaires d'un sanatorium. Comme dans un conte, à ceci près que le « chemin des  rêves bleus » peut devenir « un trajet d'enfer », et la partie de plaisir, une amère désillusion.
La narratrice - en l'occurrence « Félicité », selon son surnom ironique, tient à la fois un récit externe et de courts monologues personnels, dont des injonctions à tenir bon, malgré le dur présent, et l'ombre du passé.
Les images sont fortes, à caractère symbolique, puisqu'elles montrent l'attachement à la vie : « Un arbre penché parallèlement à la rivière leur coupa le chemin. Ses racines comme des tentacules de pieuvre, se tendaient vers les durs rochers et, têtu, résolu, opiniâtre, il avait réussi à pousser sur cette pente vertigineuse. »

La chanson Vida e bonita fredonnée par l'une des participantes va dans le même sens : Vida e bonita « cela veut dire : « la vie est belle, belle, belle… n'aie pas honte de chercher à être heureux… » Paonlinho est né dans la rue, il a vécu dans la misère et il est mort de la tuberculose à trente trois ans. […] Si une personne qui est au fond de l'abîme dit que la vie est belle, il faut s'arrêter et prêter l'oreille. Mais pour pouvoir bien comprendre cette musique, il faut avoir vraiment souffert. »
Félicité espère une sortie bénéfique pour son mal être physique et mental, en compagnie de femmes mal en point, mais bien décidées à jouir de « l'Amazone express », mystérieux but de l'expédition, tenu secret. Une bonne surprise, pensent ses compagnes. Un espoir pour Félicité - et le lecteur, curieux de savoir de quoi il retourne.
Après tant de frustrations, le plaisir d'une balade en forêt,
« Elle sentait soudain qu'elle aimait profondément la vie, et éprouvait jusque dans sa moelle l'ardeur de l'existence. »
mais il faut se presser sous peine de rater « l'événement ».
L'entente avec ses compagnes d'infortune mettrait fin à une solitude subie, ce serait un essor, la fin du confinement. Un moment de bonheur, promettent les compagnes.
Le titre joue sur l‘ambiguïté : « les oiseaux DES bois », dirait le plaisir d'une excursion en forêt, sauf que dans la nouvelle de Tchekhov (Duel), l'oiseau DE bois ne peut s'envoler.
L'histoire tient à la fois du tragique et du dérisoire, avec en finale une scène grotesque à la James Ensor… « Félicité » sera renvoyée une fois de plus à sa condition d'exclue.
On reconnaît la patte d'Alsi Erdogan, avec des échos biographiques transparents. la Turquie apparaît en filigrane derrière ce sanatorium ; douleurs physiques, souffrances psychologiques et morales s'y côtoient - et maintiennent au ras du sol qui souhaiterait l'élan vers une vie heureuse.
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Recueil de nouvelles. Des femmes : malades, folles, enceintes... Elles ont un point commun : la solitude.
De jolies phrases mais qui ne m'ont menées à rien : aucun sentiment, aucune émotion.
C'est un monde terriblement noir qui nous est décrit et sans intrigue. Ce n'était peut-être pas le moment pour moi pour découvrir cet auteure. Déçue.
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