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EAN : 9782226243089
350 pages
Albin Michel (03/09/2012)
3.11/5   32 notes
Résumé :
Dans l’œuvre de Louise Erdrich, le rêve peut surgir du quotidien, le comique tourner au tragique, la violence et la beauté envahir tout à coup un paysage banal.
Rassemblées pour la première fois en deux volumes (La décapotable rouge et Femme nue jouant Chopin, à paraître prochainement), ces nouvelles publiées dans des revues littéraires et des magazines américains sont marquées par l’imaginaire sensuel et fertile d’un écrivain singulier.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
La décapotable rouge est un recueil de 19 nouvelles écrites par l'américaine mi-germano-américaine mi-chippewa Louise Erdrich. C'est ma deuxième incursion dans ses livres, après La malédiction des colombes que j'avais trouvé bien écrit mais trop hermétique et touffu.

Les nouvelles, dont la première, qui est également ma préférée, donne son nom à l'ouvrage, ont été écrites entre 1978 et 2008, et chacune compte 30 à 40 pages, ce qui permet de s'immerger dans les histoires. Ces nouvelles ont souvent pour décor le Dakota du nord et mettent en scène des personnages de sang indien, dont certains apparaissent dans plusieurs nouvelles, à des moments différents de leur vie.

J'aime beaucoup l'écriture fine et nerveuse, élégante, de Louise Erdrich. Les textes rassemblés dans ce recueil sont parfois poétiques et toujours rythmés, au travers de phrases courtes, voire de paragraphes courts. J'apprécie cette capacité à mêler traditions et réalité du monde moderne, gestes du quotidien et vie spirituelle, poésie et trash.

Si la forme me convainc, j'ai plus de mal avec le fond. Même en 40 pages, au cours d'une nouvelle, j'arrive à me perdre dans les méandres de ces textes. Il y a, à mon gout, trop de non-dits et d'implicites, de personnages qu'on suit un peu, qui disparaissent et sont évoqués par d'autres sans qu'on sache trop ce qu'ils sont advenus, puis qu'on retrouvera ailleurs, dans une autre nouvelle, qui s'attachera à présenter, avec talent, un personnage qu'on suit un peu, qui disparaitra... de même, tous les personnages de ce recueil sont fracassés par la vie, déprimés, désabusés, par les guerres, l'alcool, la pauvreté, la précarité, etc... Enfin, la vie dans les réserves telle qu'elle est présentée ici semble calquée sur le modèle occidental, et le mal-être des personnages pourrait être vécu par tout un chacun... Il y a, je trouve, peu d'espoir dans ces nouvelles qui montrent des personnages incapables de s'adapter au monde américain tel qu'il est, et qui pourtant n'ont d'autres choix que de s'y contraindre...

Pour moi, Louise Erdrich, c'est l'auteure de textes beaux mais hermétiques, auxquels je n'arrive pas à adhérer... et c'est bien dommage !
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En fait de nouvelles, on a l'impression que ce texte est plutôt un roman inachevé publié sous la forme de courts chapitres, tant les divers personnages y sont reliés les uns aux autres par des liens de parenté, ou par leurs sentiments, comme si chaque nouvelle (ou chapitre) mettait en forme la tranche de vie d'un des personnages à travers son vécu propre. Et le résultat est assez fascinant, donnant une impression de kaléidoscope plus que d'inachevé. L'écriture de Louise Erdrich, agressive jusqu'à la violence, abrupte, directe, avec des images très originales qui sortent des sentiers battus, peut gêner. L'auteur nous décrit des êtres, en particulier des femmes qui sont de véritables battantes, qui revendiquent la violence comme un combat de tous les instants contre le mal la souffrance et la mort, presque comme une déclaration de guerre contre les brutalités de la vie, reliant la culture amérindienne à une nature humaine universelle. L'amour se dit avec des baffes -à l'exception de l'amour maternel qui est le seul à trouver grâce à ses yeux- le style est incantatoire avec des mots qui sonnent comme des tambours, exprimant l'acharnement des personnages à vouloir échapper au sort, à (sur)vivre envers et contre tout. Là où les auteurs américains masculins écrivent avec force, imposant leur présence, Erdrich écrit avec de l'insolence, du culot à la limite de la provocation, toujours avec irrévérence. Oui cela peut gêner. Personnellement j'ai beaucoup aimé, et je pense m'attaquer à ses autres romans.
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Des nouvelles, franchement, des nouvelles, je ne vois pas bien comment je pourrais vous donner votre dose trihebdomadaire (où ça un dromadaire ? ) d'intelligence et d'humour avec un n-ième recueil de nouvelles. Pourquoi est-ce que je continue à en lire, pourquoi est-ce qu'on continue à en éditer puisque je ne devrais pas les lire, je ne comprends pas. Il est pourtant évident que ce que je ne lis pas n'a pas sa place dans la production éditoriale française, ce qui soulagerait grandement les libraires du spectre de la surproduction. Mais, voyons, monsieur, qu'est-ce que c'est que cette tunique blanche que vous voulez me mettre, enfin, je ne porte pas de blanc ! et je n'aime pas les piqûres !

Bon, après cette brutale interruption, je vais vous parler des nouvelles contenues dans la Décapotable rouge. Même si je n'aime pas ça, il faut avouer que Louise Erdrich a réellement du talent, mais du coup ça fait que les nouvelles, c'est trop court. En plus, la plupart de celles du recueil ont en fait été utilisées dans l'un ou l'autre roman, ce qui donne un très gros sentiment de déjà-vu.

A conseiller donc pour commencer avec Erdrich. Ou pour une petite lecture de quelqu'un qui n'a pas tout lu d'elle. Ou pour une personne qui a des problèmes de mémoire. Ou pour lire un été au bord de la piscine avec un mojito sans faire trop attention.

Moi, j'aime bien les mojitos.
Lien : http://www.readingintherain...
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Plus de 400 pages pour une vingtaine de nouvelles, faites le calcul, il y a de quoi plonger dans une histoire. Surtout qu'à ma surprise (et joie), on retrouve dans la plupart les mêmes personnages, mais sans souci de chronologie (ne pas trop chercher à s'y retrouver, d'ailleurs). Parfois enfants, parfois carrément grands parents, tout du long du 20ème siècle, de la grande dépression à nos jours. Et des indiens chippewa du Dakota du Nord, vivant dans des réserves ou pas. Familles Nanapush, Pillafer, Kashpaw. On retrouve aussi une boucherie (des bouchers comme dans La chorale des maîtres bouchers, tiens tiens, et dans la même bourgade d'Argus).
Finalement il ne s'agit pas de nouvelles indépendantes, mais d'une évocation du monde indien, avec sa magie, ses problèmes, sa solidarité, sans oublier quelques discrètes références au racisme ambiant. Pour mieux connaître encore les sources d'inspiration de Louise Erdrich. Très intéressant.

Un passage qui m'a plu
"Cela fait des lustres que nos maris sont décédés. Il fut un temps où nous avons dû les aimer. Mais pour moi l'amour ne se disait pas avec des fleurs, du moins pas jusqu'à ce qu'il meure. Depuis, chaque printemps je remplace les roses artificielles sur sa tombe."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Voici des nouvelles qui parlent d'Indiens, d'une ville au bout de la plaine, de la famille, sur presque un siècle.
C'est très bien écrit. Louise Erdrich dit que ce sont des textes embryonnaires, base de romans. Et oui. Ce n'est pas leur forme définitive et cela se sent. On a cette impression de "pas terminé".
u début, j'ai été déçue, me suis sentie flouée. Puis je me suis dit que c'était une parfaite introduction à la lecture de ses romans. Car ce ne sont pas vraiment des nouvelles.
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critiques presse (1)
LeFigaro
26 novembre 2012
C'est ce mélange de trivialité et de merveilleux qui donne son prix à ce volume.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J'ai été le premier à rouler en décapotable sur ma réserve. Et forcément elle était rouge, une Olds rouge. J'en étais propriétaire avec mon frère, Stephan. Nous en étions tous les deux propriétaires jusqu'à ce que ses bottes se remplissent d'eau, par une nuit venteuse, et qu'il me rachète ma part. Maintenant Stephan en est l'unique propriétaire, et son petit frère Marty (c'est moi) va partout à pied.
Comment ai-je gagné assez d'argent pour acheter ma part, à l'origine ? Mon unique talent était de toujours réussir à me faire du fric. J'avais le chic pour ça, pas courant chez un Chippewa, et surtout dans ma famille. Dès le départ, j'avais cette différence, et tout le monde le reconnaissait. J'ai été le seul môme qu'on a laissé entrer au Legion Hall de Rolla pour cirer des chaussures, par exemple, et une année, à Noël, j'ai vendu des images pieuses au porte-à-porte pour la mission. Les sœurs m'ont permis de garder un pourcentage. Une fois lancé, il semblait que plus je gagnais d'argent, plus l'argent venait à moi facilement. Tout le monde m'encourageait. A quinze ans, j'ai trouvé un boulot de plongeur au Joliet Café, et c'est là que j'ai percé.
Rapidement j'ai été promu au rang de serveur, et puis la cuisinière qui préparait les plats rapides est partie et j'ai été engagé à sa place. En un rien de temps, j'étais devenu le gérant du Joliet. Le reste appartient à l'histoire. J'ai été gérant un moment. Je suis rapidement passé copropriétaire, et bien sûr à partir de là personne ne pouvait plus m'arrêter. Il n'a pas fallu longtemps avant que tout soit à moi.
Alors que j'étais propriétaire du Joliet depuis un an, il a brûlé. Toute l'affaire. Une perte sèche. Je n'avais que vingt ans. J'avais tout, et je l'ai perdu vite fait, mais avant j'avais invité tous les membres de ma famille, et les membres de leurs familles, à dîner, et avec Stephan j'avais aussi acheté la vieille Olds dont j'ai parlé.
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Cacher un Indien de presque deux mètres et cent dix kilos dans une bourgade qui déjà n'aimait pas les Indiens, ce n'est déjà pas facile. Un mois, c'était une belle réussite, quand on sait à quoi elle se heurtait. Elle avait passé le plus clair de son temps en allers et retours à l'épicerie, marchant à pas feutrés sur ses pieds enflés, sidérant les voisins par la taille de ce qu'ils croyaient être son appétit. Des piles de côtes de porc, des friteuses entières, des steaks épais disparaissaient en l'espace d'une nuit, et comme Gerry ne pouvait pas sortir la poubelle de jour, il lui arrivait parfois de jeter les os par la fenêtre, sous laquelle ils s'amoncelaient, et sous laquelle les chiens, qui avaient bien vite appris à attendre les restes, se battaient et se chamaillaient autour de ce qui se présentait.
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Aurores boréales. Quelque chose dans l'atmosphère froide et humide les provoquait... De petites touches de lumière vert pâle y palpitaient avant de disparaître. Des lumières vivantes. Leurs feux s'élevaient en courbe, toujours plus haut, puis s'éteignaient dans l'obscurité. Parfois le ciel tout entier était de façon concentrique cerné de points filants et de fronces lumineuses se rassemblant et retombant, palpitant, perdant leur éclat, avec la régularité de la respiration. D'un seul bloc. Comme si le ciel était un système nerveux que nos pensées et nos souvenirs parcouraient.
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Et je vis le temps qui passait, chaque minute s'accumulant dans mon dos avant que je n'en aie extrait la moindre goutte de vie. Il allait si vite, voilà ce que je dis, que j'étais assis immobile au beau milieu. Le temps filait de part et d'autre comme l'eau qui passe de chaque côté d'un gros rocher mouillé. A la seule différence que je n'étais pas aussi durable que les pierres. Très vite, je serais érodé. C'était déjà ce qui se passait.
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Cela fait des lustres que nos maris sont décédés. Il fut un temps où nous avons dû les aimer. Mais pour moi l'amour ne se disait pas avec des fleurs, du moins pas jusqu'à ce qu'il meure. Depuis, chaque printemps je remplace les roses artificielles sur sa tombe
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Videos de Louise Erdrich (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louise Erdrich
C'est par la poésie que Gaëlle Josse est entrée en littérature. Elle a publié plusieurs recueils, jusqu'à ce jour où elle découvre un tableau d'un peintre flamand qui la happe littéralement. Sur cette toile, une femme, de dos, dont il devient urgent pour Gaëlle Josse de raconter l'histoire. Son premier personnage est là et le roman naît. Les Heures silencieuses paraît en 2011. En treize ans, treize autres livres suivront : des romans, des essais, un recueil de microfictions. Tous nous embarquent dans des univers différents, font exister des personnages -réels ou fictionnels-, disent la force de l'art -pictural, photographique ou musical-, et mettent des mots sur nos émotions avec une grande justesse.
Au cours de ce deuxième épisode de notre podcast avec Gaëlle Josse, nous continuons d'explorer son atelier d'écrivain : ses obsessions, son processus d'écriture, la façon dont le désir d'écrire naît et grandit. un conversation émaillée de conseils de lecture et d'extraits.
Voici la liste des livres évoqués dans cet épisode :
- Et recoudre le soleil, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20108563-et-recoudre-le-soleil-gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23044434-a-quoi-songent-ils-ceux-que-le-sommeil-fuit--gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- La Nuit des pères, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22564206-la-nuit-des-peres-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- Ce matin-là, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20840891-ce-matin-la-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- L'Amour, de François Bégaudeau (éd. Verticales) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22446116-l-amour-francois-begaudeau-verticales ;
- La Sentence, de Louise Erdrich (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22512129-la-sentence-louise-erdrich-albin-michel.
Invitée : Gaëlle Josse
Conseils de lectures de : Anthony Cerveaux, bibliothécaire à la médiathèque des Capucins, à Brest, et Rozenn le Tonquer, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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