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EAN : 9782952894029
166 pages
S17 Production Livre (09/10/2013)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Dans le contexte de notre société où la mort est taboue, l'appréhension de la fin de vie revêt des enjeux professionnels, personnels, émotionnels et psychiques importants. L'utilisation des témoignages d'EMI comme le récit d'un mythe est un véritable potentiel thérapeutique pour les personnes en fin de vie et peut constituer un précieux « outil » pour les soignants que ce soit à l'attention des patients ou de leurs proches (en ce qui nous concerne, également à l'att... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Qui a envie de s'intéresser à sa mort ?
Qui a envie de penser à ses derniers moments ?
Personne. Si ce n'est une démarche volontaire ou si la santé affecte à ce point le corps que l'être se sent « en partance » et attise la peur de la grande faucheuse.

Et pourtant, c'est notre lot à tous de passer de vie à trépas.

A l'hôpital Timone de Marseille, service d'oncologie et de soins palliatifs, il existe une équipe pluridisciplinaire formée spécialement pour faciliter ce passage vers l'inconnu. Sans obligation aucune, sans a priori philosophique, sans forcer les croyances ou démonter les certitudes, pour que le patient puisse faire part de ses ressentis, de ses craintes, de ses interrogations, de son refus de poursuivre un traitement qui retarde quelque peu l'échéance et qui ne soulage plus.

Ce livre est écrit par le psychologue et la sophrologue qui ont créé l'Unité de Soins et de Recherche sur l'Esprit (USRE) et accompagnent les patients en fin de vie ou qui suivent un long traitement de chimiothérapie, contraignant, douloureux et qui ne sert souvent qu'à prolonger la vie. Avec comme priorité absolue le bien-être du patient et de sa famille.

Leur longue expérience de l'approche de la mort, les témoignages recensés, les nombreuses lectures décrivant la sortie du corps, le passage dans une sorte de tunnel qui s'ouvre sur une lumière blanche et accueillante, la sensation de bien-être absolu de ces personnes revenues « de loin », permettent à Eric Dudoit et Eliane Lheureux d'accompagner les malades en leur proposant des temps de paroles, notamment après la vision du film « Faux départ » de Sonia Barkallah, des massages relaxants, un apprentissage à la méditation ou un renforcement de cette pratique spirituelle qu'il faut entendre comme une ouverture de conscience et non comme une sorte de religion. Ils utilisent aussi les mythes qui fondent notre culture occidentale et qui ont été créés pour aider l'Homme à mieux vivre en comprenant son humanité, c'est-à-dire en contactant le divin en chacun.

La première partie du livre ouvre sur quelques cas cliniques : diagnostic médical de l'oncologue ou du chirurgien, traitement suivi, évaluation de la durée de vie, entretien avec le psychologue, puis avec la sophrologue et rapport de chacun.

La deuxième partie parle essentiellement de la démarche humaine faite par les auteurs face au vide psychologique que rencontrent souvent les malades hospitalisés, lourdement médicalisés, qui savent que la clinique est leur dernière demeure. Les auteurs traitent le sujet de la fin de la vie avec pudeur, réserve et questionnement infini (plus de questions que de réponses). Ils s'efforcent de repenser le concept du « bien mourir » au XXIe siècle.

Ils se rendent compte « comme il est difficile [pour un médecin], après neuf ou douze ans d'université et l'écriture d'une thèse, de se rendre compte que parfois un rebouteux ou un medium est plus utile que tant de concepts appris… » (p. 123). Bien entendu, ils ne se prennent ni pour des rebouteux ni pour des mediums, ni pour des « connaissants » mais, bien au contraire, pour des personnes qui cherchent, qui s'interrogent sur les méandres de la psyché, sur la meilleure manière d'apporter un tant soit peu d'apaisement aux malades, mais aussi sur des soucis beaucoup plus pratiques d'acceptation de leurs méthodes par les médecins, de la reconnaissance de leur travail et avant tout de l‘utilité de trouver autant de temps et d'énergie vis-à-vis de mourants en puissance.

Tout le respect, la simplicité et la confiance dans l'homme qu'ont les auteurs, laisse néanmoins entrevoir les difficultés qu'ils peuvent rencontrer dans la clinique, notamment en ce qui concerne une sorte de concurrence face à la toute-puissance de la médecine ancrée dans ses traditions et ses statistiques. Un grand pas en avant est réalisé par la clinique de la Timone en acceptant de joindre à ses services des soins alternatifs qui aident à l'éveil de la conscience de l'ici et maintenant. « le travail élaboré en confiance permet de se laisser guider par l'intention de l'instant sans stratégie préméditée, sans peur de perdre un pouvoir quelconque ou vouloir acquérir une notoriété aux dépens de ses collègues » (p. 61).

Livre dur par son sujet bien sûr, mais empreint de belle humanité, qui privilégie une approche douce et plus sereine vers cet autre monde dont nous ne savons rien.

Mille mercis à Colimasson d'avoir attiré mon attention sur le travail d'Eric Dudoit et Eliane Lheureux auxquels j'adresse mes souhaits les plus vibrants de bonne et saine continuation au sein de l'équipe de la Timone. A Bruxelles, il existe de telles équipes multidisciplinaires mais c'est la première lecture que je fais par des praticiens au quotidien.

A recommander au même titre que ceux de Raymond Moody et d'Elisabeth Kübler-Ross. Afin que les témoignages de délocalisation de la conscience de millions de personnes de par le monde ne soient plus considérés comme des hallucinations dues aux médicaments ou à une imagination par trop débordante.
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Rien à foutre de savoir si les E.M.I. témoignent d'un monde de l'au-delà ou pas. Entre les réducteurs qui affirment que ces expériences sont uniquement la conséquence d'une déflagration hormonale dans le ciboulot et les mystiques qui nous parlent de conscience globale et non localisée, on oublie l'être humain qui vit l'expérience en question.


Eric Dudoit et Eliane Lheureux travaillent dans le service de l'USRE (Unité de Soins Spirituels) à l'hôpital de la Timone, à Marseille. On notera déjà qu'il est spectaculaire qu'un tel service ait réussi à obtenir gain de cause dans le milieu médical. le premier est psychologue, la seconde est sophrologue. Dans ce bouquin, ils nous montrent que les témoignages d'E.M.I. ont au moins une action avérée auprès des malades en phase terminale, car ils permettent de les apaiser et servent parfois d'intermédiaire pour aborder le sujet de la mort avec leurs proches ou le personnel médical.


Carl Gustav Jung, au siècle dernier, avait procédé de la même façon lorsqu'il interrogeait la signification humaine que pouvait avoir le phénomène de multiplication des témoignages relatant la vision de soucoupes volantes : pourquoi qu'on se branle la nouille à voir des soucoupes volantes dans tous les coins du ciel ? Y en a un ou deux qui en parlent, et puis d'un coup ça germe de partout : ils sont des milliers à avoir vu le ciel se remplir d'objets volants non identifiés ! Rien à foutre d'essayer de trancher si oui ou non, ce sont de véritables extra-terrestres là-dedans, on ne le saura jamais de toute façon à moins de se faire abduquer –et encore, qui sait si ce n'est pas une hallucination qui te fait prendre une pelle pour lady di ? En revanche, quelle richesse de se demander pourquoi ces témoignages prennent une importance considérable à cet instant en particulier, c'est-à-dire : maintenant ! Voilà quoi, l'interrogation est un peu structuraliste, Michel Foucault n'aurait pas dit mieux : on doit toujours se questionner sur les raisons qui poussent un discours à devenir dominant.


Et si les témoignages d'E.M.I. venaient compenser l'écrasement que subissent nos âmes sous le joug du paradigme scientifique moderne ? Les malades, quand ils vont bientôt crever, à n'être considérés qu'à l'instar d'outres remplies de tripes, ont des raisons légitimes d'angoisser sur leur devenir : si je n'ai pas d'âme, alors la mort sera une fin absolue ? Nos religions avaient au moins le mérite d'adoucir les derniers jours de ceux qui se savaient mourants. En niant cela, l'athéisme constitue une véritable barbarie.


Les témoignages et réflexions relevées dans ce livre invitent à réfléchir sur la nécessité d'accueillir la dimension spirituelle dans le cénacle scientifique de la médecine. Les toubibs peuvent continuer à ne croire qu'au matérialisme s'ils le veulent, mais qu'ils autorisent les malades à exprimer leur spiritualité si cela leur permet de maintenir leur dignité jusqu'à la fin.
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L'accompagnement des personnes en fin de vie dans les services de soins palliatifs soulève bien des questions sur la mort. Ce questionnement est source d'angoisse et il est bien difficile de l'aborder, d'y mettre les mots qui bien souvent font défaut.

Dans le service d'oncologie médicale à l'hôpital La Timone à Marseille, Éric Dudoit, passionné de théologie et de philosophie, et Éliane Lheureux, sophrologue et praticienne en massage “psychocorporelles”, ont développé un dispositif favorisant cet échange par l'intermédiaire des récits d'E.M.I. ou de certaines citations philosophiques

Cet outil proposé aux patients aide à désamorcer leur anxiété leur permettant ainsi de vivre plus sereinement ces derniers instants, d'envisager la mort non pas comme une fin en soi, mais comme un passage. Dans cette unité on est au plus proche du bien-être du patient, cette thérapie teintée de spiritualité n'apaise pas que les angoisses, elle apaise le corps également, le régénère par des massages énergétiques que prodigue Éliane Lheureux avec des exercices de respirations, de méditation qui les aident à mieux vivre la maladie et ses traitements.

"Nous sommes devenus des compagnons de route, le psychologue, eux, moi, la famille, les soignants, une équipe qui au fil du temps s'est faite de complicité, soins, écoute, échanges, provocations, plaisanteries. L'humour a fait passer des messages de désarroi autant que d'amour se glissant dans une recherche de l'Autre."

Le témoignage des patients, la réflexion des thérapeutes invitent à réfléchir sur cet accompagnement qui démontre que l'on ne peut dissocier le corps de l'esprit, que derrière toute maladie il y a une histoire, une vie.
Lien : http://www.leslecturesdeflor..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Je reste toujours étonnée [la sophrologue] que le mur de l'intolérable arrive à faire sens dès lors qu'un sentier étroit que nous acceptons de prendre se présente. Sentier dont les abords fleurissent abondamment lorsque la marche se poursuit, accompagnée d'une sensation enveloppante de bien-être et de sécurité invisibles mais perceptibles. L'ouverture se fait alors toute grande sur un ailleurs singulier.

p. 42
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A l’instar des trois religions monothéistes nous pensons que la métaphore du désert est peu ou prou celle de la transformation. Cette dernière ne vient qu’après avoir ressenti un changement catastrophique perçu par le patient comme une réalité alors qu’il s’agit simplement d’une apocalypse, d’une révélation qui advient dans son psychisme. La plupart d’entre nous, sinon tous, renâclons à nous transformer. Tout changement perçu ou réel entraîne une résistance à celui-ci. Et ce qui est valable dans le domaine psychique l’est tout autant pour le corps.
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Les patients qui semblent avoir adopté le point de vue de la délocalisation de la conscience, tout comme les expérienceurs, font l’expérience d’une nette baisse de leur anxiété à l’évocation de la mort. […] Nous avons remarqué que lorsque les patients se saisissent des EMI comme une vérité venant du dehors d’eux-mêmes, ils ne sont pas aussi rassurés que ceux qui en font l’expérience soit par les mécanismes intuitifs, soit par une expérience corporelle.
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[Nous envisageons le recours au mythe] pour permettre l’élaboration de réponses qui peuvent s’avérer nécessaires (composante adaptative), d’autre part, certaines réponses n’étant pas ou plus disponibles directement (à un niveau idéologique ou religieux) elles peuvent être appréhendées à travers les croyances et représentations populaires que véhicule le mythe.
Ainsi, les EMI sont traitées comme une fiction qui s’appuie sur des fondements collectifs. L’expérience menée ne vise pas à créer de la croyance mais à communiquer par et sur un système de représentations.
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Le travail psychique demandé commence donc par une déconstruction de la narration reçue, plongeant le sujet qui s’y attelle dans des moments de dépressivité. Pour une fois le travail psychique effectué laisse advenir une « possible vérité » saisie par nos patients et qui là aura valeur thérapeutique face aux syndromes anxio-dépressifs.
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Videos de Eric Dudoit (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eric Dudoit
Le suicide ou la mort d’un proche nous confronte à cette question : « Choisir de vivre ou de mourir ?, pour comprendre les circonstances qui ont pu pousser la personne qu’on aime à se donner la mort. Mais aussi pour trouver soi-même la force de continuer à avancer après la mort de l’être aimé. Le psychologue Eric Dudoit nous accompagne dans ces questionnements avec toute sa sagesse et son humanité.
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