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Critique de Winslow54


Les Portes de la Maison des Morts est un livre que j'ai trouvé sublime ! le genre de texte qui parvient à susciter bon nombre d'images, d'émotions et réflexions qui restent longtemps en mémoire.

L'arc Coltaine/Duiker/Chaîne des chiens, narrant le voyage désespérée d'une caravane de réfugiés malazéens pris au piège au milieu d'un soulèvement contre l'empire Malazéen, est tout simplement incroyable. le talent de conteur d'Erikson sur ces chapitres m'a clairement impressionné. Il arrive à nous faire ressentir la folie, l'horreur et le chaos du champ de bataille et de cette interminable fuite, comme si nous étions au coude à coude avec ses protagonistes.
C'est beau et terrible à la fois. D'autant plus que l'on assiste à la destruction mentale des personnages au fur et à mesure de leur avancée. le personnage de Duiker étant vraiment très touchant, . Quand à Coltaine, Erikson parvient à en faire un personnage légendaire et inoubliable.

Le reste du livre ne démérite pas pour autant. L'amitié tragique de Mappo et Icarium offre de très beaux moments.
Le chemin de croix de Félisine est en définitive assez surprenant, tout comme l'écriture de ce personnage et de ses compagnons.
Je trouve d'ailleurs qu'Erikson arrive vraiment à dépeindre des personnages très intéressants, toujours en multiples nuances, bourrés de contradictions qui les rendent très humains et toujours plus complexes qu'ils ne le semblent (Baudin est un bel exemple de ça, ).
Enfin Kalam et Violain, les deux brûleurs de pont déjà présent dans la tome 1, sont toujours aussi bons. Tout particulièrement Violain qui gagne pas mal en profondeur.

De plus, non content d'avoir une histoire et des personnages captivants, le livre parvient en plus à susciter des réflexions passionnantes que ce soit sur les civilisations, la place et l'impact des individus en leur sein, l'insignifiance des hommes face à l'immensité du temps, leur propension à la cruauté, la complexité de l'histoire opposée à la vision caricaturale et simpliste que nous pouvons en avoir , la façon dont un homme peut devenir mythe et infuser son peuple , etc, et cela en utilisant souvent les artifices de la fantasy comme métaphore, plutôt qu'en énonçant platement les choses.

Pour le moment, je trouve que ce cycle réussit parfaitement à croiser une dark fantasy plus crue et « réaliste » (même si je n'aime pas ce mot) avec une fantasy complètement décomplexée en terme de merveilleux, de magie, de situations et de personnages tout en démesure. Ce qui rend le tout souvent surprenant et rafraichissant.

Cela reste cependant une lecture relativement exigeante et, surtout, qui ne fait aucun effort pour rattraper le lecteur qui aurait du mal.

Personnellement, je trouve que c'est un parti pris hyper ludique. le livre nous oblige à être un lecteur actif, d'être attentif et d'essayer de comprendre cet univers par nous même, de faire les liens et donc de participer à sa construction, ce qui le rend encore plus tangible (et quel univers !). La lecture devient un voyage fait de souvenirs car l'on a exploré le livre et son monde au fur et à mesure, sans avoir toutes les clés dès le départ.

Je comprends tout à fait que ça ne plaise pas à tout le monde mais, à mon sens, quand c'est bien fait et que l'on y est réceptif, cela enrichi l'expérience de lecture de bien des façons.

Pour moi c'est bien simple, les deux premiers tomes du Livre des Martyrs font non seulement partie de mes meilleures lectures de 2018, mais également des meilleurs livres de high fantasy que j'ai pu lire (jusqu'à présent) ! C'est peu dire que j'ai pris une claque magistrale doublée d'un plaisir de lecture constant.
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