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Le récit est dense, je ne vais pas dire le contraire. Toutefois, la structure narrative permet de suivre le fil avec plus de sérénité. Il y a trois trames principales, qui ne sont pas forcément appelées à se rejoindre dans les moments ultimes.
La voie des mains

La voie des Mains fait partie des légendes des Sept Cités. Deux espèces de bestioles convergent vers un point qui nous est totalement mystérieux; initialement. Ce sont les D'ivers et les solipris, ces deux types de créatures – des changeurs de forme – ont diverses apparences, de l'ours (solipris – se transforme en un être) à la nuée de frelons (D'ivers – se scinde en une multitude), et peuvent s'avérer particulièrement redoutables.

L'impression d'une bande de saumons cherchant à remonter le courant, objectif lié à leur instinct primaire et la promesse d'un renouveau, s'impose à ces moments. Pour les changeurs de forme la promesse est d'une nature un peu similaire car l'Ascendance est la récompense espérée en touchant au but. le vainqueur régnerait alors en divinité immortelle sur l'ensemble des D'ivers et Solipris….

Ah, il ne faut pas croire qu'il n y'a pas d'intelligence derrière ces bestioles.

Pendant, un bon moment – jusqu'aux derniers chapitres – cette trame semble plutôt accessoire au récit global. Ils représentent certes une menace, une entrave sur le chemin de nos courageux aventuriers, mais pour le lecteur, ils demeurent en périphérie de sa vison, jusqu'au moment au ils bondissent dans la tronche… et, là, c'est une autre histoire…
Le Tourbillon

Autre légende, ou plus exactement prophétie des Sept Cités, le Tourbillon né à Raraku (au nord-est de Sialk Oldhan sur la carte) soufflera un vent de rébellion sur le continent pour le libérer de l'envahisseur malazéen.

La première moitié du roman permet une mise en tension, il n'y a pas de réelle personnification du chef de la rébellion qui reste une figure de ralliement fantasmée pour beaucoup. Jusqu'à ce que le sort décide enfin d'une destiné, d'une femme qui sera à leur tête; et, le soulèvement s'imprègne alors d'une large touche de vengeance.

Cette trame est plus visible pour le lecteur, car le sujet est mis sur la table de manière régulière, et nous avons ceux qui vont lutter contre, ceux qui vont lutter pour rejoindre le mouvement, ce qui vont l'avoir sur le chemin, subir les dangers inhérents à la zone. Et finalement, nous apparaît sans l'air d'y toucher une question plus en profondeur sur la figure propre à incarner un mouvement de cette ampleur, sur la légitimité même d'une rébellion (oui, les malazéen ne sont pas des tortionnaires après ces longues années de paix), et sur la légitimité des exactions commises en son nom.

La Chaîne des chiens

Bien que cette trame baigne intégralement dans l'insurrection, je la dissocie de celle du Tourbillon, qui consiste à répondre aux critères d'une prophétie.

La chaine des chiens est un long périple sanglant, émouvant, prenant, qui va conduire les malazéens à traverser tout le territoire de Sept Cités depuis Hissar jusqu'à Aren. Je vous bassine régulièrement avec l'Anabase de Xénophon, mais encore une fois, une retraite de dizaine de millier de combattants en territoire ennemi, font tinter la cloche « Anabase« !

La rébellion s'est déclenchée et se déchaine (sorry pour ce vilain jeu de mot), les malazéens ne peuvent pas tenir Hissar et doivent donc rejoindre un endroit plus aisé à défendre. le gros hic : des milliers de réfugiés à escorter…et un centaine de milliers de dissidents…

La tâche est dévolue au Poing Coltaine et ses wickiens, avec les gars de la 7° Armée. S'ensuit une épopée d'une intensité folle qui atteint un sommet remarquable et inoubliable à la fin du roman. Je ne vous cache pas que c'est rugueux, sans concession pour les âmes sensibles. Il y a de la tripe, des morts et la guerre ne revêt aucun atours romantique. C'est parfois dur à lire, vous pleurerez lors de ce crescendo émotionnel, partition de bravoure et de sacrifice. Ah! Coltaine, tu as brisé mon coeur!

Quel voyage!!!

Un beau pavé avec une illustration de Simonetti. Quelques coquilles parsèment l'ensemble, rien de grave cependant (la/le inversé, un w qui traîne tout seul). La traduction est perfectible. Il y a des phrases que j'ai du relire car, elles sont mal tournées, et un nombre incalculable de « yep« .

Quant à la question de « garenne » pour « warren », le choix me semble adéquat, surtout quand même Erikson parle de lapins et de rats en référence à ce « passage » magique.

Nonobstant, cette légère réserve, La Porte de la Maison des Morts est un incontournable de la Fantasy. Plus profond, plus travaillé que Games of Thorne, il offre une richesse, une créativité, une mythologie rarement atteinte, sauf peut-être par Tolkien. A LIRE!

critique bien plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.com/2019/0..
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Après un premier tome foisonnant mais aussi un peu éprouvant, Steven Erikson poursuit sa désormais célèbre série du « Livre des martyrs », autrefois traduite sous le titre « Le livre malazéen des glorieux défunts », et dont la traduction se poursuit à un rythme impressionnant puisque les éditions Léha viennent d'en sortir le sixième opus, deux ans seulement après la parution du premier. Une suite qui n'en est pas tout à fait une puisqu'on quitte ici le continent de Genabackis pour un autre, celui des Sept-Cités. Ainsi, même si on retrouve effectivement quelques têtes connues, à l'image des Brûleurs-de-Ponts Violain et Kalam, ou encore des jeunes Crokus et Apsalar, la plupart des protagonistes de ce nouveau pan de l'histoire de l'empire malazéen nous est inconnue. Cela implique, comme dans le premier tome, de se familiariser avec un nouvel environnement, de bien cerner les rapports de force qui y sont engagés de même que l'histoire et les traditions qui lui sont attachés. « Les portes de la maison des morts » se révèle, heureusement, bien plus accessible que « Les jardins de la Lune ». D'abord parce qu'on ne repart pas non plus de zéro et qu'on commence à cerner les bases de l'univers d'Erikson, que ce soit en terme de géopolitique ou de magie (même si j'ai bien conscience qu'il reste encore énormément de choses à découvrir). Ensuite parce qu'on y retrouve certains mécanismes du premier tome, et qu'on est donc moins surpris lorsque l'intrigue bascule dans telle ou telle direction (même si l'auteur nous réserve malgré tout un grand nombre de surprises). Il faudra malgré tout vous armer de patience afin de détricoter tous les fils de l'intrigue, de même que pour passer les cent premières pages qui posent un nombre incalculable de jalons dont on peine dans un premier temps à comprendre l'intérêt. Si les différentes trames narratives finissent par effectivement se rejoindre (certaines plus rapidement que d'autres), on est d'abord saisi par la multitude de personnages et d'endroits mis en scènes, la plupart n'ayant rien en commun les uns avec les autres.

Si la situation de l'empire malazéen n'était pas particulièrement au beau fixe sur Genabackis, celle-ci se révèle encore plus explosive dans les Sept-Cités. Implantés depuis longtemps sur le territoire mais sujets à une vivre hostilité de la part des autochtones, les Malazéens se retrouvent finalement face à la révolte qu'ils craignaient depuis tant d'années. Guidés par l'oracle Sha'ik, dont le rôle avait été annoncé par une très ancienne prophétie, les « colonisés » ont donc fait le choix de l'union pour tenter de chasser les étrangers de leur territoire. Une à une, toutes les cités tombent, tandis que les malazéens, personnels dirigeants ou simples citoyens, sont implacablement massacrés. Seul le Poing Coltaine (gouverneur d'une région) est parvenu à quitter la ville avant le massacre, entraînant dans son sillage ce qu'il reste de ses troupes, ainsi que des milliers de réfugiés qui se lancent en sa compagnie sur les routes pour tenter de rallier la cité d'Aren, la seule encore aux mains de l'Empire. Harcelés continuellement sur le chemin et en nette infériorité numérique, les soldats de la 7e compagnie ainsi que les Wickiens qui accompagnent Coltaine multiplient les ruses pour escorter le plus de réfugiés possible en sécurité, le tout sous le regard de l'historien Duiker qui va nous servir de guide et de témoin tout au long de cette éprouvante traversée. En parallèle à cette histoire dont la richesse aurait parfaitement justifié de lui consacrer un roman à elle seule, on suit également le parcours de plusieurs autres protagonistes. Parmi eux un trio composé de la jeune soeur d'une noble passée au service de l'Empire, d'un ancien prêtre du dieu sanglier et d'un truand, tous trois condamnés au bagne dans les mines d'Otaral dont ils ne sont pas censés ressortir. On retrouve également un quatuor constitué du sapeur Violain, de l'assassin Kalam, ainsi que de Crokus et Apsalar, en route pour ramener la jeune femme chez elle et, au passage, tuer l'Impératrice. Enfin, l'auteur introduit un nouveau couple de protagonistes en la personne de Mappo et Icarium, étrange duo arpentant le monde depuis des siècles et qui vont se retrouver mêlés sans le vouloir aux affaires de puissances magiques qui les dépassent.

Le simple fait d'exposer le pitch de base suffit à se rendre compte de la densité du roman qui traitent d'une multitude de sujets et met en scène une quantité impressionnante de personnages. Les enjeux sont toutefois exposés bien plus clairement que dans le tome précédent si bien que, une fois tous les acteurs introduits, on se repère relativement facilement sur la scène. Certaines trames narratives restent toutefois plus passionnantes que d'autres à suivre, si bien qu'on alterne entre moments exaltants et d'une rare intensité, et petits coups de mou qui peinent à maintenir l'intérêt du lecteur éveillé. Très élevée au début, la proportion de ces moments d'ennui va toutefois en décroissant au fil du récit qui se révèle absolument captivant durant toute la seconde moitié (ce qui veut quand même dire qu'il faut accepter de passer quatre cent pages avec des hauts et des bas). L'intrigue la plus intéressante est, sans commune mesure, celle mettant en scène l'historien, Coltaine et les milliers de réfugiés qui le suivent. L'auteur nous livre ici une preuve incontestable de son talent, alternant entre scènes de batailles à couper le souffle, et moments d'intimité et de réflexion à vous briser le coeur. Tous les personnages mis en scène dans cette trame sont marquants, et les épreuves terribles qu'ils ont à endurer, de même que leurs réactions très différentes face à cette situation dramatique ne font que renforcer l'empathie du lecteur qui ne peut rester insensible face à la tragédie qui se joue. Quand bien même ce second tome est loin d'être parfait, les scènes consacrées à cette retraite désespérée constituent à elles seules un motif suffisant pour se lancer dans la lecture tant il s'agit sans aucun doute des pages les plus émouvantes et les plus mémorables qu'il m'ait été donnée de lire. Je me questionnais un peu sur la formidable réputation de la série après ma lecture du premier tome (qui m'avait laissée mi admirative, mi déçue) mais je comprends à présent sans mal pourquoi celle-ci aura marqué tant de lecteurs et suscité tant de critiques dithyrambiques.

Les autres trames narratives sont loin d'être inintéressantes, mais l'intérêt qu'on leur porte peut se révéler fluctuant en fonction des rebondissements. J'ai personnellement apprécié l'intrigue mettant en scène Félisine et ses compagnons qui ont tous leurs secrets, leurs blessures, et leurs objectifs. le personnage de la jeune femme m'a beaucoup touchée, même si j'ai trouvé un peu gonflé de la part de l'auteur de nous la dépeindre comme une petite capricieuse mesquine et cruelle, alors même qu'il ne s'agit encore que d'une enfant et, qui plus est, qu'il lui fait endurer un marathon d'épreuves qui frise presque le sadisme dans la première partie du roman (si vous n'aimez pas voir les personnages malmenés accrochez-vous, Erikson ne fait pas dans la dentelle, même quand l'héroïne n'a que quatorze ans !). Les aventures des Brûleurs-de-Ponts m'ont dans un premier temps assez peu passionné, même si le chemin pris par Kalam est finalement parvenu à relancer mon intérêt et si le caractère bourru de Violain le rend toujours aussi attachant. Je n'ai en revanche pas du tout été convaincue par le duo Mappo/Icarium dont les aventures ne présentent, à mon sens, que peu d'intérêt mais qui parviennent malgré tout à toucher le lecteur lorsque la nature de leur étrange relation est finalement révélée. Pour ce qui est de l'intrigue en générale, elle se révèle elle aussi plus intelligible que dans le premier tome, essentiellement parce qu'elle fait un peu moins appel à une débauche de magie. Il y en a, bien sûr, et beaucoup, mais son rôle sur les événements est bien moindre que dans le premier tome dans lequel l'auteur se livrait à des duels de mages et des apparitions presque en permanence. Un mot, enfin, sur la plume de l'auteur qui se révèle être d'une richesse et d'une sensibilité incroyable lors de certaines scènes, mais qui pâtit aussi souvent d'une forte tendance à multiplier les sous-entendus et les propos sibyllins, quitte à nuire à la compréhension. J'ai également été (un peu) interpellée par certains choix de traduction, notamment le « yep » utilisé (très fréquemment) par tous les personnages et qui ne collent pas du tout avec certaines ambiances ou certains protagonistes, mais il ne s'agit là que d'un simple détail.

Steven Erikson nous offre avec ce second volume un roman d'une aussi grande richesse que le premier mais qui ne pâtit pas des mêmes défauts. le rythme y est plus constant, les personnages mieux campés, et les enjeux exposés plus clairement. Il s'agit à nouveau d'une lecture exigeante, mais la patience et la persévérance du lecteur se verront récompensées par des scènes qui lui laisseront des souvenirs indélébiles, à commencer par le périple entrepris par ces réfugiés pour échapper à la mort. Les scènes de bataille sont splendides, les épreuves endurées par les personnages déchirantes, et c'est à la mélancolie qui nous assaille une fois la dernière page refermée qu'on prend vraiment conscience qu'on vient de lire quelque chose de vraiment exceptionnel.
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Tel est pris qui croyait prendre

Malgré un titre qui est la traduction de Deadhouse Gates, second tome du cycle du Livre Malazéen des glorieux défunts, et une couverture française qui signale que ce livre est précisément cela, il ne s'agit en fait que d'une partie du tome 2 de la VO (c'est bon, vous suivez ?). Pour lire la totalité de ce dernier, il vous faudra Les portes de la maison des morts plus La chaîne des chiens, ce dernier étant fort improprement dénommé tome III du cycle par l'éditeur français alors qu'il ne s'agit en fait que du 2.5.

Je ne vais pas revenir sur les (nombreuses) particularités du cycle, si vous voulez vous rafraîchir la mémoire, je vous invite à vous reporter à la critique du tome 1. Mais entrons plutôt dans le vif du sujet (je précise qu'à partir de maintenant, si je parle de tome 2 ou 3, il s'agira de ceux de la VO, je ne compte pas adopter la numérotation de l'éditeur français : pour désigner le tome III de la VF, j'emploierai désormais l'expression tome 2.5).

- Continuité avec le tome 1 ou pas ?

Je savais que le tome 2 ne suivait pas l'intrigue principale du tome 1 (ce sera le cas des événements du tome 3, qui sont au passage supposés se dérouler simultanément par rapport à ceux du tome 2), et j'avais entendu dire qu'on ne retrouvait qu'une minorité de personnages du tome 1. Ce dernier point n'est qu'assez partiellement exact : tout compte fait, on retrouve pas mal de têtes connues : Kalam l'assassin, Crincrin (qui se fait appeler Fiddler, maintenant), Apsalar (ex-Mes Regrets), Crokus (le cambrioleur de Darujhistan), ainsi que Ben le Vif qui est souvent mentionné et surtout les deux soeurs de Ganoes Paran.

Tandis que l'une d'elles, Tavore, est devenue la nouvelle Adjointe de l'Impératrice, l'autre, Felisine, est victime des purges ordonnées par l'Empire Malazéen contre sa propre noblesse. Elle se retrouve esclave, et offre son corps à quiconque peut assurer sa survie ou un meilleur confort non seulement à elle, mais aussi à ses compagnons d'infortune. Seule la perspective d'une vengeance envers sa soeur aînée, qui a assisté sans intervenir à sa déchéance, lui permet d'endurer l'esclavage dans les mines du minerai anti-magie qu'on a déjà pu croiser dans le tome 1, la perte de sa dignité et de sa virginité. N'allez cependant pas croire que le lecteur va la prendre en sympathie : droguée, faisant collusion avec ses « bourreaux » de son plein gré, elle se révélera, même après son inévitable évasion, vicieuse, cruelle, manipulatrice et sans scrupules. C'est de la Dark Fantasy après tout.

Kalam et Fiddler sont supposés ramener Apsalar chez elle, mais on découvrira rapidement que leur véritable but est de s'en prendre à l'Impératrice pour ce qu'elle a fait aux Brûleurs de Ponts, y compris, si nécessaire, en se servant des aptitudes de l'ex-Mes Regrets (qui, bien que n'étant plus possédée par La Corde, a gardé l'écrasante majorité de ses aptitudes d'assassin et de combattante).

Une des caractéristiques les plus marquantes du cycle est le nombre faramineux de personnages, et ce tome 2 n'échappe pas à la règle : outre ces personnages que nous connaissons déjà, un grand nombre de nouveaux personnages débarquent donc. Mais globalement, j'ai trouvé cette première partie de tome 2 bien plus facile à suivre que le tome 1. Certains des petits nouveaux se révèlent passionnants, comme le sympathique mais néanmoins extrêmement redoutable duo formé par Mappo et Icarium, comme Heboric ou encore Baudin (qui a l'air d'être bien plus qu'il n'y paraît de prime abord). D'autre part, certains des personnages déjà connus prennent beaucoup d'envergure, surtout Kalam.

Enfin, au niveau du lieu de l'action, on se trouve sur le continent des Sept Cités, où on visite bien plus d'endroits que dans le tome 1. Il y a une nette dichotomie entre les lieux visités par les divers groupes de personnages, du très sec (la plupart) au très humide (les Marines, Kulp, Felisine, Baudin et Heboric). Enfin, il y a une assez nette différence entre les tomes 1 et 2 : alors que dans le premier, les destinées des divers groupes finissaient par converger au même endroit, ce n'est pas le cas dans le second, où ce serait même plutôt l'inverse. Même si on sent que ça va à nouveau s'inverser dans le tome 2.5.

- C'est la guerre ! (civile)

Comme s'il ne suffisait pas à l'Impératrice de se mettre sa propre noblesse à dos, elle nomme ou laisse en place des Poings (responsables locaux) négligents ou trop confiants dans les Sept Cités occupées, et est particulièrement passive face aux menaces de rébellion. Pire encore, une croisade religieuse est sur le point de se déclencher, et là encore, malgré des signes évidents, personne ne fait rien.

Personne ? Presque. Un nouveau Poing arrive avec ses troupes dans une des sept cités, Hissar : il s'agit du redoutable Coltaine, jadis adversaire des Malazéens qui, après la conquête de ses terres et de son peuple, est désormais devenu un de leurs généraux (ce revirement, qui peut paraître étrange, sera expliqué très logiquement à la fin du livre). Alors que l'ambiance générale est fortement arabisante dans ce tome, un grand nombre de tribus ou peuples, dont celui de Coltaine (les Wickans), évoquent, eux, clairement les indiens d'Amérique.

Coltaine entraîne les troupes Malazéennes locales à la contre-insurrection, au combat de rue et surtout à guider des colonnes de réfugiés lourdement chargés. La suite des événements montrera à quel point ce programme d'entraînement sera visionnaire. Lorsque l'inévitable insurrection, doublée d'une croisade religieuse féroce, se déclenche (en partie à cause de Kalam, d'ailleurs), il le seul gouverneur à entamer une retraite en bon ordre, malgré le fait qu'il soit opposé à des forces écrasantes et fanatisées à l'extrême. Mieux encore, dans la longue retraite (2500 Km) vers des villes restées sous contrôle impérial, plus tard connue sous le nom de Chaîne des chiens (qui donne son nom au tome 2.5 = III de l'édition française), il réussit l'exploit de transformer ce qui ressemble de prime abord à une fuite désespérée en une suite d'embuscades plus meurtrières (pour les insurgés !) les unes que les autres, dans une version suprêmement habile de « tel est pris qui croyait prendre ». Outre les talents stratégiques du général, la très grande qualité de ses troupes tribales de cavalerie y est bien entendu pour quelque chose. Et les dits talents ne s'étendent pas seulement aux tactiques tribales traditionnelles de son peuple : la bataille finale montrera aussi une maîtrise remarquable des techniques de génie militaire les plus avancées de cet univers.

La situation politique est en fait bien plus complexe qu'elle n'en a l'air : il y a des « collaborateurs » chez les natifs de Sept Cités (les Épées Rouges) et des traîtres chez les Malazéens (un des Poings déserte, massacrant une moitié de sa Légion tandis que l'autre abandonne son uniforme et se constitue en une compagnie mercenaire connue sous le nom de Légion du Tourbillon – du nom de la guerre sainte en cours-). de même, les loyautés de Kalam, sans être fluctuantes, sont complexes : bien que Brûleur de Ponts (donc déserteur) et prenant une part décisive dans le déclenchement du Tourbillon, il est aussi préoccupé par le sort des soldats Malazéens et n'hésite pas à tuer tous les croisés qu'il rencontre. Signalons d'ailleurs que les combats sont bien plus longs et mieux décrits que dans le tome 1, un point très positif à mon sens.

Dans le genre « tel est pris qui croyait prendre », Felisine va également faire les frais de sa sous-estimation systématique de la force de caractère des hommes qui l'entourent, et qu'elle croit manipuler à sa guise en usant de ses charmes adolescents. C'est particulièrement visible à partir du moment où le trio arrive sur la plage, où elle se fait damer le pion par un de ses compagnons d'infortune, Baudin, puis par les soldats dont ils croisent la route, et qui sont bien trop expérimentés pour se faire avoir par une telle jouvencelle.

- C'est magique

Le tome 1 était déjà bourré de magie surpuissante et à grand spectacle, mais clairement, dans ce tome 2, on passe encore un cran au-dessus. Si, si, c'est possible. Entre un tout nouveau Labyrinthe, des révélations fracassantes sur le Labyrinthe Jaghut, Heboric et ses tatouages et moignons très particuliers, la super-tempête du Tourbillon, le Mage Fou qui poursuit Kulp, la mort d'un Ascendant, les prêtres-envoûteurs Semks qui canalisent la rage de leur dieu au péril de leur vie, la nécromancie et les esprits de la terre des Wickans (sans compter leurs sorciers réincarnés dans des corps d'enfants…), il y a de quoi faire.

Mais le point le plus marquant en matière de magie est certainement l'introduction de deux races de change-formes, en clair des Lycanthropes très, très particuliers. En clair, la loi de conservation de la masse, c'est pour les fillettes, pourquoi se transformer en un léopard quand un seul change-forme peut en devenir huit ? Pourquoi devenir un ours lorsqu'on peut prendre la forme d'un scolopendre de la taille d'un dragon ? Bref, on est sur du Garou de très, très haut niveau là.

Le minerai anti-magie, l'Otataral, a une place très importante dans l'intrigue, et est en rapport avec un épais mystère entourant Heboric.

- Ambiance, Difficulté de lecture

Si vous avez lu le tome 1 (ou ma critique à son sujet), vous ne serez pas surpris du fait que dès le début, l'auteur ne vous mâche pas le travail en vous présentant le nouveau décor de l'action : il se comporte en fait comme si vous saviez déjà tout, vous déballant des noms de lieux, peuples, langues, etc. Cela contribue, pour moi, à renforcer l'image d'un univers si vaste, ancien et riche que vous, pauvre lecteur, n'en prendrez la mesure qu'au bout d'une longue lecture de l'ensemble du cycle et qu'après de réels efforts.

L'ambiance arabisante, d'autre part, ne plaira peut-être pas à tout le monde. Personnellement, j'adore, et je suis toujours ravi de voir un roman qui laisse la part belle à ce genre d'univers. La fuite (pas si) désespérée des réfugiés Malazéens, escortés par les Wickans et les Épées Rouges (plus ce qui reste de troupes impériales) est vraiment très bien décrite et se révèle très intéressante. Mention spéciale pour finir à une longue bataille finale, criante de vérité, et qui conclut de façon très habile cette première partie du tome 2 de la VO.

- En conclusion

J'avais trouvé le tome 1 fascinant mais exigeant, et j'avais vraiment aimé. J'ai adoré cette première partie de tome 2 : plus facile à suivre, avec un rythme plus constant que le tome 1 , plus riche en scènes d'action, avec de nouveaux personnages flamboyants comme Coltaine et des personnages connus qui prennent de l'envergure (comme Kalam), ce livre est une complète réussite.

Retrouvez une version un peu plus détaillée de cette critique sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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En résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec le second tome de ce cycle qui ne manque pas de m'avoir captivé, se révélant prenant du début à la fin avec de nombreux rebondissements et de nombreuses surprises. On découvre ici de nouveaux fils d'intrigues et sous-intrigues, qui viennent densifier celle du premier tome de façon très intéressante. le récit, au fil des pages, continue à se densifier, se complexifier. Comme dans le premier tome on a toujours cette impression d'être « balancé » dans cet univers, ce qui donne ainsi l'impression au lecteur de devoir s'investir, de devoir mettre les pièces d'un puzzle en place. Cela en dérangera peut-être certains, mais pour ma part je trouve cette façon de faire efficace si c'est bien fait, ce qui est le cas ici. L'univers continue à s'enrichir avec ce second tome, que ce soit dans la découverte de nouveaux lieux, de nouveaux pouvoirs qui veulent profiter des évènements et d'autres points encore. J'ai à nouveau plonger avec plaisir dans cette toile de fond vivante et soignée, donnant envie d'en apprendre plus. Les personnages ne sont pas non plus en reste, offrant des héros complexes, humains, soignés et entraînants. Chaque protagoniste arrive à trouver sa propre voix, sa propre motivation et même si certains donnent envie de le secouer, on les comprend pour autant dans leurs constructions. Mon seul regret vient peut-être de quelques petites longueurs que j'ai ressenti, principalement dans la partie sur Sha'ik reposant sur une révélation prévisible, mais franchement au vu de la taille de l'oeuvre, de sa richesse et du travail qui est proposé, c'est négligeable. Concernant le final, je dois bien admettre qu'il s'avère épique, flamboyant et que j'ai eu du mal à le lâcher jusqu'au bout. La plume de l'auteur est simple, maîtrisée et percutante et je lirai la suite sans soucis. A noter, concernant l'édition, qu'une relecture supplémentaire aurait été un plus, que ce soit devant l'accumulation de l'expression Yep ou encore certaines phrases mal construites.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
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Bon je me suis laissé une semaine après la fin de ma lecture pour éviter de faire mon fanboy de base, et pour voir ce qui me restait du plaisir ressenti pendant ma lecture en laissant passer un peu de temps.
Faisons simple, l'enthousiasme est toujours là.
On retrouve ce qui m'avait plu dans le premier tome, de la hight fantasy de haute volée, une narration où le travail du lecteur n'est pas mâché et un worldbuilding au petits oignons.
A cela on ajoute dans ce tome, une écriture plus travaillée, des personnages encore moins manichéens et auxquels on s'attache plus, des scènes de batailles qui prennent aux tripes et des moments qui resteront gravés dans ma mémoire pour longtemps.
Le périple de Coltaine, Duiker et de la chaine des chiens est incroyablement touchant, perturbant et fascinant. J'étais quasiment en apnée lors de la conclusion de cette partie de l'histoire.
D'autres personnages sont aussi fascinant, Mappo, Icarium et leur amitié maudite, Félisine qu'on a majoritairement envie de baffer pendant une grande partie du roman gagne en épaisseur, en logique et en potentiel narratif, Violain que j'adore sans arriver forcément à mettre le doigt sur le pourquoi du comment.
J'ai eu un peu plus de mal avec l'arc de Kalam, mais sa conclusion par contre est juste excellente.
En bref, une lecture toujours aussi exigeante en implication, mais tellement gratifiante en plaisirs reçus que je ne peux qu'en conseiller la lecture.
Et vivement le tome 3 !
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Cet épisode est d'une toute autre envergure que le précédent !
Alors que dans le 1er tome tout était assez "immobile", les intrigues se déroulant dans des lieux biens déterminés, le 2e tome n'est que mouvement. Celui de plusieurs groupes.
Le voyage de Violain, Crokus et Apsalar, la quête de Mappo et Icarium, dont on ne sait pas grand chose, la mission de Kalam, le chemin de croix de Felisine, Heboric et Baudin et la chevauchée de Duiker, Coltaine et des Wickiens... Encore beaucoup de personnages qui développent différentes intrigues.
C'est une sacrée lecture que de suivre la longue marche de Duiker, dont on subit les questionnements, les combats, la soif, l'épuisement, l'horreur, autant que lui. Erikson a vraiment beaucoup donné à cette partie de l'intrigue et les descriptions des combats et de l'effet de la guerre sur l'âme les ont rendues intenses, immersives.
Cette immersion m'a fait préférer les passages centrés sur les aventures de Violain et de Kalam, deux personnages que j'appréciais déjà beaucoup dans le 1er tome, et qui apparaissent alors comme des bouffées d'air.
Et puis Felisine... Parmi les quelques femmes qui prennent une place importante dans l'histoire, difficile d'avoir de l'empathie pour ce personnage très agaçant.
Voilà donc, un tome 2 aussi intéressant que le premier. Je dois avouer que cette saga est une bonne surprise et que je suis vraiment emballée.
Je vais essayer d'éviter de me ruer sur le tome 3 et ses qq 1400 pages... Histoire de ne pas devoir attendre trop longtemps la sortie du t4 en poche.
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J'ai adoré ce deuxième tome de la série "le livre des martyrs". Je dois dire que la lecture a été plus compliqué pour moi que pour le tome 1.
C'est une suite mais l'histoire et presque tout les personnages changent. Ont ne retrouve seulement que Kallam, Violain, Crokus et Appsalar (ou "mes regrets" dans le tome 1).
L'ambiance est très "arabisante" et ça change ce qui n'est pas pour me déplaire. Les personnages (toujours aussi nombreux) sont toujours aussi travaillé et j'ai vraiment adoré suivre l'historien Druiker.

Alors tout comme le premier il faut s'accroché. Ont n'est pas pris par la mains. Il y a beaucoup de personnages. le worldbuilding est tellement fouillé qu'on peut si perdre mais ce n'est vraiment que du bonheur.
Je vais m'attaquer au tome 3 d'ici peut et poursuivre dans cette saga unique.
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Pfiouuu ! je ressors de ma lecture complètement chamboulée.

Chamboulée par toutes les émotions qui m'ont étreintes tout au long de ce second tome.
J'ai été happée, comme par le premier tome, par le souffle épique qui souffle sur le désert de Raraku.

Ce second se passe majoritairement dans le désert et l'on suit la lente et folle épopée de toute une ville fuyant l'invasion. Des milliers de réfugiés, des milliers de soldats ayant endossés la lourde responsabilité de les mettre en sécurité malgré les troupes ennemies qui les talonnent.

La fatigue, la soif, la faim, le désespoir, puis l'espoir lorsque certaines batailles sont gagnées, le courage, la bravoure, le sacrifice, l'odeur du sang et de la mort. C'est tout cela que j'ai ressentis lors de ma lecture.

Dans ce second tome nous suivons la suite des aventures de certains personnages. Nous retrouvons Kalam, Violain, Crockus, Apsalar. Mais nous faisons connaissance avec d'autres personnages tout autant intéressants et surprenants: Druicker, l'historien impérial, le haut Point Coltaine, qui sera à la tête des armées et des réfugiés, Mappo et Icarium, un drôle de duo très émouvant.

Bref, vous l'aurez compris, ce tome est à la hauteur du précédent si ce n'est plus. La plume de Steven Erickson toujours incisive et enchanteresse.
Les émotions sont très présentes tout au long de ce volume, tout comme l'action omniprésente. Malgré les 900 pages, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, et la fin du tome me donne envie de repartir directement dans l'Empire Malazéen !
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Après un tome 1 qui m'avait un peu intimidée par la renommée de “difficulté” du cycle et qui m'avait finalement vite plu sans être un coup de coeur, je m'attendais à apprécier le tome 2. Et là patatras ou je-ne-sais-quelle onomatopée de votre choix. Rarement une lecture a été si dure à finir. Une vraie corvée. Je ne comptais pas les chapitres, ni les pages jusqu'à la fin. Je comptais les paragraphes. J'ai mis près de trois mois à le terminer, et je l'aurais sans doute abandonné si je n'avais pas déjà le tome 3 sous la main (j'en entends tellement de bien, je fonde beaucoup d'espoirs dessus!).

Pourquoi ? J'en sais trop rien...
Si Les portes de la maison des morts fait suite chronologiquement aux Jardins de la lune, on saute d'un continent à un autre, passant à une nouvelle intrigue et cela m'a peut-être trop destabilisée. Pourtant, je n'avais eu aucun mal à être catapultée dans un lieu inconnu, dans une guerre inconnue dans le tome précédent.

Je n'ai pas accroché aux nouveaux personnages, seuls ceux déjà présents dans Les jardins de la lune, comme Kalam, Violain ou Apsalar ont attiré mon attention. Duiker m'a laissée froide, Coltaine était intéressant par sa ténacité mais les passages sur la chaînes des chiens m'ont parus interminables, Félisine donne envie de lui éclater la tête à coups de brique et j'ai tellement peu accroché aux chapitres de Mappo et d'Icarium que je ne comprenais parfois même plus ce que je lisais.

L'écriture qui me semblait fluide dans le tome 1 me paraissait lourde, et j'ai souvent buté sur les mots.

Il m'a fallu plus de 300 pages pour entrer un peu dans l'histoire (disons le gros orteil, quand il fait trop froid à la piscine), mais même alors, ma lecture est restée laborieuse.

Paradoxalement, je n'ai pas eu l'impression que ce roman était mauvais. Je suis juste passée à côté.
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Les portes de la maison des morts
Icarium et Mappo cherchent des traces et sont suivis par un D'ivers qui peut se multiplier en six entités, des loups. Ainsi commence ce deuxième tome du Livre des Martyrs alors que l'impératrice vient de nommer un nouveau poing pour la septième compagnie, Coltaine. Il organise une réunion à laquelle assiste Dulker l'historien et présente son sorcier Sormo E'Nath, supposé mort après la demande de l'impératrice d'exterminer tous les sorciers, il avait eu une lance dans le corps onze jours mais son âme avait été transportée par onze corbeaux. Dans cette même réunion on trouve Kulf, le mage de cadre, et Rel qui transmet les ordres du haut poing Pormqual. Ce dernier demande à Coltaine de faire route sur Aren avec la septième compagnie pour retrouver l'amiral, Coltaine refuse.
On est désormais sur le continent des sept cités, différent donc du premier tome et on va suivre en parallèle plusieurs personnages qui semblent tous avoir leurs propres objectifs. le plus évident à suivre est Coltaine avec l'historien Dulker qui vont faire une très longue marche vers Aren essayant de sauver des populations à la dérive. Ensuite, Icarium et Mappo, étranges créatures, Kalam et Fiddler supposés ramener Apsalar chez elle, Heboric, Baudin et Felisine vont être les groupes majeurs que l'on va suivre régulièrement.
S'il est selon moi plus facile à lire que le premier tome, ce deuxième opus reste malgré tout incroyablement complexe avec des héros aux pouvoirs incertains, une stratégie difficile à percevoir, bref une lecture qui demande une concentration de tous les instants et même avec des notes, l'histoire reste difficile à percevoir dans son ensemble.
Heureusement il y a mes « chouchous » les brûleurs de pont, déchirés entre devoir et vengeance, certains, renégats, suivant leur propre chemin. C'est grâce à eux et au « couple » Coltaine / Dulker que je persiste dans cette lecture.
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