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Critique de Xapur


Xapur
12 septembre 2021
La première chose qui frappe en prenant en main Les Souvenirs de la Glace est qu'il s'agit d'un beau bestiau ! 1152 pages en grand format, autant dire que le premier tome et ses quelques 650 pages ont l'air d'un gringalet à côté ! Au moins, on se muscle les bras, même si un bundle avec l'ebook serait sympa pour ceux qui ont une liseuse…

Allez, retour sur le continent de Genebackis où, après la conquête de Pale et surtout Darujhistan, le Haut poing Unbras a été déclaré hors-la-loi par l'Impératrice. Avec ses troupes, dont le charismatique Méseangeai et les Brûleurs de Ponts, il va alors s'allier… à ses ennemis ! Excusez du peu mais il y a là Elric Anomander Rake, ses Tiste Andii et leur cité volante, Kallor l'ancien souverain qui annihila son propre empire, Rumin, un Ascendant possédant un marteau qui peut déclencher des séismes et créer des chaînes montagneuses (si, si…), le capitaine Ganoes Paran avec du sang de Molosse du dieu de la Mort dans les veines, Renarde Argentée qui est la réincarnation de trois magiciens… et Kruppe le petit gros amateur de pâtisseries (et bien plus que cela, comme on le sait déjà) ! Ajoutons-y un capitaine de caravane qui escorte deux nécromanciens et va se révéler possédé par un Dieu, une Tiste Andii qui se transforme en dragon, une demi-déesse fantasque escortée de guerriers surpuissants (dont un squelette ambulant) et d'animaux géants…

On le voit, le nombre de personnages est (très) important (il y a bien un dramatis personae de 4 pages mais il est plus que laconique), mais surtout ils sont tous très bien écrits et leurs interactions sont réussies, dans un camp très hétéroclite. Il faudra bien ça pour arrêter l'Oracle de Pannion, venu du sud et qui déferle avec ses troupes sur la région. Des troupes forcément hors normes avec soldats d'élite, morts-vivants aux bras constitués de lames aiguisées et dizaines de milliers de guerriers cannibales ! Comme je l'ai déjà dit, Erikson pousse le potard à 11 et on se retrouve dans ce tome avec des scènes dantesques, au sens infernal du terme, notamment lorsque la ville de Capustan, défendue par un ordre de mercenaire-paladins, se trouve assiégée par les hordes du mal. Tombereaux de morts, hectolitres d'hémoglobine, scènes éprouvantes à déconseiller aux lecteurs les plus sensibles (qui logiquement n'auront de toutes façons pas fini le premier tome)… Steven Erikson n'y va pas à moitié et déroule la logique de ses protagonistes de façon magistrale, enfin, façon de parler ! Quant à la scène finale dans la cité de Corail, arf, que dire ? (rien, d'ailleurs, car je ne spoilerai pas !)

Et ce n'est que la partie visible de l'iceberg (si j'ose dire vu le titre du bouquin), puisqu'en toile de fond il y a le Dieu Estropié, qui s'en prend à Brûle, l'incarnation de la Terre elle-même, et manipule tout ce petit monde, corrompant les Garennes (les passages ou lieux inter-dimensionnels), rendant la tâche des lanceurs de sorts, magiciens ou prêtres, comme Ben le Vif, bien plus délicate. Ah oui, et on en apprend plus sur le jeu des cartes qui gouverne les Maisons, les Dieux et leurs Ascendants… Stop, j'arrête là tant l'univers est copieux – et complexe.

Par contre, peut-être est-ce parce que j'ai relu le premier tome juste avant, mais j'ai trouvé que malgré la multitude de personnages et d'histoires entremêlées, dont certaines remontent à des centaines de milliers d'années (si, si), ce tome restait lisible et surtout compréhensible. Alors, certes, il faudra parfois faire des retours en arrière, relire des paragraphes ou des bouts de chapitres, mais l'articulation de l'ensemble se fait dans l'esprit du lecteur, toujours sollicité par l'action, les personnages, les lieux… Et le ton employé utilise souvent l'humour, parfois discret dans les dialogues ou situations, parfois franchement cocasse (Kruppe !) sans doute afin d'alléger un peu l'ambiance qui est plus que pesante face aux exactions du Domin de Pannion. Une aventure hautement épique qui transcende la dark fantasy, il est clair que Les Souvenirs de la Glace m'a réconcilié avec Steven Erikson après mon sentiment mitigé quant aux deus ex machina du tome 2. Un volume qu'il faudra d'ailleurs que je relise avant de passer à la suite, La Maison des Chaînes (qui ne fait que 900 pages !).

Côté édition, bravo à Leha pour un gros bouquin qui reste solide, la traduction de Nicolas Merrien est fluide (seuls les « Ouaip » des personnages sont parfois agaçants) et Marc Simonetti continue avec une couverture très réussie, que demander de plus ? le pari est quasiment transformé pour l'éditeur puisque le tome 8 sort bientôt et que les deux autres sont programmés.
Lien : https://bibliosff.wordpress...
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