AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,57

sur 92 notes
5
6 avis
4
1 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Le Livre des Martyrs est devenu pour moi un incontournable, une fabuleuse saga de Dark Fantasy aux accents épiques et à l'univers étoffé, complexe.
Chaque tome est une découverte avec de nouveaux personnages et de nouvelles cultures ; des relations tragiques, émouvantes, grandioses ou décadentes, des destins qui se bousculent et qui font naître une myriade de chemins.

Ce cinquième tome, Les Marées de Minuit, se passe bien avant les quatre précédents et nous narre le conflit entre le peuple des Tistes Edur et celui des Letheriis. L'un représente une nation tribale tandis que l'autre est un royaume colonialiste au fonctionnement capitaliste, voulant à tout prix conquérir en infligeant des dettes afin d'asseoir sa domination.
L'affrontement entre peuple tribal et peuple "civilisé" n'a rien d'original, mais ici, une autre dimension entre en jeu : l'implication de divinités oubliées, manipulées, trahies, aux côtés de héros déchus, d'êtres surpuissants et de créatures prêtes à tout pour à nouveau imposer leur volonté.

C'est tout d'abord l'histoire du Tiste Edur Trull Sengar que nous allons suivre. Un personnage croisé dans le tome quatre, La Maison des Chaînes, et dont le sort nous était resté bien mystérieux.
Lui et son peuple s'apprêtent à entrer en conflit avec les Letheriis sous l'impulsion du roi sorcier Hannan Mossag. Trull va tenter de raisonner les siens, à commencer par ses frères, mais il va se heurter à l'impitoyable volonté du Dieu Estropié. Son grand frère, Fear, guerrier accompli et voué à mener les troupes, Binadas (dont j'aurais aimé avoir plus de développement) et le dernier, Rhulad, vont se laisser emporter dans l'ivresse de la guerre suite à un événement décisif, terrible.

Les Letheriis, eux, s'apprêtent à couronner leur souverain lors de la septième conclusion, l'avènement de l'Empire. Dans une cité aussi opulente que pervertie, Tehol Beddict et son acolyte Bugg vont préparer un plan ambitieux grâce au génie de Tehol. le duo de choc va nous faire sourire plus d'une fois dans des dialogues savoureux et toujours ironiques. La condition que s'impose Tehol, le génie de la finance, est à elle seule d'un cocasse irrésistible... Leurs actions vont impliquer un grand nombre de personnages tous plus incongrus les uns que les autres et par les yeux desquels la grande cité et ses travers vont se révéler.
Les deux frères de Tehol, Hull Beddict ayant renié son peuple au profit de la cause Edure et Brys Beddict le fantastique épéiste forcé d'accomplir son devoir malgré sa noblesse d'âme, auront aussi un rôle à jouer dans le déroulement funeste des événements.

La première partie du récit est assez longue, Steven Erikson prenant son temps pour nous faire découvrir les coutumes de chacun, leurs relations tumultueuses et développer son intrigue. Les choses ne vont réellement s'accélérer que sur la fin avec des affrontements magiques de grande intensité et un final très rythmé dans la cité de Lether.

Le personnage qui m'a le plus marqué est sans conteste Udinaas, un des nombreux esclaves des Edurs et dont le rôle est particulièrement important. Tout en ambiguïté, son traitement est singulier et certains moments avec lui, sans être aussi émouvants que ceux avec Itkovian dans le tome trois, sont touchants et forts en émotions.

Le traitement de Seren Pedac, l'acquitteuse, est lui aussi marquant. Bien que n'ayant aucune envie de choisir entre un camp ou l'autre, elle va se retrouver précipitée dans les horreurs de la guerre et fera la rencontre d'un personnage à la puissance étonnante.

Si je peux reprocher quelques longueurs, ce cinquième tome est tout de même plus concis, plus clair que le premier tome ou le troisième (qui reste cependant mon préféré pour l'instant). Bien qu'il y ait toujours de nombreux intervenants, le fait que l'intrigue ne se concentre que sur un conflit améliore la compréhension de l'ensemble malgré certains passages plus ardus dès lors que l'on aborde les garennes.
Une chose m'a déçu :

En définitive, un tome encore puissant et dont les personnages se retrouvent confrontés à des forces étranges et anciennes qui ne cessent de vouloir revenir à la vie. Les Antres, les garennes, la Garde Pourpre, les Tistes Andii, les Tistes Edur, le premier empire... le monde créé par Steven Erikson évolue continuellement, dans un sens comme dans l'autre, et tant pis si on est un peu largué des fois ; le plaisir de suivre des aventures aussi dantesques et d'arriver à faire certaines connexions tout en admirant les forces et les faiblesses des uns et des autres, leurs profondes réflexions et leurs actes désespérés entraînent une lecture captivante qui n'a pas fini d'étonner.

Commenter  J’apprécie          50
Donc concrètement dans la saga d'Erikson, on se retrouve avec trois portes d'entrée dans cet univers. le tome 1, le tome 2 et le tome 5, chacun de ses tomes introduisent de nouveaux personnages, de nouvelles coutumes et de nouveau point de vue dans ce monde. Chaque tome a ses propres thématiques, plus ou moins bien traitées, ses paragraphes philosophiques et surtout un déballage d'information grandiose. La aussi, Erikson peut surcharger sur certain tome ou très bien doser dans d'autres. Je dirais que ce tome est l'un des meilleurs, il a la symbolique la plus forte et il est magistralement rythmé. Juste la dose d'action un peu en dessous de la norme mais largement compensée par un dramatisme intense.

Après nous avoir présenté les continents de l' Empire Malazéen que sont Genabackis et Sept Cités, nous voyageons à nouveau vers un tout nouveau continent (l'un des sept dans ce monde), un continent appelé Lether. Dans ce tome, nous suivons le Royaume de Lether qui continue son expansion sans fin vers le Nord et surtout vers les tribus Tiste Edur. Ces même tribus qui sont unis auprès de Hannan Mossag, le roi sorcier qui va conduire sa race à un destin des plus tragiques. On suit donc d'un côté une partie de nos protagonistes chez les Edur et une autre dans la capitale du Royaume de Lether.

Dans le premier arc narratif, on suit le clan Sengar, l'un des clans les plus importants chez les Edur avec les trois tragiques frères que sont Fear, Trull (qu'on avait déjà vu dans La Maison des Chaînes) et Rhulad. Chacun des frères va obtenir un rôle dans cette nation en migration vers la conquête de Lether. Avec eux, on suit un monde tribal et esclavagiste avec des coutumes très intéressantes et des particularités singulières (vu que les Edur vivent longtemps, ils sont très conservateur et ils vont trouver un moyen d'y remédier en quelque sorte). On suit aussi l'aquiteuse (un titre inventé, ambassadrice) Seren Pedac chargé d'escorter des marchands ainsi que la délégation letherie chargé de négocier des "raisons pour une guerre". A tout ceci s'ajoutent deux esclaves dont l'un va avoir le rôle de conseiller du chef de cette nation. Tout ce beau monde est aussi manipulé par une petite divinité qui cherche à avoir plus d'influence...

Pour décrire les letheriis, rien de mieux qu'une petite citation:
"Pour les Letheriis, l'or importait plus que tout. L'or et les possessions qui lui étaient inhérents définissent la totalité de leur monde. Pouvoir, statut, amour-propre et respect, tout n'était que commodités pouvant être acquises contre de l'argent. Plus encore, la dette régissait l'ensemble du royaume, elle définissait chaque relation, elle était la motivation qui projetait son ombre sur chaque agissement, chaque décision. Cette sournoise moisson de morses ne constituait que le premier acte d'un stratagème dont les Letheriis s'étaient déjà maintes fois servis contre toutes les tribus qui vivaient par-delà les terres frontalières."

Les letheriis sont symboliquement rien de moins que les Etat Unis et une critique total de leur valeur et de leur système inhumain. Et à plus large échelle une critique du colonialisme et de l'impérialisme remarquablement incrustée dans le Worldbuilding. Ainsi, pour une telle nation de croyance à la grandeur, de prédétermination, il est tout à fait acceptable qu'ils puissent empiéter sur un territoire étranger, pour chasser et amasser les richesses du dur labeur de quelqu'un d'autre.
Et à cause de leur propre justice, il est tout à fait logique pour eux - lorsque les tribus à qui ils ont volé des représailles et détruisent les navires, tue l'équipage et récupère ces richesses volées - d'exiger une compensation. Pas pour les navires détruits, pas pour l'équipage tué, mais pour la perte de la valeur marchande qu'ils gagneraient avec les richesses qu'ils ont volées en premier lieu. Faisant ainsi encore une autre nation leur esclave endetté. Mais les Tistes Edur, après s'être unis, ont eux aussi envie de grandeur et de puissance, eux aussi rêvent d'impérialisme et de conflit.

Petite remarque terminée, le second arc à contrario du premier est lui burlesque. On suit là aussi une autre famille qui est principalement les trois frères Beddict. Entre le duo Tehol Beddict et Bugg (maître et esclave), avec des dialogues d'un délice grandiose, au projet fou d'envoyer toute les minorités de Lether dans des îles au confins de la nation. Leur péripétie est plutôt très comique et s'allie bien au côté tragique de l'intrigue. Ou encore Brys Beddict, le champion du roi qui va nous faire suivre les manigances au sommet de l'État et qui va avoir son moment de folie avec le Céda (mage royal) à la toute fin du livre. Il y a aussi Hull Beddict mais lui il est dans la délégation en route chez les Edur.

Le livre aussi possède une forte dénonciation de la guerre avec une explosion en termes d'utilisation de la magie. Quand les tribus unifiées de l'auto proclamé Empire des Tiste Edur déclarent la guerre au Royaume de Lether. Ce même royaume ordonne à ses mages de bombarder par magie et d'anéantir tous les villages de Tiste Edur. Sous prétexte de sauver des ressources et la vie de ses propres troupes, ce qui est une vérité indéniable. Et surtout, ce n'est pas la première fois que le Royaume de Lether commet le génocide et meurtre en masse de centaines de milliers de civils innocents de la manière la plus indigne possible: de loin, isolés en toute sécurité. prés de leurs frontières, laissant tomber la magie du ciel au-dessus. Cette démesure en terme de magie a permis au royaume d'écraser tout ces ennemis facilement mais contre les Edur, ils sont tombés sur un os de taille, un os qui va les dévorer.

Plus on avance et plus d'acteurs rentrent en compte, et surtout des acteurs divins. Sur ce continent, notre cher royaume ne croit en aucun dieu et pourtant... Citation:
"Pourquoi ne pas vénérer l'argent ? Au moins, cette source de satisfaction se révèle évidente et immédiate. Mais non, c'était trop simpliste. La vénération à laquelle se livraient les Letheriis s'avérait bien plus subtile, l'éthique de cette dernière se trouvant liée à des traits et à des habitudes qui coïncidaient commodément avec l'acquisition de biens matériels. Diligence, discipline, dur labeur, optimisme, personnalisation de la gloire. Et leurs maux correspondants : paresse, désespoir et anonymisation de l'échec. le monde se montrait suffisamment cruel pour séparer le bon grain de l'ivraie sans laisser aucune place au doute ni à une équivoque alambiquée. En ce sens, un culte pouvait se faire pragmatique, et le pragmatisme se manifestait sous la forme d'un dieu froid. L'Errant nous a gratifié d'un dieu froid afin que nous soyons libres d'agir sans contrainte. "

Un dieu qui veut sa revanche va apparaître et manipuler les Tiste Edur pour en faire son arme. Plus on avance et plus on va découvrir d'acteurs Edur, Andii, Démon, forkrull assail et maison Azath, sans en apprendre beaucoup ici sur ces espèces. Elles donnent de l'envergure à ce récit. Ce tome n'est ici que pour nous montrer le futur outil du dieu estropié. Cette convergence possède un final magnifique. Une conclusion amère et dramatique pour tous les personnages. Il n'y a pas de douceur comme dans Les Souvenirs de la Glace ici. Et puis, pour moi aussi conclure, je crois que la plume d'Erikson est ici poussée à son paroxysme. Peut-être suis-je habitué mais j'ai l'impression que tout était clair ici, aucun sentiment de confusion comme on le retrouve dans bien d'autres tomes.

Un nouveau tome qui me permet encore de comprendre pourquoi tant de monde disent que Erikson est le meilleur auteur de fantasy. le plus complexe avec le meilleur Worldbuilding, je pense que je peux lui décerner ce prix sans aucun doute. Pour ce qui est des personnages et de l'intrigue, je pense qu'il me faudra encore attendre... Mais il n'y aucun doute, ce tome fut pour moi un aussi grand monument que Les Souvenirs de la Glace. Ma clim s'est rallumée en pleine montée, pourvu que la suite ne soit pas un mur...
Commenter  J’apprécie          51
Sven Erikson continue à empiler les pavés (900 p. celui-ci) pour mon plus grand plaisir .je continue à aimer cet univers fourmillant qu'il ne cesse de déployer dans le temps et l'espace . Nouveaux peuples ,nouveaux dieux , nouvelles puissances. On assiste à la chute d'un état impérialiste dont l'obsession de l'argent et l' esprit de conquête rappelle les Etats-Unis mais les « Indiens » ne se laissent pas faire ! Les dieux ,plus ou moins cachés , grouillant comme des mouches sur un cadavre (et il n'en manque pas !) , jouent un jeu complexe par humains interposés , les morts aussi sont très actifs et se mêlent aux vivants. Deux arcs narratifs contrastés :l'un en ville à tonalité grotesque et fantastique ,l'autre dans les tribus à tonalité tragique et épique. Les deux se rejoignent à la fin dans une explosion de violence.La suite,la suite !
Commenter  J’apprécie          50
J'attendais ce livre avec une grande impatience, et aussi un peu d'appréhension. Les 4 premiers, je savais que je les aimerais, puisque je les avais déjà lus en VO. le 5 était donc une pure découverte, même si je savais qu'on repartait avec de nouveaux lieux, de nouveaux personnages. Et si je ne l'aimais pas, celui-ci ?

Vers le milieu du livre, j'étais complètement crispée sur le bouquin, effarée par ce qui arrive au personnage. A ce moment là, j'ai réalisé que la sauce avait, encore une fois, bien fonctionné.

Le Livre des Martyrs, c'est l'un des (le ?) univers le plus vaste que j'ai jamais lus. La timeline des évènements se déroule sur des centaines de milliers d'années, il y a plusieurs continents, des races originales et fascinantes (mention spéciale aux K'Chain et aux Forkruls Assail), des Dieux à tour de bras… Les évènements du passé influent sur le présent, tandis que ce qui se passe sur un continent influe sur les autres. Tout est connecté, tout est foisonnant, et il faudra sans doute plusieurs lectures avant que je ne puisse tout comprendre (et chaque tome apporte de nouveaux éléments de compréhension pour les tomes précédents, de quoi donner envie de tout relire à chaque nouvel opus)

C'est aussi de l'Epique. Des magies impressionnantes, très puissantes, dévastatrices. Magies qui sont également incarnées par des espèces de mondes parallèles. Des mondes que l'on peut traverser, que l'on peut détruire ou pervertir. Ce sont aussi des combats, des guerriers redoutables, des souffrances, des civilisations décimées ou assujetties.

Mais au délà du Wordbuilding immense et de l'Epique grandiose… ce sont des scènes plus intimistes, des drames et des tragédies personnelles. Peu de joies, hélas. C'est cet Empereur surpuissant qui fond presque en larmes sur l'épaule de son esclave, terrassé par le fardeau sur ses épaules, et par cette terrible douleur permanente, dont il sait ne jamais pouvoir se libérer. Empereur que l'on ne peut pourtant pardonner, à cause de ce qu'il fait subir aux autres en réponse. Ce sont ces familles éclatées, ces dilemmes insolubles, ces êtres banals pris malgré eux dans l'engrenage, qui doivent surpasser leurs souffrances au risque de se laisser broyer. Ce sont ces injustices, aussi, alors que des personnages « bons » subissent les conséquences des violences des autres (Comme cette pauvre Seren, qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment).

C'est cet antagoniste, le Dieu Estropié, qui est certes responsable de beaucoup d'horreurs… mais qui est surtout un être dont la souffrance est telle que sa seule échappatoire réside dans le fait de la tourner vers les autres, quitte à plonger lui-même ses marionnettes dans d'indicibles souffrances (le sort de l'Empereur des Edurs, en particulier… la scène au milieu du livre, qui amorce la guerre, est déjà horrible, et je ne pensais pas qu'il pouvait y avoir pire. Challenge pris, avec le climax, épique, terrible, injuste. Au passage, je rappelle qu'on est dans de la Dark, avec des scènes assez dégueu par moments, sans compter les passages odieux ellipsés, dont on ne voit que les conséquences sur les personnages ). Et même si je ne peux évidemment cautionner ses manipulations et les souffrances qu'il inflige aux autres… je peux le comprendre.

Il est aussi pas mal question de trouver sa place. Entre Trull, qui ne se sent plus à sa place dans un peuple qu'il connaît pourtant depuis sa naissance, étant resté le même alors que son peuple a changé. Rhulad, qui ne l'a jamais été, à sa place, tiraillé entre ses sentiments pour ses frères, pour sa belle-soeur, pour les attentes que l'on a envers lui. L'Empereur des Edurs, puissant, immortel… et pourtant immensément seul, pas à a place parmi les Edurs alors qu'il les dirige. Shurq Ellale, cette morte-vivante qui n'aspire qu'à retrouver un semblant d'humanité, quitte à se faire plus ou moins… empailler. Tehol, excentrique et marginal qui, pour le coup, l'assume complètement, Brys, aux lourdes responsabilités, qui doit quand même protéger son frère de ses propres jeux, Hull, qui ne se retrouve pas dans le passé et l'ambition de son propre peuple, et préfère ainsi le quitter. Ces esclaves, qui doivent servir les Edurs et en même temps s'opposer à leur ancien peuple. Seren, dont les épreuves ont ouvert les yeux sur le monde. Ces tromperies, cette réécriture de l'histoire qui change la vision du monde, ces Dieux lassés de leur immortalité et des prières des mortels… Et l'Estropié lui-même, évidemment, qu'on a amené sur le monde, qui a chuté et s'est brisé… Les Marées n'épargnent personne, et il faut lutter pour espérer sortir la tête de l'eau.

Heureusement que Tehol, Bugg, et leurs associés sont là pour détendre l'atmosphère. Leurs dialogues sont vraiment très drôles, souvent absurdes, et à chaque fois on se demande jusqu'où ils vont aller…

L'intrigue principale du tome est simple à appréhender malgré la complexité de l'univers, et ce tome nous offre quelques réponses au sujet des tomes précédents. C'est drôle, épique, dramatique, avec des personnages fascinants et complexes, et j'ai hâte de voir comment ce fil-là va rejoindre les autres (enfin, ces fils, puisqu'on a plusieurs groupes à la fin du tome). le cycle est indéniablement exigeant, mais j'ai rarement vu de la Fantasy aussi foisonnante.
Lien : https://limaginaerumdesympho..
Commenter  J’apprécie          50
Quelle merveille que ce roman !
J'avoue avoir eu un peu d'appréhension en entamant ma lecture car je savais que les Marées de Minuit, situé chronologiquement avant le tome 1 les jardins de la Lune, allait nous faire redémarrer à zéro : nouveau continent, nouveaux personnages, nouvelles intrigues... Est ce que ça ne va pas faire trop?
Et bien j'ai tout simplement adoré ! Quel plaisir de replonger dans cet univers, ses dieux, ses peuples, ses coutumes...en en decouvre encore tellement ! c'est dense mais on y voit beaucoup plus clair (sans doute aussi qu'au bout de 5 tomes on devient plus aguerri pour décoder l'univers). Et puis Erikson consent à nous éclairer un peu, tout vient à point à qui sait attendre. (merci pour l'explication du fonctionnement des garennes, j'ai vraiment l'impression qu'il s'adressait directement aux lecteurs désemparés depuis 4 tomes ^^). le roman est bien rythmé, c'est le meilleur jusqu'ici selon moi sur ce volet. Les alternances de point de vue fonctionnent hyper bien, c'est très équilibré, on s'ennuie pas une seconde et je nai pas préférés un arc aux autres.
Côté personnage, c'est toujours aussi fourni, tant Côté Edurs que Letheriis (et dieux /ascendants ne les oublions pas...). Pourtant rares sont ceux auxquels on ne sinteresse pas. Steven Erikson a vraiment ce talent unique de nous dépeindre en quelques mots des personnages singuliers et touchants, qu'on ne veut plus lâcher. En tout cas moi j'adore cet aspect de son écriture.
Je pense que ce tome fait figurer certains de mes personnages préférés de la saga. Ils sont tellement bien ecrits....Udinaas, si sensible, qui oscille entre détachement et extrême lucidité, Trull Sengar, héros tragique, incapable de trouver sa place parmi les siens, Tehol et Bugg perchés sur leur toit avec leurs conversations si délicieusement absurdes et en même temps si brillantes...
C'est un tome violent, et plus encore que dans les précédent j'ai trouvé qu'on se prenait vraiment de plein fouet la cruauté des hommes, les ravages de la guerre, la puissance effrayante de la sorcellerie.
Enfin c'est un tome qui m'a beaucoup émue...parce que dans toute cette cacophonie et cette horreur il y a des instants de pure humanité, inattendus, magnifiquement ecrits...j'ai lu quelque part que le thème principal de malazan c'était l'empathie, la compassion. Je pense que c'est parfaitement illustré dans ce tome 5. Certaines scenes m'ont vraiment chamboulée et fait pointer des larmes (oui Udinaas c'est à toi que je pense).
Bref je regrette vraiment pas de m'être embarquée dans cette aventure l'année dernière. J'hésite entre me jeter tout de suite sur le tome 6 ou attendre un peu pour savourer, car j'ai l'impression que je ne retrouverai jaimais un tel cycle de romans, et que ça va me manquer terriblement quand j'aurai terminé^^ c'est vraiment une de mes sagas préférée en fantasy, et ce tome 5 renforce parfaitement ce sentiment.
Commenter  J’apprécie          410
5e tome donc, et 5 fois le même sentiment.

Honnêtement, ces livres me fatiguent. Je mets toute une semaine à les lire à chaque fois, et je sue sur les 200 premières pages devant la nécessité de s'adapter à de nouveaux personnages, de retenir ces nombreux noms pas toujours évidents. Et de suivre, bien sûr, les intrigues parallèles.

Et pourtant, j'y reviens toujours, avec un peu d'appréhension, mais avec un vrai bonheur. Pourquoi ?

Parce que franchement, c'est un sacré univers qu'a construit l'auteur. Ce n'est pas ma première saga de ce type, et vu le nombre de pages, il est assez normal que l'univers soit dense. Mais à ce point ? C'est vraiment un boulot formidable, un univers formidable, complexe, sans manichéisme, avec des personnages intéressants et attachants, des destinées croisées sur un horizon long... Pour une fois, cela m'a fait penser à GoT, non pour ses intrigues, mais pour l'enchevetrement des histoires. Quelque part, cela me fait aussi penser à du Baxter, pour l'ambition de cohérence temporelle sur longue période.

Bref. Lire Erikson, je trouve que c'est un investissement. Mais sachez que cela vaut sacrément le coup ! Il y a du souffle, de la profondeur, c'est épique, c'est profond et intellligent. C'est une saga légendaire, complexe, dans laquelle j'ai hâte de replonger. Après une petite pause quand même histoire de reprendre mon souffle :)

Commenter  J’apprécie          40
Revenant dans un passé à date indéfinie clairement de son univers, Steven Erikson nous propose un tome d'interlude dans sa fougueuse saga Du Livre des Martyrs, bien avant Les Jardins de la Lune. Comme toujours, l'action se déplace sur plusieurs personnages principaux, dont les destins vont converger à la fin de ce volume, toujours sous la houlette d'un certain dieu maléfique…

On commence par un lointain et épique passé qui voit se dérouler une trahison entre alliés, sur fond de guerre et de dragons ! Puis, dans ce qui semble être un univers de poche où échouent certains personnages et où règne un dieu maudit et malade, le forgeron Aureste doit forger une épée de grand pouvoir qui aura un rôle important dans le reste de l'histoire.

En effet, quelques siècles (millénaires ?) plus tard, le Roi-Sorcier des Tistes Edur envoie une petite troupe dans un Nord glacial pour y trouver une épée enfouie et gardée par les habitants des lieux, des solipris (métamorphes) capables de se transformer en loup. le personnage principal de cet arc est Trull, un soldat tiraillé entre la fidélité à son frère aîné, chef de guerre de la tribu, et l'agacement envers son cadet, encore inexpérimenté et irrespectueux, qu'il soupçonne de lorgner sur la fiancée de l'aîné. La quête de l'épée les changera à jamais et les propulsera, avec leur peuple, dans une guerre sanglante où Trull se demandera souvent s'il a fait le bon choix et se retrouve du bon côté. Ajoutons à cela un esclave manipulé par un spectre, la description d'une société mi-sauvage mi-féodale, des ambassadeurs venant chercher la paix au nom de l'empire de Lether… Cette partie est passionnante, avec la transition d'un peuple vivant tranquillement et s'alliant à des forces inouïes (dont des armées de spectres et de démons !) pour une conquête qui n'est pas forcément souhaitée par tous. le personnage de Trull servant de boussole, entraîné malgré lui dans une course en avant par sa fidélité et son sens de l'honneur. Tout comme une des négociatrices, perturbée par les changements qui bouleverse ses repères et sa vie.

Non loin, l'empire de Lether est hégémoniste mais préfère conquérir par l'or et les richesses plutôt que par les armes. En son sien, plusieurs factions s'agitent. le roi et la reine ont chacun leur concubin(e) et leurs gardes du corps, le magicien suprême semble bien incapable de prévenir les assauts des Tistes Edur qui arrivent alors que l'empire, sûr de sa suprématie, pense en finir rapidement par une campagne militaire de routine. Cette partie est aussi dominée par une fratrie, trois frères dont l'un est chez les « sauvages », tandis que l'autre est le garde du corps du roi et ami du grand mage. Celui-ci nous permet de pénétrer les arcanes (uh, uh) du pouvoir et d'avoir une vue de l'intérieur des lieux et personnages. Enfin, le dernier frère, Tehol, semble mener une vie miséreuse , ne pensant qu'à dormir sur le toit de la maison en fustigeant son domestique. Les échanges entre les deux personnages sont un des points forts du roman, on sent bien qu'il y a des choses non dites et que chacun porte un masque, mais tout se passe en apparence jusqu'à ce que le puzzle s'assemble peu à peu. Oh, il y a bien aussi une petite fille qui garde une ruine magique d'où essaient d'émerger des créatures, une voleuse morte-vivante, des transactions louches…

Au chapitre des bémols, comme je l'ai déjà constaté chez Erikson, de nouveaux personnages énigmatiques qui ont parfois tendance à prendre le dessus et dont on ne connaît pas l'origine (ici une troupe de guerriers surpuissants), quelques fils non résolus ou explicités à ce stade (les pouvoirs et la stratégie d'un fameux dieu, les créatures captives…). Espérons, une fois de plus, que tout cela s'explicitera dans quelques tomes et milliers de pages !

En résumé, Les Marées de Minuit met en jeu de multiples personnages réussis, des fratries déchirées, une guerre épique avec une magie surpuissante, des scènes intimistes de grande qualité (certaines tragiques, d'autres carrément désopilantes !). Bref, les amateurs du cycle ne seront pas dépaysés et se régaleront une fois de plus !
Lien : https://bibliosff.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
J'avais adoré le tome 4, qui m'avait complètement fait plonger dans la malazan mania . Et bien, le tome 5 n'a fait que amplifier mon état. Oui c'est possible. J'ai adoré ce tome et pendant très longtemps, je me suis même demandée si je ne le mettais pas au dessus du tome 4. le livre 3 du tome m'a fait doutée mais la dernière partie est tellement magistrale que oui il est un chouilla au dessus.

J'ai été complètement happée par ce tome et ce, dès le prologue qui donne le ton. Pourtant, ici, l'histoire se déroule quelques années avant Les Jardins de la Lune, sur un autre continent, et avec un cast de personnages complètement renouvelé (ou presque). C'est d'ailleurs eux, qui sont le gros point fort de ce tome, tellement ils sont charismatiques. On y rencontre le best duo ever Tehol-Bugg qui est extraordinaire et dont les intéractions sont hilarantes. J'ai beaucoup ri au cours de ma lecture.

J'ajoute aussi la fratrie Sengar avec Trull en tête, les autres frères Benedict (Brys surtout), Udinnaas, Marmite (ultra attachante), Ferrenbarre (quel classe quand même), Shurq Ellale et bien d'autres.

Finalement, les seuls pour lesquels j'ai eu plus de réserves ont été Seren et Hull Benedict.

Erikson a aussi le chic de peindre des personnages antipathiques pour ensuite sur certains passages, les rendre presque attachants, où on a presque envie de compatir.

Concernant l'univers, j'ai adoré suivre en parallèle la cité de Letharas et les Tistes Edur avec leur fonctionnement, leus us et coutumes, le poids du passé sur leur présent. J'étais constamment investie, j'essayais de "connecter les dots" avec ce qu'on savait déjà (le nombre de fois où j'ai dû revenir sur le wiki pour vérifier que j'avais bien déjà rencontré tel personnage XD).
D'ailleurs j'écoute en parallèle le podcast tenverybigbooks qui m'aide aussi.

C'est un roman extrêmement riche qui parle de la notion de liberté, du rapport à la mort, du rapport à L Histoire, du colonialisme et plus encore.

Cette série est magistrale. Ces deux derniers tomes m'ont vraiment donnée envie de lire les autres séries situées dans l'univers. Je suis contente que les éditions Leha se soit lancée dans la préquelle car Cotillion/Danseur m'avait beaucoup plu dans le tome 4. Mais maintenant, j'ai aussi envie d'avoir la série parallèle parce que j'en veux plus.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (292) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2487 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *}