La société moderne engendre plus de psychopathes qu’aucune autre […]. Et où que se porte notre regard, on voit les effets de la déshumanisation progressive du monde. Oh, bien sûr, on peut citer les exemples les plus évidents – les tueurs en série, le complexe militaro-industriel – mais on peut en retrouver les stigmates dans n’importe quelle pub pour corn-flakes. Ces publicités nient votre droit à l’humanité ; elles vous réduisent à l’état de simple chair dans la machine, puis tentent d’appuyer sur les bons boutons. C’est pour ça que l’homme se sent déchiré intérieurement : parce qu’il est censé se comporter comme une machine dans un univers de plus en plus mécanisé, tandis qu’il reste un être humain.
[La Chair dans la Machine – Brian Hodge]
Si on voulait rassembler tous ceux qui ont accompli quelque chose de totalement inédit, de vraiment original, tu pourrais les loger tous dans un seul immeuble. Et maintenant, que l’évolution est devenue si rapide, il est encore plus difficile de faire du neuf. De nos jours, le progrès se fait par sédimentation, jour après jour, ou semaine après semaine. Fini le temps des découvertes révolutionnaires, celles qui laissent tout le monde pantois, à se demander : « Merde, comment peut-on réussir un coup pareil ? ».
[La Chair dans la Machine – Brian Hodge]
Je me suis toujours étonné de voir comme des étrangers sans aucune éducation musicale peuvent, à un moment donné, embrasser naturellement un rythme, aussi complexe soit-il. Ce phénomène se nomme l’émulation. Il m’aide à garder la foi : malgré notre aliénation quotidienne, nous restons connectés à nos compagnons d’infortune.
[La Chair dans la Machine – Brian Hodge]
Peter éprouva, l'espace d'un instant, une paix intérieure qui s'évanouit aussitôt. Comme si un joueur de blues pouvait connaître le bonheur... Mais le blues n'était pas compatible avec le bonheur. Le blues emportait le musicien avec lui, ensorcelait son esprit pour le transporter au-delà de ses propres rêves. Mais il était aussi terriblement exigeant. Il demandait qu'on lui donne tout : le corps, l'âme, et même l'amour.
[Le Survivant - Sylvie Miller & Philippe Ward]
[...] Les gens qui n'ont rien à perdre vendent leurs âmes, les autres les rachètent. C'est simple, c'est de l'économie de marché. Maintenant, avec la mondialisation, tout va encore plus vite...
[L'envers du Diable - Léo Henry]
Interview de Jo Walton à l'occasion de la sortie de Ou ce que vous voudrez (Or What You Will ) aux éditions Denoël.
Traducteur : Thomas Bauduret