La vie est vraiment étrange. Pendant des semaines, parfois des mois, il ne se passe rien, on est englué dans la répétition du quotidien, et tout d'un coup, ça s'emballe et tout arrive en même temps.
Quand mes parents se sont séparés, je me suis fissurée
Quand mes parents se sont séparés, je me suis fissurée. Je tenais encore debout mais j'étais lézardée sur toute ma hauteur.
Je tenais encore debout mais j’étais lézardée sur toute ma hauteur. Papa a assez vite retrouvé un logement près de chez Maman, et j’ai commencé à passer une semaine d’un côté de la fissure, et l’autre semaine de l’autre.
Petit à petit, on prend l'habitude d'être le balancier d'une pendule et de sonner l'heure de ses parents. Une semaine chez l'un, une semaine chez l'autre. les sacs d'un côté, les sacs de l'autre. Les habitudes de Maman, les exigences de Papa, les théories de Maman, les oublis de Papa, les amis de Maman, la famille de Papa, les devoirs avec Maman, les jeux d'échecs avec Papa, les complexes de Maman, les angoisses de Papa, les voyages avec Maman, les vacances dans la maison de famille de Papa, la joie le lundi après l'école de retrouver mon père ou ma mère, la tristesse qui pointe son nez le dimanche matin et qui grignote petit à petit tout l'espace jusqu'au soir, à l'approche du lundi matin et de la séparation. (p.47)
"-Qu’est-ce que tu voudrais, toi, dans un monde idéal ? reprend la juge après un silence.
Ce que je voudrais, moi, dans un monde idéal ?!...
Je voudrais que mes parents soient ensemble et que Laure et Nina existent aussi.
Je voudrais ne vivre qu’avec Maman et ne vivre qu’avec Papa.
Je voudrais arrêter d’être trimballée d’un endroit à un autre et en même temps vivre des deux côtés.
Je voudrais partir en Australie avec Maman et que Papa y vienne aussi.
Je voudrais que la question ne se pose pas.
Si je n’existais pas, la question ne se poserait pas.
Dans un monde idéal, je serais morte à la naissance.
Et mes parents auraient été libres. Tristes, terriblement tristes sans doute, mais libres."
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Comme a dit Xavier Tartakover, un grand joueur d'échecs : "La tactique consiste à savoir ce qu'il faut faire quand il y a quelque chose à faire. La stratégie consiste à savoir ce qu'il faut faire quand il n'y a rien à faire." (p.69)
Le problème, c'est que ce n'est pas toujours facile de rester parallèle quand on habite si près les uns des autres. (p.36)
La Sainte-Chapelle est posée en plein milieu de la cour comme un bouton d'acné sur le bout d'un nez. Je dis ça surtout pour le fait qu'on ne peut pas la rater et qu'elle paraît greffée à un endroit où elle n'a rien à faire, parce que évidemment, pour le reste, la Sainte-Chapelle est bien plus belle qu'un bouton d'acné.
« Mais je n'ai pas tenu le coup sans ma mère. C'était insupportable d'être si loin d'elle. Je ne sais pas exactement pourquoi. »
Sébastien DB