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EAN : 9782070301690
75 pages
Gallimard (15/09/2003)
3.47/5   412 notes
Résumé :
C'est une femme qui raconte, en même temps qu'elle se raconte. Tragédie banale s'il en est, son amant, W., l'a quittée. Enfin presque quittée. Ils continuent de se voir, tandis que W. réserve désormais sa passion et son sexe à une inconnue, professeur d'histoire à l'université de Paris III. Pourquoi écrire, qu'écrire alors ? Sans doute, et la narratrice le reconnaît elle-même, les mots ont-ils une vocation cathartique, qui permet de réduire en l'exprimant le trop-pl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
3,47

sur 412 notes
Après la lecture de ce deuxième épisode de la vie amoureuse d'Annie, je note qu'Annie a une préférence pour les hommes plus jeunes qu'elle. Annie a bon goût.

Proust est, sans aucun doute, celui qui a le mieux disséqué la jalousie. Lire Un amour de Swann c'est connaître exhaustivement les effets de ce sentiment un peu honteux que nous avons forcément tous ressenti. Alors Annie peut-elle avec 76 pages apporter quelque chose de neuf à ce qu'a écrit magistralement le grand Marcel ?

Je réponds oui sans hésitation. Car Annie est une femme et Marcel pas (si, si), ses préoccupations, son ressenti sont ceux d'une femme, et si amour et jalousie concernent autant les hommes que les femmes, ils sont vécus différemment selon que l'on soit l'un ou l'autre.

D'où l'intérêt de ce livre qui creuse, cherche, avoue pourquoi et comment une femme, amoureuse (ou pas), ne souffre pas que l'homme qu'elle a délaissé s'intéresse à une autre. Je trouve cela très féminin et pas du tout masculin. Peu d'hommes, qui plaquent une femme, se préoccupent de qui leur succède, ils ont souvent trop de mal à rompre (avec leurs habitudes) pour regarder en arrière quand ils y parviennent.

Je continue avec plaisir la découverte de l'oeuvre d'Annie E, probablement parceque j'aime la liberté et l'impudeur cathartique de son double littéraire, qualités précieuses à mes yeux, moi qui suis un peu empêtrée.
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Si j'ai beaucoup apprécié les livres d'Annie Ernaux comme "la place" ou encore "les armoires vides", je suis en revanche très déçue par "l'occupation" qui , pour moi, n'apporte rien.
Elle relate ce qu'elle vit et ressent lorsqu'elle apprend que son ancien amant, qu'elle a quitté, refait sa vie.
Elle décrit les faits de façon crue, abrupte ce qui m'a laissée de marbre. La jalousie qu'elle ressent est tristement banale et comme elle a pris le parti de ne pas analyser mais simplement d'exposer les faits, je n'ai trouvé aucun intérêt à ce livre. Suis-je passé à côté ? ou est-ce uniquement un livre ego centré ?
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Pour paraphraser mon cher Brel:
« Comment tuer l'amante de mon homme,
Quand on a été élevée ….dans la littérature ».
Eh, bien, en écrivant un livre!

L'occupation, je voulais absolument lire ce très, très, court récit, suite à la passionnante analyse qu'en fait Élise Huguenin-Lévy dans son livre « Projections de soi » et à sa comparaison avec l'adaptation cinématographique « L'autre ».

L'occupation, ce mot à la connotation d'envahissement d'un territoire par l'ennemi. Quel mot bien choisi pour décrire la possession, ou l'envoûtement, d'ailleurs la narratrice dit à un moment qu'elle était « maraboutée ». L'envahissement de l'esprit de l'autrice, une femme qui après avoir pris ses distances avec son amant pour une histoire d'amour dont elle estime qu'elle ne peut s'inscrire dans la durée, se trouve prise dans un état de jalousie aliénant lorsque son ex-amant (plus jeune qu'elle) lui apprend qu'il vit une nouvelle liaison avec une femme du même âge qu'elle, quarante-sept ans.
Ah, l'étonnant cerveau que nous avons, nous nous lassons de l'être qui est avec nous et nous sommes incroyablement malheureux s'il nous quitte.

La façon très visuelle, le rythme des phrases, le choix des mots, tout concourt ici à nous faire vivre l'état psychique de la narratrice. Car c'est une sorte d'obsession, d'obnubilation, qui nous est décrite, un envahissement de tout l'être par la vie fantasmée de celle qui partage le lit, les nuits d'amour, les repas, bref la vie, de son ex. Cette jalousie est terrible, destructrice, on y ressent à quel point cet état est violent et pourrait, la narratrice l'avoue, conduire au meurtre. C'est malheureusement ainsi que ça peut se terminer.
A part, que dans la vraie vie, ce sont des majoritairement des hommes qui s'en prennent à leur ex-femme, et non à son amant.
A part, que c'est, je crois, mais je peux me tromper, un sentiment majoritairement féminin que la jalousie à l'égard de celle qui vous a remplacé dans le coeur d'un homme.
Et à part que Madame Ernaux réalise jusqu'à quel point elle est en train de sombrer, et qu'elle va s'en sortir. La fin me fait penser à la guérison subite d'un épisode de fièvre, à la disparition d'une rage de dents.

Voilà un texte intense, qui dit en peu de pages la jalousie, dans un style bien différent de celui de Proust dans Un amour de Swann, ou dans La prisonnière, (on sait qu'Annie Ernaux est une grande admiratrice de Proust) mais on y retrouve le même envahissement de l'esprit qui atteint la personne atteinte de jalousie..

Ce qui est aussi admirable dans ce texte, c'est l'économie de mots, de phrases, mais toujours la justesse de l'écriture.
Ça me fait penser à d'autres écrivains minimalistes, Hemingway ou Carver, Raymond Carver qui a écrit:
« Les mots, c'est finalement tout ce que nous avons, alors il vaut mieux que ce soit ceux qu'il faut et que la ponctuation soit là où il faut pour qu'ils puissent dire le mieux possible ce qu'on veut leur faire dire. »
Et dans un autre registre, Miles Davis: « Pourquoi jouer tant de notes alors qu'il suffit de jouer les meilleures? »

En conclusion, un récit saisissant, qui se lit vite, qui n'a pas la dimension sociologique de la place, Une femme, et surtout Les années, et donc, à mon avis, n'est pas au niveau de ces livres.
Mais quand même un « bijou littéraire », qui mériterait, mais peut-être est ce le cas, d'être étudié au lycée.
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Encore un petit texte mais très important pour comprendre le mécanisme littéraire lors d'une rupture amoureuse. Son mécanisme qui l'a enfermée mais aussi sauvée.
L'occupation ; celle de sa tête malade et folle de douleur après une séparation.
Mais ce qui est incroyable, (fichu cerveau...) c'est que c'est depuis que l'homme, l'Autre, lui apprend qu'il a rencontré une femme, qu'elle devient folle, littéralement.
C'est depuis l'annonce de la rencontre avec cette femme qu'elle devient obsessionnelle.
Et c'est là que le titre choisi, l'occupation, prend tout son sens. Car elle est possédée, folle (thème récurrent chez Ernaux), et devient le jouet bringuebalant d'une histoire qui n'est plus la sienne. Elle est occupée, ses pensées sont délirantes, et cette occupation lui prend tout son temps. Elle est quelque part rattachée à cette inconnue.
N'omettons pas une grande souffrance, douleur et jalousie morbides.
Alors qu'elle vivait sa rupture bien tant que mal, elle souffre le martyr, et n'a qu'une obsession : connaître tous les détails, physiques mais aussi intellectuels de cette femme.
Pour cela, elle usera de stratagèmes, de pièges, et de moyens limite adolescente, pour apprendre comment est cette femme.
Comme à chaque fois chez Ernaux, je suis époustouflee par son honnêteté intellectuelle, sa lucidité sur elle mais aussi chez les autres. Il n'y a pas de fiction, non, c'est la réalité crue qu'elle nous offre avec ce livre.
Elle a été pénétrée, occupée un certain moment et puis, comme souvent chez elle, elle guérit grâce à l'écriture.
Décidemment, cette femme est une grande amoureuse en fait, une passionnée.
Bienvenue au club.

PS : je vais peut-être me faire étriper par les "fans" de ma chère Duras, mais plus je lis Ernaux, plus je retrouve des formes d'écriture semblables à toutes les deux. Des thèmes identiques également.
Du coup, je suis doublement heureuse ; et de lire Ernaux et de relire Duras.


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Après l'attribution du prix Nobel a une femme, une française qui plus est... je me devais de lire une partie de son oeuvre. Surtout vu les critiques qui ont déferlées sur ce choix.

J'avoue avoir beaucoup entendu parlé d'elle mais je repoussais sa lecture...

Et bien je me suis lancée et vu que ses livres sont très courts, leur lecture est rapide.

L'occupation : une histoire de la jalousie et de ce qu'elle fait faire. 39 pages. C'est le temps qu'il faut à Annie Ernaux pour faire l'autopsie de le jalousie née post rupture, de la jalousie résultant de ce qui n'est plus par son propre choix.

Toute l'ambiguïté de l'être humain qui veut ce qu'il n'a plus et qui n'en voulait pas quand il l'avait.
Un bon livre. Il a fait écho à un livre de Elena Ferrante sur la douleur de la rupture que j'avais trouvé très dur dans lequel la femme, quittée, s'enfonçait dans la folie. Ici il s'agit d'une autre folie... mais de fllie/ obsession quand même.

Mon abcderaire de mots inconnus ou dont la définition n'était pas si claire pour moi. 5 en 39 page, pas mal. Dont phatique complètement inconnu pour moi.

F comme Flaccidité. État de ce qui est flasque.

I comme Ignexpugnable. Qu'on ne peut prendre d'assaut.

P comme Phatique. Se dit de la fonction du langage lorsque celui-ci ne sert pas à communiquer un message, mais à maintenir le contact entre le locuteur et le destinataire.

R comme Réplétion. État d'un organe (humain) rempli, plein.

S comme Sujétion. Situation d'une personne astreinte à une nécessité ; obligation pénible, contrainte.
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Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
Sans doute, la plus grande souffrance, comme le plus grand bonheur, vient de l'Autre. Je comprends que certains la redoutent et s'efforcent de l'éviter en aimant avec modération, en privilégiant un accord fait d'intérêts communs, la musique, l'engagement politique, la maison avec un jardin, etc., soit en multipliant les partenaires sexuels, considérés comme des objets d'un plaisir détaché du reste de la vie. Pourtant, si ma souffrance me paraissait absurde, voire scandaleuse par rapport à d'autres, physiques et sociales, si elle me paraissait un luxe, je la préférais à certains moments tranquilles et fructueux de ma vie.
Même, il me semblait qu'ayant traversé le temps des études et du travail acharné, du mariage et de la reproduction, payé en somme mon tribut à la société, je me vouais enfin à l'essentiel, perdu de vue depuis l'adolescence.
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Le plus extraordinaire dans la jalousie, c’est de peupler une ville, le monde, d’un être qu’on peut n’avoir jamais rencontré.
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Donner un titre aux moments de sa vie, comme on le fait à l’école pour des passages littéraires, est peut-être un moyen de la maîtriser ?
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La dignité ou l’indignité de ma conduite, de mes désirs, n’est pas une question que je me suis posée en cette occasion, pas plus que je ne me la pose ici en écrivant. Il m’arrive de croire que c’est au prix de cette absence qu’on atteint le plus sûrement la vérité.
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Les lettres, cependant, dansaient et s’assemblaient, se disloquaient, comme celles qui flottent dans le potage de pâtes appelé « alphabet ». Je devais absolument saisir ces mots, c’étaient ceux qu’il me fallait pour être délivrée, il n’y en avait pas d’autres. Je craignais qu’ils ne m’échappent. Tant qu’ils ne seraient pas écrits, je resterais dans ma folie.
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Vidéo de Annie Ernaux
Annie Ernaux, prix Nobel de littérature en 2022 et ancienne professeure de français, revient sur l'enseignement et ce qui a changé entre l'époque où elle enseignait et l'époque actuelle. Pour elle, le comportement des professeurs vis à vis des élèves est resté le même, ils ont le sentiment de "former une communauté" avec leur classe et on se "rassemble autour du professeur". Elle revient sur la responsabilité que la société fait peser sur le corps enseignant, "l'école doit résoudre tous les problèmes" mais on ne lui donne pas les moyens nécessaires pour y parvenir. La formation des maitres est réduite "à presque rien" à l'heure actuelle, alors que c'est un métier qui demande un investissement et un apprentissage particulier. Elle déplore le fait qu'on "demande tout" aux enseignants mais qu'on ne leur donne "presque rien". 

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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