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EAN : 9782072958441
180 pages
Gallimard (03/02/2022)
3.39/5   71 notes
Résumé :
Parallèlement à ses romans et récits, A. Ernaux tient un journal dans lequel elle consigne au fil des jours ses réflexions et pensées sur la vie et ses recherches en écriture.

Des fragments de ce journal sont ici réunis, rendant compte d’un long dialogue de l’écrivain avec elle-même.
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Rentrer dans la tête d'un écrivain et voir l'ébullition de ses idées, sa logique mais aussi ses questionnements et ses doutes, voilà ce que permet l'Atelier Noir.
Annie Ernaux a tenu durant 25 ans un journal d'écriture : au fil des jours elle note ses lectures et comment elles nourrissent son écriture, les idées de livres qu'elle souhaite écrire (plusieurs en même temps). La question du sujet (elle ou je) revient régulièrement comme la douleur dans l'écriture et le principe de réalisme.
"Le moins de différence possible entre la vie et la littérature."
Cela pourrait être comme un making off sauf qu'ici il n' y a pas de montage.

La matière est brute, désordonnée reflétant le refus d'Annie Ernaux de se mettre en scène y compris dans son "rôle" d'écrivaine.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Journal d'avant-écriture tel que le définit Annie Ernaux dans les deux préfaces de ce livre, publié d'abord en 2011 puis réédité en 2022, L'Atelier noir regroupe des notes que l'auteure a prises au verso de feuillets déjà utilisés – une de ces feuilles étant d'ailleurs reproduite dans le livre -, où on la voit, dans une démarche exploratoire, interroger la question de la forme, les pronoms à privilégier selon le texte, l'intention recherchée, etc. Formidable fenêtre sur le processus de création, on y voit tout l'effort pour faire advenir la littérature, la sienne, et on y relève au passage quelques clés pour entrer dans son oeuvre – l'écriture objective, le désir d'inscrire l'Histoire au centre de ses récits, « Faire sentir l'épaisseur du réel, ses significations multiples, les gens, les actes des gens, leurs mots. Un point sûr, acquis. » (p. 23) J'ai eu peur que cela me soit hermétique, n'ayant pas encore lu ses écrits; j'ai vite accepté de ne pas tout comprendre, toute à la curiosité d'entrer un tant soit peu dans la tête d'une écrivaine.
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Le livre d'un « parcours d'hésitation ». Hésitation face à l'architecture d'un texte, face à différents pistes de récits. Où commence le récit, la vie, où s'arrête l'amour, comment dire la passion lorsqu'elle ne projette plus que ses ombres ?
«  Mais comment agencer tout cela : que l'amour c'est de l'écriture vécue, que l'écriture c'est de l'amour écrit ? ».
Livre également des certitudes. Pas de désincarnation, pas de sentimentalisme, pas de rêve, pas d'imaginaire. le réel ! J'ai vu. L'image. S'y replonger.
«  Commencer un livre, c'est sentir le monde autour de moi, et moi comme dissoute, acceptant de me dissoudre, pour comprendre et rendre la complexité du monde ».
Intégration, et non extraction.
Qui d'ailleurs chez Annie Ernaux « n'empêche pas le visionnaire ».
Des pistes, dessinées sur des temps longs. La réalité, des faits, des corps, des objets.
«  Ce qu'un autre aurait fait aussi bien que toi, ne le dis pas – aussi bien écrit que toi, ne l'écris pas. Ne t'attache en toi qu'à ce que tu sens qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-même. » Gide.
On connaît la source et on connaît l'océan. Solitude également de cette recherche. Dialogue incessant avec soi même. Aucune place n'est fait à la tentation de séduction du lecteur. le risque donc, ça passera ou cela cassera peut être. « Il y a une chose que je sait par dessus tout, c'est que je peux écrire dangereusement. » .
«  tout mon effort tend à faire de la littérature qui n'en soit pas. » .
C'est en saisissant la réalité extérieure, notamment celle des objets, en chassant des images fantômes de ces objets, que l'on peut saisir sa réalité intérieure.
Focus, distance, grand angle, éclairage, temps d'exposition, durée, place, champ de vision : l'écriture d'Annie Ernaux est photographique, radiographiques.
Visionnaire, réactivant la parole et les corps soumis à l'invisibilité des regards.
L'atelier noir, c'est la chambre noire, là où se révèle et se développe une écriture.
Ce livre doit être reçu comme un don fait au lecteur. Rare sont ces moments de partage.
Rien n'obligeait Annie Ernaux à nous inviter dans son atelier. C'est donc un privilège.

Astrid Shriqui Garain
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J'aime Annie Ernaux, ses livres autobiographiques parlant d'une chose à la fois sur un thème bien défini, ses récits mêlant sa propre histoire à l'Histoire avec un grand H. J'aime la femme féministe, convaincue, cultivée, amoureuse, libre. Alors je me suis jetée sur « L'atelier noir », édition augmentée, sorte de genèse de ses écrits. Elle nous livre son journal intime, celui où elle entre ses pensées en rapport avec ce qu'elle veut écrire, et comment, et pourquoi. Je pensais apprendre sa méthode d'écriture, ses réflexions constructives, ses brouillons menant aux chefs d'oeuvre que j'aime tant, avec ce journal de bord d'une écrivaine, son cheminement d'écriture, ses pensées intimes, ses doutes, ses questionnements du style : dois-je employer « je » ou « elle » ?

Il n'en est rien, ce n'est au final qu'un recueil de notes, souvent sans phrases construites, plein de répétitions, d'indécisions jamais levées. Bref, d'un ennui mortel. Et encore, heureusement que je connais sa vie et son oeuvre, car pour celui qui ne connaît pas Annie Ernaux et qui n'a jamais rien lu d'elle, c'est purement indéchiffrable.

Surement utile pour elle, mais absolument non nécessaire pour ses lecteurs. Je n'y ai trouvé aucun intérêt, et je le regrette sincèrement. Même si je ne comprends pas pourquoi elle a publié et réédité « l'atelier noir » dans cette édition augmentée, je continuerai à aimer Annie Ernaux, pour tout ce qu'elle représente, je continuerai à la lire, d'ailleurs je viens d'acheter aussi son petit dernier « le jeune homme ».
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Dans son « Atelier noir » Annie Ernaux livre au lecteur les réflexions qu'elle a confiées à son journal d'écriture au fil des années, un texte brut, tout en interrogations et en recherche.
Il ne s'agit pas d'une mise en scène des motivations qui l'ont conduite à l'écriture, un peu comme l'a fait Joyce Carol Oates dans « Paysage perdu », il s'agit au contraire, d'un véritable travail d'artisan, celui d'une autrice confrontée à l'essentiel pour elle de ce qu'est l'écrit : une forme autonome, forte, qui a sa propre vie, sa propre justification, au-delà du contenu et de ce qui est dit. La forme donne le sens.
Il ne faut donc pas s'étonner des répétitions nombreuses qui ponctuent le texte comme autant de tâtonnements dans la recherche, tenace et obstinée, l'atelier noir pourrait être comparé à la chambre noire du photographe, là où prennent forme les clichés. Annie Ernaux elle, y façonne la perspective qu'elle donnera aux mots. Elle pose la question fondamentale de la position de l'écrivain dans son propos, « je » « elle » d'où parle-t-elle pour rendre compte du temps qui façonne les êtres. Comment trouver la bonne distance pour être dans ses mots, à la fois « elle » et « je », dans un paysage social et une histoire, bien définis.
Le contraste est saisissant entre la forme de cet atelier noir, non repris, non travaillé, livré comme un minerai sorti de terre, et les écrits de l'autrice, au bout de cette confrontation avec elle-même, travaillés avec puissance dans la forme qui lui parait la bonne.
Avec son « Atelier noir » Annie Ernaux réussit à nous faire comprendre à quels les ressorts particuliers son écriture s'articule, à l'image de ce qu'un peintre ou un sculpteur pourrait nous dire, elle nous invite au plus près de son processus créatif.
Du bel ouvrage.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Commencer un livre, c’est sentir le monde autour de moi, et moi comme dissoute, acceptant de me dissoudre, pour comprendre et rendre la complexité du monde.
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Il n’y a pas de conscience, dans le temps où l’on vit, entre soi et le monde autour (idées, faits, etc.). Le rapport à ma classe sociale, vécu seulement sur le mode de l’humiliation, du « pas bien », rien d’autre. Cela, je le montre, ou le fait être, en juxtaposant souvenirs et plus amples tableaux.
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Vendredi 12
Si je n’écris pas encore sur la « génération », j’écris au-dessous de moi-même. Pourtant je suis contente d’être condamnée à n’écrire que ce qui naît de mon désir, que le « nécessaire ». D’être obligée de chercher et de chercher jusqu’à ce que je dise : « c’est ça ».
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Je ne veux pas faire rêver, évader, etc. Faire sentir l'épaisseur du réel, ses significations multiples, les gens, les actes des gens, leurs mots.
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Le plus dur c'est de me dépouiller du "regard" de la société, de ce que j'imagine qu'elle attend, et auquel, finalement, je ne peux répondre qu'en niant cette attente, même en m'inscrivant contre. Aller à ce désir qui se fiche que l'écriture aboutisse ou non à un livre. Me situer en dehors du livre, lui aussi social, lui aussi institution. (p. 87)
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Vidéo de Annie Ernaux
En 2011, Annie Ernaux a fait don au département des Manuscrits de la BnF de tous les brouillons, notes préparatoires et copies corrigées de ses livres publiés depuis "Une femme" (1988). Une décennie et un prix Nobel de littérature plus tard, elle évoque pour "Chroniques", le magazine de la BnF, la relation qu'elle entretient avec les traces de son travail.
Retrouvez le dernier numéro de "Chroniques" en ligne : https://www.bnf.fr/fr/chroniques-le-magazine-de-la-bnf
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