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3,37

sur 1153 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Bon. Euh. Pfffou.
Que dire. Qu'écrire. J'avais pensé à être dans un minimalisme épuré, mais j'ai eu le sentiment d'une histoire d'amour entre Teddy Slexique et Gérard Menjoui. La queen publie ainsi un court, que dis-je une péninsule de mots collés les uns aux autres sans liant. Sans assaisonnement. C'est fade et gris. Soit. Pourquoi pas une novella bien sentie ? Même pas. Mon coît littéraire fut coupé sans élan dans une horde de détails qui ne font pas corps. En 1935 ce texte aurait peut-être agité la sphère mondaine d'entre deux guerres. En 2022 être outré par un « lâche-moi la grappe » s'apparente davantage à un podcast pour la famille Bélier. Tu te rends compte !? Je lui ai dit « lâche-moi la grappe », qu'elle violence ! J'ai davantage vibré devant Les feux de l'amour saison 56, épisode 2390.

Dire que je me suis ennuyé serait faux, je n'en ai même pas eu le temps. À peine ouvert je terminais la dernière phrase, circonspect devant un je-ne-sais-quoi. Rempli de vide charnel. Je résume : Annie Ernaux a couché avec un étudiant âgé de trente ans de moins. Lui, aime Europe 2 et Nulle part ailleurs, elle le regarde manger des frites, vous avez le début, l'élément déclencheur et la fin. À ce rythme là chaque phrase peut devenir un roman à lui tout seul. Je ne suis pas aussi dur car le prénom de cet étudiant commence par un A. Je n'ai pas été éconduit par Annie Ernaux et Dieu m'en garde j'aurais été triste de voir que notre histoire se résume à ces mots sans vie et sans chair dans un si petit livre qu'il ne correspond à aucun ordre de grandeur sur l'échelle de Dexter (l'échelle de Richter pour les mauvais livres).

J'entends déjà les puristes dire qu'il faut la prendre comme un ensemble et non de manière isolée. Sur sa capacité à s'introduire en elle-même tel un foetus littéraire ou sa brillante lucidité, son inénarrable simplicité (si je veux du simple j'appelle Orelsan. Basique. Simple. Basique) sur les bribes de son existence et qu'il faut lire le reste de ses textes. Sûrement. Mais là la chérie c'est un fashion faux-pas. Je ne peux m'empêcher de penser que Pascal, 56 ans prestidigitateur à la retraite dans le Calvados a sûrement bien plus de choses succulentes à nous raconter. Ce fut ainsi un coup pour rien où l'écriture de cette chronique a pris davantage de temps que la lecture dudit ouvrage. Au moins je peux rapidement me tourner vers une autre lecture.

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La lecture de cette trentaine de pages écrites par Annie Ernaux a créé chez moi un malaise que j'ai mis du temps à analyser. Qu'est-ce qui me déplaisait dans ce bref récit d'une liaison passagère ? La différence d'âge entre l'écrivaine et le jeune homme ? Non. La condition d'étudiant de l'un et la notoriété reconnue de l'autre ? Non. La passion amoureuse ? Pas davantage. Alors ?
La vérité est que je me suis mise à la place de ce jeune homme. Plus exactement, je me suis mise dans la place qui est faite à ce jeune homme par Annie Ernaux. Celle d'un accélérateur de création : « C'est peut-être ce désir de déclencher l'écriture du livre […] qui m'avait poussée à emmener A. chez moi boire un verre […] », « Je travaillais continûment à mon récit et, par une stratégie résolue de distanciation, à la rupture. À quelques semaines près, celle-ci a coïncidé avec la fin du livre. » Par ailleurs, Annie Ernaux instaure un rapport de domination, reposant sur un profit (un donnant-donnant : tu me donnes du plaisir, je te paie des voyages). Mais, il n'y a pas de profit réciproque quand on place son amant dans une position subalterne : « J'étais en position dominante et j'utilisais les armes d'une position dont, toutefois, je connaissais la fragilité dans une relation amoureuse ».
Faut-il avoir l'audace de dire les choses pour en décolorer l'humiliation de les avoir pensées et écrites ? Suffit-il de se coller l'étiquette de la bourgeoise pour utiliser jusqu'à plus soif celle de transfuge de classe ?
Oh ! Que ce petit livre brûle, comme un minuscule fagot jeté dans le feu d'une gloire littéraire ! Il n'y aura eu presque aucune grâce accordée à ce jeune homme, sinon le malheur de sa naïveté.
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Décidément, Annie Ernaux ce n'est pas pour moi. Je n'arrive pas à intégrer sa façon de relater les événements, de raconter sa vie. L'écriture est froide et ne laisse transpirer aucun sentiment.
Elle relate des faits, énumère des constats. Je n'ai pas l'impression d'avoir lu une histoire d'amour, mais le compte-rendu d'une expérience. Une vengeance sur la vie en ayant exercé son pouvoir de séduction, en ayant transgressé les rigidités sociales, en ayant choqué certains regards … 40 et quelques pages c'est presque trop.
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Juste après avoir lâché le cabas à commission et déchaussé avec grâce ses louboutins Annie (Nous nous permettons le petit nom: depuis le temps que l'on la lit on peut se le permettre) s'envoie en l'air sur les paroles de « she lives in the love street » des doors She lives on Lovestreet, lingers long on Lovestreet, (Elle habite Rue de L'Amour, flâne Rue de L'Amour)

C'est hot ! Elle aurait pu le faire sur celles des « sucettes » de Gainsbourg. C'est tout aussi chaud (hot) et de la même époque mais l'anglo-saxon c'est le top et c'est moins exotique et un peu plus salace (et fin) on connaît Gainsbarre et France Gall. Quoique, pour une telle entrée en matière (Nous parlons du coït)On aurait plutôt vu une charge de décibels du style Led Zep avec «Wanna whole lotta love ...you need... looooove » sur musique endiablée mais decrescendo

Donc «Des dimanches inoubliables» se font non pas «près des casernes» mais près de l'Hôtel Dieu de Rouen qui, nous rappelle -t-elle, a vu un des hauts faits féministes balbutiants de l'époque, son accouchement clandestin.
Waou quelle femme!
Petit rappel pour son livre «L'Événement» qui y fait allusion: il y a un peu plus de pages, 129 exactement et doit encore être édité donc n'hésitez plus!

Un condensé de vie de quinqua féminine vécu à 100 à l'heure: «Vivre vite, mourir le plus tard possible et faire un beau cadavre» mais avant consigner tout ça en brochure de 37 pages, véritable cordial pour dames âgées, pour ne rien oublier !L'histoire jugera.
«Non je n'ai rien oublié» chantait Aznavour: nous malheureusement nous essayerons de le faire.

Écriture plate et dépouillée comme toujours mais maintenant chaude (hot) et sulfureuse et donc une thérapie séniore par l'écriture
Car il a semblé nécessaire de conclure cette belle aventure, on est tenté de dire «essai philosophique avec pratique programmée en vue de mémoires testamentaires tarifées» par un écrit à 8 € les 37 pages !
"... c'est cher et c'est moche, ça ne va avec rien, et c'est non remboursable par l'Ameli." aurait pu dire Karl Lagerfeld

On notera cependant, cette inaltérable vision des choses de la vie quotidienne chère à Annie allant jusqu'à nous parler de la lunette des WC (qui heureusement n'étaient pas fermés de l'intérieur)

Pathétique, disons nous, que cette auteure intéressante fasse du « testamentaire » en cherchant par des formules philosophico-sociales maladroites, hésitantes qui se cherchent pour être mieux comprises, plaquées ça et là, avec mauvais goût! La fatigue sans doute mais qui ne l'a pas empêché d'assumer un «spécial Annie Ernaux» avec le sirupeux Busnel à la sortie de sa brochure

Une inversion des rôles la princesse charmante ou plutôt reine mère un peu fanée mais encore verte et le jeune éphèbe «blanc-neige» qui voudrait redevenir foetus. Inversion parfaitement assumé avec un «lâche moi la grappe» viril.
Waou; quelle femme!
Vision du matriarcat très fun! Prix Virilo en vue

On voyais Annie comme une auteur à textes, plats certes, mais instructifs, une philosophe de la vie domestique mais à la suite de cette brochure on ne peux s'empêcher maintenant de la voir en goule goulue ou cougar sulfureuse et éphébophile attifée à la Catwoman et ondulant au rythme des Doors.
Waou quelle femme!
Quel écrit à 82 ans bravo l'artiste!

Bon toujours est-il que nous avons un peu honte pour elle et nous en avons un peu de peine. Elle aurait pu garder ça pour elle ou lui (on se demande bien ce qu'il peut en penser lui de ce bouquin pas flatteur) mais si ça peut l'aider à passer un cap qui sommes nous pour la critiquer ? On vous le demande !!

c'est pas tout ça maintenant je vais regarder «tatie Danielle»

«whole lotta love ...you need... looooove » …

note pour les fauchés; le lire à la sauvette en bibliothèque ça ne prend pas de temps et ça évite de l'acheter.8€ une histoire de fesses, plate (l'histoire) et introvertie de mamie!
On préfère un cornet de glace
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Quelles peuvent être les raisons de la publication et du succès public d'un écrit aussi insignifiant ? Après trois lectures successives de l'intégralité de l'oeuvre, je m'interroge encore mais c'est sans doute par méconnaissance de ce qu'est l'essence même de la littérature. Pour ce qui est de la réussite de l'entreprise en termes de ventes, j'ose naïvement suggérer que sa brièveté n'y est pas étrangère lorsqu'on sait la désaffection que connaît la lecture.
Sans doute consciente que "Le jeune homme" ne trouvera pas sa place dans l'histoire de la littérature, Annie Ernaux prend soin de se justifier :
"Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues."
Passe encore qu'elle écrive ces "choses", chacun a le droit d'écrire son journal intime, mais pourquoi donc ressentir le besoin de les faire connaître à la terre entière ? Pour faire savoir qu'elle a réussi à inverser le schéma traditionnel de l'homme mûr accompagné d'une femme bien plus jeune que lui et que de la sorte elle fait avancer le combat de ses soeurs pour l'égalité ?
A-t-elle conscience par ailleurs du mépris qu'elle témoigne pour son jeune amant A. , lui qui lui rappelle son enfance passée auprès de gens de peu, ceux qui "agitent le sucre dans leur tasse de café pour qu'il fonde (sic) plus vite", ceux qui coupent leurs spaghettis ou qui mangent les morceaux de pomme au bout d'un couteau ? Quelle trouvaille d'écrire que la rupture avec A. lui rappelait son avortement subi en 1964: "Comme si je voulais le décrocher et l'expulser comme je l'avais fait de l'embryon plus de trente ans auparavant." !
Un livre dispensable s'il en est mais qui a le mérite de montrer que l'on peut tout se permettre quand on est devenu l' icône d'une certaine intelligentsia.
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Moi, moi et encore moi !
30 pages, les dimensions d'une nouvelle : "...ce désir de déclencher l'écriture du livre - que j'hésitais à entreprendre à cause de son ampleur." On peut rire ?
Une émission entière de "La Grande Librairie" (France 5) consacrée à cette publication - ce que c'est quand même que d'avoir des relais dans les médias - dans laquelle l'animateur (un journaliste ?) ne sait pas, comme à son habitude, pousser les auteurs hors leurs retranchements et de leurs silences ; on est très très loin des "Lectures pour tous" de Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes, ainsi que plus récemment des entretiens Alain Veinstein sur France Culture à minuit où le journaliste savait vraiment écouter les auteurs interviewés et partager avec eux leurs interrogations.
Dans cette espèce de nouvelle, tout est centré sur l'auteure-narratrice ; le jeune homme, "A" auquel l'auteure n'accorde même pas l'obole de la sonorité d'un prénom (A ce pourrait être aussi "Ah ?"), n'est ici qu'un objet ; elle ne cache d'ailleurs pas le mépris intellectuel qu'elle éprouve à son égard : rien n'est dit de leurs échanges en dehors du sexe. Il n'est question que de l'égo de l'auteure-narratrice.
L'incipit de ce livre :"Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont seulement été vécues." Pourquoi "les choses" (?!) doivent elles aller à leur terme ? Traiter cette relation de chose en dit suffisamment sur son auteur.
Où es-tu Mallarmé : "“Le monde est fait pour aboutir à un beau livre.” ?
Où es-tu Jorge Semprun ? Il est temps que je relise "L'écriture ou la vie."
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Je n'avais encore rien lu d'Annie Ernaux et ce court texte (très court en réalité - 20 minutes de lecture) m'a paru l'opportunité de découvrir son oeuvre.
Si j'ai aimé le style, j'ai été particulièrement déçu du fond. Rarement, je n'avais lu un livre aussi égocentré et dépourvu de la moindre empathie envers autrui. Annie Ernaux raconte son aventure avec un jeune homme de trente ans plus jeune qu'elle avec la fierté d'un adolescent qui raconte son dépucelage. C'est assez limité. Et de conclure son texte : "Je me découvrais heureuse d'entrer seule et libre dans le troisième millénaire". A se demander si une certaine liberté ne serait pas le cache-misère de l'égoïsme?
Annie Ernaux a certainement un grand talent, mais je n'irai pas plus loin dans son oeuvre.
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Un livre de 48 pages, au texte allant de la page 11 à la page 38, écrit en gros caractères sur des pages petit format. La taille et le propos d'un article pour magazine féminin.
Annie Ernaux n'en finit pas de se raconter. Si j'ai adhéré à ses romans comme La place, L'évènement ou encore Mémoire de fille, je n'en peux plus de l'entendre se plaindre sur son origine sociale.
Dans ce dernier texte ce qui me gêne ce n'est pas la différence d'âge, au contraire les femmes peuvent bien faire ce que les hommes ont fait de tout temps. Mais ce récit est vraiment très autocentré. J'ai compris tout ce que cette relation avec un homme jeune a pu apporter à la narratrice en lui permettant de retrouver les sensations de sa jeunesse. Ce qui m'a choqué c'est son sentiment de domination sur le garçon du fait de son origine sociale.
Qui suis-je pour dénigrer un prix Nobel, moi qui suis incapable d'écrire 3 pages ?
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Que dire de cet opuscule ? 28 pages. Lecture d'à peine 40 minutes. Dans un train. Pour passer le temps. Lecture de gare : serait-ce une bonne définition ?
Définition de Wikipédia : La littérature de gare, et plus particulièrement le roman de gare pour le roman, est un genre littéraire se caractérisant par des ouvrages se lisant facilement et rapidement, distrayants mais superficiels, qui tirent leur nom du fait qu'ils sont réputés être achetés dans les gares pour s'occuper en attendant son train ou pendant le voyage.
Au retour, l'amie qui m'accompagnait, après un séjour sublime à Paris et trois expositions : Monet-Mitchell, Rosa Bonheur, Edvard Munch, lecture faite, m'a rendu le livre, dubitative voire dépitée. Sans un mot qui voulait tout dire. Quelques jours plus tard, on en reparle. Pour elle cet ouvrage est une imposture. Il y a longtemps elle a acheté plusieurs romans qu'elle a apprécié à l'époque.
Ce 22e livre d'Annie Ernaux, texte très court, mais décisif, comme l'a qualifié François Busnel, lors de la Grande Librairie consacrée à l'auteur, le 4 mai 2022. Récit rédigé à la première personne d'une relation vécue avec un homme de 30 ans de moins que la narratrice : ce texte serait peut-être une clé qu'elle offre pour comprendre, pour lire aussi, toute son oeuvre. Telle est l'introduction du journaliste.
Ai-je manqué quelque chose ? Peut-être l'ai-je lu dans de mauvaises conditions ? Deux Allemands jouaient aux échecs à côté de nous. Ils discutaient en même temps dans leur langue si gutturale que j'ai dû m'appareiller de mon écouteur pour distiller une agréable musique de film espérant m'enfermer dans une bulle pour lire tranquillement. Mais cela n'a pas réussi. J'ai quand même persévéré et terminé ma lecture. Avec une certaine insatisfaction, voire colère. Car même dans cette ambiance, en fermant le livre, j'ai eu l'impression de n'avoir pas lu. Il m'est pourtant arrivé de lire dans une ambiance un peu bruyante, mais tellement happée par l'histoire, je n'entendais plus rien autour de moi.
Quelques jours après, au moment où j'écris ces lignes, il ne me reste rien des 28 pages du « Jeune Homme » - François Busnel est généreux : il en donne 40 pages, mais cela c'est la pagination du livre. de plus le texte est fait de paragraphes séparés par des espaces plus ou moins importants. Même les caractères sont plus gros. Si si, j'ai vérifié en prenant un livre de la même collection Blanche. Si j'avais voulu le faire, je n'y serais pas arrivée. Je suis tombée sur la page 100 de l'Anomalie et j'étais sur la page 16 du Jeune Homme et le premier mot était le même et je vous le donne en mille, c'est le mot : même. Et on voit bien la différence de la taille des caractères. Vous me direz, la taille du livre est également plus petite que l'autre. A vérifier quand les deux sortiront en poche. En testant avec un autre livre de la Blanche de la même taille, Essai d'explication du Cimetière marin de Gustave Cohen, les caractères sont encore plus petits que ceux de l'Anomalie …
Voilà pour ma première impression. Blague à part, car bien sûr la critique est facile …. Je vais donc le relire dans un calme absolu, bien installée dans mon fauteuil, pour un second avis … une seconde chance.
Cela n'a rien à voir, mais je n'aime pas trop l'art contemporain, l'art abstrait en général, et pourtant, je ressens quelque chose de particulier quand je vois des oeuvres de Jackson Pollock ou de Joan Mitchell. Quand j'ai découvert des artistes comme Frida Kahlo, j'étais un peu horrifiée par ces oeuvres violentes. Je viens de découvrir celles d'Edvard Munch dont je ne connaissais que « le Cri » ne m'étant intéressée à l'auteur, à sa vie, à sa démarche avant l'exposition du Musée d'Orsay. Mais dès que l'on s'y penche, le déclic se produit. On voit également d'autres côtés de sa personnalité plus lumineuses et maintenant que je le comprends un peu mieux, je l'aime. Certes à un degré moindre que mon peintre de prédilection qu'est Modigliani. Tout ça pour dire qu'il faut approfondir pour comprendre – logique ou pléonasme – et peut-être arriver à apprécier. Il en est de même pour la littérature.
Pour ce faire, j'ai réécouté les deux LGL consacrées à Annie Ernaux, celle du 4 mai avec François Busnel en podcast, veille de sortie du livre et le replay de celle du 19 octobre dernier avec Augustin Trapenard, quelques jours après l'attribution du prix Nobel pour l'ensemble de son oeuvre.
Je n'ai pas cherché à m'écrire, dit-elle, à faire oeuvre de ma vie, je me suis servie d'elle, des événements, généralement ordinaires qui l'ont traversée, des situations et des sentiments qu'il m'a été donnés de connaître, comme d'une matière à explorer pour saisir et mettre au jour quelque chose de l'ordre d'une vérité sensible.
Son écriture serait donc l'inverse d'une écriture narcissique, autocentrée, auto-analytique, qui est souvent l'impression que l'on ressent lorsque sort de ce genre de récit. Je l'ai constaté en lisant quelques livres de Camille Laurens. Mais Annie Ernaux s'en défend. En fait, elle reconstruit simplement la dimension vécue du passé. En un mot, pour moi, la mémoire. Un livre pour sa propre mémoire. Alors pourquoi ne pas l'avoir inclus, puisqu'il a la taille d'un chapitre, dans Ses Mémoires ? Ou est-ce tout bonnement un témoignage ?
Je lis une seconde fois le livre, cette fois dans le calme et à voix haute.
p. 17 : il m'arrachait à ma génération, mais je n'étais pas dans la sienne.
En fait, elle n'a pas voulu s'intégrer à la sienne, puisque lorsqu'il rencontrait ses amis, elle se tenait à l'écart. Avait-elle honte ?
Pourtant plus loin, le regard « lourdement réprobateur » d'anonymes, la renforçait dans sa « détermination à ne pas cacher sa liaison avec un homme qui aurait pu être son fils ».
En tout cas, elle a honte de ses origines qu'elle retrouve en lui, avec la réminiscence des mêmes comportements « plouc » de sa jeunesse. « Il était porteur de la mémoire de mon premier monde », écrit-elle.
En définitive, elle décrit la relation d'une femme mûre et d'un gigolo (ou au mieux un homme-objet) puisque leur « relation pouvait s'envisager sous l'angle du profit » : son plaisir contre un voyage à Venise, à Madrid, et, confirme-t-elle, elle était « en position dominante ».
Au mieux, en a-t-elle été une initiatrice, comme elle le dit à la fin du récit ?
C'est le démon de midi au féminin. Ce n'est ni une critique ni une réprobation. Je le comprends d'autant mieux que, moi-même, entre 53 et 55 ans, je l'ai vécu. Et comme Annie Ernaux, « c'était pour ne pas avoir devant moi, continuellement, le visage marqué d'un homme de mon âge, celui de mon propre vieillissement ».
Son expérience, dans les années 90, était vécue et assumée pour « changer les conventions ». En ce qui me concerne, 15 ans plus tard, les regards n'en étaient pas moins réprobateurs. Mais comme elle, cela ne me gênait pas du tout.
La fin de ce type de relation est inévitable et je pense ne rien dévoiler, puisque que ce n'est pas un « roman », pas une « fiction ». Il n'y a pas de suspens.
Après cette deuxième lecture, je ne trouve toujours pas ce qu'il faut en retenir. Je conçois parfaitement, que pour l'auteur, cela lui a sans doute procuré un effet cathartique, même si ce n'était pas le but recherché. Peut-être un outil de mémoire dans le cas où Alzheimer viendrait rôder beaucoup plus tard, ce que je ne lui souhaite pas.
Avec cette écriture « plate », telle qu'elle la définit, c'est-à-dire proche du réel, sans fioriture, je n'ai ressenti aucune émotion. La lecture ne m'a rien apporté. Elle n'en a donc pas été agréable. J'en ressens simplement un vide, une perte de temps. Et pourtant, j'ai voulu approfondir, pendant deux jours, à revoir les deux LGL, ainsi que plusieurs interviews sur youtube et autres documents, car je ne veux pas passer à côté d'un auteur. Je n'ai pas apprécié ce récit, mais je ne le rejette pas. Je suis têtue et ne veux pas rester sur cet échec de lecture, et vais lire d'autres livres d'Annie Ernaux qui me conforteront dans mon avis ou le contrediront, pourquoi pas ? Il y a juste trente ans, j'ai lu « Passion simple ». Je n'ai pas dû en retirer quelques satisfactions, puisque je n'avais pas lu d'autres livres jusque-là. Quand j'apprécie une première lecture d'un auteur, je lui reste fidèle, comme William Boyd, Arturo Perez-Reverte, Douglas Kennedy, sans parler de Henry James, et de nombreux autres. Il est vrai que je préfère la fiction pure, celle par laquelle on peut s'évader d'une façon ou d'une autre. Je viens de découvrir Amélie Nothomb que je souhaitais lire depuis longtemps. J'ai commencé par son premier roman « Hygiène de l'assassin » que j'ai vraiment apprécié. Je vais poursuivre la lecture de ses romans de façon chronologique. Ce que je vais faire également pour Annie Ernaux, avec Les Armoires vides.
8788 caractères (espaces compris ou 7278 espaces non compris) pour une lecture non réjouissante. C'est ma première « critique » aussi dense, alors que la prescription minimum de Babelio est de 250 caractères, espaces compris (ce qui m'a surpris). J'espère n'avoir pas ennuyé les personnes qui auront eu la patience de la lire en entier.
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« Merveilleux récit », « livre sublime », « enquête rigoureuse sur la vie », «morceaux d'humanité », « histoire toute en pudeur et retenue »…
Comment aurais-je pu résister ? Faible que je suis je m'empresse et cours en librairie telle une acheteuse compulsive. le problème, comme souvent avec les achats compulsifs, c'est le risque d'être démesurément déçue ! Ça n'a pas loupé. Vingt-sept pages d'une platitude qui me laisse coi. Une femme d'âge mûre, ménopausée, qui se tape un p'tit jeune et qui découvre le regard désobligeant de beaucoup, la jalousie de certaines de ses congénères, l'insolence des plus jeunes à ne pas la considérer comme rivale. Une femme mûre qui s'offre un bain de jouvence avec ce jouvenceau qui lui fait remonter le temps et par un certain hasard lui rappelle un moment passé : un avortement « douloureux » (je mets douloureux entre guillemets comme pour mieux souligner le pléonasme)… J'arrête là, ma critique risquant de dépasser en nombre de caractères le « roman Proustien » de Mme Erneaux. Je me demande si ce n'est pas tant les sujets abordés, dans une époque où le féminisme se fait plus extrême, plus que les propos ou la plume qui ont provoqué ce déluge de dythirambes. Mais une rédactrice en chef avertie nous avertit justement qu'il « s'agit d'une perle précieuse sûrement pas pour les gens qui n'ont jamais lu Annie Erneaux ». Ah me voilà rassurée, je n'ai été sensible ni au propos ni à la plume simplement parce que je méconnais l'autrice. Je tâcherais à l'avenir de lire les auteurs en commençant par leur premier écrit histoire de mieux les apprécier du coup faut que je file y'a du boulot !
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