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Critique de blanchenoir


"C'était une dictature douce et heureuse contre laquelle on ne s'insurgeait pas, il fallait seulement se protéger de ses excès, éduquer le consommateur, définition première de l'individu. Pour tout le monde, y compris les immigrants clandestins entassés dans une barque vers la côte espagnole, la liberté avait pour visage un centre commercial, des hypermarchés croulant sous l'abondance. Il était normal que les produits arrivent du monde entier, circulent librement, et que les hommes soient refoulés aux frontières. Pour les franchir, certains s'enfermaient dans des camions, se faisaient marchandise - inertes-, mouraient asphyxiés, oubliés par le conducteur sur un parking au soleil de juin à Douvres."

C'est à travers Les années que je découvre Annie Ernaux. A partir de photographies et de marqueurs temporels, l'auteur nous peint l'histoire de celle qui dit elle et non pas je. le "je" est un point fixe et transparent, en revanche, le "elle", bien qu'extérieur, retrace la perspective de celle qui devient.
Une volonté de liberté et de libération anime violemment celle qui déplore que l'individu ne soit désormais qu'un objet de consommation, un pur produit. Car lorsque l'homme est réduit à ce point à n'être qu'un objet commercial, que reste-t-il de son humanité ? L'homme a-t-il encore une conscience et la conscience du monde ?

"On évoluait dans la réalité d'un monde d'objets sans sujets. Internet opérait l'éblouissante transformation du monde en discours.

Le clic sautillant et rapide de la souris sur l'écran était la mesure du temps."

Le temps humain, la durée vécue, détrônés par le temps des machines...
L'homme serait-il devenu un être qui a perdu son temps propre ? Mais comment exister alors hors de soi et de son humanité ?

Dans un style simple et percutant, Annie Ernaux place le lecteur face aux contradictions de notre temps. Les années pose beaucoup de questions et donne à penser une humanité décalée, et déracinée... Sans langage.....

"Dans le brassage des concepts, il était de plus en plus difficile de trouver une phrase pour soi, la phrase qui, quand on se la dit en silence, aide à vivre."

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