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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fébrilement, dans l'interstice du désir avec Ernaux !

Se perdre c'est le journal intime qu'Ernaux tenait quand elle fréquentait le russe ! C'est aussi la version intense & sexuelle de Passion Simple. Et moi, en le feuilletant, j'ai attrapé une mélancolie comme on attrape un rhume, en marchant sous ses mots, sans me soucier du froid.
Je vis, j'attends & je souffre avec Annie ! Annie totalement soumise à lui. Je lis a chaud ses émotions a son sujet. S, dont elle ignore tout. Sauf qu'il est russe, marié & qui se révèle amant irrégulier !

Annie écrit, Annie décrit l'attente, le chant solitaire de la passion qui la dévore, l'espoir qu'elle léche impatiemment & le désir qui la consume ! le manque, le vide & le trop plein emmêlés. le jaillissement soudain hors de soi de ce qui ne tient plus & ce qui crie pour respirer.
Annie écrit, Annie décrit les lèvres trempées d'émoi, les mains serrées, les corps nus, son âme pénétrée, le déséquilibre, l'allégeance, la douleur & la soumission. Elle confie les questionnements, l'envie absolue, le désespoir, l'orgasme, les larmes, l'amour fou, brut, violent, la vie renversée, les rendez-vous manqués, l'obsession, la fusion, l'incompréhension, l'épuisement, le tremblement, les noeuds & les aller-retour !

Vivre, serait-ce frémir d'une espérance encore confuse ? Serait-ce être dans l'ambivalence affective entre le désir, la crainte & l'appréhension ?

Annie écrit, Annie décrit cette chose qu'on ne peut se résigner ni à accepter, ni à lutter contre !
J'ai aimé ces confidences autant que je les ai détesté, ce goût âcre qui me monte a la gorge & cette lourdeur dans les membres qui renvoie au temps achronique de l'attente passionnelle qui rend chaque instant fade ! Non je n'ai pas détesté, j'en été malade !

Écriture parsemée de références à ses écrivains préférés, parfaite pour pallier à toutes les peines de coeur !
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« Suis-je amoureux ? Oui, puisque j'attends. », Roland Barthes
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Annie attend. Elle est dans le manque, la dépendance et c'est pour quoi elle écrit. Elle écrit pour revivre le moment vécu et « redoubler la jouissance des rencontres », mais surtout pour supporter l'attente, pour supporter l'absence de l'autre. Grâce à ce journal, elle arrive à verbaliser ses émotions et crier, en silence, sa déception, sa douleur, sa rage.
C'est à travers une écriture simple, concise, sans effet littéraire qu'Ernaux nous raconte sa passion pour un diplomate russe, marié, avec qui elle entretiendra une relation secrète d'à peu près un an. Elle parle d'un « bonheur douloureux », d'une passion-obsession dans laquelle elle se perd de jour en jour. le rythme de ses phrases est saccadé, comme une respiration haletante et l'on ressent parfaitement son trouble par le biais de son écriture orale et authentique. Ses expressions sont coupées, incomplètes et illustrent son mal tout comme la noirceur des mots qu'elle choisit pour traduire la puissance de cet amour destructeur. L'écriture a un aspect salvateur pour elle et remplace ses idées noires, morbides : « J'écris à la place de l'amour, pour remplir cette place vide, et au-dessus de la mort. » Elle tente, en écrivant, de se comprendre ; ses questionnements sont nombreux et rendent le rôle de ce journal thérapeutique – une manière d'exorciser ses tourments en les racontant.
Ernaux est une écrivaine à la recherche de la perfection, de l'absolu, de la beauté et de l'esthétique. La sincérité est ce qu'il y a de plus touchant dans son Oeuvre. Elle avait d'abord écrit un roman : "Passion simple", dans lequel elle raconte son idylle avec le diplomate russe mais elle a trouvé le roman un peu loin de vérité, embelli, moins cru, d'où sa décision de publier Se perdre où elle nous dit tout. Elle a décidé de faire entièrement confiance à son lecteur en lui confiant ses secrets, ses peines, ses envies les plus intimes, en détail, sans peur du jugement.
• « Je me suis aperçue qu'il y avait dans ces pages une "vérité" autre que celle contenue dans Passion simple. Quelque chose de cru et de noir, sans salut, quelque chose de l'oblation. »
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Dès les premières pages de ce journal d'Annie Ernaux, j'ai été happé. Non seulement il se lit comme un roman, mais en plus il excite l'oeil voyeur qui aime se plonger dans des mots qui ne sont pas destinés à être partagés.

Je trouve cette aventure passionnante, alors même qu'elle est aussi vieille que le monde : un homme a une maîtresse. La différence d'avec toutes les autres histoires est qu'elle est vécue par Annie Ernaux, une grande écrivaine et future prix Nobel de littérature. Autant dire que les jours ne se présentent pas comme une énumération de faits, mais comme une véritable introspection sur ses propres tourments.

Au-delà de l'aventure sexuelle, qui devient sentimentale, j'ai été passionné par son quotidien d'écrivaine, et les pages sur son incapacité à écrire quand son cerveau est occupé par le sexe.

Seul hic, je l'ai trouvé un peu long. J'ai eu beaucoup de mal à y revenir, une fois dépassées les 200 premières pages : j'avais fait le tour des tourments de la maîtresse et compris cette fin. Il aurait sûrement mérité de s'arrêter, selon moi, un an avant la fin du livre.
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