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Il était facile pour mon mari de me faire plaisir en m'offrant ce Quarto des éditions Gallimard, gros volume qui contient des textes d'Annie Ernaux et joliment intitulé "Ecrire la vie".
C'était bien avant l'obtention de son prix Nobel de littérature en 2022 puisque mon édition date de 2011 et se termine par "Les années" publié en 2008 dont ma chronique sur babelio est élogieuse. Ce Quarto trônait donc dans ma bibliothèque quand j'ai eu envie de le lire avec plus d'attention. Excellente idée car contrairement à ce que je pensais c'est bien plus qu'un simple recueil.

J'y ai trouvé des articles très intéressants publiés à différentes périodes ainsi qu'une centaine de pages de photos accompagnées d'extrait du journal intime inédit. Elle appelle cela le Photojournal dont elle dit qu'il éclaire les raisons d'écrire ce qu'elle a écrit jusqu'à présent.
C'est Annie Ernaux qui a fait la sélection des textes et l'ordre n'est pas toujours chronologique, elle a choisi de suivre le chemin de la vie selon les thèmes abordés, de l'enfance à la maturité. Elle y a imbriqué ses articles qui font comme une ponctuation dans le déroulé de ce que j'appelle ses romans d'autofiction.

Je suis particulièrement touchée par ses écrits concernant son père et sa mère mais aussi par son engagement et j'approuve ce qu'elle dit à ce sujet : "L'écriture, quoi qu'on fasse, "engage", véhiculant, de manière très complexe au travers de la fiction, une vision consentant plutôt à l'ordre social ou au contraire le dénonçant." (Extrait d'un article écrit en 1989 concernant la littérature et la politique).

Elle revendique d'"écrire la vie" comme une évidence en référence au séminaire d'Antoine Compagnon qui portait ce titre et dans lequel elle a été invitée à parler en 2009 au Collège de France. Ce qui caractérise son oeuvre c'est cette écriture universelle que j'admire, qui parle de "la vie avec ses contenus qui sont les mêmes pour tous mais que l'on éprouve de façon individuelle : le corps, l'éducation, l'appartenance et la condition sexuelles, la trajectoire sociale, l'existence des autres, la maladie, le deuil. Par-dessus tout, la vie telle que le temps et L Histoire ne cessent de la changer, la détruire et la renouveler."
Une oeuvre admirable.


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Annie Ernaux dit vouloir simplement "écrire la vie". Et c'est bien la vie quotidienne des Français depuis les années 50 qu'elle nous fait revivre à travers un mosaïque de tableaux où ses souvenirs intimes ( qui s'appuient souvent sur des photos qui jalonnent sa vie de femme) croisent la grande Histoire. Elle excelle à retranscrire sans fioritures, pathos ou lyrisme excessif la vie simple en province, dans les années 60, l'attrait irrésistible et perfide de la société de consommation et d'une vie de confort bourgeois. Mai 68, l'émancipation des femmes, la montée des idéaux de gauche... puis la désillusion, tout cela est évoqué avec une écriture blanche mais non dénuée de sensibilité.

Lire la suite sur le blog : http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2012/01/les-annees-dannie-ernaux-gallimard.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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« VENGER MA RACE ET VENGER MON SEXE »
Un journal intime et féministe repris à l'âge adulte, réécrit en « autosociobiographie » que l'on peut schématiquement scinder en trois époques : jeunesse provinciale et prolétaire, adolescence révoltée en rupture sociale, adulte divorcée sensuelle et hypersexuée.
Venger sa race en décrivant le milieu pauvre et inculte de son enfance duquel elle s'est sortie par les études.
Venger son sexe en défendant le droit des femmes à l'indépendance et à la sexualité. La description de la démarche abortive de cette jeune femme seule (avant la loi Weil) est poignante.
Le style rompt avec la belle phrase qu'elle enseignait à ses élèves, « fracas d'une langue charriant colère et dérision, voire grossièreté, une langue de l'excès, insurgée, souvent utilisée par les humiliés et les offensés, comme la seule façon de répondre à la mémoire des mépris, de la honte et de la honte de la honte » (Conférence Nobel). Une écriture particulière, plate, neutre, sans métaphore, au participe passé (action continue), sans conjonction de subordination entre les phrases. Mille pages passionnées qui se lisent avec (com)passion.
En revanche, la première partie,illustrée par les photos de famille, ne m'a pas convaincu.
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Être édité dans la collection littéraire Quarto, chez Gallimard, est toujours une consécration pour un écrivain. le livre peut recueillir les oeuvres complètes de l'auteur mais aussi se limiter à des oeuvres choisies ou à la production arrêtée à la date de parution de l'ouvrage. C'est le cas ici pour Annie Ernaux qui, heureusement, continue à écrire avec toujours autant de talent.

Chaque livre commence par un dossier illustré consacré à la vie de l'auteur, intitulé ici Photojournal. L'écrivain livre des pages de son journal intime mais précise aussitôt : « Comment définir cette entreprise d'écriture commencée il y a quatre décennies ? Écrire est un présent et un futur, non un passé… Quel titre – qu'on me réclamait – pour la qualifier ? Brusquement, m'est venu, comme une évidence : écrire la vie ! Non pas ma vie, ni la vie, ni même une vie. La vie avec ses contenus qui sont les mêmes pour tous mais que l'on éprouve de façon individuelle : le corps, l'éducation, l'appartenance et la condition sexuelles, la trajectoire sociale, l'existence des autres, la maladie, le deuil. »
Les livres inclus dans ce Quarto, sont classés dans l'ordre chronologique, pas selon la date d'écriture et sont au nombre de douze. je me contenterai d'en présenter les trois premiers,

Plus tard, je publierai La Place et Les Années.

Auparavant, je reviens au Photojournal qui débute à Lillebonne (Seine-Maritime), quand sa soeur, Ginette, meurt de la diphtérie, à 6 ans et demi, le 14 avril 1938, deux ans donc avant la naissance de l'auteure qui note : « Ici j'en pleure encore, à 50 ans bientôt. » Plus loin, elle reconnaît : « Je ne souhaite rien tant qu'une chose : revenir à la solitude, l'anonymat, l'indifférence au monde, retrouver l'indifférence de l'enfance… »
Annie Ernaux parle de son père, de l'impact qu'a eu sur elle la lecture de la Nausée, de Jean-Paul Sartre, « Un livre-révélation, peut-être le seul pour moi. » Son enfance et son adolescence, à Yvetot, en Normandie puis ses années de fac, la poussent à revenir sur les lieux importants de sa vie, comme à St Hilaire-du-Touvet, près de Grenoble, où elle revoit « la grande terrasse du sana des étudiants face à Belledonne, en la voyant, j'ai été sûre d'avoir été là. »

Elle rappelle aussi son premier roman, écrit en 1963. Envoyé au Seuil, refusé ! Elle parle de son mari, du divorce, de ses enfants, des différentes maisons habitées, de ses parents, du Prix Renaudot en 1984 pour La Place, de ses voyages, du cancer du sein avec la perte de ses cheveux et enfin de ses petits-enfants, avant de finir sur une question : "Et si croire que je suis venue au monde pour écrire était une construction ? Au fil des années ?"

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Annie Ernaux explore dans « La femme gelée » ce qu'elle appelle sa « ligne de fille ». Adolescente coquette, attirée par les choses de l'amour, elle a du mal à trouver sa place au milieu des jeunes filles très comme il faut éduquées pour devenir secrétaire, mettre le grappin sur un homme, avoir des enfants et s'occuper sagement et bourgeoisement de son petit intérieur avec tout les confort moderne de la fin des années 50. Annie, elle, lit beaucoup, rêve de devenir institutrice ou avocate, de vivre des aventures, d'expérimenter.

La suite sur le blog : http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2012/01/la-femme-gelee-dannie-ernaux-gallimard.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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Vous n'êtes pas sans ignorer qu'Annie Ernaux a reçu à l'automne dernier le prix Nobel de Littérature 2022. C'est la première femme française à obtenir ce prix et seulement la 17ème femme écrivain, au niveau mondial, depuis 121 ans que ce prix existe.
J'ai lu beaucoup de romans de cet auteur lorsque j'étais étudiante, puis trentenaire et ensuite, j'ai espacé mes lectures pour découvrir d'autres auteurs.
Ce livre était donc incontournable pour moi afin de relire ses romans et découvrir d'autres oeuvres que je ne connaissais pas encore. J'ai été surprise par le fait que si peu de blogs présentent ses écrits d'une part, et que dans les deux médiathèques que je fréquente, rares étaient les oeuvres présentes dans le catalogue en ligne, mais c'est rassurant tout de même de constater qu'ils étaient tous empruntés et les listes de réservation assez longues.
Ce recueil qui regroupe onze romans de l'auteur, écrits avant l'année de publication du livre (donc 2011) est édité dans une collection agréable. Entre les romans s'insèrent de courts textes (récits, réflexions...) que je ne connaissais pas.
En plus des romans et de l'introduction écrite par l'auteur dont mes citations du jour sont extraites, le lecteur trouvera en début d'ouvrage, des photos de différentes périodes de sa vie, en famille, commentées par des extraits de son journal intime. le choix de photos correspond bien au projet du livre, car elles n'ont été choisies que pour "Ecrire la vie" sans fioritures, telles quelles, sorties des albums photos de ses proches, et n'en sont que plus émouvantes. Elles nous mettent dans l'ambiance de ce que le lecteur va découvrir ensuite avec des mots.
Le recueil suit une chronologie toute simple, celle du temps, et non pas celle des publications.
Et c'est bien la vie quotidienne des français de Province et l'évolution des idées, vues de l'intérieur qu'elle nous raconte dans ses écrits, avec sa plume sensible et des mots simples et parfois crus, qui nous vont droit au coeur. Nous partons donc de sa jeunesse dans les années 50 : les souvenirs de la vie quotidienne se mêlent aux événements de la grande Histoire comme Mai 68, la "libération" des femmes...
De temps en temps, je vous présenterai donc sur mon blog certains romans de l'auteur au fur et à mesure de ma relecture ou de ma découverte. Je vais tenter de les relire par ordre chronologique mais je ne vous promets rien.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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"Non pas ma vie, ni sa vie, ni même une vie. La vie, avec ses contenus qui sont les mêmes pour tous mais que l'on éprouve de façon individuelle : le corps, l'éducation, l'appartenance et la condition sexuelles, la trajectoire sociale, l'existence des autres, la maladie, le deuil. Par-dessus tout, la vie telle que le temps et l'Histoire ne cessent de la changer, la détruite et la renouveler. Je n'ai pas cherché à m'écrire, à faire oeuvre de ma vie : je me suis servie d'elle, des évènements, généralement ordinaires, qui l'ont traversé, des situations, et des sentiments qu'il m'a été donné de connaître, comme d'une matière à explorer pour saisir et mettre au jour quelque chose de l'ordre d'une vérité sensible."

Ces phrases sont extraites de la préface ô combien magnifique où Annie Ernaux présente cette anthologie qui regroupe les armoires vides, la honte, l'événement, la femme gelée, la place, journal du dehors, une femme, je ne suis pas sortie de ma nuit, passion simple, se perdre, l'occupation et les années.Si Ecrire la vie reprend une partie des livres de l'auteure déjà parus, il est enrichi de photos personnelles et d'extraits du journal intime d'Annie Ernaux.

Depuis l'âge de seize ans, elle n'a jamais cessé d'écrire. La fille de l'épicerie-café d'Yvetot en Normandie devenue professeur a toujours cherché par l'écriture à dénouer ses sentiments vis-à-vis de ses parents et principalement de sa mère. A travers sa vie, il s'agit des chroniques sociales de notre pays et de ses changements sur plus de quarante ans.


La suite sur :
http://fibromaman.blogspot.com/2011/11/annie-ernaux-ecrire-la-vie.htm
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Cet imposant quarto, paru en 2011, réunit douze des ouvrages majeurs d'Annie Ernaux. Emprunté au titre d'un séminaire d'Antoine Compagnon au Collège de France en 2009, Écrire la vie définit parfaitement la démarche littéraire entreprise par Annie Ernaux depuis quarante ans. "Non pas ma vie, ni sa vie, ni même une vie. La vie... : écrire la vie ...qui est muette et informe ...en se tenant au plus près de la réalité, sans inventer ni transfigurer", précise-t-elle dans la préface. En préambule nous est offert un séduisant photo-journal qui juxtapose extraits de son journal intime et photographies personnelles dont "la succession rend ainsi visible un milieu social et familial dans lequel [son] projet d'écriture s'est ancré ". L'ordre des textes ne suit pas l'ordre de leur parution mais celui des événements de sa vie : Des armoires vides, récit du passage d'une enfance insouciante à une adolescence assombrie par la honte sociale aux Années, ample et ambitieux parcours impressionniste de l'après-guerre à aujourd'hui, les livres se succèdent comme autant d'étapes et de figures qui jalonnent une existence. Des textes aux styles et aux formes contrastés qui tous, par cet inlassable travail de la mémoire, cherchent à dire la vérité impalpable d'une époque et d'un destin.
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Ma critique d'"Une passion simple" pour le site La Cause Littéraire : http://www.lacauselitteraire.fr/passion-simple-annie-ernaux.html
Lien : http://www.lacauselitteraire..
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Il ne s'agit pas à proprement parler d'un livre, mais plutôt d'une juxtaposition de textes, sans chronologie, et dans laquelle figure La Place, un des plus fameux écrits d'Annie ERNAUX. C'est évidemment très bien écrit, on s'en serait douté, et chacun des textes reflète une image du passé de l'auteure. C'est parfois assez dur à lire (les visites à sa mère à la Maison de Retraite), parfois aussi le reflet quasi-reportage d'une époque révolue (son passage chez la faiseuse d'anges), parfois encore la description minutieuse de la vie dans une petite bourgade de Seine-Maritime, dans cette fameuse épicerie-café où elle a passé son enfance. Les phrases s'égrènent naturellement, tout au long de ces récits de vie. Mais au final, l'empreinte de la jeunesse semble indélébile et façonne à n'en pas douter l'état d'esprit et le caractère d'Annie ERNAUX tout au long de sa vie.
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