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EAN : 9782867466786
268 pages
Liana Lévi (15/05/2013)
3.71/5   33 notes
Résumé :
Au début des années 70 la lutte pour l'égalité des droits est loin d'être terminée pour les Noirs américains. Pour certains c'est même le combat de chaque instant. Le révérend Phillip Martin, leader du mouvement dans une petite ville de Louisiane, est de ceux-là; il a bâti autour de ce combat une vie solide et respectable. Jusqu'au jour où un mystérieux jeune homme vient rôder sans but apparent autour de sa maison?
Gaines, avec son immense talent, nous entraî... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Mes pérégrinations outre-Atlantique m'ont conduit cette semaine à Sainte Adrienne, une petite ville située non loin de Bâton-Rouge la capitale de la Louisiane.
Pour une première approche de cette région aux bayous mystérieux, le mieux était de choisir un guide confirmé. Le grand écrivain du Sud, Ernest James Gaines, aujourd'hui octogénaire, semblait tout indiqué.
Cet auteur s'est intéressé sa vie durant au sort des Afro-Américains longtemps victimes de l'esclavage, de la ségrégation raciale et de la discrimination. Voyons si son roman ‘'Le nom du fils'', paru en 1978, est bien dans le droit fil du vif intérêt qu'il porte à la condition de ses semblables !

En cet hiver 1970, deux ans seulement après l'assassinat de Martin Luther King à Memphis, la communauté noire est toujours à cran.
La paroisse de Sainte Adrienne dispose heureusement à sa tête, depuis quinze ans, d'une personnalité faisant l'unanimité : le révérend Phillip Martin.
Ce pasteur baptiste père de trois enfants, défenseur inlassable des droits civiques, est en quelque sorte le Luther King local. Son discours bienveillant et ses mains de lutteur suffisent en général à calmer l'adversité. Il n'hésite pas cependant à parfois payer de sa personne pour faire entendre raison à tel ou tel tyran des alentours qui, parce qu'il est blanc et parvenu en haut de l'échelle sociale, se croit tout permis.
Cet homme de foi et de convictions cache pourtant un lourd passé de débauche. Cette vie antérieure, à l'opposé de celle d'aujourd'hui, va tel un boomerang lui revenir en pleine figure. Un jeune homme rôde depuis quelques jours dans les rues sombres de Sainte Adrienne, bien décidé à lui faire payer ses errances d'autrefois.

En immersion complète au sein de cette communauté noire, le lecteur est véritablement happé par le désarroi du pasteur Martin qui du jour au lendemain ne sait plus à quel saint se vouer.
“Le nom du fils” se déroule sur seulement une poignée de jours mais son intensité psychologique lui donne une exceptionnelle attractivité. Certains écrivains ont le don d'aller à l'essentiel, sans éprouver le besoin d'enjoliver le récit ; il me semble à la lecture de ce roman qu'Ernest J. Gaines en fait partie.

Depuis le début des primaires à l'élection présidentielle de novembre prochain, le ciel américain s'est chargé de lourds nuages populistes et racistes qui n'augurent rien de bon ni pour les États-Unis ni pour le reste du monde.
Le vieil Ernest J. Gaines, sans doute retiré dans son Sud natal berceau du blues, doit certainement s'interroger ces jours-ci sur le niveau affligeant de ces exhibitions politiques, bouillir intérieurement et se dire : “Mais pourquoi tant de haine ? Décidément, rien dans ce bas monde n'est jamais acquis !”
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Roman sur la rédemption. Un pasteur de couleur, marié avec enfants, défend les droits de ses concitoyens. Visiblement sans reproche, tout bien comme il faut. Jusqu'au jour où un homme de 28 ans débarque dans cette petite ville de Louisiane. Cet étranger est vague dans ses propos et les raisons qui l'ont fait venir. Il dit devoir assister à une conférence et rencontrer un homme. On apprend bien vite que c'est le pasteur. Et là le passé peu glorieux du révérend refait surface. Comme quoi, il est difficile de se débarrasser psychologiquement des erreurs de jeunesse. Il y a dans l'écriture une telle force des mots que parfois j'ai dû lâcher le livre et souffler un grand coup. Un peu gênée, au début, dans les dialogues, puisque l'auteur (ou traducteur) inverse le verbe et sujet comme : ‘- … untel lui a répondu'. Je ne sais plus quel est le lecteur de Babelio qui m'a conseillé de découvrir Ernest J. Gaines, mais je l'en remercie.

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Le révérend Philipp Martin, la soixantaine empâtée, bon père, bon époux, belle maison, est unanimement respecté par ses paroissiens et par tous les habitants de Saint Adrienne, les Blancs comme les Noirs, pour avoir construit, organisé, donné un poids réel au Mouvement des Droits Civiques local.
Mais quand arrive son fils abandonné d'une première union, étrange, inquiétant, son ancienne vie de débauche lui revient en pleine figure, une paternité honteuse le bouleverse, le doute s'installe et tout s'effondre : la famille, la foi, les amis, l'engagement…

« J'étais rien qu'une de ces brutes épaisses, capable de tricher, de voler, de tuer, mais pas de tenir debout, d'être responsable, de vous protéger, toi ou ta mère. Ils nous avaient mis ça dans la tête depuis le temps de l'esclavage. »

Le roman commence de façon très prenante dans cette petite ville, la nuit, sous la pluie, par un homme inconnu qui débarque ici sans vouloir communiquer, un désir de vengeance chevillé au corps. On se croirait dans un western, mais non, ce n'est pas d'action que l'on va parler, mais bien de culpabilité, de rédemption et de pardon, dans cette vertigineuse descente aux enfers d'un homme rattrapé par son passé.

Le récit se centre ensuite sur le pasteur, pris dans un marécage de remords et d'incompréhension, et on pense aux pièces de théâtre à thèse de Sartre ou de Camus : un homme bon, charismatique, traqué par sa conscience. Pièces de théâtre car il y a énormément de dialogues, et que le texte suit avec une précision obsédante les gestes, les déplacements, les contacts physiques entre les personnages, comme une espèce de didascalie géante romancée . Gaines colle à la peau de son héros, tourne en rond, se noie avec lui (et nous avec) dans ses sables mouvants, et il faut accepter de prendre son temps, de revenir en arrière, de voir les protagonistes se répéter, dans leurs paroles comme dans leurs non-dits. C'est une ambiance très troublante, étouffante par moment, un reflet terrifiant du tumulte qui s'empare de Philipp.

« Je suis en guerre avec moi-même, Adeline . En guerre avec mon âme. Depuis quelques jours je n'arrête pas de me poser des questions, et je ne rencontre que des doutes, sur tout. »

On parle donc ici de liberté, de libre arbitre, de filiation et de paternité. Il faut aussi relever la place des femmes, ces personnages apparemment effacés, vouées au service de leurs hommes, maris ou enfants, (on est dans le Sud des années 70), mais qui au final sont la source de tout, en particulier de l'élan vital et du pardon : elles sont la source et le refuge. Car ce roman si sombre est un roman de foi, un roman qui croit en l'homme et sa capacité à se sauver lui-même .




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Phillip Martin est depuis quinze ans le pasteur de la petite ville de Saint-Adrienne. Il mène avec sa femme Alma et ses trois enfants, une existence que l'on pourrait qualifier de respectable. Son implication dans le mouvements des droits civiques -le récit se déroule au début des années 70- lui vaut par ailleurs l'admiration et la gratitude des membres de la communauté noire, dont il est l'un des représentants.

L'apparition à Sainte-Adrienne du fils qu'il a eu trente ans auparavant avec Johanna, son amour de jeunesse, provoque un inéluctable bouleversement dans la vie du pasteur, et va se révéler lourde de conséquences. le jeune homme, qui se fait appeler Robert X, intrigue. Peu loquace et d'allure misérable, il passe de longues heures à parcourir la ville, parfois sous une pluie battante. Il parvient toutefois à nouer des contacts lui permettant d'approcher son père, envers lequel il exprime des intentions assassines...

Philip Martin éprouve quant à lui un besoin brutal et irrépressible de renouer avec ce fils dont il réalise avec désespoir qu'il a oublié le prénom, ainsi que ceux des deux autres enfants qu'il a eus avec Johanna, qu'il n'a pas revus depuis leurs jeunes années. L'irruption de son aîné fait remonter les souvenirs d'un passé dissolu qui l'a vu, loin des bancs de toute église, se perdre dans les femmes, le jeu et l'alcool, et il associe à une réconciliation avec son fils la possibilité d'une absolution de ses péchés de jeunesse qui lui permettrait, enfin, d'être en paix avec lui-même.

L'obnubilation qui en résulte l'amène à négliger ses engagements communautaires, à délaisser sa famille actuelle... en quelques jours, les fondations sur lesquelles il a établi son existence d'homme mûr vacillent, même son intégrité psychique semble menacée.

Si la quête de dignité et le combat pour l'égalité des races de la communauté noire dans une Amérique ségrégationniste -l'un de ses sujets de prédilection-, est évoqué, cette brève incursion dans la vie du pasteur Martin est aussi et surtout l'occasion pour Ernest J. Gaines d'aborder des thématiques plus personnelles. La filiation, notamment, et les conséquences de l'absence du père sur le devenir des enfants sont au coeur de ce roman, qui questionne aussi sur la difficulté de l'engagement, et sur les raisons, parfois pas si désintéressées, qui le motivent.

Malgré ces thématiques fort intéressantes, le fait que l'auteur déroule son intrigue sur un laps de temps assez court m'a un peu gênée, comme s'il avait voulu se livrer à une démonstration. Les stades psychologiques par lesquels passe le héros se succèdent de manière à mon avis trop schématique. Si cette concision a l'avantage de rendre la lecture facile, elle a pour moi été le frein à une véritable immersion dans ce roman, auquel j'ai préféré "Dites-leur que je suis un homme", du même auteur, dont l'analyse psychologique du héros m'avait semblé plus poussée.

Et puis, c'est peut-être un point de détail mais il faut que j'en parle car il m'a tout de même turlupinée... : le texte pâtit de maladresses d'expression dont je me suis demandé si elles étaient dues à la traduction, concernant certaines incises suivant les dialogues, où sujet et verbe semblent inversés, avec pour résultat des phrases de ce type : "Comment ça s'est passé à l'église ? Phillip a demandé à Elijah" ou "Y a quelque chose qui va pas ? Elijah s'est inquiété."...

Un avis mitigé, donc, en ce qui me concerne.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Louisiane, début des années 1970. Un jeune homme inconnu débarque dans la communauté noire menée par le Révérend Philip Martin, qui combat encore et toujours la ségrégation et les inégalités imposées par les Blancs.

On est ici dans le drame familial contemporain (du moins, il était contemporain à l'époque où il a été écrit), sur fond de luttes pour les droits civiques. L'aspect sociétal est cependant plus un arrière-plan à la rencontre des personnages et aux conséquences qui s'ensuivent, même si le contexte a évidemment beaucoup d'importance. A une autre époque et dans un autre lieu, les évènements personnels qui forment la trame de l'intrigue n'auraient pas eu le même impact, ni la même évolution (...)
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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critiques presse (1)
Telerama
31 juillet 2013
Sobrement et efficacement construit, proprement hanté par une interrogation sur la responsabilité, l'aveu, la possibilité d'une rédemption. Tandis qu'à l'arrière-plan de l'histoire de la faute du révérend Martin se dessine un tableau réaliste de la vie de la communauté noire américaine [...].
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
- Personne ne rit davantage que les nègres a dit le jeune homme.Personne ne souffre plus qu'eux, y a pas moins prévoyant qu'eux, mais personne ne rigole plus que les nègres, personne.
p.198
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