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Commencer l'année par de grands éclats de rire est de bon augure.
En tout cas pour la durée de la lecture et les souvenirs amassés pour les jours plus moroses. C'est ce qu'il m'est arrivé avec « La fin du monde a du retard ».

« Boum ! fit la porte en percutant le crâne du commissaire Gaboriau comme pour rejouer l'ancestral combat entre la matière inerte et l'esprit humain » (p. 95).
« Avez-vous foi en Notre-Seigneur ? Je ne sais pas, je suis amnésique » (p. 304).

L'humour se déploie en continu, sous différentes formes, du drôle au décalé, de l'intergénérationnel au potache, de l'absurde au terre-à-terre.

Comique de situation aussi puisque les deux héros font le mur lors d'une fête donnée à la clinique psychiatrique où ils sont soignés pour amnésie. Julius se souvient seulement qu'il doit sauver le monde d'un dangereux complot fomenté par une organisation internationale tandis qu'Alice, seule rescapée de sa cérémonie de mariage, a perdu tout contact avec ses émotions lors d'une explosion qui a pulvérisé tous les invités de la noce. Ses émotions, c'est sûr mais pas sa logique !

S'ensuit une cavalcade loufoque dans les rues de Paris, dans les égouts, les catacombes et même un ancien lupanar soixante-huitard. Ainsi que des rencontres presque du Troisième Type avec un internaute féru, comme Julius, de Star Wars, de Men in Black et de toute la panoplie des « héros en justaucorps bariolés », un King Chewbacca, bouffeur de pizzas et arnaqueur de première, ainsi que d'une fine équipe, survivants de la fin du monde de décembre 2012, et de paparazzi pas futés mais tenaces.

Puisqu'il y a des policiers lancés à la poursuite des évadés, peut-on qualifier ce roman de polar ? Peut-être mais c'est plus que ça.

C'est aussi un livre de cuisine où le plat principal est servi dans la Caverne de Platon, l'entremets accompagné d'une lecture de Cioran et le dessert roboratif sucré d'une nouvelle connaissance des dieux grecs dont Superman et consorts sont les avatars. Parce que, attention, y en a là d'dans, faut pas croire. Les surhumains sont parmi nous, les films américains montrent bien ces personnages « fictionnalisés » qui délivrent même des messages secrets que Julius a captés. Ils causent des dégâts, ils sont imprévisibles, fascinants mais instables. L'organisation secrète Tirésias, vieille de plusieurs siècles, veut garder l'humanité sous contrôle en l'empêchant de reconnaître l'existence de ces super-héros. C'est eux qu'elle veut détruire, mais Julius veille. Il sait que Tirésias a effacé sa mémoire pour qu'il ne révèle pas la vérité au monde mais, shooté comme il l'est aux capsules Nespresso, il mène sa tâche tambour battant.

J.-M. Erre tire de multiples ficelles pour façonner ce roman échevelé : celles de nos croyances et de nos certitudes, celles des réseaux sociaux et du savoir encyclopédique d'Internet, celles des informations officielles passées au crible par les théoriciens du complot, celles des répliques de films cultes, celles des nouvelles technologies qui font très vite perdre les pédales.

Le suspense dure jusqu'à la fin, sauf si vous aussi êtes un super-héros. Et si je vous parlais d'un pigeon à collerette blanche, unijambiste et borgne de surcroît, vous croiriez que j'exagère ?

Très bonne pioche que la chronique de Krout m'a fait découvrir. Qu'il en soit vivement remercié.
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"C'est du grand n'importe quoi", en référence à l'un des ouvrages de l'auteur J.M Erre mais du grand art dans l'art du n'importe quoi et qui plus est, de manière organisée contrairement à ce que l'on pourrait panser.
Pour avoir déjà lu deux ouvrages de cet auteur, je savais d'avance, en m'attaquant à celui-ci, que je ne serai pas déçue et effectivement ce ne fut pas le cas. de plus, par les temps qui courent, cela fait du bien de lire ce genre d'ouvrage, complètement décalé et pourtant avec des vérités, dissimulés sous une bonne dose d'humour, assez justement placées.

Cela fait un moment que Julius, notre protagoniste, interné dans l'établissement Saint-Charles, en pince pour la belle Alice, elle aussi amnésique mais avec la particularité de ne ressentir aucune émotion. Alors que Julius est persuadée que la fin du monde est proche et qu'il est impliqué au premier plan dans cette machination sans nom, il veut à tout prix s'échapper de cet asile en emmenant Alice avec lui afin d'essayer de sauver le monde (tant qu'à faire) mais pour cela, comme tout héros qui se respecte, il aura une quête à mener, des indices à trouver et le "graal", connu sous le précieux "codex" qu'il doit à tout prix trouver et récupérer pour mener à bien sa mission.

En parallèle, le commissaire Gaboriau prépare tranquillement son départ à la retraite et, désespéré par l'attitude du jeune lieutenant Matozzi qui ne le respecte pas le moins du monde (c'est bien connu, il n'y a jamais eu de respect pour qui que ce soit dans ce bas-monde, surtout envers nos aînés) et le pot de départ est fixé le jour de la dite fin du monde. Simple coïncidence ? Complot ? Quoi qu'il en soit, nos deux représentants de l'ordre sont eux aussi sur la trace de Julius et Alice...

En vous embarquant dans cette course contre la montre (et oui, même si "la fin du monde a pris du retard", elle ne doit dorénavant plus se faire attendre), je vous garantis un suspense jusqu'à la toute dernière page, des crises de fou rire garantis et le tout, avec une écriture extrêmement bien soignée et légère à la fois. de nombreux clins d'oeil à diverses oeuvres littéraires ou cinématographiques ainsi qu'à de grands clichés dans l'univers des jeux de rôle arrivent à point nommé ! Un régal !
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Un livre surprenant. Beaucoup plus complexe que ce que j'imaginais, j'ai été surprise. Je pensais me reposer les neurones avec cette lecture. Que nenni ! J'ai ramé, j'ai du revoir mes classiques et parfois mes opinions (le lieutenant Matozzi est très efficace à cet égard) et j'ai beaucoup apprécié. C'est rudement bien mené, l'évolution des aventures et celle des idées véhiculées sont savamment imbriquées. Et puis le final est savoureux. Un réel plaisir.
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Il était une fois Alice (non, pas celle du pays des merveilles) et Julius. Ils ne se connaissent pas, et pourtant ils sont tous deux internés à l’asile psychiatrique Saint-Charles (déjà là, on sent que ça va partir en vrille). Ils ne se connaissent pas, et même si c’était le cas, ils ne s’en souviendraient pas, puisqu’ils sont tous les deux amnésiques. Etrange coïncidence…
Le sort s’est acharné sur la pauvre Alice. Au moment même où on aurait pu dire d’elle « et elle se maria et eut beaucoup d’enfants », une explosion de gaz ravagea la noce et ses 262 invités. Seule Alice survécut. Quand je vous disais qu’on n’était pas au pays des merveilles… Un point positif au milieu de tout ce malheur, c’est qu’Alice ne se souvient de rien, et surtout, ne ressent plus rien, aucune émotion, ni joie, ni tristesse, ni peur. Et ça, c’est un sacré avantage pour postuler au titre d’héroïne dans l’aventure dans laquelle Julius va l’entraîner.
Parce qu’il faut que vous sachiez (mais surtout ne le répétez pas) que Tirésias, mystérieuse organisation secrète, manigance depuis la nuit des temps un Grand Complot visant à asservir l’Humanité à coup de subtiles manipulations médiatiques. Julius est évidemment le seul et unique Elu à avoir découvert le pot-aux-roses (et les épines qui vont avec), et il est donc le seul et unique Héros à même de démasquer ces malfaisants. Condition préalable : s’échapper de Saint-Charles, et tant qu’à faire, en emmenant Alice, dont Julius est tombé amoureux et qu’il espère conquérir grâce à sa bravoure (parce que, question aspect physique, faut bien avouer qu’il est plus proche du fétu de paille que de l’armoire normande).
La Quête de Julius ne sera pas de tout repos (mais c’est normal, c’est une Quête. Demandez donc à Ulysse, Lancelot, ou à votre percepteur des impôts). Aidé par Ours, son fidèle ami, et Alice, il devra en effet affronter de terribles et cruels opposants : des journalistes, des policiers, et d’inquiétants men in black à la solde de Tirésias. Un parcours explosif, au propre comme au figuré…

Parodique jusqu’à la moelle, ce roman pastiche les thrillers parano-ésotérico-épico-mythologico-policiers. Les rebondissements sont incessants, le rythme enlevé. J’ai ri dans les premiers chapitres, épatée par l’accumulation de gags, de situations déjantées, et par les dialogues et personnages frappadingues. Mais le problème de cette caricature est qu’elle est trop caricaturale. Et l’auteur utilise le même humour du début à la fin, si bien qu’au bout d’un moment, on se lasse, ça devient balourd et monotone.
Je ne sais pas très bien quel est l’objectif (s’il y en a un) : se moquer des adeptes farfelus des non moins farfelues théories du Grand Complot, ou nous avertir « qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on nous raconte dans les médias ». Ou les deux à la fois ?
Tout cela manque de finesse et peine à captiver jusqu’au bout, mais maintenir un tel rythme au niveau du nombre de vannes par page constitue un réel morceau de bravoure.

Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cette découverte.

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Si vous avez le moral au plus bas ou en berne, si vous avez des idées noires, si voulez détendre vos zygomatiques, alors ce livre est fait pour vous.

J'ai ri aux éclats tout au long du livre. L'humour de J.M. ERRE est décapant. Un vrai bon moment où j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les pérégrinations d'Alice et de Julius, qui se sont échappés de la maison psychiatrique où ils étaient internés.

Il y a également les débats entre le commissaire Gaboriau, à 4 jours de la retraite, et son lieutenant, Matozzi, qui sont pertinents et pleines de railleries et qui valent d'être lus.

Merci à Fannyvincent de m'avoir fait découvrir cet auteur.
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Un thrilleur ésotérique rocambolesque peuplé de personnages farfelus et loufoques dont un pigeon unijambiste et borgne à collerette blanche fraichement détonant, coup de coeur !

Petit résumé de cette quête burlesque :

Julius, patient amnésique, chaussé de lunettes sans verres et dopé aux capsules de Nespresso ne tient plus en place dans la clinique psychiatrique Saint-Charles. Il est convaincu de l'existence d'un vaste complot planétaire. Il va entrainer une jeune patiente Alice , privée d'émotion et de mémoire mais pas de punch, dans une quête trépidante à travers les rues de Paris pour s'emparer du fameux codex de Tirésias, livre sacré qui permettra de dévoiler au grand jour la véritable existence de l'humanité. Ils vont se faire aider par Ours, geek amateur de pizza froides et fan de Star Wars et par Chewbacca, un hacker dingue de jeux vidéos.
Nos deux amnésiques vont être poursuivi par le commissaire Gaboriau, lecteur de Cioran et futur bien heureux retraité (la quille dans quatre jours) accompagné de son infidèle malpoli lieutenant Matozzi et par deux paparazzis aux allures très inquiétantes.
Les deux tourtereaux en fuite vont être hébergés dans l'hôtel de la révolution tenus par des 68tards qui valent le détour, Amaury Flauricourt de Saint-Phalle, fin de race sauvé par la révolution que tout le monde appelle Mao, et madame Danielle qui a la particularité d'être toujours disponible après 23 heures.
Leur course-poursuite va les amener à se réfugier dans les catacombes où ils feront connaissance avec Marco, cadre dynamique, qui se croit rescapé de la fin du monde (selon la prédiction Maya) et Morgane, cataphile passionnée des carrières souterraines de Paris.
Dans leurs périples, ils croiseront d'autres personnages attachants comme une mamie qui croie dur comme fer à l'assassinat de Lady di , le libraire pilonneur de la "librairie en soins palliatifs" ou l'abbé Saint-Freu, "quelque chose" entre Don Camillo et Frankenstein.

C'est jubilatoire, loufoque, absurde et l'intrigue est menée de main de maître.

On ne s'ennuie jamais dans cette épopée remplie d'humour, de jeux de mots, de gags désopilants, de références à la culture populaire (Matrix, Star Wars, Men in Black...) et classique (Platon, Homère, Ulysse..).

Les héros déjantés sont inoubliables, la chute est surprenante et le rythme tellement entraînant que j'ai bouclé la fin du monde très en avance.

Cerise sur le gâteau, il y a des quiz pour les lecteurs de babélio :
A tester : le Quiz de la caverne pour calculer votre coefficient d'aveuglement



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Critique pas ordinaire sur un livre qui vous change de votre ordinaire !

A la fin de ce livre, je me questionne comment rédiger cette critique. Normal, au sortir d'une oeuvre ambitieuse, philosophique et psychanalytique post-moderne à la quête de soi et de l'amour absolu dans un monde argenté mais désenchanté et pourtant perdant le sens de la réalité. Je recopierais bien cette phrase puissante car à mon avis, mais ce n'est que le mien, il est utile de la relire plusieurs fois pour en capter toute la portée. Je vous encourage à le faire, la relire, oui et la recopier aussi, si cela vous aide : elle n'est pas protégée par un copyright. Ce n'est pas tous les jours. Champagne et Bonne Année !

Il faudrait de plus développer les concepts de soi, d'amour absolu, de désenchantement, de réalité, de modernité et bien entendu de normalité, mais ceci n'est qu'une critique. Un tel développement demande d'écrire un livre, non une critique. Bonne nouvelle c'est déjà fait, donc inutile pour moi de recommencer. Ouf ! Ah oui, ceux qui seraient intéressés par le sujet peuvent commencer par la fin du monde a du retard. Mais autant commencer par le début. C'est un conseil, il faut s'accrocher car le sujet est ardu.

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, l'auteur le sait, il a lu Platon, l'allégorie de la caverne. Il est déchaîné, il y va. Va-t-il s'en sortir ??? Il sait que ceux qui y sont restés (Oui, il y a des morts dans cette histoire. Personne n'a entrepris cette quête sans mort à la clé, mais ceux qui restent au fond de la caverne meurent aussi. Inutile de demander le 50/50, il n'y a qu'un seul résultat, au final. Autant essayer d'en sortir... mais essayer ne suffit pas.) ne peuvent comprendre ceux qui sont sortis. Donc, soit vous êtes dans la caverne et vous n'allez pas comprendre, soit vous êtes sorti et avez commencé votre quête, vous suivez votre propre chemin et bien malin qui vous retrouvera pour vous expliquer. Alors l'auteur se lance dans une magnifique tentative désespérée, le détournement de l'indicible par l'humour. Car avec l'humour, pense-t-il, l'on peut tout dire, même les vérités qui ne sont pas bonnes à l'être. Et si l'on peut en effet tout dire avec humour, on prend un gros risque de ne pas être compris. Dois-je donner des preuves ? Vraiment ???

Je pourrais vous parler d'attentats perpétrés par des gens sans humour. Les meilleurs d'entre vous me répondront avec justesse que ces individus sans humour ne sont qu'une poignée, sans légitimité représentative. Vous me direz que le rire est le propre de l'Homme. le rire, c'est vrai, mais l'humour ? Je vous prends au mot, lorsque vous aurez terminé celle-ci lisez les autres critiques sur ce livre et dites-moi combien ont capté le thème central, combien vous disent que c'est une oeuvre ambitieuse, philosophique et psychanalytique post-moderne à la quête de soi et de l'amour absolu dans un monde argenté mais désenchanté et pourtant perdant le sens de la réalité ? Combien à part celle-ci ? 0, un nombre aussi fermé que les maillons qui enchaînent ces pauvres malheureux au fond de leur caverne. La critique qui s'approche le plus de la vérité profonde de l'auteur est celle d'une personne qui n'attribue qu'une seule étoile, parce qu'elle n'a pas aimé l'humour. Cette critique n'a reçu aucun clic de babeliotte, juste un clic de passage. Et les autres ? Certaines sont pleines d'humour mais toutes celles que j'ai lu, les plus populaires, prennent l'accessoire pour l'essentiel et soit passent carrément à coté de l'essentiel, soit au mieux le considère comme très accessoire. C'est un désastre ! L'auteur courait à sa perte, il le savait, c'est d'autant plus digne d'admiration.

L'auteur s'offre en figure Christique comme propre victime de sa démonstration absolue du célèbre mythe de la caverne de Platon. Il a beau sacrifier ses héros principaux, rien n'y fait. Platon est trop fort ! L'aveuglement reste la norme, encore faudrait-il développer les concepts d'aveuglement et de normalité, mais inutile de recommencer. Ce qu'il faut sans doute recommencer, c'est la lecture du livre ou bien déjà la commencer. Car c'est une profonde injustice si J.M. Erre hors des sentiers battus de la renommée médiatique et du matraquage marketing qui l'accompagne. Nul n'est prophète en son pays, heureusement pour lui, pour vous, pour moi surtout, je suis Belge ! Et je lis lentement, ça aide pour la compréhension des doubles sens et la lecture des interlignes.

J'en reviens au questionnement, le mode le plus approprié pour la philosophie. du reste, j'aime beaucoup l'humour aussi, surtout du second degré. Il m'arrive même de le pratiquer, parfois, ne fût-ce que pour m'entraîner. L'auteur a, lui, privilégié le burlesque. Sans doute l'a-t-il fait parce que ce style s'adapte bien à imager une quête et les inévitables péripéties qui l'accompagnent, cela reste un choix malheureux qui tourne parfois à la pantalonnade. Choix malheureux car si rire aère le cerveau, ce qui est excellent, rire à gorge déployée, inévitable résultat du burlesque, empêche d'encore voir le texte, ce qui nuit considérablement à la compréhension du propos sous-tendu comme le confirme les critiques. Pour preuve : seule la personne qui n'a pas rit c'est le plus approchée de l'essentiel du propos. Sur ce, quittons Buster. Voulez-vous ? Ah ! Ah ! La question c'est ...

Qu'elle est donc cette question au chevet (car elle est très vieille) de laquelle J.M. Erre nous invite à nous pencher ? Elle est là, en bas de la page 15, tout au début de la fin du monde, claire, immanquable, personne ne peut nier son existence. Mais la question n'est pas où, ni quand, vous avez raison, je vous la retranscrit. Elle a trait à l'allégorie de la caverne détaillée par Platon dans le livre VII de la République. La question elle n'est pas de Platon, l'auteur nous la livre comme sienne, mais il a peut-être copié, si c'est le cas ce n'est pas beau. Quoiqu'il en soit, la question reste toujours aussi intéressante : "Au-delà de la signification de cette histoire, une question reste en suspens après sa lecture, une question à laquelle personne ne s'intéresse jamais et qui est pourtant fondamentale : qui a enchaîné ces hommes au fond d'une caverne ?" Au passage, il faut souligner toute la lucidité de l'auteur qui sait déjà que personne ne s'intéresse jamais, ce qui englobe aussi le futur, il connait ses lecteurs. Il sait bien, lui, que la question est fondamentale, qu'elle est le coeur de son sujet. Il le dit, c'est écrit en toutes lettres au début du livre. Et malgré cela, il sait que ses lecteurs vont passer à coté. Une fois encore l'auteur est omniscient. Comment dans ces conditions a-t-il eu la force d'écrire les 385 pages restantes ? C'est aussi cela un vrai écrivain : l'abnégation, le don de soi. Bon d'accord, mais la réponse.

Elle est là aussi, en pleine page 390, du moins dans mon édition, en 4 phases et commençant par ces mots... Attendez que j'ouvre le livre, oui le suspens est insoutenable, oui l'auteur a voulu aussi en faire une sorte de thriller, oui c'est nécessaire pour attirer certains à lire ce livre ambiteux, oui c'est un très gros risque car c'est l'ambition qui perdra le monde, oui c'est aussi cela la vie, une succession de risques assumés, oui c'est néanmoins fâcheux car cela détourne l'attention du lecteur de l'essentiel qui se trouve être cette foutue réponse qui commence par .... "On se souvient que la phase 1". Mais ma critique est déjà fort longue, non ? Donc je saute tout le paragraphe et vais directement à la fin de cette réponse qui prend une bonne demi-page : "Et ce n'est pas beau à voir." Certes, je suis tout à fait d'accord, mais c'est tellement beau à lire !

Cependant il reste 8 pages, pourquoi se donner tant de mal si l'essentiel est dit ? En voilà une bonne question, je vous la pose. Et aussi : Y aurait-il encore de bons écrivains en France ? Etait-ce mieux avant ? Y a-t-il d'autres questions ? L'amour absolu peut-il exister ? Pourquoi avoir choisi l'humour ? L'écrivain français est-il capable de se faire comprendre par l'humour ? Ou faut-il systématiquement se tourner vers des écrivains belges qui manient drôlement bien la langue française ? Faut-il essayer de les égaler ? N'est-ce pas plus simple et moins fatiguant de continuer à faire croire qu'ils sont français ? Y a-t-il un méta-message ? Une méta-question, prolongeant la question initiale ? Faut-il prendre tout cela au sérieux ? Tout quoi ? La vie ?


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La fin du monde a du retard est un Polar ésotérique qui se moque des polars ésotériques. Surdose de rocambolesque, d'explosions, de poursuites, de théories du complot, avec deux héros amnésiques sortis d'un hôpital psychiatrique. On passe un bon moment avec l'action qui part dans tous les sens et ne nous laisse pas un moment de répit. le plus truculent dans ce roman, ce sont les quelques tergiversations et théories fumeuses que distille J.J. Erre entre les scènes d'action, comme celle sur les superhéros, et il nous propose un rapprochement improbable et génial entre mythologie grecque et théories du complot. Si au niveau de l'action, on frôle la surdose de rocambolesque, j'ai beaucoup aimé le ton, l'ironie paranoïaque de ce roman.
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À peine commencé, le livre est déjà fini. Il faut dire qu'il est court ce livre et qu'il m'a tellement plu que je l'ai dévoré.
J'ai retrouvé avec plaisir l'humour bien barré de J.M. Erre et son regard taquin sur ses contemporains.

L'air de nous amuser, l'auteur se montre penseur sur les médias, la désinformations, les réseaux sociaux ou encore les théories du complot. Ses arguments sont pertinents et font mouche.

Et puis il y a beaucoup de références aux polars et à la SFFF ce qui m'a évidemment réjouie. D'autant plus que le roman casse les codes du genre polar, l'auteur n'hésitant pas à s'asseoir sur les lignes narratives habituelles.

En bref, J.M. Erre fait du J.M. Erre et c'est très bien !

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Ce livre est une vraie pépite pour tous ceux qui aiment l'humour, l'ironie et les situations rocambolesques. Plus d'une fois, j'ai bien rigolé en découvrant les aventures d'Alice et Julius. Comme la plupart du temps, je lisais ce roman dans le train, j'ai d'ailleurs dû effrayer quelques voyageurs...

La fin du monde a du retard commence dans un hôpital psychiatrique. Situation potentiellement délicate (on pourrait craindre le "roman psychologique", avec réfléxions incompréhensibles à la clé) dont l'auteur se tire avec brio puisque, immédiatement, l'humour est bien présent :

" Le docteur Mendez avait transformé le vétuste asile de fous Saint-Charles, où les sœurs bénédictines soignaient les bredins des villages alentour à coups de missel sur le crâne, en maison de repos high-tech. S’inspirant de méthodes américaines qui avaient fait leurs preuves dans les pénitenciers du Middle West, Mendez prônait une thérapie comportementale par l’investissement personnel dans l’espace de vie. En quinze ans d’application, le bilan était remarquable : les pensionnaires avaient creusé la piscine du docteur, construit son tennis et son minigolf, et rénové toutes les pièces de son manoir de fonction, au fond du parc. Quant au projet « Construction d’une annexe dans le Lubéron », pour lequel les pensionnaires se montraient très motivés, on attendait les subventions du conseil général qui ne sauraient tarder. "

Le coup de "l'investissement personnel dans l'espace de vie" m'a tout de suite plu. Et la suite est du même genre.

Avec les aventures d'Alice et Julius J.-M. Erre se lance dans une véritable parodie de la quête désespérée, telle qu'on la retrouve dans divers romans d'aventures. L'auteur ne s'en cache d'ailleurs pas, puisque Julius s'inspire libement de plusieurs romans du genre : Le Seigneur des Anneaux (comme quoi, je partage les goûts des amnésiques) et Le Club des cinq va camper sont ses grandes références et Julius y pioche des phrases-types qu'il adore ressortir. Se retrouver dans une situation désespérée ne l'inquiète pas puisque, pour Julius, tous les héros lancés dans une quête sont confrontés à des difficultés et à des sceptiques qui ne croient pas en leur quête.

Le roman est également ponctué d'extraits du site Internet de Julius, www.la-fin-du-monde-a-du-retard.com. Dans ses articles, Julius explique la théorie du complot telle qu'il la conçoit (en partant de l'allégorie de la caverne de Platon) et nous explique pourquoi nous sommes tous aveuglés par notre vie quotidienne. On le voit donc, Julius est un maniaque du complot, qui continue à se sentir "pourchassé" tout au long du roman. Mais, encore une fois, cela ne le dérange pas : ça fait partie de sa quête.

Pour que le rôle de héros endossé par Julius soit complet, il lui fallait une belle en détresse. C'est Alice qui remplit ce rôle même si, côté détresse, Julius a plutôt mal choisi : Alice semble en effet bien plus dégourdie que notre héros et, en tout cas, plus athlétique, puisque c'est elle qui gère plus d'une fois les "méchants".

Que dire de la fin du roman ? Elle est totalement inattendue et le dénouement m'a prise au dépourvu. Je m'attendais à tout... sauf à ça ! On en apprend évidemment plus sur Alice et Julius et sur les raisons de leur internement à la clinique Saint-Charles, mais les révélations qui nous sont faites sont vraiment étonnantes.
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